Le
village a une rivière qui coule paresseusement sous les arches du pont de
pierre où elle met des reflets changeants. Vers elle, les saules se penchent et
viennent caresser son eau. Elle se ride dans leurs branches et fait frissonner
les roseaux. Plus loin, sur les pierres, elle chante au rythme de ses
tourbillons. Elle rit, murmure et s’enchante en gazouillant sous les vieux
troncs. Le vieux pêcheur près de sa rive vient passer des heures endormies. Les
libellules se poursuivent autour de son bouchon qui luit. Elle ne connaît plus
les visages qui viennent se voir dans son eau. Mais elle doit connaître, au
sillage les vieilles barques et les rafiots. Elle a dû voir bien des
misères…elle a entendu l’occupant qui chantait sur le pont de pierre avec ses
troupes bien en rang. Elle a vu la paix et la guerre ; elle a vu pleurer
les mamans. Elle est bien vieille la rivière ; elle vieillit,
éternellement ?
vendredi 9 juin 2023
Nouvelle : « Une rivière »
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