L’automne de la vie, est une autre
saison, on le compte en printemps, loin de la fanaison. L’automne de la vie, pourrait être l’été, comme
fruits au soleil, trouvant maturité. L’automne de la vie, est hiver pour
certains, il fait froid dans le dos, plus souvent le matin. Quatre saisons en une, toutes si différentes. L’automne
de la vie, à ceci s’apparente, dévoilant
les années, défilant une à une, dans l’esprit, ressassées, sur chemin
d’infortune, mais quelquefois aussi, en
moments de bonheur, à garder en mémoire, pour calmer les douleurs. L’automne de la vie, quand l’âme est poétique,
autre connotation et autre symbolique, revêt tout simplement, car en toute
saison, les fruits de son jardin et aussi sa moisson, sont transformés en
rimes, qui n’auront jamais d’âge, l’automne
de la vie, est alors le plus sage.
jeudi 30 novembre 2023
Automne de la vie !
« Une France inhabitable », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.
Des maisons datant parfois de plusieurs siècles qui se fissurent
subitement, des crues et des inondations à répétition dévastant les
habitations et les commerces, des sécheresses qui se transforment en
pénuries d’eau à l’année, avec restrictions drastiques de sa consommation.
Le changement climatique a tout l’air de connaître une brusque
accélération, et ses effets sur les humains et leur environnement sont
démultipliés. La France, au climat tempéré où il ne fait ni trop chaud, ni trop
froid, ni trop sec, ni trop humide, comme on l’enseigne de toute éternité dans
les manuels scolaires, n’échappe pas à ces nouveaux aléas.
Notre pays, dont on a tant chanté la douceur « du printemps qui va
naître à (ses) mortes saisons », n’est plus épargné par la succession
de catastrophes. Pour la première fois, on parle même de la possibilité de
risques « inassurables » au regard de la fréquence accélérée des
épisodes cataclysmiques et de l’inadaptation des infrastructures et de
l’aménagement du territoire aux changements en cours.
Voilà qui devrait suffire à convaincre d’agir les dirigeants les moins
empressés, à l’ouverture de la COP28 pour le climat, ce jeudi, à Dubaï. Aux
ravages prévisibles du réchauffement, à l’horizon de la fin du siècle,
s’ajoutent les conséquences sociales et économiques proprement exorbitantes,
qui se manifestent dès à présent.
Ce n’est plus seulement des intérêts de long terme qu’il est question dans
les objectifs de l’accord de Paris adoptés lors de la COP21, en 2015.
Désormais, même ceux de court terme qui obsèdent les décideurs sont menacés, si
la trajectoire n’est pas respectée.
Pour l’instant, les engagements pour la planète sont loin d’être tenus. Non
que rien n’ait été fait, mais trop peu, trop lentement, pour infléchir
significativement la courbe des températures. Plus 3 °C et au-delà en
2100, ce scénario que la COP21 se proposait de faire dérailler pour
contenir le réchauffement à la moitié, est aujourd’hui de plus en plus
probable. Est-on résigné à voir des régions entières de notre pays rendues
inhabitables « de plaines en forêts, de vallons en collines » ?
La réponse s’écrit aujourd’hui.
« Obsession », le billet de Maurice Ulrich.
Il est un stratagème qui a échappé à Arthur Schopenhauer, dans son petit
essai : l’Art d’avoir toujours raison. Inventer une
réalité et la thèse qui lui correspond pour mieux les réfuter. C’est
précisément ce que fait dans un livre dont la presse de droite fait grand cas,
et intitulé l’Obsession égalitaire, un certain Erwan Le Noan,
consultant en stratégie et membre de la très libérale Fondation pour
l’innovation politique dirigée par Dominique Reynié.
Ainsi, nous dit-il, « pour réaliser l’égalité de fait, les
politiques publiques ont entrepris depuis des décennies d’empêcher l’ascension
des plus méritants et de décapiter les plus fortunés ». On se demande
comment c’est possible, après cette effarante table rase confinant à la terreur
révolutionnaire, que la France soit, par exemple, le troisième pays au monde
pour le nombre de ses millionnaires et que le patrimoine des 10 % les
plus riches soit 163 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres
(chiffres de l’Insee, 2021). La France du consultant en stratégie n’existe
que dans sa tête comme une araignée au plafond. Une obsession.
mercredi 29 novembre 2023
Chemins !
Il
s'en allait par les chemins, en poussant son troupeau d'étoiles, vêtu d'espoirs
et d'illusions, le cœur plein de mille soleils. Il s'en allait par les chemins,
rêvant sa vie, tout doucement, vivant son rêve au quotidien, la tête en l'air,
les pieds sur terre. Il s'en allait par les chemins, parlant aux arbres et aux
oiseaux, faisant signe à la tourterelle, parfois rencontrant une fleur. Il s'en
allait par les chemins, content d'un rien, d'un bout de pain, pauvre de tout,
ne possédant que l'univers et le cosmos. Il s'en allait par les
chemins, cherchant le beau, cherchant une âme avec qui pouvoir échanger, parler
d'amour et de justice. Il s'en allait par les chemins, parvint ainsi au bout du
monde, s'aperçut que la terre est ronde. Déçu de n'avoir rien trouvé, il
repartit d'où il venait.
