Ne voir dans la
« polémique Oudéa-Castéra » qui secoue l’exécutif qu’un avatar de
plus de la « guerre scolaire » public-privé serait passer à côté de
l’essentiel. Au-delà de l’alternative qui s’offre à tous les parents qui en ont
les moyens, se joue un autre clivage : celui qui sépare une minorité de
très riches, dont font partie la ministre de l’Éducation et sa famille,
et l’immense majorité qui n’approchera jamais, même de très loin, leur train de
vie.
Ce clivage
social est aussi géographique. L’école Stanislas, où sont scolarisés les
enfants de la ministre, accueille les élèves de la grande bourgeoisie du 6e
arrondissement, surnommé à tort le quartier « le plus huppé de la
capitale » : c’est en fait le plus cossu de la France entière. Dans
ce confetti de 2 km², où Gabriel Attal a aussi effectué sa scolarité dans le
privé à l’École Alsacienne – le monde macronien est petit –, le salaire des
habitants est de 6 300 euros net par mois (4,5 fois le Smic), en
moyenne. La moitié (47 %) ont un diplôme de niveau bac + 5 ou plus.
Le prix au mètre carré y dépasse 15 000 euros, plus cher qu’à Saint-Tropez.
C’est la quatrième « ville » de France où les riches sont les plus
riches, selon l’Observatoire des inégalités.
Amélie
Oudéa-Castéra, fille d’un dirigeant de Publicis, et son PDG de mari (Société
générale, puis Sanofi) se fondent à merveille dans ce décor, avec un patrimoine
déclaré de la ministre de 6,5 millions d’euros. Un scandale n’arrivant
jamais seul, on a appris que le président de la Fédération française de tennis,
où a travaillé la ministre, a menti sur le montant des salaires qu’elle a
touchés entre 2021 et 2022. Elle était alors rémunérée 35 000 euros
net par mois.
Ces sommes ne
disent rien au commun des mortels. Mais elles éclairent l’entre-soi de classe
dans lequel baigne le gouvernement Attal. Quartier, fortune, revenus,
école : tout cela dessine les contours d’un séparatisme social qui
s’exprime dans le mépris de la ministre pour l’école publique qu’elle devrait
servir. Sa nomination est un non-sens, à l’image de sa rentrée. L’école pour
tous, gratuite et laïque, a besoin d’une ministre qui la respecte et lui ressemble.
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