N’abandonne jamais les idéaux portés, si
tu les mets bien haut ils vont s’élever. Ne baisse pas les yeux quand la misère
point, ne baisse pas les bras quand l’affront te combat. Ne change pas ta route
si tu sais qu’elle est juste, ne dévie ton chemin que si tes pas trébuchent. Ne
perds pas courage quand la tempête gronde, ne perds pas la boussole si leur
mépris te ronge. Garde la tête haute le sourire aux lèvres, affirme-les bien
haut tes idées sont si belles. Ne te sens pas seul car tu as des amis, l’union
de nos forces à elle seule suffit. Ne sois pas trop triste la vie parfois jolie
apporte sourire aux lèvres de ceux qui l’ont compris. Ne laisse pas tomber tes
projets dans l’élan, il faut les impulser, on n’a guère le temps. N’oublie pas
les clés de l’amitié du cœur, les mains des ami-e-s serrées avec ardeur. N’oublie
pas les mots dignes de sincérité, à lire entre les lignes des messages codés.
dimanche 31 mars 2024
DIGNITÉ !
samedi 30 mars 2024
Nouvelle « Vols dans le ciel ! »
Nous les
envions, de vivre si haut et si libres. C’est une très grande joie que de
suivre des yeux un vol de grues cendrées. Elles forment un gigantesque V qui
ondule mais ne se brise pas, poursuivent une route mystérieuse vers des
contrées lointaines que nous ne verrons jamais. Comment ne pas aimer cette
déchirante beauté de ces vols qui disparaissent à l’horizon mais qui, pourtant,
continuent de vivre quelque part. Ils expriment dans leur grandeur sauvage la
blessure des regrets. C’est à l’automne que l’on aperçoit le plus de vols dans
le ciel, les palombes en octobre, les grues cendrées en novembre, et au cœur de
l’hiver, ceux des vanneaux. Ces oiseaux de passage ont tendance, sans doute à
cause des modifications climatiques, à s’attarder chez nous. Le plus secret
d’entre eux est la bécasse. On l’attend, on l’espère, or elle ne voyage pas en
groupe mais seule. C’est cet oiseau qui exprime le mieux le mystère du passage.
Ces oiseaux fragiles et magnifiques sont dans la mort d’une tristesse infinie.
En revanche, dans la vie, leurs yeux d’un noir brillant savent voir ce que nous
ne verrons jamais. Auparavant, apercevoir un héron tenait du miracle.
Aujourd’hui, ils sont plus nombreux dans les prairies, dans les lits des
rivières et près des lacs. C’est toujours un enchantement que de surprendre
l’un d’eux, une patte levée, cherchant dans l’eau basse l’ablette ou le gardon
dont ils se nourrissent. Ils sont devenus de moins en moins farouches. Leur
vol, d’une extrême souplesse, est une merveille de grâce et d’équilibre. Le
gris de leur plumage ressemble à celui des ciels de neige. Ils étonnent
toujours le regard par leur grandeur inhabituelle en des lieux où les oiseaux
sont de moindre envergure. C’est le cas des rapaces, qui, eux, pour la plupart,
ne migrent pas et nichent au plus haut des arbres. Le plus répandu est la buse,
qui tourne tout le jour sur les ailes du vent, pour guetter une proie jusqu’au
cœur des basses-cours. C’est un bel oiseau, aux plumes rousses, à l’œil
violent, dont le vol lourd est silencieux. Comme celui des milans, qui
demeurent des heures, suspendus au plus haut du ciel, et dont l’appel bref et
rauque trahit une inquiétude pour les oisillons restés au nid. Depuis quelques
années, les cormorans, qui, il y a dix ans, ne peuplaient que les bords de mer,
ont rejoint les éperviers et leur disputent leur pitance. J’ai horreur de ces
grands oiseaux noirs, au cou tordu, qui peuvent rester plusieurs minutes dans
l’eau et dévastent lacs et rivières. Pour quelles raisons ont-ils quitté les
rivages de la mer pour passer l’hiver sur les plans d’eau et rivières ? Nul ne
le sait vraiment. Quelque chose s’est rompu dans l’équilibre de ces espèces.
Les migrateurs ne sont plus les mêmes et bon nombre de ceux qui migraient sont
devenus sédentaires. Le monde a changé. Les oiseaux aussi. Comme parfois, les
êtres humains, ils ont perdu leurs repères. Pas tous heureusement ; les oies
sauvages et les grues cendrées continuent de tracer les mêmes routes, très
haut, dans le ciel d’automne, et notre regard peut les suivre jusqu’à l’horizon
dans lequel elles se fondent. Quand elles ont disparu, nous savons qu’elles
continuent de vivre quelque part. Chaque fois, en les perdant des yeux, on peut
penser aux mots magiques de Saint-John Perse : « Doublant plus de caps que n’en
lèvent nos songes, ils passent, et nous ne sommes plus les mêmes.
vendredi 29 mars 2024
SOLITUDE !
Un train qui s’en va, qui s’éloigne du
quai, une bougie qui meurt dans le soir qui s’endort, une lettre jaunie qu’on a
voulu garder, une étoile qui fuit ou qu’on jette dehors. Et cette solitude à
présent qui s’installe, sorcière sans attrait régnant sur la maison, étendant
son drap noir sur ce terrible mal d’un présent desséché par la morne saison. On
a beau s’accrocher aux nuages qui passent, parler à quelque oiseau pour s’en
faire un ami, les murs n’ont plus d’échos, la vie soudain s’éloigne, le jour à
pas de loup s’approche de la nuit. Et pour peu que la pluie nous pleure sa
romance, et pour peu que le vent fasse entendre sa voix, c’est un cœur en hiver
qui crié désespérance c’est un corps alangui qui s’engourdit de froid. On rêve
d’un appel, d’une voix qui s’élève surgie de nulle part, du ciel ou du jardin, de
la vague glacée qui fracasse la grève, pas un mot, pas un cri et l’on espère en
vain.