A propos du salon du livre et de la presse jeunesse !
Alors
qu’est inauguré aujourd’hui le salon du livre et de la presse jeunesse en
Seine-Saint-Denis !
LE SALON DU LIVRE JEUNESSE
Bobigny, le 3
décembre 1993
Au
printemps 1985 (je venais d’être élu), le conseil général de Seine-Saint-Denis
mit en place une mission d’études et d’animation pour le livre et la lecture.
Tenant la lecture comme « un des axes prioritaires du développement
culturel », il fixait à cette mission le double objectif d’étudier les
pratiques de la lecture et le réseau de diffusion du livre, et d’avancer des
propositions pour une politique départementale du livre et de la lecture.
Un
sondage commandé dans le cadre de cette enquête nous apprenait que 23% des
habitants de la Seine-Saint-Denis, soit près du quart de la population, étaient
abonnés à une bibliothèque, le plus souvent municipale. On y découvrait
également que 91% de la population possédaient des livres ; 62% en avaient
lu au cours des douze derniers mois et que 62% en avaient acheté au cours de la
même période. Dans les commentaires, il était spécifié « que la population
étudiée se situe au-dessus de la moyenne nationale pour l’achat de livres aussi
bien que pour la fréquentation des bibliothèques, mais en dessous de l’ensemble
de l’agglomération parisienne pour l’achat des livres.
Cette
mission devait déboucher, l’année suivante, sur un « colloque pour le
livre » réunissant élus, bibliothécaires, syndicats, enseignants et, bien
entendu, les lecteurs fréquentant les bibliothèques. Cela déboucha sur le salon
du livre jeunesse, à Montreuil.
Si
j’ai tenu à rappeler cela, c’est parce que je viens d’inaugurer, pour la
première fois en tant que président du conseil général, le salon du livre
jeunesse à Montreuil, qui a connu une ampleur exceptionnelle. Du conte au livre
scientifique, tous les ouvrages étaient là, et tous les éditeurs représentés.
L’espace du 128, rue de Paris, où se tenait ce salon débordait de milliers de
visiteurs, flâneurs ou participants aux débats organisés. Le public était
jeune, et le livre vivait, que ses auteurs, ses dessinateurs faisaient
connaître. Bonnes semailles. C’est au plus jeune âge que se prend le goût du
livre, feuilleté, questionné, relu, que naissent les longues amitiés avec les
personnages du papier. Si le salon peut s’enorgueillir d’accueillir autant de
visiteurs et des milliers de scolaires de toutes les villes voisines, il doit
son succès à la toile tissée au cours de l’année par le centre de promotion du
livre jeunesse (CPLJ-93). Enseignants, bibliothécaires sont mobilisés pour
préparer l’événement.
(À
L’ÂGE OÙ LA VIE SE RACONTE. PAGES 169 ET 170)
« Scrupules », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.
« Dominique de Villepin dénonce la
domination de la finance juive sur les sociétés occidentales. » Voilà comment BFMTV a lancé le
procès en antisémitisme de l’ancien premier ministre, avant de rétropédaler. Il
faut dire qu’il n’avait jamais prononcé les mots « domination de
la finance juive ».
En quelques semaines, l’accusation d’antisémitisme a été utilisée contre
ceux qui ne condamnaient pas assez vigoureusement le Hamas, ceux qui
soutenaient les Palestiniens, ceux qui appelaient à un cessez-le-feu, ceux qui
dénonçaient la politique de Netanyahou et, enfin, ceux qui refusent
l’inconditionnalité du soutien à cette politique. Les propos de Dominique de
Villepin, pointant la « domination financière sur les médias et
sur le monde de l’art, de la musique » aux États-Unis qui « pèse
lourd » sur les artistes et les empêche de « dire ce
qu’ils pensent », ont permis à BFMTV d’aller un peu plus loin. Le
raccourci opéré par la chaîne vise à plonger désormais dans le bain de
l’antisémitisme toute critique de la finance et du pouvoir de l’argent.
Plus quelque chose nous semble familier, plus nous avons tendance à le
croire. C’est l’« effet de vérité illusoire ». Les
tenants de cette méthode ont franchi un cap le 20 janvier 2017, lors de
l’investiture de Donald Trump. Celui-ci avait alors prétendu que l’affluence y
était plus nombreuse qu’à celle de Barack Obama. Mise devant l’évidence de la
fausseté de cette affirmation, la Maison-Blanche avait assuré que le président
ne mentait pas, mais qu’il énonçait « des faits alternatifs ».
C’était grotesque, mais cela a servi d’exemple.
