Les
15 et 22 mars, les citoyen.nes de notre ville voteront pour élire leur Conseil
Municipal. Avec un regard attentif et toujours engagé, je lis et découvre
sur la toile les propos et commentaires des éventuels « candidat.es. »
J’ai pris connaissance de la déclaration de la majorité de gauche, écologiste
et citoyenne. Elle appelle, je cite : « toutes les forces du Nouveau
Front Populaire, toutes les citoyennes et tous les citoyens qui se
reconnaissent dans les valeurs de gauche et de l’écologie à se joindre à nous
pour construire ensemble notre avenir ». À l’heure où je jette ces quelques
lignes sur le papier, je constate que le Parti socialiste et la France
Insoumise ont fait le choix de partir en solo, en présentant leurs propres
listes. Je le regrette. Il n’est évidemment nullement dans mes intentions de
remettre en cause le droit de chacune de ces formations à assouvir leurs
ambitions. Pas davantage de sombrer à leur égard dans une intolérance qui m’a
toujours été étrangère. Pour moi le débat politique n’est pas une guerre. Il
est incompatible avec l’irrespect et toute atteinte à la dignité humaine. Pour
autant je revendique le droit à la critique, à l’exigence de clarté. Je
m’autorise donc à donner mon point de vue sur l’élection municipale…et ses
suites. Comment, très sincèrement, peut-on faire l’impasse sur les échéances
électorales qui auront lieu un peu plus d’un an après le scrutin municipal ?
Ouvrons les yeux. Le Rassemblement national, n’est pas seulement, comme je
l’entends parfois, aux portes du pouvoir, il a déjà un pied à l’Élysée. Cette
perspective est désormais banalisée ou considérée comme une fatalité. Au-delà du feuilleton auquel nous
assistons chaque jour, prenons la mesure de la recomposition politique en cours
et de la fusion idéologique entre l’extrême-droite et la droite « dite
républicaine ». Quand messieurs Retailleau et Wauquiez répètent à l’envi
que l’obstacle à ce rapprochement, c’est le programme économique du Rassemblement
national jugé trop à gauche. Quand « Horizons », le parti d’Édouard
Philippe et « les Républicains » joignent leurs voix à celles du Rassemblement
national pour mettre un terme aux accords de 1968 entre la France et l’Algérie,
c’est que toutes les digues ont sauté. Il n’y a plus idéologiquement de
différences. Pour garantir leurs privilèges et leurs profits, les milliardaires
et le grand patronat sont prêts à un « deal » avec le Rassemblement
national. Le débat parlementaire
sur le budget en a d’ailleurs donné la mesure. Au diapason des dirigeants de la
tech, obsédés par la réduction des dépenses de l’État, le RN s’est employé à
caresser les plus fortunés : du veto à la taxe Zucman, à l’impôt sur les
holdings et à la hausse de la contribution de solidarité sur les hauts revenus,
la connivence est limpide. Ainsi se dessinerait les contours d’une société d’enfoncement dans les
discriminations, les privations, la précarité, la souffrance au travail, une
société brutale et autoritaire, d’atteintes aux libertés de la presse, de
remise en cause de l’action contre le dérèglement climatique, de chasse aux
migrants, aux jeunes, à celles et ceux qui contestent et qui créent. Nous
sommes à un moment de bascule. Toutes celles et ceux attachés aux valeurs de
gauche et progressistes ont le devoir de refuser ce scénario du pire. Chacune,
chacun, doit se hisser à la hauteur des enjeux et prendre ses responsabilités. Il
y a urgence. Une gauche divisée, dispersée, un peu partout en France aux
élections municipales est le pire des signaux que nous puissions adresser à
celles et ceux qui veulent éviter le pire en 2027. Pour battre l’extrême droite
et la droite, il n’existe qu’une seule alternative : « Construire un
rassemblement durable de toute la gauche et des écologistes ouvert aux
mouvements citoyens et à tous les démocrates, qui pourra devenir
majoritaire ». Pour la présidentielle, mais également pour les
législatives. La multiplication de candidatures de la gauche et des
écologistes, ce serait la défaite assurée. Disant cela, je ne crois pas
m’éloigner des défis que nous pose le prochain scrutin municipal. Au contraire.
Romainville, ce n’est pas l’enfermement dans des égoïsmes sociaux, les volets
fermés du « chacun pour soi ». La vie dans notre ville, foyer
« naturel » de démocratie, c’est l’emploi, l’écologie, l’habitat,
l’école, la culture, les activités physiques et sportives, la sécurité
publique. Romainville, c’est de la diversité, de la mobilité, de l’hospitalité,
de la rencontre, de la solidarité, de la tolérance, respectueuse des droits de
tous. Quelles que soient les approches que peuvent en avoir les différentes formations
de gauche et les écologistes, elles ont ces valeurs en partage. C’est ce bien
commun que l’extrême droite s’efforcerait de faire voler en éclats. Réduire la
dépense publique par la mise en place de la priorité nationale, réserver les
allocations familiales aux seuls français, suppression du droit du sol,
collectivités territoriales au régime sec, fin des financements croisés, l’eau,
ce bien commun et la sécurité restant du seul ressort de la commune. Voilà le
programme ! Ne vaut-il pas mieux être unis et rassemblés pour y faire
front ? Au nom des valeurs et des combats qui jalonnent ma longue vie de
militant et d’élu, je ne saurais me résoudre à ce funeste scénario. Je n’ignore
pas les différences qui existent entre les forces de gauche et écologistes.
N’est-ce pas en les respectant qu’elles ont su se rassembler lors de la
création du Nouveau Front Populaire ? Mais d’autres tentations, telles la
volonté hégémonique ou l’obsession de s’affirmer pour s’affirmer ont toujours
conduit à l’échec. Un échec qui signifierait un avenir ravageur pour celles et
ceux qui gardent espoir et qui clament, comme à la fête de l’Humanité, leur
volonté d’union et de rassemblement ! Depuis 2020, la majorité municipale
sortante a conduit des politiques ambitieuses avec une gestion rigoureuse et
une réduction de la dette. « Qu’il s’agisse d’éducation, de culture,
d’urbanisme, de végétalisation, d’insertion sociale et professionnelle, du réarmement
du service public, de renforcement de l’accès aux droits, du développement du
pouvoir d’agir des citoyens et des associations, ou de la révolution du modèle
des cantines scolaires, des avancées collectives au service des habitantes et
des habitants, des plus jeunes aux plus âgés. » Dans tout bilan il y a les
aspects positifs, les succès collectifs, mais aussi les déceptions. Les miennes,
en son temps, je les ai assumées. Il y a toujours les regrets, auxquels il faut
penser sans amertume, mais avec humilité et lucidité. Un comportement qui
devrait être celui de tout élu ayant assumé, dans les mandats précédents, la
responsabilité de conseiller municipal ou d’adjoint au maire. Rome ne s’est pas
faite en un jour, Romainville non plus. Sans revenir sur certains vestiges qui
attestent de l’influence romaine sur notre commune, à l’abolition des
privilèges qui priva le marquis de Ségur de sa seigneurie, ou encore à la perte
du Bois de Romainville, dont les 2000 habitants font sécession en 1867 pour
créer la commune des Lilas, je tiens seulement à préciser que l’histoire de
notre ville n’a pas commencé en 2001, et elle ne s’est pas arrêtée en 2020. Comme
je l’ai souvent écrit, « une histoire faite d’ombres et de
lumières. »

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