dimanche 30 janvier 2022

 


Si j’étais un journal je serais celui de la liberté,  un messager de la diversité, je serais « l’Humanité ». Si j’étais une plume j'écrirais un monde sans haine où la violence n’est pas coutume où l’amour est la seule arme que l’on dégaine. Si j’étais une gomme, j’effacerais l’encre du malheur, la cruauté de certains hommes qui tuent sans aucune pudeur. Si j’étais une encre indélébile, j’imprimerais le signe de la paix sur tous les cœurs, comme une torpille, j’exploserais, aux couleurs du verbe Aimer.

 

79ème anniversaire du départ du convoi des 31.000




Ce matin j’ai participé à l’hommage pour le 79ème anniversaire du départ du convoi des 31.000, le 105ème anniversaire de la naissance de Madeleine ODRU et le 10ème anniversaire de son décès. D’abord, devant la stèle Casanova à Romainville puis  à 11 h au Fort de Romainville.

Le 11 janvier 2018, j’avais participé à la conférence de Thomas  Fontaine sur l’histoire des femmes résistantes au Fort de Romainville. Rencontre initiée par la  fédération du Parti communiste de la Seine-Saint-Denis. L'historien Thomas Fontaine a redonné dans sa passionnante conférence toute l'importance de cette histoire. Il a montré que le fort était le bon site pour un musée de la résistance des femmes. C'est au fort que sont conservés les graffitis gravés par les prisonnières. C'est de là que sont parties 3800 résistantes vers les camps de la mort. 75 ans après le premier convoi des femmes les participants ont dit leur volonté de voir naître un musée pour transmettre cette histoire héroïque et rendre les femmes visibles aussi dans l'imaginaire collectif.

 

Thomas Fontaine fit référence à son ouvrage « les oubliés de Romainville ». Je me suis alors souvenu. C’était au début de l’année 2003. Nous évoquions au Conseil général un partenariat portant sur un travail de recherche concernant le Fort de Romainville. C’est ainsi que Thomas FONTAINE a été missionné pour le diriger avec Denis PESCHANSKI et Claudine CARDON-HAMET.  C’est le 17 mai 2005, qu’Hervé BRAMY, alors Président du Conseil général, présentait ce travail de recherche sous la forme de cet ouvrage : « Les oubliés de Romainville ». Un camp allemand en France (1940-1944). Dans la présentation de cette publication, Thomas FONTAINE écrit : « On a oublié le Fort de Romainville. Les camps de Compiègne pour les résistants et les « politiques » et de Drancy « pour les juifs », symbolisent aujourd’hui l’internement  et la déportation dans la France occupée. Mais qui se souvient qu’en 1940, les Allemands installèrent à Romainville un de leurs principaux camps d’internement. ».

J’y ajoute, pour ma part un élément. Après la libération, une première plaque a  été apposée à l’entrée du Fort, sur laquelle on peut lire : « Ici ont été internés du 1er novembre 1940 au 20 mai 1944, plus de 3900 femmes et 3100 hommes avant leur déportation dans les camps de concentration et les forteresses d’où la plupart ne sont pas revenus. 152 fusillés ont vécu dans ce fort leurs dernières heures avant leur exécution. » Une seconde plaque fut apposée en 1992 sur laquelle il est écrit : le 20 septembre 1942, au 150ème  anniversaire de la bataille de Valmy, les autorités d’occupation désignaient 116 otages. Le lendemain 46 d’entre eux, pris dans le fort étaient fusillés au Mont Valérien et les 70 autres vers Bordeaux. C’était il y a 50 ans.

Il y manquait cependant ce qu’écrit Thomas Fontaine dans son ouvrage : « De là partit, le 24 janvier 1943, le premier convoi de résistantes et de prisonnières politiques envoyées à Auschwitz, celui des « 31 000 ». C’est pour cette raison, avec retard sans doute, qu’en 2002, nous avons décidé, avec les Maires des Lilas et de Romainville, et en accord avec les associations de résistants et de déportés,  d’apposer une troisième plaque commémorative à l’entrée du fort. Elle fut inaugurée pour le 60ème anniversaire du départ du convoi et sur laquelle il est indiqué : « Le 24 janvier 1943, du fort de Romainville 230 femmes, résistantes, arrêtées par la police du gouvernement de Vichy, livrées à la gestapo partirent pour Auschwitz. Le 25 janvier 2003, nous leur rendons hommage. Cette plaque porte la signature des Maires des Lilas, de Romainville et du Président du Conseil général. L’histoire de Romainville est, depuis la libération, intimement liée à celle du fort.  Je n’oublie pas ici, nos camarades et ami.e.s des Lilas.

À la libération les héroïnes de la résistance de cette époque, firent don de la statue de Danielle Casanova, œuvre du sculpteur Georges SALENDRE, à Romainville. La commune, se trouvait de ce fait, investie d’un devoir de pérennité. La statue  de Danielle Casanova sera inaugurée le 24 janvier 1956 par Pierre KÉRAUTRET, le premier maire communiste de Romainville, en présence de madame PÉRINI, la mère de Danielle. Les communistes de Romainville, n’ont pas oublié non plus qu’aux côtés de Danielle CASANOVA, de Marie-Claude VAILLANT-COUTURIER, de Maï POLITZER, de Charlotte DELBO, de Madeleine ODRU, de Francine FROMONT, de Jacqueline QUATREMAIRE se trouvaient aussi deux romainvilloises,  Gabrielle ÉTHIS et Henriette PIZZOLI.  C’est dire si les communistes de notre ville, et beaucoup d’autres avec eux, se réjouissent de de la décision de créer sur le site du fort un musée de la résistance des femmes.

