Après la publication du livre « Les
Fossoyeurs » de Victor CASTANET, nous avons comme étrange impression, que celles et ceux qui nous gouvernent, comme
tous leurs prédécesseurs découvrent la situation des EHPAD privés. Voilà donc,
convoqués par le gouvernement, les responsables du groupe ORPEA, tout en
prévenant qu’il serait dangereux de généraliser, à partir de l’exemple de
l’établissement de Neuilly. Cependant, autant
le dire d’emblée, il serait injuste de
ne voir dans cette enquête d’un
journaliste indépendant, qu’un brûlot sans profondeur. Le
« business » des maisons de retraite privées mérite au contraire
d’être portée et débattue en place publique. A l’approche de l’élection
présidentielle, elle vient nourrir de façon dérangeante – parfois même
révoltante – le débat sur ce sujet majeur. Rationnement pour la nourriture et
les produits de santé. Deux soignants pour 14
résidents. Trois pour 125 résidents la nuit Un cas isolé ? Pas sûr !
Dans les établissements privés, nous comptons 20% de personnel en moins que
dans les établissements publics.
« C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait
le paradis des riches », disait Victor HUGO. Voilà qui résume bien la
situation des EHPAD privés, ORPEA, KORIAN et compagnie. Malgré la situation
souvent dépeinte sur la situation des pensionnaires et des personnels, ces
établissements n’en sont pas moins extrêmement rentables pour leurs actionnaires. Si des grandes fortunes comme la famille
MULLIEZ (propriétaire d’Auchan) s’intéresse tant aux EHPAD, ce n’est évidemment
pas par philanthropie. Des établissements d’à peine 100 chambres réalisant
quelques millions d’euros de chiffre d’affaires dégagent des résultats de près
d’un quart de ce chiffre d’affaires. Certaines utilisent même des montages
financiers leur permettant d’éviter l’imposition sur les bénéfices. Ainsi les
maisons de retraite figurent parmi les investissements les plus rentables en
bourse. Après le scandale dénoncé dans ce livre ORPEA voit son titre chuter.
Qu’à cela ne tienne ! Le cours de son titre a bondi de plus de 200% en dix
ans.
L’indécente opulence de ces actionnaires
contraste fortement avec le manque de moyens
des établissements de santé français. On ne saurait oublier que les
maisons de retraites médicalisées ont été sous le feu des projecteurs u plus
fort de la pandémie en 2019 et 2020. Il est certes évident que le profil à
risque des pensionnaires des EHPAD explique en partie le nombre très élevé des
décès, cependant l’impréparation, le manque de moyens, de personnel et le
surcroît d’activité a également amené à une attention insuffisante et a coûté
la vie à un grand nombre d’entre eux.
La santé et l’aide à l’autonomie ne sont pas à
l’évidence, des activités comme les autres. Les soumettre au marché et aux
exigences de rentabilité financière revient à sacrifier leur qualité pour le plus grand nombre. Le
racket des pensionnaires dans les EHPAD (Une place dans le privé coûte en
moyenne 50% plus cher que dans le public), cependant trop cher lui aussi. Ce « business
sur la mort » doit impérativement laisser place à un service public de
l’aide à l’autonomie digne de ce nom. S’il fallait encore convaincre de la
nécessité de lutter contre la marchandisation de la santé, le cas des EHPAD
offre une triste vitrine de ce que la
voracité financière peut faire à la santé des populations. Au fil des
quinquennats les lois sur le grand âge ont connu une véritable malédiction. Le renoncement d’Emmanuel Macron à une loi relative à la dépendance n’est
que le dernier d’une série entamée sous Jacques
Chirac, Nicolas Sarkozy et poursuivie sous François Hollande. Il faut se
le rappeler.
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