L’horrible attentat qui endeuille la Russie a été revendiqué par une branche afghane de l’« État islamique » (EI). Et a aussitôt fait ressurgir dans nos mémoires les terribles images du Bataclan et des attaques de 2015. Il nous rappelle également que si l’EI et son califat de pacotille ont été éradiqués en Syrie, l’organisation terroriste a perduré. Cela fait plusieurs années que le groupe État islamique au Khorasan (EI-K) fait la guerre à d’autres islamistes, les talibans. Leur objectif est de prendre le pouvoir à Kaboul.
En attaquant Moscou, l’EI-K lance plusieurs messages. D’abord, le choix de
la cible : la Russie est un pays qui, depuis des années, que ce soit en
Afghanistan, en Tchétchénie, en Syrie et en Irak, lui a fait la guerre.
Ensuite, l’organisation terroriste entend démontrer au monde la capacité de
l’EI d’opérer à l’étranger. Enfin, cet attentat vise à prouver que
l’« État islamique » est parvenu progressivement à se
reconstituer et à développer des capacités opérationnelles qui dépassent
l’activation de « loups solitaires ». Ce qui n’est pas rassurant, à
quelques mois des jeux Olympiques en France.
Cette résurgence opérationnelle de l’EI montre qu’il est vain de penser
résoudre la problématique du terrorisme de masse uniquement via une réponse
militaire, fût-elle de haute intensité. Depuis plus de vingt ans, les
mouvements terroristes islamiques se régénèrent et recrutent sur la base d’une
radicalisation anti-occidentale et d’une surenchère rigoriste et identitaire
qui les conduit à faire des musulmans les premières victimes de leurs
attentats. Une réponse pérenne au terrorisme ne pourra être que mondiale,
politique et diplomatique.
Pourtant, si la solidarité avec la Russie est affichée de manière unanime,
la tentation est grande d’instrumentaliser cet attentat. Les autorités russes
pointent la responsabilité de l’Ukraine. Les Ukrainiens dénoncent une
« maskirovka » (une manipulation) du FSB, et les États-Unis
prétendent, pour mieux déstabiliser Vladimir Poutine, avoir alerté les
autorités russes de la menace. Et de cet épais brouillard de
désinformation peuvent surgir bien d’autres monstres que l’on croyait
disparus.
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