Si nous nous faisions un devoir de commémorer chaque année, en janvier et en avril,  ces femmes, ces héroïnes éprises de liberté, nous avons toujours accompagné ces commémorations, de notre demande de création, au fort de Romainville, d’un mémorial rattaché au Musée national de la résistance. C’est à l’occasion de la cérémonie d’hommage du 50ème anniversaire du départ du convoi,  le 25 janvier 1993, que cette exigence fut exprimée fortement. Marie- Claude VAILLANT-COUTURIER et Madeleine ODRU y étaient présentes. En 2000, le Conseil général demandait le classement du fort de Romainville. La réponse fut négative, le ministère de la défense étant propriétaire du fort. Ce sont également, les nombreuses expositions, la publication d’ouvrages : « Femmes et hommes de Romainville, de la résistance à la libération » publié en 1999 par la ville de Romainville. L’ouvrage « Résistantes, résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire » édité en 2004 par le Conseil général. Mais c’est surtout, l’action inlassable des résistants, des déportés, de leurs associations, de toutes celles et tous ceux profondément attachés au travail de mémoire et de la transmission de l’histoire, qui aura permis que se réalise ce pourquoi nous nous battons depuis tant d’années, à savoir la décision de créer un lieu de mémoire de la résistance des femmes au fort de Romainville.

Comme en écho, aux multiples interventions et actions, qu’il aura fallu mener, nous reviennent ces mots de Danielle Casanova, dans sa dernière lettre avant le départ à Auschwitz : « Nous ne baisserons  jamais la tête. Nous ne vivons que par la lutte… ». Dans le moment politique d’aujourd’hui, dans un monde dangereux et angoissant, où  des femmes, des hommes des enfants fuient les guerres et les persécutions. Alors que l’extrême droite, mais pas seulement, portent la haine, de rejet des autres, le racisme, l’antisémitisme en France comme en Europe. Alors que se poursuivent sournoisement, des campagnes mettant en doute l’engagement des communistes dans la résistance, la création de ce lieu constituerait un outil extrêmement important pour faire vivre la nécessaire vigilance, des jeunes tout particulièrement. Ils pourront ainsi s’approprier tout à la fois ces terribles pages de notre histoire et les valeurs de liberté, de fraternité et de solidarité, si nécessaires dans les temps présents.

 

1933, 1939, 1943, les « 30 janvier » du fascisme !



Le 30 janvier 1933 : Adolph Hitler est nommé chancelier du Reich allemand par le président et ancien maréchal Paul Von Hindenburg à la suite de la victoire de son parti aux élections.

 

Le 30 janvier 1939, pour le sixième anniversaire de sa prise du pouvoir, dans un discours retentissant devant le Reichstag,  Hitler déclare :

« Je vais à nouveau être prophète, aujourd'hui : si la juiverie financière internationale, hors d'Europe et en Europe, réussissait à précipiter encore une fois les peuples dans une guerre mondiale, alors la conséquence n'en serait pas la bolchévisation de la terre et la victoire de la juiverie, mais l'anéantissement de la race juive en Europe.. » c'est à cette « prophétie » que lui-même et les responsables nazis se référeront les années suivantes pour justifier tous les massacres de masse perpétrés contre les Juifs jusqu'au génocide.

 

 

30 janvier 1943 : Création de a Milice française par Pierre Laval et le maréchal Pétain. Elle absorba l'ancien Service d'ordre légionnaire. La Milice française, organisation unité paramilitaire française, de type fasciste, créée pour lutter contre le « terrorisme » (c'est-à-dire contre la Résistance). Supplétifs de la Gestapo et des autres forces allemandes, les miliciens participèrent aussi à la traque des Juifs, des réfractaires au STO, et de tous les déviants dénoncés par le régime.

jeudi 27 janvier 2022

 


J’ai rangé ce soir ma maison, bientôt je rangerai ma vie, mes souvenirs et mes passions,  mes joies et mes envies. Je ferai le tri de ces jours en sourires, en chaudes larmes, comme en un dernier petit tour avant que de rendre les armes. Je mettrai l’amour de côté pour le garder tout près de moi,  un petit feu à regarder, un remède à mon désarroi ; Je brûlerai les vieux mouchoirs  qui ont si bien séché mes peines et refermerai les tiroirs des insultes, des mots de haine. Je me remettrai en mémoire les innombrables combats, il y en a tant, je n’ose y croire je choisirai donc d’en rester là. Je trierai encore une fois les photos de tous mes voyages, puis, après d’ultimes émois, je ferai serein mes bagages.

 

mercredi 26 janvier 2022

EHPAD privés : « Le business sur la mort »



Après la publication du livre « Les Fossoyeurs » de Victor CASTANET, nous avons comme étrange impression,  que celles et ceux qui nous gouvernent, comme tous leurs prédécesseurs découvrent la situation des EHPAD privés. Voilà donc, convoqués par le gouvernement, les responsables du groupe ORPEA, tout en prévenant qu’il serait dangereux de généraliser, à partir de l’exemple de l’établissement de Neuilly. Cependant,  autant le dire d’emblée,  il serait injuste de ne voir dans cette enquête d’un journaliste indépendant, qu’un brûlot sans profondeur. Le « business » des maisons de retraite privées mérite au contraire d’être portée et débattue en place publique. A l’approche de l’élection présidentielle, elle vient nourrir de façon dérangeante – parfois même révoltante – le débat sur ce sujet majeur. Rationnement pour la nourriture et les produits de santé. Deux soignants pour    14 résidents. Trois pour 125 résidents la nuit Un cas isolé ? Pas sûr ! Dans les établissements privés, nous comptons 20% de personnel en moins que dans les établissements publics.

« C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches », disait Victor HUGO. Voilà qui résume bien la situation des EHPAD privés, ORPEA, KORIAN et compagnie. Malgré la situation souvent dépeinte sur la situation des pensionnaires et des personnels, ces établissements  n’en sont pas moins  extrêmement rentables pour leurs actionnaires.  Si des grandes fortunes comme la famille MULLIEZ (propriétaire d’Auchan) s’intéresse tant aux EHPAD, ce n’est évidemment pas par philanthropie. Des établissements d’à peine 100 chambres réalisant quelques millions d’euros de chiffre d’affaires dégagent des résultats de près d’un quart de ce chiffre d’affaires. Certaines utilisent même des montages financiers leur permettant d’éviter l’imposition sur les bénéfices. Ainsi les maisons de retraite figurent parmi les investissements les plus rentables en bourse. Après le scandale dénoncé dans ce livre ORPEA voit son titre chuter. Qu’à cela ne tienne ! Le cours de son titre a bondi de plus de 200% en dix ans.