« Sourde oreille », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.
Le Conseil de
sécurité de l’ONU a enfin voté, en début de semaine, une résolution appelant à
un cessez-le-feu à Gaza. Depuis, Israël fait la sourde oreille. Pourtant, son
isolement politique est de plus en plus manifeste. L’Irlande a ainsi décidé
d’intervenir aux côtés de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de
justice, qui étudie le risque d’un génocide à Gaza.
« La
nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions
de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire
physiquement les Palestiniens en tant que groupe », indique pour sa part, dans un rapport
publié lundi 25 mars, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU dans
les territoires palestiniens. Tel-Aviv ne veut rien savoir, accusant l’ONU
d’être « antisémite » ou de vouloir « saper
l’établissement même de l’État juif ».
Les
informations du journal israélien Haaretz montrent, à tout le
moins, que les objectifs de guerre dépassent largement la simple « éradication
du Hamas » : les soldats se voient en effet offrir par leur
hiérarchie des recueils de poèmes dans lesquels on peut lire des vers tels
que « Ô Gaza, nous mettrons le feu à tes murs et nous détruirons tes
palais. (…) Nous briserons la nuque de chacun de tes enfants sur nos rochers.
(…) Nous noierons ton mal dans ton propre sang »…
Sur le
terrain, le gouvernement israélien continue sa fuite en avant mortifère. Il a
annoncé, la semaine dernière, la saisie de 800 hectares de terres en
Cisjordanie, tandis que les morts sont chaque jour plus nombreux à Gaza. Des
frappes de l’armée israélienne ont encore tué plusieurs dizaines de civils, ces
derniers jours, et une douzaine de Palestiniens sont morts noyés en tentant de
récupérer des largages humanitaires en pleine mer, les accès terrestres étant
toujours drastiquement filtrés par Israël.
Ceux qui
veulent échapper à l’enfer sont livrés à des profiteurs de guerre à
l’image de l’entreprise égyptienne dont nous révélons les pratiques
scandaleuses dans les colonnes de cette édition. Il faut que tout cela
cesse.
« Question de sens », le billet de Maurice Ulrich.
Séduire les ouvrières et ouvriers pour mieux servir les patrons. Les extrêmes droites savent y faire, depuis, disons… les années 1930 du siècle dernier. Jordan Bardella, le président du RN et candidat aux élections européennes, a bien appris ses leçons quand il va rencontrer, comme la semaine passée, des chefs d’entreprise.
Propre sur lui, en costume et cravate, on voit bien qu’il aspire à un autre
monde. On laisse à la porte les ouvriers (français), les smicards (français),
les plus modestes privés de tout par les profiteurs immigrés. Tout ça c’est
pour le bon peuple (français). Là, on parle sérieusement des impôts de
production que Jordan Bardella trouve injustes, des contraintes qui pèsent sur
la vie économique et des normes qu’il faut abroger.
Et il l’affirme en prévision, déjà, de l’élection présidentielle : si
le RN arrive aux affaires, ce sont les patrons eux-mêmes qui établiront les
règles de l’économie, grâce à une « stratégie tricolore » guidée
par le « bon sens », car « personne ne
connaît mieux l’entreprise que les chefs d’entreprise eux-mêmes ». On
comprend bien le sens.
jeudi 28 mars 2024
« Chimère », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.
L’occasion faisant le larron, la sortie de route budgétaire, officialisée
le 26 mars par l’annonce d’un déficit public à 5,5 % du PIB, offre au
gouvernement l’opportunité rêvée d’accentuer le tournant de la rigueur. Après
le coup de rabot décrété par Bercy, il y a quelques jours, de 10 milliards
d’euros ponctionnés sur le budget en cours, Gabriel Attal devrait déflorer, ce
mercredi soir en direct sur la première chaîne de France, les contours de
nouvelles réformes antisociales, assurance-chômage et revenu de solidarité
active en tête.
En baissant à nouveau la durée de l’indemnisation – déjà ramenée lors de la
précédente réforme de 24 mois à 18 mois –, le gouvernement persiste dans la
pire des stratégies. Dans un pas de deux savamment orchestré, Bercy et Matignon
ont préparé le terrain. D’un côté, Bruno Le Maire a affirmé et réaffirmé son
objectif de ramener le déficit public sous la barre des 3 % de PIB en
2027 « sans augmenter les impôts » ; de l’autre,
Gabriel Attal vante un « modèle social qui incite davantage à
l’activité ».
Tailler dans les dépenses pour éviter d’examiner les recettes, l’affaire
n’est pas nouvelle. Mais la méthode heurte, désormais, jusque dans les rangs de
la majorité. Plus impérativement que jamais, la pile des dossiers sous le
boisseau doit être remise sur la table : rétablissement de l’impôt de
solidarité sur la fortune, taxation des superprofits, des transactions
financières et des dividendes, lutte contre l’évasion fiscale, conditionnement
des aides publiques aux entreprises.
Au classement des pays qui comptent le plus de millionnaires, la France
s’est hissée, en 2022, sur la troisième marche du podium mondial, quand la
pauvreté, elle, y augmente régulièrement depuis le milieu des années 2000.
Systématiquement contredite par les faits, l’efficacité des politiques
d’austérité est une chimère. Les libéraux de tout poil auront beau s’entêter,
appauvrir les plus pauvres pour ne pas mettre à contribution les plus riches ne
peut tenir lieu de politique économique. Pas plus que l’autosatisfecit
permanent, de bilan politique.
« Une bonne idée ? », le billet de Maurice Ulrich.
On se gardera bien de s’interroger sur ce que la Chine appelle communisme,
au vu de ses milliardaires. On risquerait de trouver des réponses. Elle devance
même les États-Unis, avec le score avantageux de 814 à 800. Au total le nombre
de milliardaires dans le monde a augmenté en un an de 5 % et leur
patrimoine global de 9 %, pour s’établir à 15 000 milliards de
dollars.