Raconter n’importe quoi – que Dominique de Villepin est antisémite mais que
l’extrême droite a sa place à une manifestation contre l’antisémitisme, par
exemple – est devenu la norme, surtout lorsque l’on a les moyens de saturer le
débat public. Pour contrer ces « faits alternatifs » qui sont
devenus des armes idéologiques d’une droite raciste, climatosceptique,
antiféministe, antisociale et toujours antisémite, il importe de rester
scrupuleux sur les faits. Après tout, étymologiquement, un scrupule, scrupulus
en latin, est un petit caillou pointu. Un scrupule dans la sandale du soldat
romain pouvait le faire boiter jusqu’à gêner la marche de la légion tout
entière, et la conduire à la défaite.
« Et les Bretons ? », le billet de Maurice Ulrich.
Comment dit-on ? Avec des amis comme ça, on n’a pas besoin
d’ennemis ? François Goulard, proche d’Édouard Philippe et qui le fut de
Dominique de Villepin, a gentiment voulu lui tirer le tapis sous les pieds
après ses propos mettant en cause, dans ce qui s’écrit sur Israël et la
Palestine, la domination financière dans les médias. « Ce qu’il a
dit est complètement déplacé. Que les médias soient détenus par des
milliardaires, c’est une réalité, mais dire qu’ils imposent de parler dans un
sens ou dans un autre, je ne comprends pas. » Sans doute est-ce
par un pur amour de la presse et du pluralisme.
Cela, au moment où Dominique de Villepin fait l’objet
d’une polémique d’une rare âpreté. Il aurait, en évoquant le poids de la finance, mis en cause implicitement
les juifs. C’est curieux. Pour ne citer que ceux-ci, le milliardaire Xavier
Niel (Le Monde) comme son beau-père Bernard Arnault (les Échos, le
Parisien) ne sont pas juifs… Vincent Bolloré (Cnews, le JDD)
est un catholique intégriste breton. C’est peut-être à lui que pensait
Villepin.
mardi 28 novembre 2023
« Autosatisfaction », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.
Choisir comme unique partition l’autosatisfaction ne masque pas le son des
fausses notes. Hélas pour Emmanuel Macron, qui, jeudi dernier, à Chartres
(Eure-et-Loir), n’a pas ménagé ses efforts pour tresser des lauriers à son
action politique, malgré les faits. « Nous sommes le pays le plus
attractif d’Europe ! » a lancé le chef de l’État
devant Lars Fruergaard Jørgensen, patron de la firme pharmaceutique
danoise Novo Nordisk, qui vient d’injecter plus de 2 milliards d’euros
dans l’implantation d’une usine d’antidiabétiques.
Emmanuel Macron salue un investissement « inédit »,
se félicitant qu’en matière de « compétitivité », la
France ait « rattrapé son retard ». Et d’y voir la preuve
incontestable de l’efficacité des réformes qu’il a engagées : ordonnances
travail, assurance-chômage, fiscalité des entreprises, retraites. Les
millions de Français qui, de grèves massives en manifestations historiques, se
sont battus contre chacun de ces textes iniques apprécieront le cynisme…
D’autant que la violence d’une telle accumulation d’attaques contre le Code
du travail et les conquis sociaux est un pari perdu. En cinquante ans,
2,5 millions d’emplois industriels ont été détruits en France. 120 000
seulement ont été recréés depuis 2017.
Sur cette même période, les 300 ouvertures d’usines, tant vantées par
Emmanuel Macron, demeurent bien loin de compenser les 600 fermetures de sites
recensées entre 2009 et 2017. L’exécutif, qui s’imagine en train de remporter
la « bataille du plein-emploi », est une nouvelle
fois démenti par les chiffres du chômage, en hausse sur deux trimestres
consécutifs.
La réindustrialisation ne s’appréciera pas à l’aune des injections
sporadiques de capitaux étrangers. Elle exige une politique volontariste :
interdiction des délocalisations, conditionnement des aides publiques, lutte
contre le dumping social. Elle nécessite aussi d’être adossée à des services
publics renforcés, dans tous les territoires.
« Kant », le billet de Maurice Ulrich.
C’est en se frottant les oreilles que l’on a entendu lundi matin sur France
Inter l’ancien ministre délégué au budget et chirurgien capillaire Jérôme
Cahuzac nous donner une leçon de philosophie morale. On se souvient de
l’assurance avec laquelle il affirmait « les yeux dans les yeux je
vous jure que je n’ai pas de compte en Suisse », avant d’être condamné
à deux ans de prison pour fraude fiscale…
On avait le sentiment que, comme le baron de Münchhausen, il se tirait
lui-même par les cheveux pour se sortir de la boue du mensonge, allant jusqu’à
citer Kant qui, selon lui, se serait bien gardé de donner des leçons de morale.
Non, le philosophe allemand avait juste énoncé ce qu’on a appelé son impératif
catégorique, à savoir : « Agis uniquement d’après une maxime
telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi
universelle. »
On ne saurait dire que Jérôme Cahuzac s’y soit conformé, et la journaliste
qui l’interviewait a pu à un moment parler d’indécence. Sans doute mais
l’inviter à France Inter, ce n’était pas indécent ?
lundi 27 novembre 2023
« Semeurs de haine » l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.