L’indécente opulence de ces actionnaires contraste fortement avec le manque de moyens  des établissements de santé français. On ne saurait oublier que les maisons de retraites médicalisées ont été sous le feu des projecteurs u plus fort de la pandémie en 2019 et 2020. Il est certes évident que le profil à risque des pensionnaires des EHPAD explique en partie le nombre très élevé des décès, cependant l’impréparation, le manque de moyens, de personnel et le surcroît d’activité a également amené à une attention insuffisante et a coûté la vie à un grand nombre d’entre eux.

La santé et l’aide à l’autonomie ne sont pas à l’évidence, des activités comme les autres. Les soumettre au marché et aux exigences de rentabilité financière revient à sacrifier  leur qualité pour le plus grand nombre. Le racket des pensionnaires dans les EHPAD (Une place dans le privé coûte en moyenne 50% plus cher que dans le public), cependant trop cher lui aussi. Ce « business sur la mort » doit impérativement laisser place à un service public de l’aide à l’autonomie digne de ce nom. S’il fallait encore convaincre de la nécessité de lutter contre la marchandisation de la santé, le cas des EHPAD offre une  triste vitrine de ce que la voracité financière peut faire à la santé des populations. Au fil des quinquennats les lois sur le grand âge ont connu une véritable malédiction. Le renoncement d’Emmanuel Macron à une loi relative à la dépendance n’est que le dernier d’une série entamée sous Jacques  Chirac, Nicolas Sarkozy et poursuivie sous François Hollande. Il faut se le rappeler.

 

 

La pandémie aggrave la faim dans le monde



Que soient couverts de honte les affairistes, les spéculateurs, les puissants de ce monde et leur avidité insatiable. Dans la crise planétaire où se croisent plusieurs crises, la crise alimentaire est singulière, aggravée par la pandémie. Parmi les droits humains, le droit à l’alimentation est celui qui est le plus cyniquement, le plus brutalement violé aujourd’hui.

3, 1 millions de moins de 5 ans meurent chaque année  de la faim dans le monde.  795 millions d’individus souffrent de la faim. Parmi eux 154, 8 millions d’enfants. Pendant ce temps les dividendes des 20 plus grandes fortunes de la planète s’élèvent à 2100 milliards. Et le budget du Programme alimentaire mondial s’est effondré parce que les pays industrialisés ne payent plus leurs cotisations. La France, les pays européens sont des démocraties. Il est possible d’imposer à l’union européenne de mettre fin au dumping agricole. Il est possible, avec de nouvelles lois nationales, d'interdire la spéculation sur les aliments de base et la fabrication d’agro-carburants autrement qu’avec des déchets agricoles. Il est possible de réduire radicalement la dette extérieure des 52 pays les plus pauvres. En démocratie, il n’y a pas d’impuissance :

« Aux enfants du tiers monde…

Ils sont très bien élevés les gosses qui meurent de faim,

Ils ne parlent pas la bouche pleine, ils ne gâchent pas leur pain,

Ne font pas la grimace quand on enlève un plat.

Ils ont le cœur si lourd qu’ils vivent à genoux.

Pour avoir leur repas, ils attendent bien sagement.

Non rassurez-vous, ils ne vont pas crier.

Ils pleurent sans bruit, on ne les entend pas.

Ils sont si petits qu’on ne les voit même pas.

Ils cherchent uniquement du riz dans la poussière.

Mais ils ferment les yeux quand l’estomac se tord.

Non, non soyez tranquilles, ils ne vont pas crier.

Ils n’en n’ont plus la force, seuls leurs yeux peuvent parler.

Ils vont croiser leurs bras sur leurs petits ventres gonflés.

Ils vont prendre la pose pour faire un bon cliché.

Ils mourront doucement, sans bruit, sans déranger.

Ces petits enfants là, ils sont si bien élevés… »

 

Emmanuelle RIVA, décédée il y a 5 ans, le 27 janvier 2017



Visage harmonieux, silhouette élancée, Emmanuelle Riva captivait par sa voix et sa diction. C'était "une femme bouleversante, une artiste à l'exigence rare. C'est une voix inoubliable qui s'en va. Une voix habitée par l'amour des mots et de la poésie", a souligné Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Dans "Hiroshima mon amour" (1959) où elle interprète une actrice française éprise d'un architecte japonais après la Seconde guerre mondiale, "sa voix s'emparait du texte de Marguerite Duras", déclare Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes. "Elle en faisait une chose unique, comme une espèce de cantate religieuse". "La voix d'Emmanuelle Riva disant "tu me tues, tu me fais du bien" dans ce film est inoubliable", ajoute-t-il. Née le 24 février 1927, Emmanuelle - qui s'appelle encore Paulette - grandit dans les Vosges, dans une famille ouvrière. Son père est un immigré italien. Elle ne se résout pas à devenir couturière et réussit le concours d'entrée à l'Ecole de la rue Blanche en 1953. Elle a 26 ans. « Si je n'avais pas réussi, j'en serais morte. Je n'avais plus une seconde à perdre. J'ai eu une dizaine de demandes en mariage, toutes refusées. Pourquoi me serais-je ligotée avec un mari et des enfants », avait-elle confié en 2012 à Libération. Elle débute sur les planches. C'est après l'avoir vue au théâtre, que le réalisateur Alain Resnais lui confie le premier rôle de son film "Hiroshima mon amour". En 1962, elle remporte le prix d'interprétation de la Mostra de Venise pour son rôle dans « Thérèse DESQUEYROUX », l'empoisonneuse du roman de François Mauriac. Exigeante et sélective, elle travaille ensuite pour le théâtre, la télévision et le cinéma dans une certaine discrétion. "Amour" de l'Autrichien Michael HANEKE permet sa redécouverte par le grand public. Le film lui vaut de recevoir en 2013 le César de la meilleure actrice. "Une grande et sublime actrice nous a quitté", a estimé Alain TERZIAN, président de l'Académie des César.

 

dimanche 23 janvier 2022

Gouvernance ?



