lundi 30 septembre 2024

L’ARRIVISTE !

         


   

Il est parti de rien et sans efforts intenses, il a pris l’ascenseur quand prennent l’escalier ceux qui nés dans la rue, gravissent par paliers les pentes escarpées de la rude existence. La force du poignet n’était pas sa technique ; Il brillait par la frime et non par le talent ; La main gauche il avait comme le cerveau lent, sans scrupule il était autant que sans éthique. Serpillère attirée par le côté du manche, le parti le plus fort fut l’objet de son choix ; Il se fit militant sans vergogne et sans foi, lorsqu’on veut parader, peu importe les planches. ! Il distribua des tracts et colla des affiches, en espérant qu’un jour son nom serait en haut, fustigeant les patrons en vue d’en être un gros, et flattant les pauvres dans l’espoir d’être riche. Il n’avait rien à vendre en dehors de son âme, et rien à acheter si ce n’est les honneurs Comme il n’en avait point il le fit sans pudeur en faisant le fourbe, utilisant son faux charme. Reconnu pour ses dons et ses voyous services, l’arriviste a fini enfin par arriver, décrochant le hochet dont il avait rêvé ; Bras droit d’un potentat, ce n’était que justice.

 

« Casseroles », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Le Rassemblement national a beau crier au complot, minimiser la portée du scandale, le procès qui s’est ouvert lundi est une mauvaise com dont il se serait bien passé. L’extrême droite, qui dicte la conduite du gouvernement Barnier, est accusée d’avoir détourné pendant douze années des fonds publics du Parlement européen pour financer des postes de permanents du Front national. Les frontistes tentent l’esquive, adoptent une posture victimaire, mais les « indices (sont) graves ». L’assistant de l’eurodéputé Louis Aliot ? Il n’aurait envoyé qu’un seul SMS en échange de la coquette rémunération de 41 000 euros, selon l’observatoire Anticor. Ces détournements érigés en système ont vu le jour sous le règne de Le Pen père, absent du banc des accusés pour raisons de santé, et se sont poursuivis sous les auspices de sa fille, alors eurodéputée et désormais patronne des députés RN à l’Assemblée nationale.

L’extrême droite joue gros avec, à l’issue de ce procès, de possibles peines de prison et de lourdes amendes. Marine Le Pen a déjà annoncé qu’elle fera de la salle d’audience une tribune, alors qu’elle encourt l’inéligibilité, une sanction qui anéantirait ses ambitions présidentielles. Quoi qu’il advienne, les accusations pesant sur elle et sur son parti viennent contredire le fameux slogan lepéniste de 1993, « Mains propres, tête haute ». La formule est devenue le socle de la rhétorique antisystème de l’extrême droite, qui prétendait se poser en parangon de vertu, par contraste avec les autres forces politiques – forcément « toutes pourries » – avec leur cortège de scandales politico-financiers.

De l’affaire des assistants parlementaires du RN à celle des « kits de campagne », qui a valu au parti d’extrême droite une amende de 250 000 euros, en passant par les multiples condamnations de ses cadres pour provocation à la haine, à la violence et à la discrimination, la liste des démêlés judiciaires s’allonge. Elle en dit long sur le double langage du lepénisme. L’imposture vaut tout autant pour son programme économique, qui désigne les étrangers comme responsables de toutes les crises. Au RN, le bruit, la fureur et le mensonge sont un fonds commerce. Voilà maintenant les grosses casseroles.

 

« Optimiste », le billet de Maurice Ulrich.



« Vive la liberté d’expression. » C’était la une, il y a quinze jours, du nouvel hebdomadaire du milliardaire Vincent Bolloré, le JD News, en plus du Journal du dimanche, défini comme « l’hebdomadaire de tous les Français ». Dirigé par Laurence Ferrari, avec Geoffroy Lejeune et Louis de Raguenel, formés à Valeurs actuelles, il est né sous les auspices d’Alain Finkielkraut, Michel Onfray, Pascal Praud, Mathieu Bock-Côté, Michel Houellebecq et autres phares de la pensée éclairant bien à droite.

Pour sa directrice, c’est « un nouveau rendez-vous hebdomadaire qui porte haut les couleurs de l’intelligence française avec un regard optimiste ». Et donc le numéro de ce dimanche annonce en une « Les solutions pour la France » du président argentin, Javier Milei, qui, équipé de sa tronçonneuse, annonçait une politique ultralibérale, plutôt bien accueillie par Giorgia Meloni, par Marine Le Pen et de nature sans doute à inspirer quelques membres du gouvernement. Par hasard, les Échos, le même dimanche, écrivaient que, « depuis l’arrivée de Javier Milei au pouvoir, 3,4 millions d’Argentins sont passés sous le seuil de pauvreté ». En moins d’un an.