Mais attention, la Chine qui, bien qu’elle soit encore en tête, a perdu
155 milliardaires en deux ans, pourrait être bientôt dépassée par l’Inde
où le 1 % des plus fortunés détient 40 % de la richesse nationale.
Dans le monde, une personne sur deux vit avec moins de 6,85 euros par
jour.
Lula, président du Brésil qui prendra la tête du G20 en juillet prochain,
aurait l’intention de proposer une taxation des hyper-riches. En France,
Emmanuel Macron pense que ce n’est pas une bonne idée, mais peut-être qu’en
voyage au Brésil Lula a pu expliquer que ce n’était pas si dur à comprendre…
mercredi 27 mars 2024
« Assange : un acharnement judiciaire et politique », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.
Un interminable feuilleton judiciaire et une vie en sursis. La décision de
la justice britannique, mardi, laisse un goût amer à tous les défenseurs des
libertés publiques, et en particulier du droit d’informer. Certes, Julian
Assange ne sera pas extradé vers les États-Unis aujourd’hui. Mais le verdict a
surpris. Les deux juges de la Haute Cour de Londres ont donné trois semaines
aux autorités américaines pour garantir que Julian Assange ne sera pas condamné
à la peine de mort et qu’il bénéficiera du premier amendement de la
Constitution américaine qui protège la liberté d’expression. Si la justice
considère que les garanties ne sont pas assurées, alors une nouvelle audience
sera organisée pour débattre à nouveau de la légitimité de la demande d’appel
du lanceur d’alerte australien. Étrange démarche que de faire intervenir
politiquement les États-Unis, où Donald Trump, de nouveau en course pour la
Maison-Blanche, avait qualifié WikiLeaks de « honteux » et
déclaré que ses activités devraient être sanctionnées par la peine capitale.
Cet acharnement judiciaire et politique est une histoire sans fin, alors
que Julian Assange, malade, croupit dans le quartier de haute sécurité de la
prison de Belmarsh depuis près de cinq ans. Son crime ? Avoir révélé des
informations d’intérêt général, documenté les crimes de guerre commis par
l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. « Si les guerres peuvent
être déclenchées par des mensonges, avait argumenté Julian Assange,
la paix peut être préservée par la vérité. »
En cas d’extradition, la justice britannique enverrait un signal
catastrophique aux journalistes et lanceurs d’alerte du monde entier,
susceptibles d’être persécutés et poursuivis. Julian Assange a aujourd’hui
besoin de nous, de la protection des opinions publiques. Le sort qui lui est
infligé est une honte pour toutes les démocraties. WikiLeaks avait révélé
l’espionnage de présidents de la République par la NSA. La France lui est
redevable et doit lui accorder le droit d’asile. Elle prouverait ainsi, plus efficacement
que par des discours creux, qu’elle est bel et bien « la patrie des droits
de l’homme ».
« Ego », le billet de Maurice Ulrich.
Jacques Attali est le fondateur de France Positive. C’est un laboratoire
d’idées qui organisait, lundi 25 mars, deux tables rondes au palais du
Luxembourg à Paris sur la transition économique et la transition énergétique,
et qui a l’ambition de lancer une réflexion « visant à pallier les
déficiences de notre système politique, économique et social, et à l’adapter
aux exigences de l’avenir ». Ça fait un bout de temps que Jacques
Attali réfléchit.
Déjà, en 2007, la commission qu’il présidait et qui, depuis, porte son nom,
avait avancé des pistes. En matière financière, par exemple : baisse des
cotisations sociales dans les entreprises compensée par des hausses de la TVA
et de la CSG ; réduction de la fiscalité sur les secteurs de la
finance ; création de fonds de pension pour les retraites.
Là, dans un article de la Tribune, il invite à sortir de
« l’ego-économie ». Il faudra comprendre, dit-il, « que
l’égoïsme est mortel, que l’avidité est suicidaire, que le profit ne peut être
le seul critère de réussite ». C’est positif et on est d’accord,
mais ça s’adresse à qui ?
mardi 26 mars 2024
« Lueur », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.
Après plus de cinq mois de morts et de désolation, une lueur d’espoir a
percé. Elle est mince, très fragile, mais elle existe. Pour la première fois
depuis que la bande de Gaza est étouffée sous une avalanche de bombes, le
Conseil de sécurité a voté, ce 25 mars, une résolution exigeant un
cessez-le-feu immédiat « pour le mois du ramadan » –
du moins ce qu’il en reste – devant « mener à un cessez-le-feu
durable ». Le texte, fruit d’un intense travail des pays non
membres, « exige la libération immédiate et inconditionnelle de
tous les otages », ainsi que la « levée de tous les
obstacles » aux convois humanitaires. L’instance onusienne a
enfin pris ses responsabilités ; il était temps.
Une porte s’est donc entrouverte. La France, par la voix de son
ambassadeur, a fait savoir qu’elle plaidera prochainement pour un « cessez-le-feu
permanent » et « un processus politique (…) visant à
l’établissement de la solution des deux États, la seule à même de garantir la
paix ». L’initiative est, elle aussi, bienvenue. Rien n’est encore
fait et les points d’achoppement ne manqueront pas. Malgré le caractère
contraignant du texte des Nations unies, les gestes diplomatiques devront
s’intensifier, en parallèle des pourparlers conduits, entre autres, par le
Qatar et l’Égypte, afin que la feuille de route soit respectée.
L’administration de Joe Biden, qui a opté pour l’abstention pour ne pas se
couper davantage d’une frange importante de l’électorat du président démocrate,
a une carte maîtresse à jouer. Tel-Aviv ne peut poursuivre ses desseins
meurtriers dans l’enclave palestinienne sans les aides militaires
états-uniennes qui s’élevaient à 3,5 milliards de dollars l’an passé.
