mercredi 26 janvier 2022

EHPAD privés : « Le business sur la mort »



Après la publication du livre « Les Fossoyeurs » de Victor CASTANET, nous avons comme étrange impression,  que celles et ceux qui nous gouvernent, comme tous leurs prédécesseurs découvrent la situation des EHPAD privés. Voilà donc, convoqués par le gouvernement, les responsables du groupe ORPEA, tout en prévenant qu’il serait dangereux de généraliser, à partir de l’exemple de l’établissement de Neuilly. Cependant,  autant le dire d’emblée,  il serait injuste de ne voir dans cette enquête d’un journaliste indépendant, qu’un brûlot sans profondeur. Le « business » des maisons de retraite privées mérite au contraire d’être portée et débattue en place publique. A l’approche de l’élection présidentielle, elle vient nourrir de façon dérangeante – parfois même révoltante – le débat sur ce sujet majeur. Rationnement pour la nourriture et les produits de santé. Deux soignants pour    14 résidents. Trois pour 125 résidents la nuit Un cas isolé ? Pas sûr ! Dans les établissements privés, nous comptons 20% de personnel en moins que dans les établissements publics.

« C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches », disait Victor HUGO. Voilà qui résume bien la situation des EHPAD privés, ORPEA, KORIAN et compagnie. Malgré la situation souvent dépeinte sur la situation des pensionnaires et des personnels, ces établissements  n’en sont pas moins  extrêmement rentables pour leurs actionnaires.  Si des grandes fortunes comme la famille MULLIEZ (propriétaire d’Auchan) s’intéresse tant aux EHPAD, ce n’est évidemment pas par philanthropie. Des établissements d’à peine 100 chambres réalisant quelques millions d’euros de chiffre d’affaires dégagent des résultats de près d’un quart de ce chiffre d’affaires. Certaines utilisent même des montages financiers leur permettant d’éviter l’imposition sur les bénéfices. Ainsi les maisons de retraite figurent parmi les investissements les plus rentables en bourse. Après le scandale dénoncé dans ce livre ORPEA voit son titre chuter. Qu’à cela ne tienne ! Le cours de son titre a bondi de plus de 200% en dix ans.

L’indécente opulence de ces actionnaires contraste fortement avec le manque de moyens  des établissements de santé français. On ne saurait oublier que les maisons de retraites médicalisées ont été sous le feu des projecteurs u plus fort de la pandémie en 2019 et 2020. Il est certes évident que le profil à risque des pensionnaires des EHPAD explique en partie le nombre très élevé des décès, cependant l’impréparation, le manque de moyens, de personnel et le surcroît d’activité a également amené à une attention insuffisante et a coûté la vie à un grand nombre d’entre eux.

La santé et l’aide à l’autonomie ne sont pas à l’évidence, des activités comme les autres. Les soumettre au marché et aux exigences de rentabilité financière revient à sacrifier  leur qualité pour le plus grand nombre. Le racket des pensionnaires dans les EHPAD (Une place dans le privé coûte en moyenne 50% plus cher que dans le public), cependant trop cher lui aussi. Ce « business sur la mort » doit impérativement laisser place à un service public de l’aide à l’autonomie digne de ce nom. S’il fallait encore convaincre de la nécessité de lutter contre la marchandisation de la santé, le cas des EHPAD offre une  triste vitrine de ce que la voracité financière peut faire à la santé des populations. Au fil des quinquennats les lois sur le grand âge ont connu une véritable malédiction. Le renoncement d’Emmanuel Macron à une loi relative à la dépendance n’est que le dernier d’une série entamée sous Jacques  Chirac, Nicolas Sarkozy et poursuivie sous François Hollande. Il faut se le rappeler.

 

 

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