 

« Funeste entreprise », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Et après ? Et maintenant ? L’intensification des bombardements israéliens au Liban, l’explosion des bipeurs du Hezbollah, l’éventualité d’une opération terrestre au pays du Cèdre, le tout sur fond de poursuite des massacres dans la bande de Gaza, avaient déjà signé, ces derniers jours, l’entrée dans une autre phase de la guerre.

Un point de bascule. Mais l’assassinat, en plein cœur de Beyrouth, du chef de l’organisation chiite, enseveli sous les décombres de son quartier général, vient de précipiter le Moyen-Orient dans l’inconnu. Benyamin Netanyahou a joué la carte de la déstabilisation régionale, pris le risque de l’embrasement général.

Le premier ministre israélien le sait. Éliminer Nasrallah, c’est pousser l’Iran dans ses derniers retranchements, forcer le régime des mollahs à riposter d’une manière ou d’une autre pour provoquer, in fine, l’entrée en guerre des États-Unis et la confrontation directe avec l’Iran.

Benyamin Netanyahou est l’homme par lequel advient le vacillement du monde. Et rien ni personne ne semble décidé à barrer la route de sa funeste entreprise. Le temps des discours vains est révolu. Joe Biden doit prendre ses responsabilités en stoppant les livraisons d’armes, avec, pour effet, un cessez-le-feu immédiat. Israël n’est pas au-dessus du droit et de la justice internationale.

Non, la mort de dizaines de milliers de civils en Palestine et au Liban ne garantira jamais la sécurité du peuple israélien. Non, l’entrée dans une guerre totale avec l’Iran ne ramènera pas les otages retenus dans la bande de Gaza. Depuis les attaques meurtrières perpétrées par le Hamas le 7 octobre dernier, Benyamin Netanyahou et ses alliés obéissent à la pire des stratégies : celle d’une vengeance aveugle, disproportionnée, propre à créer des mécaniques génocidaires désormais largement documentées. Aujourd’hui contre les Libanais comme il y a un an contre les Gazaouis, la même rhétorique, les mêmes arguments sont employés par le même Benyamin Netanyahou. Et après ? Et maintenant ?

 

« Panique », le billet de Maurice Ulrich.



Mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! on m’a privé de toi… La simple hypothèse d’une hausse temporaire de l’imposition des plus riches et des superprofits semble être à l’origine, comme chez Molière, de crises de panique. Pour Éric Woerth, député macroniste et ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, c’est un cri dans la Tribune dimanche, « Impôts, ne touchez surtout à rien » !

Ça marche tellement bien, en effet, quand le montant global des 500 premières fortunes de France a doublé avec la présidence d’Emmanuel Macron à plus de 1 200 milliards d’euros et que « nous » sommes les champions d’Europe dans le versement des dividendes. Mais voilà, nous affirment 25 autres députés de la même formation, dont Aurore Bergé ou Sylvain Maillard qui n’en ratent pas une, dans une tribune : « Trop d’impôt tue l’impôt ! » On aimerait comprendre. Une chroniqueuse économique dans le même journal argumente. Il paraît difficile, dit-elle, d’augmenter l’impôt sur le revenu au sommet quand 45 % de la population en est dispensée. Les pauvres ont un de ces culots !

samedi 28 septembre 2024

𝐋𝐞𝐬 𝐯𝐢𝐞𝐮𝐱 !