Pourquoi la gouvernance sert-elle de label à toutes les effervescences d’aujourd’hui ? La crise financière et monétaire fait rêver d’une nécessaire gouvernance des marchés. De nouveaux instruments de gouvernance sont invoqués à tous les sommets mondiaux, même dans les enceintes du FMI et de l’OCDE. Par ailleurs, sur un registre très différent, l’appel à une gouvernance plus démocratique résonne tout aussi fort. Car la crise financière est devenue une crise sociale et politique. Des altermondialistes s’enflamment contre les bourses et ils veulent expérimenter une gouvernance « participative » avec des délibérations à la base.

Pour démêler ces usages ambigus, il faut revenir sur les incertitudes de la fin des années 90. Fin de la guerre froide, remise en cause des États nations, nouveaux flux financiers internationaux. En contrepoint, va naître l’idée de gouvernance. Dans divers mondes, l’entreprise, l’administration, les associations, on recourt désormais à ce terme si « sympathique », en l’associant à des objectifs nouveaux de coopération, de coordination, de coproduction…Tout cela pour, d’un côté, plus de démocratie et, de l’autre plus de management. Mais est-ce compatible ?

La gouvernance apparaît comme un Janus aux deux faces contradictoires. D’une part, une gestion normative qui prescrit ; de l’autre l’ouverture démocratique qui fait rêver. C’est le grand écart. Du coup, la gouvernance ne serait-elle qu’une incantation, voire une manipulation ? Ce terme « caressant » de gouvernance en effet adoucit  et euphémise celui de gouvernement, il suggère une approche moins autoritaire, plus négociée. Dans le même temps, il appelle à la vigilance sur les enjeux de la gouvernance, à un approfondissement des contextes, à une mise à distance critique. Au milieu des engouements modernistes et des usages quasi aveugles de ce vocabulaire de l’action, il convient de rester lucide. Vingt ans, après le début de la circulation de cette notion, on commence à mieux voir ce que recouvre l’idée de gouvernance. Son appel à la flexibilité, c’est surtout la sous-traitance au privé. Son souci d’efficacité, c’est la mise en concurrence comptable. Oui, mais n’est-ce que cela ? À une certaine conférence Rio+20, on réclamait « une nouvelle gouvernance du développement durable », qui serait nourrie par une forte participation des citoyens. Il y a quelques années, on célébrait une gouvernance de troisième voie, entre  capitalisme et  socialisme. Et est-ce seulement une gouvernance de l’austérité dans le cadre du traité européen de stabilité ?

Comment peut-on critiquer quelque chose d’aussi légitime que l’efficacité, objecte-t-on ! Tout dépend de la définition…Dans le monde de la gouvernance, tout montre qu’il s’agit d’une quête d’efficience, qui renvoie au « résultat » chiffré, indexé sur un coût financier. Les principes politiques s’effacent ainsi derrière la gestion comptable. Avec la gouvernance, c’est à une prospective de l’action publique que nous sommes en définitive conduits. Irons-nous vers une sorte de « post démocratie », où la délibération parlementaire s’effacera derrière une gouvernance gestionnaire sans politique ? Avec  un recul qu’offre le temps beaucoup d’analyses sont désormais moins naïves qu’il y a une dizaine d’années. Mais pourquoi la gouvernance reste-t-elle pour beaucoup un si judicieux mot valise ?

La gouvernance cherche aujourd’hui à combler le vide qu’a produit la fin des grands récits politiques des XIXème et XXème siècles, libéralisme, capitalisme, socialisme et communisme. Cela reste pourtant un projet au petit pied, car pour masquer les contradictions qui la traversent, la gouvernance ne peut mettre en avant qu’un assemblage de compromis fragmentés et de micro-consensus, sans volonté d’ensemble. Si elle n’ose plus désigner une rupture radicale avec l’idée de gouvernement, la gouvernance habille un vaste ensemble de coopérations, supposées plus flexibles et moins pyramidales qu’autrefois. Mais cela n’explique rien, tant qu’on n’analyse pas le double visage, libéral normatif et social, participatif, de la gouvernance moderne. Il convient de prendre la mesure de l’écho global de l’idée de gouvernance, que ce soit dans les pays riches ou pauvres, démocratiques ou bien autoritaires. Pourquoi donc un tel succès ?

Cet engouement laisse voir qu’au-delà d’une grande dispersion dans les orientations, les préceptes de gouvernance sont marqués par deux orientations qui se contredisent, la participation citoyenne égalitaire et la concurrence de marché. C’est une ambiguïté qui fait paradoxalement le succès de la gouvernance. Par-delà les brouillages actuels, on peut juger de l’avenir de cette pâle utopie du XXIème siècle, où les débats sur la volonté politique sont censés s’effacer derrière des optimisations comptables.

 

samedi 22 janvier 2022

James WHISTLER : « Le Pont de Battersea »



Il fut le « monsieur rare, prince de quelque chose » de Mallarmé. Il se produisit dans les salons mondains de Londres et de Paris en habit colleté haut, mais sans jamais porter de cravate, prince calme et glorieux de l’élégance. Il arrivait en retard dans les dîners les plus sélects où, tout à coup, retentissait sa voix sonore et rauque. « C’est WHISTLER », disait-on tranquillement. Petit, la chevelure noire, une mèche blanche au milieu du front, il faisait bizarre, mystérieusement dandy, polémiste, paré d’un monocle à ruban de moire et un peu « ancien régime » au milieu des impressionnistes. Rien qu’à prononcer son nom « WHISTLER », on croirait voir s’ouvrir et se fermer les deux ailes d’un papillon. Avec cela, bruyant, causeur, aimant le paradoxe, en procès avec Ruskin, brouillé avec Carlyle et Oscar Wilde,   bref un personnage étonnant.

Ce que WHISTLER avait d’impressionniste ? Le don de peindre parfois des évocations ou des rêveries comme son « Vieux Pont de BATTERSEA » qui, en bleu et or, dans la brume du soir, se dresse fluide, fantastique, « spleenétique » sur les eaux de la Tamise. Sa vie ? Les aventures d’un fils d’ingénieur civil qui, après avoir passé par West Point, travaille ainsi que Monet, Bazille, Renoir et Sisley dans l’atelier de GLEYRE. Il se lie d’amitié avec Fantin-Latour qui l’a peint, monoclé  et redingoté, comme participant à l’hommage à Delacroix.

