Des salariés qui viennent au bureau la boule au
ventre, un sous-effectif chronique, la pression d’objectifs intenables, un
management intrusif, des départs en cascade… Le sombre tableau décrit par les
syndicats de LCL, sur lequel l’Humanité a enquêté, coche
toutes les cases d’une profonde maltraitance professionnelle. Les chiffres
bruts, que le groupe bancaire ne conteste pas, parlent d’eux-mêmes : + 27 % de démissions sur
un an ; + 17 % d’arrêts maladie par rapport à 2019, avant le Covid. Ces tristes records, derrière lesquels se cachent
burn-out, dépressions et même un suicide, témoignent de la tragédie sociale qui
se noue dans les coulisses feutrées de l’ex-Crédit lyonnais. Mais également de
la grave inertie d’une direction alertée depuis plus d’un an sur cette
situation sans que l’ampleur des souffrances ne soit réellement prise en
compte.
Inévitablement, les récits que nous avons recueillis,
toutes proportions gardées, nous renvoient au drame de France Télécom. De la
pression managériale à la perte de sens au travail, en passant par la
déshumanisation des salariés, les symptômes d’une dérive systémique bien connue
semblent réunis. LCL n’a pas encore vécu les vagues de suicides qui ont
endeuillé l’opérateur téléphonique. Mais la banque, dirigée depuis 2016 par
Michel Mathieu, missionné pour «redresser la barre» et gonfler
les résultats, semble vouloir épouser les mêmes méthodes délétères. En a-t-elle
mesuré le coût humain ?
Cette détresse sociale, de plus en plus courante, ne
vient pas de nulle part. Elle surgit lorsque les pratiques managériales sont
mises au service exclusif de la rentabilité de l’entreprise. Entreprise
elle-même soumise aux seules exigences des marchés financiers et non plus aux
attentes des usagers et au bien-être de ses employés. « Tu dois
vendre, vendre, vendre», répète-t-on aux salariés de LCL. C’est
exactement cette injonction qu’ils ne peuvent plus entendre.
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