Un interminable feuilleton judiciaire et une vie en sursis. La décision de
la justice britannique, mardi, laisse un goût amer à tous les défenseurs des
libertés publiques, et en particulier du droit d’informer. Certes, Julian
Assange ne sera pas extradé vers les États-Unis aujourd’hui. Mais le verdict a
surpris. Les deux juges de la Haute Cour de Londres ont donné trois semaines
aux autorités américaines pour garantir que Julian Assange ne sera pas condamné
à la peine de mort et qu’il bénéficiera du premier amendement de la
Constitution américaine qui protège la liberté d’expression. Si la justice
considère que les garanties ne sont pas assurées, alors une nouvelle audience
sera organisée pour débattre à nouveau de la légitimité de la demande d’appel
du lanceur d’alerte australien. Étrange démarche que de faire intervenir
politiquement les États-Unis, où Donald Trump, de nouveau en course pour la
Maison-Blanche, avait qualifié WikiLeaks de « honteux » et
déclaré que ses activités devraient être sanctionnées par la peine capitale.
Cet acharnement judiciaire et politique est une histoire sans fin, alors
que Julian Assange, malade, croupit dans le quartier de haute sécurité de la
prison de Belmarsh depuis près de cinq ans. Son crime ? Avoir révélé des
informations d’intérêt général, documenté les crimes de guerre commis par
l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. « Si les guerres peuvent
être déclenchées par des mensonges, avait argumenté Julian Assange,
la paix peut être préservée par la vérité. »
En cas d’extradition, la justice britannique enverrait un signal
catastrophique aux journalistes et lanceurs d’alerte du monde entier,
susceptibles d’être persécutés et poursuivis. Julian Assange a aujourd’hui
besoin de nous, de la protection des opinions publiques. Le sort qui lui est
infligé est une honte pour toutes les démocraties. WikiLeaks avait révélé
l’espionnage de présidents de la République par la NSA. La France lui est
redevable et doit lui accorder le droit d’asile. Elle prouverait ainsi, plus efficacement
que par des discours creux, qu’elle est bel et bien « la patrie des droits
de l’homme ».
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