Et ce furent les symphonies en blanc de femmes en longues robes, des navettes entre Londres et Paris, l’admiration de Baudelaire pour ses eaux – fortes. Sa « femme en blanc », un concerto de blancheurs est une œuvre de jeunesse. Peinte en 1862, elle fut exposée l’année suivante au salon des Refusés où, avec « le Déjeuner sur l’herbe » de Manet, elle fut une révélation. WHISTLER, avant Mary CASSAT, rompt nettement avec ses devanciers dans l’école américaine par l’originalité d’un art qu’il concevait « comme une divinité d’essence délicate toute en retrait ». Devant la solennité de ces « arrangements » en blanc, Degas disait avec malice : « Elle pose devant l’infini et l’éternité ». C’est aussi la rencontre à Londres de Monet et de Pissarro pendant la guerre franco-allemande de 70, les vues de la Tamise, Venise, la fameuse conférence, le « Ten O’Clock » que traduisit Mallarmé et dont le poète fit lecture dans le salon de Berthe Morisot. WHISTLER ne se plaisait qu’à Londres. Il eut une tendresse pour ces femmes à la chair de fruit, coiffées de cheveux plus ambrés que ceux des Vénitiennes et des Sévillannes. La marmaille des rues, si drôlement costumée d’étoffes aux tons crus, éclatant dans la brume humide qui les exalte. Revenu à Paris durant ses dernières années. Il vint loger avec sa femme rue du Bac, dans un pavillon dont les fenêtres donnaient sur les jardins des couvents. À la fin, WHISTLER, se détacha de sa vie parisienne. Malade, il vint mourir à Londres à soixante-neuf ans.

vendredi 21 janvier 2022

Les scientifiques accueillent la levée progressive des restrictions avec scepticisme

 


Jean Castex et Olivier Véran ont dévoilé jeudi un calendrier de levée progressive des restrictions sanitaires avec en ligne de mire la fin du télétravail obligatoire, des jauges et du port du masque à l'extérieur.

La lumière au bout du tunnel ? Quand bien même le nombre de contaminations a encore atteint un record hier, Jean Castex et Olivier Véran ont renoué avec la traditionnelle conférence de presse du jeudi soir, pour annoncer de bonnes nouvelles. Et deux grandes échéances : le 2 février, le télétravail ne sera plus obligatoire, les jauges seront supprimées dans les lieux recevant du public et l'obligation du port du masque en extérieur sera levée. Puis, le 16 février, les discothèques pourront rouvrir et le protocole sera allégé dans les bars, stades, cinémas et transports.

Une perspective qui a de quoi réjouir les Français, mais qui a été accueillie avec plus de prudence par la communauté scientifique. De fait, la France a de nouveau franchi hier la barre des 400.000 cas quotidiens, avec 425.183 contaminations en 24 heures. Elle compte encore 3842 malades en soins critiques et les admissions en soins conventionnels sont en constante hausse. De quoi interroger sur le timing de ces annonces.

« Ce qu'il faudrait, pour commencer à alléger, c'est déjà passer le pic des contaminations, être sûr qu'il est derrière nous et que la descente est franche», regrette auprès du Figaro l'épidémiologiste et biostatisticien Jonathan Roux. «Et actuellement, on est sur un semi-plateau qui monte». Le spécialiste s'inquiète également du grand nombre de patients en soins critiques, même s'il est en légère baisse quotidienne. «Il faudrait attendre un seuil plus bas, pour être sûr qu'on puisse être en mesure d'absorber à l'hôpital un éventuel plateau que pourrait occasionner un relâchement des restrictions», recommande-t-il. De plus, il rappelle que, si Omicron semble moins dangereux que ces prédécesseurs, il reste nocif pour les non-vaccinés, au nombre de 5 millions en France, dont 12% des 80 ans et plus. «On a toujours des personnes qui peuvent faire des formes graves», souligne Jonathan Roux.

 

Même son de cloche pour Antoine FLAHAULT, directeur de l'Institut de santé globale de Genève. «Ce n'est pas au sommet de la vague qu'on est le plus inspiré d'alléger les mesures», soupire l'épidémiologiste auprès du Figaro. «Il faudrait mieux patienter quelques semaines, que tout redescende et que la reprise de contrôle soit vraiment assurée», ajoute-t-il. De fait, le professeur est favorable à une levée des mesures, mais uniquement quand la France connaîtra une accalmie. « Et une accalmie, c'est passer en dessous de 5000 cas par jour », estime-t-il.

Plus spécifiquement, Antoine FLAHAULT est favorable à la levée des jauges dans les lieux de culture, qui ne sont pas, selon lui, «la mesure la plus efficace». Il regrette en revanche que le télétravail ne soit plus obligatoire. «C'est une mesure qui permet de mettre de la distanciation sociale, d'éviter de surcharger les transports publics. C'est lourd et pesant, mais sans doute efficace», explique-t-il. Et l'épidémiologiste adresse un avertissement : «En levant les restrictions, on augmente les interactions sociales à risque, donc on crée un appel d'air sur les foyers épidémiques et on augmente le risque que ça reparte. Par ailleurs, si un autre variant venait à se propager, on lui donnerait un boulevard pour pouvoir se répandre».

Globalement, le discours des scientifiques est unanime : ces annonces semblent prématurées. «Sur le plan sanitaire, c'est un peu décalé par rapport à l'avis du conseil scientifique», qui craint notamment que la tension hospitalière dure jusqu'à la mi-mars, a réagi le professeur Gilles PIALLOUX, ce vendredi matin. «Là je pense que c'est un peu le calendrier de l'Avent : on ouvre des portes et on ne sait pas trop ce qu'il y a derrière», regrette le chef des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon. Avant d'ajouter : «C'est le virus qui est toujours maître du temps. On peut donner des gages d'allègement aux Français, mais la réalité nous rattrape».

