mercredi 30 avril 2025

« Les boulangers et fleuristes « empêchés » de travailler le 1er mai ou comment se faire rouler dans la farine », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.


 

Mais quel est donc « l’angle » de ce 1er Mai ? On imagine les rédactions des chaînes 

d’info en continu suant à grosses gouttes face à cette angoissante question. Fort 

heureusement, les lobbys patronaux, bien relayés par une opportune proposition de loi 

centriste soutenue par le gouvernement, leur ont livré la réponse sur un plateau : les 

sympathiques boulangers et fleuristes « empêchés » de travailler…

Depuis deux semaines, ça tourne en boucle. Élus de droite et médias bollorisés, pris d’une soudaine empathie sociale, rivalisent de témoignages sur la nécessaire « liberté » que devraient avoir ces patrons artisans de faire bosser, en ce seul jour chômé – et payé – de l’année, les salariés souhaitant arrondir leur fin de mois. Personne ne doit être dupe. En faisant mine de défendre le pouvoir d’achat, les libéraux de tout poil, cyniques au possible, utilisent le temps symbolique du 1er Mai pour mieux en démolir la portée, et le droit du travail avec.

Cette offensive idéologique est la même que celle menée pour le travail du dimanche. « Payé double », sur la base du « volontariat », disaient-ils. Pour aboutir aujourd’hui à une quasi-libéralisation, des majorations – quand il y en a – autour de 10 % et un volontariat mué en passage obligé…

Cette nouvelle croisade des apôtres du « travailler plus pour gagner plus » montre combien les conquis sociaux ne sont jamais des acquis. Ils seront toujours à défendre. Et ce 1er Mai est crucial pour le rappeler. Ce n’est pas en sabrant des jours fériés que les fiches de paie vont gonfler. Mais bien, comme le montre le combat syndical, en luttant pour négocier de véritables augmentations de salaire.

Cette revendication sera au cœur des cortèges. Tout comme le refus des 40 milliards d’économies budgétaires prévues sur les dépenses publiques. Une saignée qui risque d’asphyxier un peu plus les collectivités locales, les services publics. Et de dévitaliser des territoires où, justement, boulangeries et fleuristes peinent à se maintenir… Ce simple paradoxe devrait pousser ces derniers à battre le pavé demain. Plutôt que de se faire rouler dans la farine par leurs prétendus défenseurs.

 

lundi 28 avril 2025

« Donald Trump, le réel...Et le mur », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



La mise en scène par Donald Trump de son tête-à-tête avec Volodymyr Zelensky, utilisant sans vergogne la basilique Saint-Pierre de Rome comme s’il était chez lui, ne peut faire illusion. Il avait promis la paix en vingt-quatre heures. Cela fait cent jours et il en est à se demander, après avoir fait ami-ami avec Poutine, en prévision peut-être de son affrontement avec la Chine, si ce dernier ne l’aurait, selon ses propres termes, « baladé ».

Ce n’est pas la première rodomontade de Trump qui se prend le mur de la réalité. Ses reculs sur les droits de douane ont trouvé des limites avec les inquiétudes de Wall Street et des acteurs majeurs de l’économie, qui ne se mesurent pas en termes de « ressenti », mais en milliards de dollars. Raison pour laquelle Elon Musk lui-même s’est mis un peu en retrait du bureau Ovale, après y avoir paradé avec son fiston sur les épaules.

Trump a mis en veilleuse ses critiques au président de la Banque fédérale ; ses décisions d’expulsions massives de migrants sont contestées par des tribunaux ; son candidat a perdu dans le Wisconsin contre une juge démocrate, la première élection depuis son retour à la Maison-Blanche ; l’université de Harvard, l’une des plus prestigieuses du monde, lui tient tête ; les démocrates, avec Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez dont les meetings font le plein, commencent à relever la tête…

Mais c’est aussi dans l’opinion que commencent à se lever des vents contraires, y compris chez les électeurs républicains chez qui s’effrite la confiance. La semaine passée, le New York Times, d’après une agrégation de sondages, notait que sa cote de popularité était en baisse continue depuis son retour, passant de 52 % à 42 %. Il serait toutefois prématuré d’y voir les prémices de la chute de la maison Trump.