Voilà une des raisons pour lesquelles l’extrême droite est et reste le
premier danger pour la République. À peine tombées les premières informations
venues de Crépol – la mort du jeune Thomas tué d’un coup de couteau lors d’une
soirée – que l’instrumentalisation était déjà en marche.
Sans rien savoir de la réalité des faits, les principaux leaders d’extrême
droite ont entrepris de récupérer le triste événement et d’attiser la haine.
« C’est ce que j’appelle « le djihad du quotidien », une
guerre permanente nous est menée sur notre sol par une autre civilisation »,
a osé l’ancien candidat à la présidentielle Éric Zemmour.
Pour sa partenaire en production de racisme, Marion Maréchal-Le Pen :
« C’est le révélateur d’une guerre ethnique et d’une guerre civile en
gestation. » Quant à la tante de cette dernière, il s’agit de « milices
armées qui opèrent des razzias ». D’autres encore n’ont pas hésité à
appeler à des « ratonnades ».
Plusieurs jours après ces déclarations à l’emporte-pièce, l’enquête ne
permet pas encore de connaître ni le profil exact des suspects ni leurs
motivations. Qu’importe. L’occasion est trop belle de tenter d’accréditer les
fantasmes de l’extrême droite. À vrai dire, ce genre d’utilisation des faits
divers n’est pas nouveau.
La différence réside dans le fait que, désormais, un certain nombre de
petites frappes néofascistes ne se contentent plus de discours.
Ainsi, des quatre coins de la France, plusieurs dizaines d’entre eux sont venus
à Romans-sur-Isère, d’où seraient originaires une partie des suspects, pour en
découdre avec la « racaille ». Comprenez : tous ceux qui
ne ressemblent pas à l’image qu’ils se font de ce qu’est être français.
Lettres de menaces envoyées aux mosquées, tags islamophobes, croix gammées
peintes sur les murs de la capitale, manifestations et expéditions punitives,
voilà la réalité de l’extrême droite aujourd’hui dans notre pays. Il serait
temps que le ministère de l’Intérieur prenne la mesure de ce danger et que,
plus globalement, l’acharnement politicien contre la gauche cesse afin de faire
face au vrai problème : une extrême droite qui ne respecte ni la vérité,
ni la justice, ni la démocratie, et encore moins la devise de la République.
« La grippe du pape », le billet de Maurice Ulrich.
Il existe dans la presse une loi non écrite dite du « mort
kilomètre ». La disparition du chat du voisin l’emporte sur un tremblement
de terre meurtrier à Pétaouchnok. Elle était fausse hier pour le Journal
du dimanche, qui s’inquiétait dans sa rubrique société du « poids
écrasant » des mineurs immigrés dans les Alpes-Maritimes, mais
n’a pas vu, à Paris et dans le pays, les dizaines de milliers de manifestantes
pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
France 2 les aurait aperçues à Lille – Paris lui a échappé – pendant
quelques secondes, vingt minutes après le début du journal de
20 heures. Le Parisien Dimanche a interprété la loi à sa
façon avec cinq colonnes sur « l’essor des crèches pour
chiens » dont on mesure l’importance, à côté de trois
brèves : La grippe du pape, les manifestations de samedi et les buralistes
peut-être autorisés à vendre des munitions. Mais il ne fait aucun doute que,
dans chacune de ces rédactions, on jure qu’on partage cette lutte comme celle
de toutes et tous.
vendredi 24 novembre 2023
NE PAS !
Ne pas promettre pour n’avoir pas à
décevoir. Ne pas prétendre pour n’avoir pas à se tromper. Ne pas laisser aller
pour n’avoir pas à déchoir. Ne pas se confier pour n’avoir pas à trahir. Ne pas
se plaindre pour n’avoir pas à gémir. Ne pas commencer pour n’avoir rien à
finir. Ne pas se croire pour n’avoir pas à mépriser. Ne pas se donner pour
n’avoir pas à se reprendre. Ne pas subir pour n’avoir rien à oublier. Ne pas en
dire plus pour n’avoir pas à mentir. Ne pas juger pour n’avoir pas à flétrir. Ne
pas exister pour n’avoir pas à regretter. Ne pas naître pour n’avoir pas à
mourir. Ne pas s’attacher plus pour ne pas être déçu.
« Intelligence », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.
Vu d’ici, ça ressemble à une série télévisée dans le monde des affaires ou
à un vaudeville avec portes qui claquent, petits coups bas entre amis, retours
inopinés… Vendredi 17 novembre, le conseil d’administration de
l’entreprise OpenAI, qui a mis au point le logiciel créateur de contenu
ChatGPT, utilisé désormais par 100 millions d’humains, se débarrasse de
son directeur général et cofondateur (avec Elon Musk), Sam Altman.
Dimanche, il semble acté qu’il va rejoindre le géant Microsoft et que 700
salariés d’OpenAI sur 770 pourraient le suivre. Mardi, il reprend sa place,
plus fort qu’avant, avec désormais l’appui ouvert de Microsoft, qui n’était
jusqu’alors qu’un actionnaire sans pouvoir de décision. En même temps, trois
membres du conseil d’administration sont remerciés. Fini la rigolade car les
enjeux sont énormes.