𝐎𝐧 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐨𝐢𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐞𝐫 𝐚𝐫𝐫𝐢𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐚𝐮 𝐛𝐨𝐮𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚𝐥𝐥𝐞́𝐞, 𝐩𝐚𝐫 𝐩𝐞𝐭𝐢𝐭𝐞 𝐠𝐫𝐨𝐮𝐩𝐞𝐬 𝐨𝐮 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐩𝐚𝐫 𝐝𝐞𝐮𝐱, 𝐚̀ 𝐩𝐚𝐬 𝐭𝐫𝐞̀𝐬 𝐥𝐞𝐧𝐭𝐬, 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐚𝐧𝐭 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐮𝐱. 𝐈𝐥𝐬 𝐫𝐢𝐞𝐧𝐭, 𝐥𝐢𝐬𝐞n𝐭 𝐨𝐮 𝐭𝐫𝐢𝐜𝐨𝐭𝐞𝐧𝐭 𝐚̀ 𝐥𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐮𝐧 𝐬𝐨𝐥𝐢𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐞̂𝐧𝐞, 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐥𝐚̂𝐠𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐮𝐧 𝐝𝐞𝐮𝐱, 𝐞𝐭 𝐪𝐮𝐢 𝐬𝐞 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞 𝐨𝐧 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐦𝐢𝐞𝐮𝐱. 𝐎𝐧 𝐬𝐞 𝐫𝐞𝐦𝐞́𝐦𝐨𝐫𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫𝐬, 𝐨𝐧 𝐬𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭, 𝐝𝐞𝐬 𝐠𝐮𝐞𝐫𝐫𝐞𝐬, 𝐝𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐣𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐭𝐫𝐨𝐩 𝐭𝐨̂𝐭 𝐝𝐢𝐬𝐩𝐚𝐫𝐮,  𝐝𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐟𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐪𝐮𝐨𝐧 𝐧𝐚 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐞𝐮𝐬, 𝐝𝐮𝐧 𝐯𝐨𝐲𝐚𝐠𝐞 𝐨𝐮 𝐝𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐬𝐢𝐞̀𝐫𝐞. 𝐎𝐧 𝐚𝐛𝐨𝐫𝐝𝐞 𝐚𝐮𝐬𝐬𝐢 𝐥𝐚𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 : 𝐒𝐢 𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐨𝐬𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐢𝐥 𝐧𝐞 𝐬𝐞𝐫𝐚 𝐩𝐚𝐬 𝐫𝐨𝐬𝐞,  𝐦𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭𝐞, 𝐡𝐨̂𝐩𝐢𝐭𝐚𝐥, 𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐨𝐬𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐞̀𝐬 𝐛𝐚𝐧𝐚𝐥𝐞𝐬. 𝐑𝐞́𝐬𝐢𝐠𝐧𝐞́𝐬, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐧𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐞𝐧𝐭𝐚𝐧𝐭𝐬, 𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐯𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐞𝐧 𝐯𝐢𝐞𝐢𝐥𝐥𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭. 𝐋𝐨𝐫𝐬𝐪𝐮𝐢𝐥𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐜𝐡𝐚𝐜𝐮𝐧 𝐲 𝐯𝐚 𝐝𝐞 𝐬𝐚 𝐫𝐞́𝐩𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐠𝐞𝐬𝐭𝐢𝐜𝐮𝐥𝐚𝐧𝐭, 𝐥𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐛𝐞 𝐡𝐚𝐮𝐭, 𝐢𝐥𝐬 𝐚𝐭𝐭𝐢𝐫𝐞𝐧𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐛𝐚𝐝𝐚𝐮𝐝𝐬. 𝐌𝐚𝐢𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐮𝐧 𝐧𝐮𝐚𝐠𝐞 𝐛𝐚𝐬, 𝐨𝐮 𝐥𝐚 𝐦𝐞𝐧𝐚𝐜𝐞 𝐝𝐮𝐧 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐯𝐞𝐧𝐭, 𝐯𝐢𝐭𝐞 𝐢𝐥𝐬 𝐬𝐞 𝐥𝐞̀𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐛𝐚𝐧𝐜,  𝐥𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐞𝐧 𝐩𝐥𝐚𝐧 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐩𝐮𝐠𝐢𝐥𝐚𝐭𝐬, 𝐫𝐞𝐩𝐫𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐢𝐯𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐜𝐚𝐛𝐚𝐬, 𝐬𝐞 𝐬𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐧 𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐬 ; 𝐌𝐚𝐢𝐬 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧, 𝐬𝐢𝐥 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐛𝐞𝐚𝐮 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬, 𝐢𝐥𝐬 𝐫𝐞𝐯𝐢𝐞𝐧𝐝𝐫𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐚𝐩𝐫𝐞̀𝐬-𝐦𝐢𝐝𝐢, 𝐢𝐥𝐬 𝐬𝐚𝐬𝐬𝐢𝐞́𝐫𝐨𝐧𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐚 𝐫𝐨𝐭𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐛𝐞𝐥 𝐚𝐫𝐛𝐫𝐞 𝐫𝐚𝐣𝐞𝐮𝐧𝐢 : 𝐈𝐥𝐬 𝐫𝐞𝐟𝐞𝐫𝐨𝐧𝐭 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞, 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐯𝐢𝐞𝐮𝐱, 𝐩𝐚𝐫 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐢𝐞.