L'épidémiologiste et biostatisticienne Catherine Hill ne dit pas autre chose : « C'est très imprudent, cela relève d'un optimisme que j'ai du mal à partager». Pour elle, le risque de ces annonces est «de faire circuler encore plus le virus et de voir augmenter les contaminations, les gens vont penser que ça va mieux et vont faire moins attention ». La scientifique alerte aussi sur la potentielle apparition d'un nouveau variant, «comme BA.2, émergent». Une inquiétude partagée par le professeur Antoine FLAHAULT. « Ce sous-variant s'impose au Danemark et semble changer un peu le court de la décrue programmée là-bas ».

 

 


Il marche dans la rue, sans savoir où il va, le regard perdu, il cherche à savoir pourquoi. Pourquoi, il en est arrivé là, à devoir tendre la main, pour un morceau de pain. À devoir trouver un abri, pour passer la nuit. Il s’imaginait qu’un matin, il se retrouverait parmi ceux, qui croisaient chaque jour son chemin. Pourtant lui aussi avait un foyer, une vie, un passé. Et aujourd’hui il ne lui reste plus rien, que ses souvenirs et son chagrin. Il ne suffit de pas grand-chose, pour qu’il se retrouve comme tant d’autres, rejeté de la société, sans nulle-part aller. Mais au fil du temps, rempli de haine et de courage, il se relèvera et se révoltera, contre les lois et le monde, contre l’indifférence et le mensonge, contre ceux qui ne savent pas, qu’un jour peut-être sans le vouloir, ils se retrouveront là, comme lui à se demander pourquoi ?

 

mercredi 19 janvier 2022

Contre le droit à l’avortement, elle est tout de même élue présidente du Parlement Européen !

 


L’événement est banalisé. C’est plutôt, silence radio. Et pourtant un fait de cette importance ne devrait pas passer inaperçu. Certains médias, comme pour minorer ce fait, rappellent que Roberta Metsola, qui vient d’’être élue présidente du Parlement Européen, défend des positions progressistes sur la corruption, l’immigration, l’État de droit, quelle a critiqué le gouvernement Maltais après l’assassinat de la journaliste CARUANA GALIZIA, qui enquêtait sur les liens entre la mafia et le pouvoir.

Il n’empêche, choisir pour diriger le Parlement des vingt-sept, une femme qui assume son opposition au droit à l’avortement, quatre décennies après Simone Veil et au moment où les femmes polonaises mènent un combat acharné contre les mesures prises par le gouvernement conservateur de Varsovie qui aboutissent à les priver de l’accès à l’IVG,  ce choix apparaît en contradiction avec les sentiments souvent proclamés en faveur de la défense des droits de femmes, dans cette enceinte. En 2022, le devoir de toutes celles et ceux qui disent agir pour le droit des femmes à disposer de leur corps, en France, en Europe et dans le monde, n’est pas de banaliser l’événement, de faire semblant ou de se taire.

 


Je vote pour une vie vraie, simple et authentique, loin de l’attrait des richesses, loin des trésors factices et des boursicoteurs. Je vote pour un visage épanoui, un regard clair et bleu même embué de larmes. Je vote pour la paix, pour le dépôt des armes l’ouverture des cœurs, l’envie de faire le bien,  pour la soif du bonheur, pour que cesse la faim. Je vote pour une vie pleine,  chargée de promesses,  pour la beauté du jour, ses cadeaux, ses largesses, pour la couleur des blés, pour l’envol d’un oiseau, pour ces tout petits riens qui remplissent de joie et comblent l’existence. Je vote pour mes frères que je ne connais pas. Je vote pour notre avenir, pour ce qu’il nous sera donné de construire et d’élever par des mots la pensée,  le verbe, les silences féconds, tout ce qui, en nous, n’aspire qu’à germer. Je vote pour des lieux semés de nos tendresses, pour des moments trop courts, intenses et fusionnels, pour des arbres solides qui resteront debout, malgré les coups de vent, et les fortes tempêtes. Je vote pour que la vie soit enfin une fête universelle, unanime et pérenne, et dont aucun vivant, jamais, ne soit exclu.

 

lundi 17 janvier 2022

 


Malgré cette sale époque où la vie ne rime guère avec elle, elle survit par le biais de quelques illuminés farfelus, qui, grâce à une âme d’enfant et un regard ingénu, continuent, contre vents et marées, à voyager sur ses ailes. Pourtant, tout un chacun, partout, à chaque instant, pourrait la voir, la sentir, l’entendre, presque, la palper, la goûter même, à chacun de ses actes, chacune de ses pensées, s’il voulait ôter les œillères de la nécessité de son temps…Car elle dissimule aux yeux des profanes pourtant si aiguisés, ayant disparu de ce monde si injuste, égoïste et stressé, qui a oublié le rêve, la magie, la générosité…Elle s’appelle, Amour, Peine, Joie, Colère, Envie, Jalousie…Elle revêt toute forme, tout instant, tout habit…Ce n’est que çà mais c’est toute la vie : la Poésie…

 

Covid-19 : le port du masque ne sera plus obligatoire partout en Seine-Saint-Denis

 


La préfecture annonce qu’elle publiera un nouvel arrêté ce lundi après-midi, avec de nouvelles dispositions relatives au port du masque. Celui-ci ne sera désormais obligatoire que dans les zones d’affluence, comme les marchés, les arrêts de bus, les abords des centres commerciaux, les files d’attente dans l’espace public, etc.

Dès ce mardi, vous pourrez tomber le masque lorsque vous marcherez dans la rue de la Seine-Saint-Denis, ou vous vous promènerez dans un parc, à bonne distance des autres piétons. La préfecture annonce ce lundi que de « nouvelles dispositions » vont être prises relatives au port de l’équipement de protection : un nouvel arrêté sera pris « dans l’après-midi », définissant plus finement les zones où celui-ci sera obligatoire pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 

Concrètement, il s’agira, en Seine-Saint-Denis, de porter le masque là où l’on risque de croiser du monde : dans les marchés, les brocantes, les vide-greniers… Ou encore dans les « rassemblements, manifestations, réunions ou activités réunissant 10 personnes ou plus, organisés sur la voie publique ».