Ils sont financiers et industriels, sociaux avec la question du
remplacement des hommes par les machines intelligentes, environnementaux avec
la consommation d’énergie induite et le recours aux métaux rares. Enfin, ils
sont évidemment éthiques et civilisationnels. Quelle place l’intelligence
artificielle va-t-elle prendre dans nos vies et quel pouvoir aussi ?
C’est au regard de ces enjeux que la charte d’OpenAI stipulait que son but
n’était pas de faire de l’argent et que le conseil d’administration avait la
responsabilité d’agir pour que cette technologie bénéficie « à
l’humanité tout entière ». Un vœu pieux, sans doute, appelé à se
briser sur les réalités du capitalisme.
Sam Altman avait commencé à dériver vers des formes de financiarisation et
de quête de rentabilité. Les trois membres du conseil écartés mardi dès son
retour à la direction sont ceux qui étaient le plus attachés à l’esprit
initial, et le rôle nouveau de Microsoft n’implique pas la philanthropie.
La grande bataille de l’intelligence artificielle est engagée, dont on
n’évalue pas encore toutes les implications. Le gâteau est à la mesure de ce
qui s’annonce en termes macroéconomiques. En France, Xavier Niel et Rodolphe
Saadé viennent de lancer, avec une première mise de 300 millions d’euros,
un laboratoire de pointe de l’IA. On se dit alors que l’intelligence
artificielle est une affaire trop sérieuse pour la confier à des milliardaires.
« Camembert », le billet de Maurice Ulich.
Le camembert est sauvé. Que serait-il sans sa boîte en bois ? On
craignait le pire. Serait-il la victime collatérale de la guerre des emballages
dans l’Union européenne. Au final, non. Avec lui, le pont-l’évêque et le mont
d’or s’en sortent. On mesure une nouvelle fois qu’il est difficile, comme le
disait de Gaulle, de gouverner, même depuis Bruxelles, « un pays
où il existe 258 variétés de fromage », au moins… La question des
emballages, pourtant, n’est pas une mise en boîte.
Le chiffre d’affaires du secteur en Europe atteint 350 milliards
d’euros et le recyclage et le réemploi dans la restauration et la distribution
restent limités, comme les objectifs. 15 % de réduction pour les déchets
en général et 20 % pour le plastique d’ici à 2040. Les lobbies sont
puissants. On aurait pu espérer mieux. À quelques jours de la COP28 à Dubaï, on
a aussi en tête le dernier rapport de l’ONG Oxfam : 1 % des plus
riches de la planète polluent autant que les 66 % les plus pauvres. Ça en
fait des paquets cadeaux. C’est pour quand le partage du camembert ?
jeudi 23 novembre 2023
« Bouffée d’oxygène », l’’éditorial de Sébastien Crépel dans l‘Humanité.
La force
militaire ne peut pas tout. Vient toujours, même entre ennemis les plus
irréductibles, sauf à compter sur une capitulation, le temps des pourparlers et
des concessions. La parole donnée, alors, suspend la violence pour un temps. La
trêve négociée pied à pied entre Israël et le Hamas par l’entremise du Qatar
consacre le retour de la politique dans une séquence qui n’a connu, depuis
l’attaque meurtrière du 7 octobre, que la loi des armes.
Pour la
première fois depuis plus d’un mois, la question d’épargner des vies humaines
est prise en compte, avec l’élargissement de la fourniture d’aide humanitaire à
la bande de Gaza et la libération d’une partie des otages détenus par le Hamas
en échange de prisonniers palestiniens.
C’est un
point marqué pour les familles israéliennes, qui se battent depuis le début
pour que prime l’objectif du retour de leurs proches sur celui de la
destruction du mouvement islamiste et de ses structures, et un revers pour les
« faucons », qui s’opposent à tout cessez-le-feu.
Si tant est
qu’elle soit respectée, la trêve de quelques jours sera l’occasion d’un répit
pour la population de Gaza martyrisée. C’est bien peu de chose, mais dans ce
cauchemar ininterrompu de bientôt sept semaines, toute avancée même minime est
une bouffée d’oxygène.
Bien sûr, on
nous opposera que l’offensive israélienne a permis que le Hamas se présente
affaibli à cette négociation, de façon à lui arracher le maximum. Outre que
cela reste à démontrer, aucun objectif stratégique ne vaut de massacrer des
civils innocents et de fermer les yeux sur les crimes de guerre.
Des conflits
et des révolutions qui ont émaillé le XXe siècle, la gauche a
appris, souvent à ses dépens, que dans l’histoire, la fin ne justifie jamais
les moyens. Ceux-ci doivent concorder avec le but affiché. La paix s’obtient
avec des moyens de paix. Elle succède à la guerre en s’opposant à cette
dernière, non parce qu’elle en serait le produit.
En ce
domaine, tout reste à faire. La trêve n’est qu’une pause dans le fracas des
bombes, elle n’en esquisse aucunement l’issue. Le supplice de Gaza et celui des
otages encore entre les mains du Hamas vont se poursuivre. La mobilisation des
peuples pour une paix juste et durable ne doit pas fléchir.