Espérons que le vote du 25 mars marque un tournant tant la situation
est terrifiante dans la bande de Gaza. Cette langue de terre a été transformée
en un odieux mouroir sans aucune échappatoire pour les civils. Malgré la crise
humanitaire et la détresse des Gazaouis, les autorités israéliennes viennent de
signifier à l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, qu’il
lui était interdit de livrer des aides dans le nord de l’enclave. Rien ne peut
justifier un tel acharnement. La tragédie qui se noue à Gaza est un scandale
humain et politique. Il est urgent d’y mettre un terme. C’est le sens du vote
du Conseil qui isole les autorités israéliennes et leur entreprise de mort.
« Einstein ? », le billet de Maurice Ulrich.
Ça fait parler. Après le ralliement au Rassemblement national de l’ancien
directeur de Frontex, l’essayiste Malika Sorel, qui fut membre du Haut Conseil
à l’intégration et de sa mission laïcité, sera en seconde position sur la liste
du RN de Jordan Bardella.
Elle s’en explique dans le Figaro : « Désormais,
j’estime que le RN est le seul parti qui défende les intérêts supérieurs de la
France et du peuple français. » Bon, elle avait tout de même
quelques prédispositions. Dès 2007, dans son premier livre, elle dénonçait la
culpabilisation des Français liée à la colonisation et se prononçait pour
l’abrogation du droit du sol… Mais, attention, dit-elle, « je me
suis toujours vécue comme une intellectuelle en politique ».
D’ailleurs, elle n’hésite pas, pour soutenir Marine Le Pen qui attaque, lui
dit-on, le « système », à citer
Einstein : « On ne règle pas un problème avec le système de
pensée qui l’a engendré. » Non, mais on peut régler un problème
avec la droite en allant à l’extrême droite ? Rappelons tout de même à
l’intellectuelle qu’Einstein, antifasciste convaincu, affirmait son choix du
socialisme.
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lundi 25 mars 2024
POLLUTION
L'herbe se couche
pour mourir, dégrafant sa robe d'un geste, le vent la berce d'un soupir vers un monde bien trop funeste. Le chêne ne tend plus ses branches. L'inertie revêt son écorce. Fini son habit du dimanche, le vert a perdu
de ses forces. La terre vibre sans
semences, sa fraîcheur se love ridée. Fertilité
sombre en silence dans tout son corps
évidé. Le ruisseau ne fait plus son lit,
en caressant les blancs cailloux. Sécheresse
habille sa vie, quand la truite a le regard flou. L'usine crache son venin, au ciel dans
son costume gris, On peut entendre le mot
« fin », quand meurt le chant de la perdrix...
« Le défi », le billet de Maurice Ulrich.
C’était une prémonition. « L’affrontement », titrait la
Tribune dimanche, il y a deux semaines, avec en pleine page, face à
Poutine, Emmanuel Macron, de face, le regard dur. On l’avait écrit
alors : « On connaît ce regard, c’est celui d’un boxeur au
défi, mais là, c’est celui de la conscience universelle. »
N’allons pas imaginer que le président a trouvé son inspiration
dans l’Humanité, quoique… En tout cas, elles sont là, et c’est
difficile de les éviter. Les deux photos d’Emmanuel Macron en boxeur diffusées
par la photographe officielle de l’Élysée, Soazig de La Moissonnière, sont
partout sur les réseaux sociaux et commentées en France comme à l‘étranger.
On s’étonne de lui découvrir un biceps de la taille d’un gigot d’agneau
mais c’est de saison à la veille de Pâques ; plus sérieusement, les
spécialistes sont réservés sur la qualité de sa frappe et remarquent qu’il ne
porte pas de vrais gants, mais des mitaines. Ça gâche un peu l’image. Jusqu’où
ira-t-il ? On a déjà vu des photos de Poutine chevauchant torse nu. La
barre est haute.
« Résurgence », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.
L’horrible attentat qui endeuille la Russie a été revendiqué par une branche afghane de l’« État islamique » (EI). Et a aussitôt fait ressurgir dans nos mémoires les terribles images du Bataclan et des attaques de 2015. Il nous rappelle également que si l’EI et son califat de pacotille ont été éradiqués en Syrie, l’organisation terroriste a perduré. Cela fait plusieurs années que le groupe État islamique au Khorasan (EI-K) fait la guerre à d’autres islamistes, les talibans. Leur objectif est de prendre le pouvoir à Kaboul.
En attaquant Moscou, l’EI-K lance plusieurs messages. D’abord, le choix de
la cible : la Russie est un pays qui, depuis des années, que ce soit en
Afghanistan, en Tchétchénie, en Syrie et en Irak, lui a fait la guerre.
Ensuite, l’organisation terroriste entend démontrer au monde la capacité de
l’EI d’opérer à l’étranger. Enfin, cet attentat vise à prouver que
l’« État islamique » est parvenu progressivement à se
reconstituer et à développer des capacités opérationnelles qui dépassent
l’activation de « loups solitaires ». Ce qui n’est pas rassurant, à
quelques mois des jeux Olympiques en France.
Cette résurgence opérationnelle de l’EI montre qu’il est vain de penser
résoudre la problématique du terrorisme de masse uniquement via une réponse
militaire, fût-elle de haute intensité. Depuis plus de vingt ans, les
mouvements terroristes islamiques se régénèrent et recrutent sur la base d’une
radicalisation anti-occidentale et d’une surenchère rigoriste et identitaire
qui les conduit à faire des musulmans les premières victimes de leurs
attentats. Une réponse pérenne au terrorisme ne pourra être que mondiale,
politique et diplomatique.
Pourtant, si la solidarité avec la Russie est affichée de manière unanime,
la tentation est grande d’instrumentaliser cet attentat. Les autorités russes
pointent la responsabilité de l’Ukraine. Les Ukrainiens dénoncent une
« maskirovka » (une manipulation) du FSB, et les États-Unis
prétendent, pour mieux déstabiliser Vladimir Poutine, avoir alerté les
autorités russes de la menace. Et de cet épais brouillard de
désinformation peuvent surgir bien d’autres monstres que l’on croyait
disparus.