Plus de masque obligatoire en forêt

Idem concernant les arrêts de bus et de tramway « et à leur proximité immédiate », précise la préfecture. Cela concernera également les abords des gares et des entrées de centres commerciaux (uniquement aux heures d’ouverture), la proximité des établissements scolaires ou universitaires (aux heures d’entrée et de sortie du public), les abords des lieux de culte (aux heures d’entrée et de sortie du public et lors des offices et cérémonies) ainsi que dans les files d’attente qui se trouvent dans l’espace public.

Comme c’était le cas pour l’arrêté pris le 29 décembre dernier, les enfants de moins de onze ans ne sont pas concernés, tout comme les personnes en situation de handicap munies d’un certificat médical justifiant de cette dérogation, les automobilistes, les cyclistes, les usagers de deux-roues motorisés (dès lors qu’ils portent un casque avec la visière abaissée), et les personnes pratiquant une activité sportive.

 

Déclaration de l’AMF : « L’achat de capteurs de CO2 dans les écoles doit être à la charge de l’État !



Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a indiqué à plusieurs reprises qu’il considérait que l’achat de capteurs de CO2 pour les écoles relève de la compétence des collectivités locales et non de l’État. Cette lecture des compétences respectives de l’État et des collectivités locales est erronée et s’apparente à une manière inélégante, et décalée au regard des enjeux, pour l’État de se défausser de ses responsabilités. La politique de santé publique et la gestion de la crise sanitaire relèvent exclusivement de la compétence de l’État, comme cela a été rappelé à plusieurs reprises par l’Exécutif.

Or, l’acquisition des capteurs de CO2 par les communes volontaires ne relève pas de leurs dépenses obligatoires pour les écoles, mais intervient dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire décidée au plan national. En conséquence, l’AMF confirme qu’elle demande que le fonds de financement actuellement de 20 millions d’euros soit suffisamment abondé pour garantir une compensation financière intégrale de ces achats aux mairies par l’État.

En faisant mine de s’étonner que les crédits disponibles ne soient pas consommés par les collectivités, le ministre oublie de préciser qu’aucune information d’ampleur n’a été faite par ses services auprès des collectivités. En outre, le montant des remboursements proposés, qui pénalise les communes rurales et les quartiers QPV du fait de leurs moindres effectifs est sans commune mesure avec la réalité des dépenses engagées. Enfin, la procédure de remboursement est à la fois mal connue des services déconcentrés de l’État et difficile à maitriser par les collectivités du fait de sa complexité. Tout ceci constitue autant de freins à l’équipement des écoles.

En cette rentrée du mois de janvier, le Président de l’AMF a rappelé avec force « les grandes difficultés des communes pour maintenir le bon fonctionnement des écoles, de la restauration scolaire et des accueils périscolaires, dans un contexte marqué par la complexité et les changements incessants des règles sanitaires annoncées sans concertation, et les problèmes de remplacement des personnels touchés par la Covid ou cas contacts ».

Depuis le début de la crise sanitaire, les maires ne ménagent pas leurs efforts pour assurer les meilleures conditions sanitaires possibles pour maintenir ouvertes les écoles primaires, en engageant les moyens matériels, humains et financiers nécessaires.

L’AMF se tient toujours à la disposition du ministère de l’Éducation nationale, dans un partenariat respectueux des compétences des collectivités, pour faciliter l’anticipation des évolutions du protocole sanitaire, dans l’intérêt des élèves et de la continuité des services.

 

 

 


« De mars 2020 à octobre 2021, les richesses des grandes fortunes françaises ont bondi de 86 %, soit un gain de 236 milliards d’euros. A titre de comparaison, elles avaient augmenté de 231 milliards d’euros entre 2009 et 2019. Avec ces 236 milliards supplémentaires engrangés, on pourrait quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3 500 euros à chaque Français. « A elles seules, les cinq premières fortunes de France ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie : elles ont gagné 173 milliards d’euros. C’est près de ce que l’Etat a dépensé pour faire face au Covid-19 en un an ! Ces cinq milliardaires possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres en France. « Depuis la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté… 

vendredi 14 janvier 2022

Cérémonie de la galette à l’Élysée : « le roi c’est son locataire ».

 



Comme le veut la tradition Emmanuel Macron a participé à l’Élysée à la célébration de la galette républicaine. La galette d’1,20 m, n’était pas garnie d’une fève, qui fait « reine ou roi » celle ou celui qui la reçoit. Normal, me direz-vous, l’épiphanie est une fête qui célèbre le messie recevant la visite et l’hommage des trois rois mages. Galette républicaine oblige ! Pour le « roi » c’est autre chose. C’est lui. Ne nous disait-il pas, dessinant le président qu’il souhaitait être : « Que dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif: le roi n'est plus là! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures: ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace.» 


Cette déclaration d'Emmanuel Macron, alors «seulement» ministre de l’Économie et des Finances de François Hollande, éclaire sur la conception qu’il s’est forgée de la fonction présidentielle sous la Ve République et, également, de l’Histoire de France et de ce que l’actuel président semble ériger au rang de fondamentaux.

Lors de cette cérémonie Jupiter a eu ces mots : « Je rends hommage à cette France silencieuse, humble, qu’on entend peu car elle se lève tôt pour travailler ». Pour l’humilité, c’est un terme qui ne s’applique pas à sa personne. Qu’il préfère des Français.e.s « silencieuses et silencieux » plutôt que celles et ceux qui agissent, remettant en cause dans les luttes ses choix politiques, est une évidence. Pour le travail. Pendant ce quinquennat nous avons compris que Macroléon lui préfère le capital.

 

 


Trois fois, l’Hexagone en a fait l’expérience. À chaque vague dévastatrice de Covid-19, la France acculée finissait par abattre sa dernière carte, celle d’un confinement obligeant chacun à se retrancher, dans son foyer, loin les uns des autres. D’habitude, avec 50 nouveaux cas pour 100 000 habitants enregistrés sur une semaine, le gouvernement fronce des sourcils, à 150, il s’inquiète, à 250, il déclenche l’alerte maximale, signe de l’urgence à agir. Or, la flambée épidémique actuelle ne joue plus dans la même cour, comme le montrent les chiffres vertigineux : ils sont 56 fois plus élevés que le premier seuil d’alerte, avec un taux d’incidence jamais vu à 2800.