« En avoir ou pas », le billet de Maurice Ulrich.
Professeur de philosophie à Harvard pendant soixante ans, Harvey
Mansfield, grand lecteur, nous dit-on, de Machiavel et Tocqueville, est aussi
un « penseur majeur du conservatisme américain ». Une
bonne raison pour le Figaro de lui consacrer une pleine page
d’entretien pour évoquer ses inquiétudes face à « la poussée des
mouvements progressistes dans les universités américaines ».
C’est aussi l’un des premiers, remarque son interlocutrice, qui ait commencé
à lutter contre l’effacement des rôles masculins et féminins avec un livre en
2006, intitulé Manliness, traduit par Virilité en
français.
Ce qui l’inquiète, ce n’est pas la virilité en elle-même, bien au
contraire, mais les « masculinités toxiques », comme
la « barbarie sauvage du Hamas en Israël » : « Quelle
meilleure preuve, dit-il alors, pourrait-on demander que les femmes
sont vulnérables et ont besoin de la protection d’hommes virils dans le
meilleur sens du terme ».
Des mecs qui en ont, quoi, pas des lavettes. Désormais à la retraite,
Harvey Mansfield se plaint aussi de ce que Harvard n’ait pas nommé de
professeur conservateur depuis vingt ans. Ça peut se comprendre.
mercredi 22 novembre 2023
« Défaire Napoléon », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.
La sortie au cinéma de Napoléon fait couler beaucoup
d’encre. L’Humanité magazine consacre d’ailleurs sa prochaine
une au « mythe Napoléon ». Pour en finir. Car oui, il faut
s’attaquer à l’image de Napoléon en France. Si la légende commence à être
construite par Napoléon lui-même puis par les anti - Restauration et
Louis-Napoléon Bonaparte, la figure « positive » de l’empereur s’est
inscrite dans l’inconscient collectif français sous l’impulsion de la IIIe République.
Pour cristalliser l’amour de la patrie, le nouveau pouvoir républicain
construit un « roman national » dans lequel il exalte de grandes
figures symboles de l’esprit français. L’école obligatoire à travers les fameux
manuels d’Ernest Lavisse se charge de transmettre à tous les petits Français,
soldats du lendemain, ce récit d’une glorieuse France éternelle. La mythologie
napoléonienne est particulièrement utile quand il s’agit d’aborder la rivalité
coloniale avec la Grande-Bretagne ou de faire face à l’ennemi allemand.
Et cent cinquante ans plus tard, à la boutique des Invalides, déjà
toute dédiée à la « gloire de l’Empereur », on trouve le Lavisse
« complété par Dimitri Casali », essayiste réactionnaire habitué des
plateaux de Bolloré. Plus largement, cette façon de faire l’Histoire, bien que
contestée par des générations d’historiens, a plateau ouvert et reste prégnante
dans notre société.
Et pour cause, c’est sur la figure du « sauveur », sur l’attente
de « l’homme providentiel », que se structure la vie politique de la
société française. Seules la IIIe République et l’éphémère IVe ont
évité le « bonapartisme », et parfois de justesse, comme le
prouve l’aventure du général Boulanger.
Depuis 1852, la France a vécu plus longtemps sous des régimes avatars du
bonapartisme que sous des régimes parlementaires : du second Empire
au gaullisme, mais également le pétainisme. Lors de son élection en 2017,
Macron fait le choix d’une célébration au Louvre, demeure des rois, devant la
pyramide, référence subliminale à la campagne d’Égypte du futur empereur
Napoléon, avec comme objectif de l’inscrire dans la continuité
des sacres.
Attaquer le mythe Napoléon, c’est attaquer le socle du pouvoir personnel et
contre-révolutionnaire sur lequel repose la Ve République.
« Merci ChatGPT », le billet de Maurice Ulrich.
C’est une histoire à l’américaine. Viré de sa propre entreprise, Open IA,
par le conseil d’administration, Sam Altman, le père de ChatGPT, capable de
produire n’importe quel texte à la demande sur n’importe quel sujet, pourrait
rejoindre Microsoft.
Son limogeage, un coup de tonnerre dans le firmament de la Silicon Valley,
révèle les fissures dans le rêve californien. Est-ce la quête perpétuelle de la
rentabilité qui a eu raison de lui, ou bien les prémices d’une remise en
question plus profonde de la place des géants de la tech dans nos vies ?
Cette affaire pourrait être le prélude à une remise en question plus
profonde de nos rapports à la technologie et à l’argent. Reste à savoir si
cette secousse dans la vallée des rêves connectés donnera naissance à un nouvel
équilibre, plus juste et plus humain, ou si elle ne sera qu’une énième secousse
dans la marche effrénée du capitalisme numérique.
Nota Bene : à part les premières
lignes, ce texte a été créé à notre demande par ChatGPT.
mardi 21 novembre 2023
Il y a 5 ans Nicolas le Jardinier tirait sa révérence !