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dimanche 24 mars 2024
OISILLONS !
C’était
pourtant hier ces oisillons fragiles dont les vols maladroits n’avaient pas de
vigueur, on taquinait un peu ces essais malhabiles sans penser que demain
sonnerait enfin l’heure. On est tous malheureux quand les oiseaux s’en vont, quand
le nid un beau jour a perdu ses attraits, quand l’appel du ciel bleu invite à
l’évasion, loin de ce paradis soudain désenchanté. Et, à les voir partir, nous
viennent quelques larmes, que leur réservera cet immense désert pour affronter
la peur. Auront-ils bien les armes, il
est tant de marins qui périssent en mer. On se prend à rêver face à la place
vide pour ces aventureux, d’un possible retour, mais le monde est si grand et ils
sont si avides qu’ils partent plein d’espoir et que passent les jours. Ils
volent les oiseaux, volent jusqu’à l’ivresse, jusqu’à trouver là-bas la côte
qui rassure, celle qui offrira mille et une caresses à leurs ailes meurtries
aux chemins d’aventure.
vendredi 22 mars 2024
« La discipline de l’eau », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.
Chaque année, les mêmes chiffres, les mêmes statistiques qui nous décrivent
un monde où une partie de la population mondiale n’a pas accès à cette
ressource vitale qu’est l’eau. Au XXIe siècle, des millions
d’êtres humains meurent faute d’y avoir accès. Peut-on en finir avec ce
scandale planétaire ? Pourquoi ne pas imaginer une gestion rationnelle à
l’échelle planétaire ? Qui bloque cette urgence vitale ?
La réponse, c’est Peter Brabeck, alors PDG de Nestlé, qui la livre en 2005
dans un documentaire, sans se douter d’ailleurs que cela le poursuivrait
pendant des années. Il déclare à propos de la gestion de l’eau : « Deux
points de vue s’affrontent, (…) les ONG pour qui (…) tout être humain doit
avoir accès à l’eau. C’est une solution extrême. Et l’autre qui dit que l’eau
est une denrée alimentaire, et que, comme toute denrée, elle a une valeur
marchande. Il est préférable, selon moi, de donner une valeur à une denrée afin
que nous soyons tous conscients qu’elle a un coût. » Certes, il
ajoutait « et qu’on prenne des mesures adaptées pour les franges de la
population qui n’ont pas accès à cette eau ». « Des
franges »… La bonne blague. Vingt ans après cette
déclaration, 2,2 milliards de personnes connaissent la soif ; au
moins la moitié de la population mondiale vit dans des conditions de
stress hydrique plus d’un mois par an. Il s’agit de « franges » sacrément
longues. Durant la même période, la seule multinationale Nestlé a engrangé plus
de 150 milliards d’euros de bénéfices nets. Un chiffre à comparer aux
114 milliards annuels qu’il faudrait invertir pour garantir l’accès
universel à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène dans 140 pays à
revenu faible ou intermédiaire, selon l’ONU.
La Terre n’est pas (encore) la planète Dune de Frank Herbert. Ici, la « discipline
de l’eau » pourrait se résumer en cette formule qui conclut le
rapport de l’ONU : « Lorsqu’il s’agit de l’eau, partager est
une façon de prendre soin. Il nous appartient donc de faire des choix. » Le
choix, c’est cette solution « extrême », selon Peter
Brabeck. L’eau, comme les autres biens communs et vitaux, n’est pas une
marchandise.
« Atmosphère », le billet de Maurice Ulrich.
Le ministre israélien des Affaires étrangères l’affirme : « L’histoire
jugera le Canada », après la décision de ce dernier, annoncée il y a
quelques jours, de geler les livraisons
d’armes destinées à son pays. « Il est regrettable que le gouvernement canadien prenne une
mesure qui porte atteinte au droit d’Israël à l’autodéfense contre les
terroristes du Hamas. » 32 000 morts à ce jour.
Les livraisons canadiennes étaient marginales et les États-Unis, avec un
pont aérien permanent depuis le massacre du 7 octobre, apportent toujours
un soutien sans faille à leur allié. Des dizaines de milliers d’obus, de
bombes, des drones, des missiles, dans la suite d’une aide de près de
4 milliards de dollars par an avec une rallonge annoncée de
14 milliards.
Non sans parler d’aide humanitaire et inviter Benyamin Netanyahou à la
retenue. On voit comment. Mais quand même. Des responsables israéliens
s’inquiètent de la campagne contre la guerre à Gaza qui ne cesse de « prendre
de l’ampleur dans le monde » et d’un changement d’« atmosphère ».
Il semblerait que l’histoire soit en train de juger Israël.
jeudi 21 mars 2024
« Valeurs olympiques », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.
Plus l’échéance avance, plus la promesse de JO
« populaires » s’éloigne. Après les prix exorbitants des places, le mode de tirage
au sort pour acheter des billets ou encore la hausse du ticket de transport en
commun, voici désormais les étudiants précaires confrontés aux affres de la
réquisition de leur logement. Plus de 3 260 studios, répartis dans une
douzaine de résidences universitaires d’Île-de-France, sont mobilisés pour
loger « le personnel de l’État ». Qu’importent leurs mémoires de fin
d’année ou la préparation des derniers partiels, ces jeunes sont sommés de
vider les lieux d’ici au 30 juin. Beaucoup n’ont toujours pas la moindre
indication sur les lieux et la date de relogement. Seule certitude :
l’angoisse de voir leur fin d’année foutue en l’air. Et la désagréable
impression de payer les pots cassés de la grande machinerie des Jeux.
Face au rouleau compresseur de l’organisation d’un tel événement, le sort
de quelques milliers d’étudiants, mobilisés ces derniers jours, ne pèse pas
bien lourd. À tort. Tout comme ne peut être vue comme anodine l’utilisation
abusive des bénévoles au profit de sponsors plein d’arrière-pensées
mercantiles. Ces révélations – à lire également dans nos pages – témoignent à
leur manière des dérives de la marchandisation du sport. Et d’un CIO sous
perfusion de grands groupes privés qui, bien conscients de leur pouvoir, se
permettent beaucoup.
