Ce matin j’ai participé à l’hommage pour le 79ème anniversaire du
départ du convoi des 31.000, le 105ème anniversaire de la naissance
de Madeleine ODRU et le 10ème anniversaire de son décès. D’abord, devant
la stèle Casanova à Romainville puis à
11 h au Fort de Romainville.
Le 11 janvier 2018, j’avais participé à la
conférence de Thomas Fontaine sur l’histoire des femmes résistantes au
Fort de Romainville. Rencontre initiée par la fédération du Parti
communiste de la Seine-Saint-Denis. L'historien Thomas Fontaine a redonné dans sa
passionnante conférence toute l'importance de cette histoire. Il a montré que
le fort était le bon site pour un musée de la résistance des femmes. C'est
au fort que sont conservés les graffitis gravés par les prisonnières.
C'est de là que sont parties 3800 résistantes vers les camps de la mort. 75 ans
après le premier convoi des femmes les participants ont dit leur volonté de
voir naître un musée pour transmettre cette histoire héroïque et rendre
les femmes visibles aussi dans l'imaginaire collectif.
Thomas Fontaine fit référence à son
ouvrage « les oubliés de Romainville ». Je me suis alors souvenu.
C’était au début de l’année 2003. Nous évoquions au Conseil général un
partenariat portant sur un travail de recherche concernant le Fort de
Romainville. C’est ainsi que Thomas FONTAINE a été missionné pour le diriger
avec Denis PESCHANSKI et Claudine CARDON-HAMET. C’est le 17 mai 2005,
qu’Hervé BRAMY, alors Président du Conseil général, présentait ce travail de
recherche sous la forme de cet ouvrage : « Les oubliés de Romainville ».
Un camp allemand en France (1940-1944). Dans la présentation de cette
publication, Thomas FONTAINE écrit : « On a oublié le Fort de
Romainville. Les camps de Compiègne pour les résistants et les
« politiques » et de Drancy « pour les juifs », symbolisent
aujourd’hui l’internement et la déportation dans la France occupée. Mais
qui se souvient qu’en 1940, les Allemands installèrent à Romainville un de
leurs principaux camps d’internement. ».
J’y ajoute, pour ma part un élément. Après
la libération, une première plaque a été apposée à l’entrée du Fort, sur
laquelle on peut lire : « Ici ont été internés du 1er novembre
1940 au 20 mai 1944, plus de 3900 femmes et 3100 hommes avant leur déportation
dans les camps de concentration et les forteresses d’où la plupart ne sont pas
revenus. 152 fusillés ont vécu dans ce fort leurs dernières heures avant leur
exécution. » Une seconde plaque fut apposée en 1992 sur laquelle il est
écrit : le 20 septembre 1942, au 150ème anniversaire de
la bataille de Valmy, les autorités d’occupation désignaient 116 otages. Le
lendemain 46 d’entre eux, pris dans le fort étaient fusillés au Mont Valérien
et les 70 autres vers Bordeaux. C’était il y a 50 ans.
Il y manquait cependant ce qu’écrit Thomas
Fontaine dans son ouvrage : « De là partit, le 24 janvier 1943, le premier
convoi de résistantes et de prisonnières politiques envoyées à Auschwitz, celui
des « 31 000 ». C’est pour cette raison, avec retard sans doute,
qu’en 2002, nous avons décidé, avec les Maires des Lilas et de Romainville, et
en accord avec les associations de résistants et de déportés, d’apposer
une troisième plaque commémorative à l’entrée du fort. Elle fut inaugurée pour
le 60ème anniversaire du départ du convoi et sur laquelle il
est indiqué : « Le 24 janvier 1943, du fort de Romainville 230
femmes, résistantes, arrêtées par la police du gouvernement de Vichy, livrées à
la gestapo partirent pour Auschwitz. Le 25 janvier 2003, nous leur rendons
hommage. Cette plaque porte la signature des Maires des Lilas, de Romainville et
du Président du Conseil général. L’histoire de Romainville est, depuis la
libération, intimement liée à celle du fort. Je n’oublie pas ici, nos camarades et ami.e.s
des Lilas.
À la libération les héroïnes de la
résistance de cette époque, firent don de la statue de Danielle Casanova, œuvre
du sculpteur Georges SALENDRE, à Romainville. La commune, se trouvait de ce
fait, investie d’un devoir de pérennité. La statue de Danielle Casanova
sera inaugurée le 24 janvier 1956 par Pierre KÉRAUTRET, le premier maire
communiste de Romainville, en présence de madame PÉRINI, la mère de Danielle.
Les communistes de Romainville, n’ont pas oublié non plus qu’aux côtés de
Danielle CASANOVA, de Marie-Claude VAILLANT-COUTURIER, de Maï POLITZER, de
Charlotte DELBO, de Madeleine ODRU, de Francine FROMONT, de Jacqueline
QUATREMAIRE se trouvaient aussi deux romainvilloises, Gabrielle ÉTHIS et
Henriette PIZZOLI. C’est dire si les communistes de notre ville, et
beaucoup d’autres avec eux, se réjouissent de de la décision de créer sur le
site du fort un musée de la résistance des femmes.
Si nous nous faisions un devoir de
commémorer chaque année, en janvier et en avril, ces femmes, ces héroïnes
éprises de liberté, nous avons toujours accompagné ces commémorations, de notre
demande de création, au fort de Romainville, d’un mémorial rattaché au Musée
national de la résistance. C’est à l’occasion de la cérémonie d’hommage du 50ème anniversaire
du départ du convoi, le 25 janvier 1993, que cette exigence fut exprimée
fortement. Marie- Claude VAILLANT-COUTURIER et Madeleine ODRU y étaient
présentes. En 2000, le Conseil général demandait le classement du fort de
Romainville. La réponse fut négative, le ministère de la défense étant
propriétaire du fort. Ce sont également, les nombreuses expositions, la
publication d’ouvrages : « Femmes et hommes de Romainville, de la
résistance à la libération » publié en 1999 par la ville de Romainville.
L’ouvrage « Résistantes, résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue,
une histoire » édité en 2004 par le Conseil général. Mais c’est surtout,
l’action inlassable des résistants, des déportés, de leurs associations, de
toutes celles et tous ceux profondément attachés au travail de mémoire et de la
transmission de l’histoire, qui aura permis que se réalise ce pourquoi nous
nous battons depuis tant d’années, à savoir la décision de créer un lieu de
mémoire de la résistance des femmes au fort de Romainville.
Comme en écho, aux multiples interventions
et actions, qu’il aura fallu mener, nous reviennent ces mots de Danielle
Casanova, dans sa dernière lettre avant le départ à Auschwitz :
« Nous ne baisserons jamais la tête. Nous ne vivons que par la
lutte… ». Dans le moment politique d’aujourd’hui, dans un monde dangereux
et angoissant, où des femmes, des hommes des enfants fuient les guerres
et les persécutions. Alors que l’extrême droite, mais pas seulement, portent la
haine, de rejet des autres, le racisme, l’antisémitisme en France comme en
Europe. Alors que se poursuivent sournoisement, des campagnes mettant en doute
l’engagement des communistes dans la résistance, la création de ce lieu
constituerait un outil extrêmement important pour faire vivre la nécessaire
vigilance, des jeunes tout particulièrement. Ils pourront ainsi s’approprier
tout à la fois ces terribles pages de notre histoire et les valeurs de liberté,
de fraternité et de solidarité, si nécessaires dans les temps présents.
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