Il y a cinq ans, le 21 novembre 2018, Raymond MONDET, dit «
Nicolas le Jardinier », tirait sa révérence. J’avais salué sa mémoire en ces
termes : Raymond MONDET était un personnage attachant, haut en couleur. Il
s’identifiait à notre ville et à son histoire. « Je me souviens de l’époque où
Maire de Romainville, nous nous retrouvions chez lui, entourés d’ami.e.s, pour
échanger, fêter un événement. Quel plaisir de l’entendre parler de son jardin
et de l’émission qu’il présentait chaque semaine. C’est dans le jardin attenant
au château, aujourd’hui disparu, qu’il la présentait. La ville de Romainville,
ayant acquis le château, au milieu des années 1980, pour éviter toute
spéculation, je me souviens que Raymond MONDET m’avait alors demandé s’il pouvait
continuer à présenter son émission dans le jardin du château. Un jour de cette
année 1987, « Nicolas » eu l’idée de constituer une « Association pour la
sauvegarde du château de Romainville ». C’est à mon épouse qu’il demanda d’en
assurer la présidence. Elle le fera jusqu’en 2008. L’Association compta jusqu’à
250 adhérents et déploya une belle activité. Raymond MONDET en fut le Président
d’honneur. Il aimait les visites que mon épouse lui rendait. Aujourd’hui, il n’y a plus de
château. « Nicolas » s’en est allé. Lorsqu’en 2018, j’ai écrit ces mots
d’hommage à Raymond MONDET, je ne me doutais pas que Monique, mon épouse,
décéderait neuf mois plus tard, le 19 août 2019. Bien triste ce moment, où je
jette ces quelques lignes sur le papier.
« Outrance et dangerosité », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité
Les plus sombres analyses de l’intellectuel Eduardo Galeano se réalisent
sous nos yeux. Dans Sens dessus dessous, le romancier et essayiste
uruguayen pointait les risques majeurs d’un capitalisme débridé et hégémonique.
L’avènement de Javier Milei, qui occupera la fonction de président de
l’Argentine le 10 décembre, concrétise la funèbre prophétie du regretté
Galeano, qui voulait croire en un sursaut alternatif.
L’extrême droite débarque donc en force à la Casa Rosada, quatre décennies
après la fin de la dictature aux 30 000 morts et disparus. Le programme du
« Fou », l’un de ses nombreux surnoms, glace jusqu’au sang :
privatisations, école et santé publiques réduites à néant, libéralisation du
port des armes et de la vente d’organes, dynamitage de la Banque centrale et
dollarisation de l’économie. Le libertarien, antiféministe et
climato-sceptique, de surcroît, a hurlé
aux quatre vents qu’il tailladera, à coups de
tronçonneuse s’il le faut, l’État et les avancées sociétales du kirchnérisme.
Le choc est dur à encaisser, même si la victoire de Javier Milei n’est pas
un accident. Malgré la grossièreté, l’outrance et la dangerosité du personnage,
cet ancien bouffon de la télévision et chantre d’un libéralisme exalté a su
jouer de la défiance de ses concitoyens sur fond de faillite économique
structurelle.
Une part importante de l’électorat, dont les primo-votants, a été séduite
par la violence d’un discours radical contre la « caste » politique,
coupable de l’inflation galopante qui a plongé 30 % des foyers dans la
pauvreté.
Le candidat antisystème est pourtant le pur produit d’un système en crise,
qui ne trouve aujourd’hui d’issue que dans les populismes et les fascismes. Sa
vice-présidente, Victoria Villarruel, s’est d’ailleurs chargée de tisser des
relations avec les formations d’extrême droite, dont les néofranquistes de Vox.
L’oligarchie dite traditionnelle porte une lourde responsabilité dans cette
élection. L’ancien président Mauricio Macri a ouvertement roulé pour Javier
Milei, qui a d’ailleurs bénéficié d’un incroyable report des voix de la
candidate de droite, Patricia Bullrich. La gauche, prise dans ses contradictions
et ses renoncements, devra, elle aussi, tirer les conclusions de cette
catastrophe. Après les années Trump et Bolsonaro, voilà que Javier Milei plonge
l’Argentine dans des jours incertains et lugubres.
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« Si près, si loin », le billet de Maurice Ulrich.
Elle est troublante, presque gênante, cette photo de Joe Biden et Xi
Jinping, marchant côte à côte dans un jardin. Le même costume bleu ou presque,
Xi est un peu plus rond, chaussures noires lustrées, cravate bordeaux côté
Chine, gris-bleu côté États-Unis. Si proches à se toucher, comme deux amis
familiers, les deux hommes les plus puissants du monde. Ils ont convenu de
rétablir leurs contacts militaires, d’ouvrir un dialogue inédit jusqu’alors sur
les enjeux et les risques de l’intelligence artificielle et de coopérer sur le
fentanyl. C’est une drogue de synthèse cent fois plus puissante que l’héroïne,
qui fait des ravages aux États-Unis – 100 000 morts par
an – et dont les molécules de base viennent de labos chinois. Sans doute
ont-ils évoqué bien d’autres problèmes du monde. Russie-Ukraine,
Israël-Palestine, les enjeux industriels, les questions brûlantes de
l’environnement, la faim, les inégalités, les droits de l’homme peut-être. On
aimerait savoir, tout. Ça concerne l’humanité et la planète. Joe Biden et Xi
Jinping, côte à côte, si près, si loin.
lundi 20 novembre 2023
DROITS DE L'ENFANT ?