« Prêts », le billet de Maurice Ulrich.
Sommes-nous prêts ? Pas sûr. L’armée de terre, en revanche, « se
tient prête ». Et c’est son chef d’état-major, le général Schill qui
nous le dit dans une tribune du Monde. Les gradés de « la
Grande Muette », comme on a surnommé l’armée, s’expriment peu. Ils
ont, quoi qu’ils en pensent, probablement accepté l’idée que la guerre
était « une affaire trop sérieuse pour être confiée aux
militaires ».
On se souvient comment le général de Villiers, commandant en chef des
armées qui la ramenait un peu trop, avait démissionné en 2017, désavoué par
Emmanuel Macron. C’est qui le patron ? Là, le général connaît ses
devoirs. « L’armée française se prépare aux engagements les plus
durs, le fait savoir et le démontre – Si vis pacem, para bellum – si tu veux la
paix prépare la guerre. »
Et : « La France est à même de prendre la tête d’une
opération. (…) les Français peuvent en être convaincus, leurs soldats
répondront présent. » Quand, par exception, la Grande Muette
parle, on entend le président. Voilà les Russes prévenus. Nous aussi.
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mercredi 20 mars 2024
MATIN DE PRINTEMPS
Ceux qui n’espèrent plus ont le cœur en jachère, errent
dans le désert sans ligne d’horizon, ils sont de grands oiseaux qui survolent
la terre, sans jamais retrouver ce qui fut leur maison. Ils revivent sans fin
un passé qui les ronge, leur vie s’est arrêtée un matin de printemps, le soleil
n’est plus là dans le jour qui s’allonge, puis la nuit fond sur eux et leur dit
je t’attends. Ceux qui n’espèrent plus ont besoin qu’on leur dise qu’il y a
quelque part un rivage nouveau, dans cet arbre là-bas un bouquet de cerises à
cueillir en rêvant d’aller toujours plus haut. Ils reprendront alors le cours
de leur voyage, des fleurs ou des amours les prendront par la main, sur leurs
cahiers jaunis renaîtront quelques pages où écrire en couleurs juste le mot
demain. Ceux qui n’espèrent plus, je leur dis cette chance que la vie peut
parfois servir aux démunis, sous le feu de l’orage et des cieux en démence, peut
s’ouvrir un jardin qu’on croyait interdit.
Pour célébrer le premier jour du printemps...
Les saisons sont essentielles, elles
rythment nos vies, dans un élan immuable... Elles forment des cycles qui
ponctuent nos vies comme le jour et la nuit qui se succèdent, elles sont des
repères dans le temps...
« Voici donc les longs jours !
Voici le printemps ! »
Un poème consacré au printemps, un poème
où la nature personnifiée s'anime et devient une entité vivante, c'est un texte
rempli de fraîcheur et d'animisme que nous offre, ici, Victor Hugo...
Des exclamations, qui révèlent bonheur
et admiration, ouvrent le texte : l'énumération du premier vers restitue une
sorte d'exaltation, devant le renouveau du printemps, la lumière est mise en
valeur, associée à « l'amour » et au « délire ». Le poète
se charge d'annoncer le printemps, par une formule réitérée : « voici les
longs jours, voici le printemps ! » Puis il déroule les mois, « mars,
avril, mai, juin », en les caractérisant familièrement et simplement :
"avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois
amis. » Ces mois du printemps deviennent des êtres vivants qui nous
accompagnent de leur bienveillance. Le décor est, ensuite, évoqué : des arbres,
des peupliers semblent, eux aussi, s'animer pour offrir un cadre somptueux au poète
: on les voit « se courber mollement comme de grandes palmes... » Un
oiseau vient compléter le tableau et assure un fond sonore à l'ensemble :
« L'oiseau palpite, au fond des bois tièdes et calmes. »
Et le poète perçoit tout le bonheur du
monde dans cette renaissance : « Il semble que tout rit, et que les arbres
verts sont joyeux d'être ensemble... » Le champ lexical du bonheur
apparaît : « tout rit, joyeux, quelque chose d'heureux, chanter... »
Les arbres deviennent même l'image du poète : « il semble... qu'ils se
disent des vers... » Le jour et le soir deviennent des entités vivantes,
le jour apparaît « couronné d'une aube fraîche et tendre », et le
soir se révèle « plein d'amour »...
Enfin, la nuit se met à l'unisson de la
nature renaissante, puisqu'on y perçoit un chant de bonheur...
La simplicité de ce poème, la nature
humanisée, emplie de vie traduisent une complicité entre l'homme et le monde
qui l'entoure. Des sensations visuelle, tactile, auditive viennent ponctuer le
texte et nous font ressentir une forme d'harmonie : le vert des arbres, leurs
grandes palmes, un chant heureux dans l'infini de la nuit... Ce poème nous
transmet une ivresse de bonheur et de tendresse : la nature se met à l'unisson
de Victor Hugo, elle invite à l'amour, à la joie de vivre. Victor Hugo nous
fait, aussi, percevoir l'écoulement du temps, le jour, le soir, la nuit, les
mois qui se succèdent, comme un bonheur à savourer. Les sonorités contrastées
de sifflantes "s" très douces et de gutturales "r" plus
âpres traduisent à la fois un apaisement et une exaltation...
Voici le poème de Victor HUGO :
« PRINTEMPS »
« Voici donc les longs jours, lumière,
amour, délire !
Voici le printemps ! Mars, avril au doux
sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux
mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves
endormis,
Se courbent mollement comme de grandes
palmes ;
L'oiseau palpite au fond des bois tièdes
et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les
arbres verts
Sont joyeux d'être ensemble et se disent
des vers.
