Les saisons sont essentielles, elles
rythment nos vies, dans un élan immuable... Elles forment des cycles qui
ponctuent nos vies comme le jour et la nuit qui se succèdent, elles sont des
repères dans le temps...
« Voici donc les longs jours !
Voici le printemps ! »
Un poème consacré au printemps, un poème
où la nature personnifiée s'anime et devient une entité vivante, c'est un texte
rempli de fraîcheur et d'animisme que nous offre, ici, Victor Hugo...
Des exclamations, qui révèlent bonheur
et admiration, ouvrent le texte : l'énumération du premier vers restitue une
sorte d'exaltation, devant le renouveau du printemps, la lumière est mise en
valeur, associée à « l'amour » et au « délire ». Le poète
se charge d'annoncer le printemps, par une formule réitérée : « voici les
longs jours, voici le printemps ! » Puis il déroule les mois, « mars,
avril, mai, juin », en les caractérisant familièrement et simplement :
"avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois
amis. » Ces mois du printemps deviennent des êtres vivants qui nous
accompagnent de leur bienveillance. Le décor est, ensuite, évoqué : des arbres,
des peupliers semblent, eux aussi, s'animer pour offrir un cadre somptueux au poète
: on les voit « se courber mollement comme de grandes palmes... » Un
oiseau vient compléter le tableau et assure un fond sonore à l'ensemble :
« L'oiseau palpite, au fond des bois tièdes et calmes. »
Et le poète perçoit tout le bonheur du
monde dans cette renaissance : « Il semble que tout rit, et que les arbres
verts sont joyeux d'être ensemble... » Le champ lexical du bonheur
apparaît : « tout rit, joyeux, quelque chose d'heureux, chanter... »
Les arbres deviennent même l'image du poète : « il semble... qu'ils se
disent des vers... » Le jour et le soir deviennent des entités vivantes,
le jour apparaît « couronné d'une aube fraîche et tendre », et le
soir se révèle « plein d'amour »...
Enfin, la nuit se met à l'unisson de la
nature renaissante, puisqu'on y perçoit un chant de bonheur...
La simplicité de ce poème, la nature
humanisée, emplie de vie traduisent une complicité entre l'homme et le monde
qui l'entoure. Des sensations visuelle, tactile, auditive viennent ponctuer le
texte et nous font ressentir une forme d'harmonie : le vert des arbres, leurs
grandes palmes, un chant heureux dans l'infini de la nuit... Ce poème nous
transmet une ivresse de bonheur et de tendresse : la nature se met à l'unisson
de Victor Hugo, elle invite à l'amour, à la joie de vivre. Victor Hugo nous
fait, aussi, percevoir l'écoulement du temps, le jour, le soir, la nuit, les
mois qui se succèdent, comme un bonheur à savourer. Les sonorités contrastées
de sifflantes "s" très douces et de gutturales "r" plus
âpres traduisent à la fois un apaisement et une exaltation...
Voici le poème de Victor HUGO :
« PRINTEMPS »
« Voici donc les longs jours, lumière,
amour, délire !
Voici le printemps ! Mars, avril au doux
sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux
mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves
endormis,
Se courbent mollement comme de grandes
palmes ;
L'oiseau palpite au fond des bois tièdes
et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les
arbres verts
Sont joyeux d'être ensemble et se disent
des vers.
Le jour naît couronné d'une aube fraîche
et tendre ;
Le soir est plein d'amour ; la nuit, on
croit entendre,
A travers l'ombre immense et sous le
ciel béni,
Quelque chose d'heureux chanter dans
l'infini ».
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