La France a-t-elle changé de stratégie, laissant filer le virus ? « Cela fait déjà un moment que c’est le cas, acquiesce Éric Billy, chercheur en immuno-oncologie. Pour le virus, c’est open bar. » Selon ce chercheur, le gouvernement a fait le « pari » d’attendre que la vague passe. « Les autorités ne sont pas entièrement responsables, elles peinent à mobiliser sur les gestes barrière et le télétravail, même s’il n’y a pas non plus une volonté manifeste de reprendre le contrôle du virus, l’idée est plutôt d’accompagner un mouvement épidémique. »

« Je ne sais pas si c’est conscient ou non de la part du gouvernement, interroge Mahmoud ZUREIK, qui fait le même constat. Les mesures prises sont vraiment timides. On parle de l’épidémie comme s’il n’y avait de toute façon plus rien à faire, abonde cet épidémiologiste. C’est assez paradoxal. »

Ce mercredi 12 janvier, sur France-Info, le ministre de la Santé, Olivier VÉRAN,  a contré cette idée : « On ne cherche pas à laisser circuler le variant (…), on le freine avec efficacité », s’est-il défendu, en faisant référence à la limitation des rassemblements, à la mise en place du télétravail obligatoire et au passe vaccinal censé entrer en vigueur la semaine prochaine.

Mais il l’admet : « Le variant Omicron est amené à circuler à travers la planète, cela signifie que les pays qui ont aujourd’hui mis en place un confinement, seront traversés par Omicron, une fois déconfinés. Les mesures traditionnelles n’ont pas véritablement d’impact sur un variant aussi contagieux. »

En dehors des contaminations, le gouvernement regarde plus que tout, la montée des eaux à l’hôpital, le baromètre de l’épidémie. Si la vaccination permet d’atténuer nettement le nombre de malades graves, la pression s’accentue, avec 24 000 personnes hospitalisées, dont 4000 en réanimation. « L’impact est déjà important », juge l’infectiologue Karine Lacombe alors que le pic est attendu, selon elle, autour du « 20 au 25 janvier ».

Autre différence, pouvant expliquer l’absence de restrictions drastiques, Omicron paraît moins dangereux que son cousin Delta et infecterait moins les poumons. « Mais avec un grand nombre d’infections, il y aura plus d’hospitalisations, c’est mathématique », met en garde Éric Billy. Selon différents scénarios de l’Institut Pasteur, jusqu’à 5 200 personnes pourraient être hospitalisées chaque jour si la trajectoire actuelle ne s’infléchit pas ; ce chiffre chuterait à 3 600 — soit le niveau du premier pic de 2020 — si les Français réduisent leurs contacts de 10 % et à 2 500 pour 20 %.

« La réduction des contacts est essentielle »

Tous les experts interrogés sont du même avis : même si elle est indispensable, la France a trop misé sur la vaccination. « Aujourd’hui, on en paye les pots cassés, juge Éric Billy. Il faut répéter que l’aération est primordiale. À l’école, on ne parle des capteurs de C02 que depuis septembre alors que l’on sait depuis longtemps que le virus se transmet par aérosols ». « Des mesures sont prises, mais elles sont mal appliquées, comme le télétravail. Or, la réduction des contacts est essentielle ».

Mais voilà, les Français sont épuisés par des mois de restrictions. Et « il ne faut pas se cacher, on est aussi en pleine période électorale, cela compte dans la prise de décisions », rappelle Mahmoud ZUREIK, jugeant, comme ses confrères, qu’il n’est jamais bon de filer une épidémie alors que l’état des connaissances sur Omicron reste parcellaire. « La sagesse, c’est la prudence. Ce n’est pas de se baser sur des hypothèses optimistes mais de se préparer au pire. »

Aurait-il fallu serrer la vis ? Pour l’épidémiologiste, il faut à tout prix limiter le brassage de la population, surtout dans les lieux où l’on se contamine le plus. « Dans les restaurants et les bars, on pourrait mettre en place des jauges, un couvre-feu, voire prendre des mesures plus extrêmes comme décréter leur fermeture. » Selon lui, sans ces restrictions, le système hospitalier pourrait, malgré tout, résister. Une fois de plus. « Mais le prix à payer serait très élevé. »

"Laisser le virus circuler, c'est jouer avec le feu", alerte Yves Buisson. "Ce variant Omicron donne beaucoup moins de formes graves que le Delta. Mais, comme il se multiplie plus vite, on aura toujours des entrées en réanimation. C'est un risque qu'il ne faut pas prendre." L'épidémiologiste fait également remarquer que le début de l'épidémie de grippe annuelle "fait rentrer tous les ans des centaines de patients en réanimation". Selon lui, "si on abandonne toutes les mesures barrières maintenant, on va voir des dégâts."

Pour Emmanuel RUSCH, la question de favoriser la circulation du variant Omicron doit se peser sur la balance "bénéfice-risque""Le constat, c'est que le virus circule largement aujourd'hui. Il n'en reste pas moins que tenter de limiter sa circulation permet d'étaler la surcharge pour les établissements de santé. Relâcher toutes les mesures entraînerait une tension supplémentaire pour eux." Or la France compte, au 13 janvier, 24 000 personnes hospitalisées, dont 3985 en soins critiques.


Selon les dernières modélisations de l'Institut Pasteur , arrêtées au 7 janvier, "dans tous les scénarios, le pic des admissions à l'hôpital est attendu dans la deuxième moitié de janvier, avec un impact maximal sur l'occupation des lits fin janvier-courant février." Dans les scénarios jugés les plus probables par les modélisateurs et selon le taux de transmission du virus, il y aurait de 2 500 à 3 600 hospitalisations par jour en moyenne au pic de cette vague. Pour y faire face, l'hôpital aurait alors besoin de 17 000 à 23 000 lits d'hospitalisation conventionnelle et de 3 900 à 4 700 lits de soins critiques.

« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.

  « Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! »  Diffusées dans  Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...