Le jour naît couronné d'une aube fraîche
et tendre ;
Le soir est plein d'amour ; la nuit, on
croit entendre,
A travers l'ombre immense et sous le
ciel béni,
Quelque chose d'heureux chanter dans
l'infini ».
« Homme clé », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.
Le « Mandela de la Palestine » est en danger. Les témoignages de
détenus palestiniens sortis de la prison israélienne de Megiddo sont
effroyables. Ils font état d’actes de torture infligés à Marwan Barghouti,
embastillé dans cette forteresse de sinistre réputation. Le célèbre prisonnier
politique est la cible de sévices d’une extrême gravité de la part des unités
spéciales.
À maintes reprises, l’Humanité a dénoncé dans ses colonnes
le sort réservé aux Palestiniens trop souvent incarcérés de façon arbitraire,
victimes de traitements inhumains et dégradants, au mépris du droit humanitaire
international. Tel-Aviv ne peut se complaire dans cette stratégie de terreur.
Sauf à vouloir liquider Marwan Barghouti.
En 2002, en pleine Intifada, le chef de la branche armée du Fatah a été
arrêté et condamné à cinq peines de prison à perpétuité pour
« terrorisme ». Malgré l’occupation, la colonisation et des accords
d’Oslo moribonds, il a pourtant toujours prôné une solution politique au
conflit et plaidé pour la coexistence de deux États.
Ce protagoniste de premier plan de la politique palestinienne jouit d’une
grande popularité, jusque dans les jeunes générations qui ne l’ont connu que
derrière les barreaux. Son aura et sa droiture en font un dirigeant de premier
plan, seul capable de refonder une Autorité palestinienne discréditée, et de
rassembler un peuple divisé. C’est sans doute pourquoi Benyamin Netanyahou en a
fait l’ennemi numéro un.
En 2011, le premier ministre israélien avait refusé de le libérer dans le
cadre d’un échange de prisonniers contre le soldat Gilad Shalit détenu à Gaza,
préférant relâcher des responsables du Hamas, dont le chef de sa branche armée,
Yahya Sinwar, l’un des cerveaux des sanglantes attaques du 7 octobre.
Benyamin Netanyahou et ses ultras ont laissé prospérer le Hamas afin de
mieux anéantir toute perspective de résolution politique du conflit. Ce dessein
bute sur la figure de Marwan Barghouti, qui reste l’homme clé pour ouvrir une
issue dans cette situation désespérante. Il doit être libéré. Le blocus et le
déluge de bombes qui tuent Gaza doivent cesser.
« Éducation », le billet de Maurice Ulrich.
Nous voilà donc en pleine Semaine de l’éducation financière. C’est une
initiative de la Banque de France. Les Français auraient du mal à gérer
l’argent qu’ils n’ont pas.
Ceux qui en ont s’arrangent avec. Économiser, placer, gérer. Ça peut
s’apprendre tôt et c’est pour ça, comme l’écrit le Parisien (propriété
de Bernard Arnault), que les banquiers s’invitent dans les écoles. Le journal
est allé dans une classe de CM2. Ça veut dire quoi « être dans le
rouge », demande une élève dont on se demande où elle a entendu ça, à
la banquière présente. Que tu vas payer des agios, non ?
On leur explique aussi comment investir pour que leur argent rapporte.
Ainsi, d’une année sur l’autre, on pourrait leur proposer une expérience.
Placer une certaine somme dans un coffre et constater au bout de l’année que la
somme est la même. Ça les aiderait à comprendre que ce n’est pas l’argent tout
seul qui « travaille » mais que, tout près ou à
l’autre bout du monde, ce sont des hommes, des femmes ou même des enfants
qui « rapportent ».
mardi 19 mars 2024
« Mensonges du pouvoir et pouvoir des mensonges », la chronique de Patrick Le Hyaric.
Avons-nous affaire à un gouvernement de
menteurs pathologiques ? La question se pose.
À la fin du mois de novembre 2023, le gouvernement a fait adopter un budget
de la nation sans vote du parlement. Il se vantait alors qu’il agissait dans
l’intérêt général en prenant en compte deux enjeux fondamentaux :
l’environnement et l’éducation. Le compte-rendu du conseil des ministres du 27
septembre 2023 qui présente le projet de loi de finances, claironne même qu’il
s’agit « du budget le plus vert de notre histoire ». Le communiqué
gouvernemental poursuit, « 10 milliards d’euros de financement supplémentaires
sont prévus par rapport à 2023 pour soutenir les principaux leviers de la
planification écologique et donner aux territoires, les moyens d’agir en
matière de ressources naturelles, de rénovation des bâtiments, de sobriété
énergétique, de mobilité et de décarbonations de l’industrie. C’est un
financement comprenant notamment une hausse du fonds vert pour les territoires
de 2,5 milliards d’euros. Les métiers de l’enseignement sont revalorisés et le
budget de l’éducation nationale augmentera de 3,9 milliards d’euros, après une
hausse de même ampleur en 2023 ».
Mais voici qu’à peine l’encre de ce long document budgétaire soit sèche, le
gouvernement supprime par décret 10 milliards d’euros de crédit public sous
l’autorité du même ministre des finances.
La démocratie est bafouée trois fois. Une fois en empêchant les
parlementaires d’améliorer et de voter le budget. Une seconde en le modifiant
par décret quelques semaine en supprimant ce qui était affiché comme priorité.
Une troisième fois en bafouant les règles que les gouvernants se sont eux-mêmes
données.
En effet la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances
précise que les annulations de crédits par décret ne peuvent dépasser 1,5 % des
crédits ouverts en loi de finances. Or, ici, le pouvoir raye d’un trait de
plume, l’équivalent de 2 % du total des dépenses de l’État (*). Les
parlementaires auraient tout intérêt à se saisir de l’affaire.
L’autre escroquerie a trait à la sélection des chapitres ou les crédits
sont annulés. Le gouvernement sabre précisément dans les lignes budgétaires des
missions dont il disait en novembre qu’elles étaient ses priorités.
