Mais quel est donc « l’angle » de ce 1er Mai ? On imagine les rédactions des chaînes
d’info en continu suant à grosses gouttes face à cette angoissante question. Fort
heureusement, les lobbys patronaux, bien relayés par une opportune proposition de loi
centriste soutenue par le gouvernement, leur ont livré la réponse sur un plateau : les
sympathiques boulangers et fleuristes « empêchés » de travailler…
Depuis deux
semaines, ça tourne en boucle. Élus de droite et médias bollorisés, pris d’une
soudaine empathie sociale, rivalisent de témoignages sur la nécessaire « liberté »
que devraient avoir ces patrons artisans de faire bosser, en ce seul jour chômé
– et payé – de l’année, les salariés souhaitant arrondir leur fin de mois.
Personne ne doit être dupe. En faisant mine de défendre le pouvoir d’achat, les
libéraux de tout poil, cyniques au possible, utilisent le temps symbolique du
1er Mai pour mieux en démolir la portée, et le droit du travail avec.
Cette offensive
idéologique est la même que celle menée pour le travail du dimanche. « Payé
double », sur la base du « volontariat »,
disaient-ils. Pour aboutir aujourd’hui à une quasi-libéralisation, des
majorations – quand il y en a – autour de 10 % et un volontariat mué en
passage obligé…
Cette nouvelle
croisade des apôtres du « travailler plus pour gagner plus »
montre combien les conquis sociaux ne sont jamais des acquis. Ils seront
toujours à défendre. Et ce 1er Mai est crucial pour le rappeler. Ce n’est
pas en sabrant des jours fériés que les fiches de paie vont gonfler. Mais bien,
comme le montre le combat syndical, en luttant pour négocier de véritables
augmentations de salaire.
Cette
revendication sera au cœur des cortèges. Tout comme le refus des 40 milliards
d’économies budgétaires prévues sur
les dépenses publiques. Une saignée qui risque d’asphyxier un peu plus les
collectivités locales, les services publics. Et de dévitaliser des territoires
où, justement, boulangeries et fleuristes peinent à se maintenir… Ce simple
paradoxe devrait pousser ces derniers à battre le pavé demain. Plutôt que de se
faire rouler dans la farine par leurs prétendus défenseurs.