mardi 8 juillet 2025

Hommage à Paul Laurent mort il y a 35 ans, le 8 juillet 1990 !



La mort de Paul Laurent, emporté soudainement et en pleine force a touché profondément les communistes. Évoquer sa mémoire est pour moi un moment particulier, chargé d’émotion, tant étaient forts les liens d’amitié et de respect qui nous unissaient. Durant quatre années, de 1976 à 1980, j’ai eu la chance de travailler à ses côtés alors qu’il venait d’être élu au 22ème congrès, secrétaire à l’organisation. Nous nous étions, déjà croisé. C’était en 1962. Paul venait de quitter sa responsabilité de secrétaire général de l’Union des Jeunesses communistes, alors que pour ma part je venais d’être élu membre du bureau national. Nous nous retrouverons à de nombreuses occasions. Au Comité régional d’Île de France, dont Paul avait la responsabilité. Et puis au Comité central où je fus élu en 1985.

 

L’expérience qui était celle de Paul, son calme, ses qualités d’écoute, l’attention qu’il portait à la réflexion collective m’ont beaucoup appris. Ces quatre années de mon activité militante ont été pour moi un grand apport dans les responsabilités que j’ai par la suite assumées. Paul était un dirigeant communiste de contact facile, un homme profondément humain et de grande convivialité. Il fut avec d’autres camarades, alors dirigeants de l’Union de la Jeunesse Républicaine de France de tous les combats pour la paix. En 1952, Paul est arrêté et inculpé, avec Guy Ducoloné, Louis Baillot, et Alain Le Leap, « d’atteinte à la sureté de l’État ».

 

Paul avait adhéré au Parti communiste en 1945. Il devient secrétaire général de l’UJRF en 1954, puis des Jeunesses communistes de 1956 à 1962. C’est cette année -là qu’il est élu secrétaire de la fédération de Paris, dont il sera le conseiller municipal et député de 1967 à 1968, puis de 1973 à 1981. Il sera élu au Comité central en 1956. Puis au bureau politique de 1956 à 1990 et au secrétariat de 1973 à 1990.

 

C’est au 22ème congrès que fut adoptée une résolution décidant de ne plus faire figurer la dictature du prolétariat parmi les objectifs du Parti Communiste Français. Elle chargeait le comité central élu de soumettre au 23ème congrès les modifications au préambule des statuts rendues alors nécessaires. Si d’autres décisions importantes furent prises dans les années qui suivirent dans les analyses du PCF, ses conceptions, sa politique, son mode de vie, il n’en reste pas moins que ce congrès restera un moment clé de ce processus. Il fut marqué par le rejet du modèle soviétique, avec le choix irrévocable d’une société nouvelle de liberté, construite dans la démocratie et le pluralisme, par l’intervention des salariés, des citoyens et le respect en toutes circonstances du suffrage universel.

 

Je rappelle ce moment car c’est Paul Laurent qui sera chargé de présider la commission de travail préparant les propositions de modification des statuts, et à laquelle j’ai modestement participé. Je me dois de rappeler ici le rôle important qui fût celui de Paul. Il porta de nombreuses propositions qui ont permis de perfectionner la démocratie. Je pense aux tribunes de discussion en dehors des congrès et à l’assouplissement des règles d’éligibilité, notamment. C’est d’ailleurs dans cette période, en 1978, que le livre « le PCF comme il est » est édité aux éditions sociales. Il prend la forme d’un entretien avec Roger Faivre, où Paul Laurent évoque les avancées en matière de démocratie et le besoin d’un grand Parti communiste Français.

 

Paul était un travailleur acharné, prenant une part active à toutes les actions pour toutes les grandes causes durant plus de quarante décennies. Il était un dirigeant d’une grande modestie, qu’il n’est pas inutile de rappeler par les temps qui courent. Il n’appréciait pas qu’il soit présenté comme le numéro « 2 » ou le bras droit de Georges Marchais. L’expérience qui suivra lui donnera raison. Les camarades les plus anciens se souviendront des plaisanteries qui couraient à « Fabien » pour qualifier son lent débit de paroles. Certains d’entre eux l’imitaient parfois, en forçant souvent le trait : « Tu as deux heures devant toi, j’ai deux mots à te dire ». C’était aussi la marque d’une nature discrète et posée.

 

Je veux terminer en évoquant le courage qui a été celui de Paul face à la maladie qui l’emporta si vite. Je veux à ce propos livrer un souvenir douloureux dont j’ai été le témoin avec mes camarades. Le 13 décembre 1989, sept mois avant sa disparition, Paul Laurent présentait un rapport devant le comité central. Malgré la fatigue et la souffrance et sa voix enrouée, il ira jusqu’au bout. Ce grand moment d’émotion et de respect est resté dans ma mémoire. À l’hiver de ma vie, j’ai voulu le partager avec vous, en hommage à Paul, mon camarade, avec une pensée émue pour Mounette, sa compagne de tous les instants, trop tôt disparue, elle aussi.

 

Et puis, un dernier clin d’œil. J’imagine la réaction qui aurait été celle de Paul si on lui avait parlé « d’héritage » ou « d’hérédité » comme l’ont fait les médias lorsque Pierre est sera élu comme secrétaire national. Un éclat de rire, un autre trait de son caractère aurait éclairé son visage. Sa manière à lui de tourner en dérision une attitude aussi méprisante qu’imbécile.

 

 

 

 

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