Annulation de 2,13 milliards d’euros de crédit au chapitre « écologie,
développement et mobilité durable ». Les dispositifs d’aide aux ménages
destinés à les accompagner dans la transition énergétique comme ma prime Rénov,
le chèque énergie, l’aide à l’acquisition de véhicules propres sont réduits de
près de 1 milliard d’euros.
1,5 milliard d’euros destiné à financer les missions, enseignement
scolaire, recherche et enseignement supérieur » disparaissent sans coup férir.
736 millions d’euros sont supprimés au chapitre « cohésion des territoires
». Ceci signifie qu’on réduit les politiques d’aide à l’accès au logement à
l’amélioration de l’habitat dans un secteur immobilier, déjà en plein marasme aggravé
encore par la hausse des taux d’intérêt.
Alors que les besoins pour les hôpitaux et les services de santé sont
considérables, 70 millions d’euros vont leur être supprimé.
Le ministre des Finances raconte aujourd’hui qu’il est nécessaire de
réduire les dépenses publiques parce que la croissance sera moins élevée que ce
qu’il avait prévu au cours de l’été. Il évalue maintenant l’évolution de la
croissance à 1 % alors qu’il annonçait 1,4 % à la fin de l’été dernier.
Là encore, c’est le grand bluff ! La Banque de France, l’Office français
des conjonctures économiques et de nombreux économistes ont alerté dès
l’automne 2023, c’est-à-dire au moment où le budget était soumis au parlement,
sur le risque d’un taux de croissance française inférieur à 1 % en 2024.
L’attitude du gouvernement et du président de la République – annonçant à
l’automne imposer un budget visant à atteindre de grands objectifs pour
l’environnement et l’éducation, pour ensuite appliquer des réductions
drastiques précisément dans le budget de ces ministères – au-delà du respect
des règles se moque de tous les principes démocratique, du respect du parlement
et des engagements pris devant la nation. On voit combien ici, il s’agit de
complaire aux rapaces des marchés financiers qui se repaissent des dettes
publiques.
On sait que la vie des gens, pour ces hommes du pouvoir, n’a que peu
d’intérêt puisque seul compte la satisfaction des marchés financiers et du
grand capital, enrobée de communication à jet continue pour tenter de faire
avaler toutes les pilules de l’austérité.
Tout un art ! Ainsi, à peine nommé Premier ministre, monsieur Attal
expliquait que l’éducation nationale est la priorité des priorités, « la mère
des batailles », pour mieux dissimuler 2500 suppressions de postes inscrites au
budget 2024. Le souffle de ce moulin à paroles cachait la suppression de 478
millions d’euros de crédit de rémunération du personnel du ministère de
l’Éducation nationale. Une somme équivalente au financement d’environ 10 000
postes d’enseignants.
Et ces personnages osent donner des leçons sur les moyens de combattre les
diffuseurs de fausses informations ?
À la réduction de 10 milliards d’euros de crédit public, cette année,
s’ajouteront 20 milliards d’euros en 2025, soit 30 milliards l’an prochain. Et,
voici que la Cour des comptes prépare l’opinion en réclamant 50 milliards
d’économies d’ici deux ans. C’est bien une violente cure d’austérité qui se
prépare, alors que le pouvoir et ses perroquets ne cessent d’en appeler à la
mise en place d’une « économie de guerre. »
Comme toujours les profiteurs de cette « économie de guerre » sont les
forces du capital pour lesquelles les profits débordent encore plus que les
cours d’eau sous les pluies continues. Une crue historique de 153,6 milliards
d’euros de profits pour trente-huit des entreprises cotées en bourse.
Un déluge de rêve de 67,8 milliards d’euros de dividendes reversés aux
propriétaires-actionnaires auxquels s’ajoutent 38 milliards de rachat
d’actions. Décidément, « il pleut toujours où c’est mouillé ». Les gros
détenteurs de capitaux et de patrimoines se gavent pendant que les travailleurs
et les retraités sont mis au régime sec.
Cette gestion capitaliste et militarisée de la société atteint ses limites.
Elle est totalement inefficace, antisociale, anti-économique et
anti-démocratique. Il n’y a pas d’avenir sans investissements massifs dans le
travail, l’école publique et la formation, la santé, l’alimentation,
c’est-à-dire pour le développement humain et le progrès écologique.
Or, c’est le président de la République et le Conseil européen où il siège,
qui décident de réduire ce qu’ils appellent les impôts de production,
c’est-à-dire l’impôt sur le capital. Ce faisant, ils réduisent les moyens
disponibles pour l’école, la santé ou la transition environnementale. L’enjeu
d’une révolution fiscale se pose avec force.
Même des économistes comme Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, que l’on ne
peut pas soupçonner d’être des révolutionnaires anticapitalistes, ont demandé
(dans un rapport remis au gouvernement en mai 2023) la création d’un impôt
temporaire sur les profits exceptionnels des entreprises et les revenus des
plus riches afin de faire avancer le développement humain et la planification
écologique. Le pouvoir s’est empressé d’étouffer leurs travaux.
De partout, dans nos villes comme dans les campagnes, se manifestent le
ras-le-bol, les protestations et les défiances vis-à-vis du pouvoir et des
institutions européennes. Si ces colères justifiées venaient à donner de la
force aux extrêmes
droites alors les travailleurs comme les retraités seraient lourdement perdants.
Ils seraient enserrés dans le piège que tendent les forces de l’argent pour
préserver leur système. Au contraire, les travailleurs, les créateurs, la
jeunesse doivent se donner l’objectif de devenir maître de leur production et
de leur travail, donc de la manière de créer les richesses et de les répartir.
Ils doivent reprendre le pouvoir sur leur vie et construire ensemble une
société des communs, de la justice et de la paix.
- La loi de finances 2024 prévoyait 491,9 milliards
de dépenses en 2024
« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.
« Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! » Diffusées dans Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...
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