Vu d’ici, ça ressemble à une série télévisée dans le monde des affaires ou
à un vaudeville avec portes qui claquent, petits coups bas entre amis, retours
inopinés… Vendredi 17 novembre, le conseil d’administration de
l’entreprise OpenAI, qui a mis au point le logiciel créateur de contenu
ChatGPT, utilisé désormais par 100 millions d’humains, se débarrasse de
son directeur général et cofondateur (avec Elon Musk), Sam Altman.
Dimanche, il semble acté qu’il va rejoindre le géant Microsoft et que 700
salariés d’OpenAI sur 770 pourraient le suivre. Mardi, il reprend sa place,
plus fort qu’avant, avec désormais l’appui ouvert de Microsoft, qui n’était
jusqu’alors qu’un actionnaire sans pouvoir de décision. En même temps, trois
membres du conseil d’administration sont remerciés. Fini la rigolade car les
enjeux sont énormes.
Ils sont financiers et industriels, sociaux avec la question du
remplacement des hommes par les machines intelligentes, environnementaux avec
la consommation d’énergie induite et le recours aux métaux rares. Enfin, ils
sont évidemment éthiques et civilisationnels. Quelle place l’intelligence
artificielle va-t-elle prendre dans nos vies et quel pouvoir aussi ?
C’est au regard de ces enjeux que la charte d’OpenAI stipulait que son but
n’était pas de faire de l’argent et que le conseil d’administration avait la
responsabilité d’agir pour que cette technologie bénéficie « à
l’humanité tout entière ». Un vœu pieux, sans doute, appelé à se
briser sur les réalités du capitalisme.
Sam Altman avait commencé à dériver vers des formes de financiarisation et
de quête de rentabilité. Les trois membres du conseil écartés mardi dès son
retour à la direction sont ceux qui étaient le plus attachés à l’esprit
initial, et le rôle nouveau de Microsoft n’implique pas la philanthropie.
La grande bataille de l’intelligence artificielle est engagée, dont on
n’évalue pas encore toutes les implications. Le gâteau est à la mesure de ce
qui s’annonce en termes macroéconomiques. En France, Xavier Niel et Rodolphe
Saadé viennent de lancer, avec une première mise de 300 millions d’euros,
un laboratoire de pointe de l’IA. On se dit alors que l’intelligence
artificielle est une affaire trop sérieuse pour la confier à des milliardaires.
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