« Désolation(s) », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin



Falaise : Dans son magnifique dernier roman, Qui après nous vivrez (Rivages/Noir), l’écrivain Hervé Le Corre imagine une humanité futuriste en perdition, mélange de désolation et de guerres, sur une Terre à bout de souffle. Catastrophes climatiques, famines, pandémies, conflits armés.

Le narrateur finit par dire : « On voyait chaque jour le monde imploser mais on était trop peu nombreux à se rebeller. Les gens s’imaginaient qu’ils échapperaient au pire. Ils achetaient des climatiseurs, des téléphones neufs, ils prenaient des avions, ils regardaient les guerres sur leurs écrans, soulagés qu’elles se déroulent loin d’eux, pleurnichant de temps à autre sur les malheurs du monde pour mettre à jour leur bonne conscience. »

Et ce dernier ajoute : « Pendant ce temps perdu, les maîtres de ce monde-là conduisaient à pleine vitesse vers le bord de la falaise et nous demandaient à nous, pauvres cons, de retenir le bolide pour l’empêcher de basculer. Ils pensaient peut-être qu’ils parviendraient à sauter en marche et quelques-uns ont dû le faire… »

Erreur : Analogie trop belle… Éclairés par les dernières lumières fossilisées du monde d’avant, nous continuons donc de marcher en espérant vaguement que la fatigue et le temps atténuent nos douleurs, parce que c’est une façon de rester debout, même si, dans notre République sens dessus dessous, alors que la démocratie elle-même se trouve désormais en danger, nous ne voyons plus beaucoup d’issue autre qu’une VIe République, la Ve étant arrivée au bout de son histoire et ne saurait renaître de ses cendres.

Le couple formé par Mac Macron II et son premier sinistre s’apparente à une obstination bestiale dans l’erreur. Il faut se pincer pour y croire, tant ce « nouveau » gouvernement allie idéologiquement libéralisme économique et conservatisme moral. La trajectoire d’un grand nombre des ministres et autres secrétaires d’État illustre le poids de la droite de la droite. Nous pensions assister à un « changement », mais nous avons découvert une Restauration, une vraie de vraie !

Chacun a pourtant bien compris que cette équipe ministérielle de bric et de broc, la septième sous l’ère du prince-président en son royaume pourri, est surtout vouée à une chute à court terme, susceptible de sauter à tout moment. Le premier sinistre et tous ses affidés, qui n’ont aucun programme autre que quelques bagages et de vieux engagements, sont en réalité pris entre le marteau de la droite réactionnaire et l’enclume de Fifille-la-voilà.

Collusion : Il aura d’ailleurs suffi que le jeune ministre de l’Économie tente d’imposer sa ligne anti-RN à Bercy, en déclarant, fort justement, que « le Rassemblement national n’appartient pas à l’arc républicain », pour que son premier sinistre le sermonne vertement. Un témoin de la scène raconte : « Il s’est pris une grosse soufflante. Encore une comme ça et dehors ! »

Mais il y eut plus grave. L’hôte de Matignon a osé décrocher le téléphone pour rassurer Fifille-la-voilà de vive voix. Nous savions que ce gouvernement était dans la main du RN. Mais l’épisode, honteux, signe la collusion totale. Les masques tombent un peu plus. Respecter le Parlement est une chose ; construire un partenariat privilégié avec l’extrême droite et se coucher littéralement devant elle en est une autre.

Meilleure preuve, le ministère de l’Économie a été poussé à rédiger un communiqué aux allures de rétropédalage : « La situation économique et financière de la France réclame une concertation large des élus de la nation. » Ou comment baisser son pantalon. Le ministre de l’Économie avait voulu faire de la politique, sauf que la « neutralité » du RN est évidemment une condition de la longévité de l’équipe gouvernementale. Comme si le passé et l’Histoire ne servaient plus à rien.

Comme si l’avenir était impossible à concevoir. Alors ils s’accrochent au présent comme un alpiniste bloqué sur une corniche par le mauvais temps, qui empêchera les secours d’arriver, avec l’espoir qu’une faille s’ouvre dans la montagne. L’irréversible chaos se profile : nous aurons à la fois une crise de régime… et le déshonneur d’un exécutif prêt à tout.

 

DESTINS !



