Le Rassemblement national a beau crier au complot,
minimiser la portée du scandale, le procès qui s’est ouvert lundi est une
mauvaise com dont il se serait bien passé. L’extrême droite, qui dicte la
conduite du gouvernement Barnier, est accusée d’avoir détourné pendant douze
années des fonds publics du Parlement européen pour financer des postes de
permanents du Front national. Les frontistes tentent l’esquive, adoptent une
posture victimaire, mais les « indices (sont) graves ».
L’assistant de l’eurodéputé Louis Aliot ? Il n’aurait envoyé qu’un seul
SMS en échange de la coquette rémunération de 41 000 euros, selon
l’observatoire Anticor. Ces détournements érigés en système ont vu le jour sous
le règne de Le Pen père, absent du banc des accusés pour raisons de santé, et
se sont poursuivis sous les auspices de sa fille, alors eurodéputée et
désormais patronne des députés RN à l’Assemblée nationale.
L’extrême droite joue gros avec, à l’issue de ce
procès, de possibles peines de prison et de lourdes amendes. Marine Le Pen
a déjà annoncé qu’elle fera de la salle d’audience une tribune, alors qu’elle
encourt l’inéligibilité, une sanction qui anéantirait ses ambitions
présidentielles. Quoi qu’il advienne, les accusations pesant sur elle et sur
son parti viennent contredire le fameux slogan lepéniste de 1993, « Mains
propres, tête haute ». La formule est devenue le socle de la rhétorique
antisystème de l’extrême droite, qui prétendait se poser en parangon de vertu,
par contraste avec les autres forces politiques – forcément « toutes
pourries » – avec leur cortège de scandales politico-financiers.
De l’affaire des assistants parlementaires du RN à
celle des « kits de campagne », qui a valu au parti d’extrême droite
une amende de 250 000 euros, en passant par les multiples
condamnations de ses cadres pour provocation à la haine, à la violence et à la
discrimination, la liste des démêlés judiciaires s’allonge. Elle en dit long
sur le double langage du lepénisme. L’imposture vaut tout autant pour son
programme économique, qui désigne les étrangers comme responsables de toutes
les crises. Au RN, le bruit, la fureur et le mensonge sont un fonds commerce.
Voilà maintenant les grosses casseroles.
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