C’est une attaque en règle. Un coup double porté en
toute discrétion aux droits des salariés du transport aérien et à
l’indépendance de ceux censés les faire respecter. Sans concertation – même
feinte –, ni plan de communication, le gouvernement vient d’abroger, en
catimini et par décret, tout ou presque du Code de l’aviation civile. Mais pas
seulement.
À la dégradation manifeste des conditions de travail
des personnels navigants commerciaux (pilotes, hôtesses et stewards), le texte
ajoute le corsetage inédit des agents de l’inspection du travail chargés de
contrôler le secteur aérien. Deux faces d’une même pièce et, à la fin, un seul
bénéficiaire : le low cost. Car, si niveler par le bas les droits des
salariés fait incontestablement la part belle aux compagnies championnes
du dumping social, entraver les missions de l’inspection du travail leur laisse
– plus que jamais – les mains libres.
Le gouvernement a choisi de manœuvrer dans l’ombre. Mais
dans ce dossier, sans doute la gêne explique-t-elle aussi la discrétion de
l’exécutif. Car, l’aérien n’est pas un secteur comme les autres.
Responsable de la moitié des émissions liées aux transports – le secteur
le plus polluant en France –, l’aviation contribue, à l’échelle mondiale, à
près de 6 % du réchauffement climatique. L’essor de son trafic, estimé à
4 % par an dès 2024, sape dans les grandes largeurs les objectifs
planétaires de réduction des émissions. Quant à la décarbonation du
secteur, son hypothétique advenue prendra au mieux deux ou trois décennies.
À quelques jours de l’ouverture de la COP28, la France
envoie là un bien mauvais signal. Paris s’illustre par la contradiction,
creusant un peu plus le fossé entre le volontarisme du discours et le désastre
des actes. Ce décret, dont les syndicats exigent l’abrogation, déroule le tapis
rouge sur le tarmac à l’aviation à bas coût. Et si Emmanuel Macron « adore
la bagnole », on connaît désormais son plan de vol.
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