Toute la tristesse du monde jaillit de
leur regard,
Résigné, suppliant et parfois même
hagard,
Par centaines, sur un sol aride et
brûlant,
Fuyant la guerre et les bombardements
N’ayant qu’un seul désir, trouver des
aliments.
Mais quelles fautes ont-ils commis ces
gamins
Pour mériter pareil destin ?
Un lit improvisé sous un porche, sur un
banc,
Seuls au milieu de l’indifférence des
passants,
En hiver, les chairs mordues par le gel,
Avec comme décor, les rats, les
poubelles.
Comment peut-on tolérer cette situation,
Qu’ont-ils fait pour mériter pareille
punition ?
Rolex au poignet, Ray ban sur le nez,
Tableau de Maître et jet privé,
Caviar et champagne qui coule à flots,
Argent en lieu sûr, en Suisse ou Monaco.
Qu’ont-ils fait de plus ou de meilleur
Ces gens-là pour mériter pareille faveur
?
« Plan de vol », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.
C’est une attaque en règle. Un coup double porté en
toute discrétion aux droits des salariés du transport aérien et à
l’indépendance de ceux censés les faire respecter. Sans concertation – même
feinte –, ni plan de communication, le gouvernement vient d’abroger, en
catimini et par décret, tout ou presque du Code de l’aviation civile. Mais pas
seulement.
À la dégradation manifeste des conditions de travail
des personnels navigants commerciaux (pilotes, hôtesses et stewards), le texte
ajoute le corsetage inédit des agents de l’inspection du travail chargés de
contrôler le secteur aérien. Deux faces d’une même pièce et, à la fin, un seul
bénéficiaire : le low cost. Car, si niveler par le bas les droits des
salariés fait incontestablement la part belle aux compagnies championnes
du dumping social, entraver les missions de l’inspection du travail leur laisse
– plus que jamais – les mains libres.
Le gouvernement a choisi de manœuvrer dans l’ombre. Mais
dans ce dossier, sans doute la gêne explique-t-elle aussi la discrétion de
l’exécutif. Car, l’aérien n’est pas un secteur comme les autres.
Responsable de la moitié des émissions liées aux transports – le secteur
le plus polluant en France –, l’aviation contribue, à l’échelle mondiale, à
près de 6 % du réchauffement climatique. L’essor de son trafic, estimé à
4 % par an dès 2024, sape dans les grandes largeurs les objectifs
planétaires de réduction des émissions. Quant à la décarbonation du
secteur, son hypothétique advenue prendra au mieux deux ou trois décennies.
À quelques jours de l’ouverture de la COP28, la France
envoie là un bien mauvais signal. Paris s’illustre par la contradiction,
creusant un peu plus le fossé entre le volontarisme du discours et le désastre
des actes. Ce décret, dont les syndicats exigent l’abrogation, déroule le tapis
rouge sur le tarmac à l’aviation à bas coût. Et si Emmanuel Macron « adore
la bagnole », on connaît désormais son plan de vol.
" Personnalisées", le billet de Maurice Ulrich.
C’est entendu. Le magazine Challenges (40 % à Bernard
Arnault avec LVMH et 60 % au groupe Perdriel) n’a pas vocation à
s’adresser aux salariés de base et aux porteurs de pancartes. Son dernier
numéro, « Spécial salaires », publie les grilles de 400 métiers dont
pas un ne démarre en dessous de 40 000 euros annuels, soit près de
deux fois le salaire médian. On l’a dit, Challenges ne parle
pas à tout le monde mais il donne des conseils.
Comment bien négocier une augmentation, sachant que les entreprises
privilégient désormais les hausses individuelles avec des négociations
personnalisées. Sur deux pages, des spécialistes nous expliquent donc comment
se situer sur le marché, témoigner de ses résultats et de son attachement à
l’entreprise, comment se préparer minutieusement au besoin en se filmant.
On pourrait ajouter le choix du nœud de cravate, le maquillage discret et,
très important, le cirage des pompes. Sinon, on peut aussi faire le choix d’un
solide syndicat pour négocier collectivement. Mais là, on frôle la lutte des
classes. Ce n’est pas le genre de la maison.
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« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.
« Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! » Diffusées dans Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG_7TClCL10lqE7eBeNtd6uRuQE2iWIy-VZfrJrYNTs5L9FhhYD6zNsUwO6bhEeduH0_RiFp5v1NGq6b5zLCE2PjuK3gxdCjNAq0zSmKx8cb8ZilSlWqFmOtIST1ws5RFk6J7g0SfKFxfa_Ftxx84M22T2asQO7EnWUS_mkJBHQYpNKHQuHFhSfg7sOrEO/w400-h225/LMO.png)
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