Déchoir est le destin des hôtes de ce monde, qui, nés dans le néant, visitent le vivant, du port de leur berceau à celui de leur tombe, résidents du lieu-dit : « ici et maintenant ». Nous appréhendons tous le terme du voyage, déchoir, la loi est dure et pourtant c’est la loi, c’est du temps à essuyer l’inexorable outrage, au fil des ans d’abord, ensuite au fil des mois. C’est de l’être la mer dont ne reste qu’écume ; De son soleil radieux, l’ombre de ce qu’il fut ; Du ciel de son esprit une confuse brume, on vit de moins en moins, on meurt de plus en plus. Avant de quitter les siens, son entourage, c’est se quitter soi-même en un déclin fatal ; C’est remonter le cours des ères et des âges, du statut animal au statut végétal. C’est arriver au bout de la terrestre impasse, retourner sur ses pas, sur les lieux revenir. De l’enfance perdue avant que l’on ne passe, au-delà du miroir pour rien redevenir. C’est prendre l’air figé de la statue de pierre, que l’on installera bientôt sur son tombeau, et avant de fermer à jamais ses paupières, verser à son insu un ultime sanglot.

 

vendredi 27 septembre 2024

« Le viol n’a pas de couleur de peau », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.



Les charognards n’ont pas perdu de temps. Le reste de l’année, totalement indifférente aux féminicides en particulier et aux droits des femmes en général, l’extrême droite, aidée par son allié de poids de la place Beauvau, s’est jetée sur le profil du violeur et assassin de Philippine.

La vie fauchée de cette jeune femme de 19 ans constitue le 104e féminicide de l’année. Mais le sujet, pour le RN et Bruno Retailleau, concernerait exclusivement l’origine de l’agresseur – né au Maroc – et les OQTF (obligations de quitter le territoire français). Autrement dit, aucun problème qu’un violeur récidiviste aille s’attaquer à une femme marocaine…

En juin, un policier de l’Essonne, qui avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle après les plaintes de cinq femmes mais remis en liberté à la suite d’un appel, avait récidivé en commettant à nouveau des violences sur sa nouvelle compagne. Avions-nous entendu l’extrême droite sur le sujet ? Non. Le RN avait-il avancé des propositions pour lutter contre le viol et la récidive ? Absolument pas. Il suffit de jeter un œil aux « livrets thématiques » de leur programme : néant. Absolument rien sur les droits des femmes.

Le viol est un crime sans frontière. Il n’a pas de couleur de peau, ni de nationalité. Les agresseurs peuvent s’appeler Jean-Édouard, Kevin, Michel ou Youssef. C’est bien ce que démontre le procès de Mazan. Dans le box des accusés, face à Gisèle Pelicot, se retrouvent des hommes « ordinaires », de tous âges, de toutes classes sociales. Alors non, les femmes ne sont pas en danger à cause d’une « horde de sans-papiers ».

Elles le sont car la culture du viol est omniprésente dans notre société. Parce que des hommes considèrent encore le corps des femmes comme leur objet, excités par la domination qu’ils exercent sur elles. Rôle et moyens de la justice pour lutter contre les violences sexuelles, suivi judiciaire et psychiatrique pour éviter les récidives, programmes concrets pour promouvoir l’égalité… voilà les vrais sujets. Ne tombons pas dans le piège des semeurs de haine.

 

« N’est-ce pas ? », le billet de Maurice Ulrich.



La roche tarpéienne est près du Capitole. La formule, dans la Rome antique, était appelée à calmer l’hubris, l’excessive confiance en eux-mêmes de ceux qui, au cœur du pouvoir, pouvaient vite se retrouver en haut de la roche d’où étaient précipités les condamnés à mort.

Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, le groupe automobile détenu par les familles Peugeot et Agnelli, n’en est pas là, mais sur la sellette, jadis un petit siège en bois où l’on faisait asseoir les accusés. Avril 2024, l’assemblée générale des actionnaires approuve pour lui, à 70 %, une rémunération globale de 36,5 millions d’euros. En moins de six mois, la donne a changé.

Sa stratégie de fortes marges privilégiant les résultats financiers s’est traduite par d’importantes baisses des ventes aux États-Unis, premier marché du groupe, et en Chine. Résultat, ses patrons lui rappellent qu’il n’est qu’un employé et ont ouvert sa succession. « Nous avons été trop arrogant, a-t-il commenté, quand je dis “nous”, je parle en réalité de moi-même. Je ne suis qu’un être humain, n’est-ce pas ? » Tiens, ça lui revient.

 

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...