Ses décisions brutales en économie, sur la recherche, la science, l’éducation, sur l’environnement avec la négation du changement climatique, les relations internationales… vont continuer à encourager les forces réactionnaires et à défaire le monde, avec des dommages que l’on pressent déjà irréparables. Personne, pas même le président des États-Unis, n’est à l’abri du jugement des peuples. Sans doute, mais le plus tôt sera le mieux.

 

Comment Sébastien Cauet rend « service », le billet de Maurice Ulrich.



Il a l’air bien content de lui Sébastien Cauet, en photo sur la pleine page que lui consacre le Parisien pour son retour à l’antenne avec quatre heures d’émission par jour, de 7 heures à 11 heures sur Europe 2. Bien sûr. Mis en examen, pour viols et agressions sexuelles, il avait été écarté de la station NRJ il y a dix-huit mois.

« J’avais régulièrement des propositions, mais cette fois-ci, confie l’animateur, c’était le bon moment. Si je peux rendre service, je suis là. » Trop aimable. Dans le même immeuble, Jean-Marc Morandini, malgré deux condamnations en appel pour harcèlement sexuel et corruption de mineurs, est toujours présent sur CNews, qui appartient au groupe Bolloré.

Tout comme Europe 2, dont le dirigeant, Alain Liberty, ne voit pas où est le problème. « On a reçu une déferlante de témoignages d’amour sur les réseaux sociaux. Des dizaines de milliers de personnes se félicitent du retour de Cauet. Il y a quelques commentaires négatifs d’un petit microcosme parisien »… Et peut-être des plaignantes agressées, aussi ?

 

NOUVELLE « VIE AU RYTHME DES SAISONS »



Quand l’hiver sommeille, la nature s’éveille. Les paysans en sont dépendants, car elle rythme leurs activités tout au long de l’année. MARS, c’est la taille de la vigne et des semailles tardives « À la Sainte Colette, commence à chanter l’alouette, et à la Saint Benjamin le mauvais temps prend fin ». Semence des grandes fourragères d’AVRIL et préparation de la terre pour le maïs à semer. « En AVRIL, ne te découvre pas d’un fil, en MAI, fait ce qu’il te plaît. » MAI, dans les vignes commencent les travaux et les premières fenaisons ne sont pas de trop. « MAI, moi des fleurs, mois des pleurs ». JUIN, le maïs est sarclé, la vigne troussée et sulfatée, « la pluie de la Saint-Jean dure tout l’an. » JUILLET, deuxième coupe de fourrage, moissons et désherbage, en JUILLET, Saint-Antoine beau rempli cuves et tonneaux. » AOÛT, rentrée des moissons, corvées de dépicage et mois à écimer ; « pluie et tonnerre d’AOÛT promettent huile et vin partout. » SEPTEMBRE, premières récoltes du raisin, fumure et premiers labours des terrains. « Quand Saint-Vincent est clair et beau, il y a du vin comme de l’eau. » OCTOBRE, dernières vendanges de l’année, ramassage du maïs et cueillette des fruits faits. « L’automne en fleur annonce un hiver de rigueur. » NOVEMBRE, les labours s’achèvent, le blé d’automne se sème. « À la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine. » DÉCEMBRE, il faut entretenir le matériel agricole pour la saison à venir. « Si l’hiver ne fait pas son travail, au printemps il le fera voir. « JANVIER, entretien des bois, des haies, des chemins, des fossés. « Si le jour de l’an est beau, le mois d’août sera chaud. » FÉVRIER, corvée de bois pour se chauffer, passe-partout et hache sont utilisés. « C’est en FÉVRIER, que tout merle doit nicher. » Quand l’hiver touche à la fin, c’est le printemps qui revient. Les paysans continuent leurs occupations, de l’année nouvelle, au fil des saisons.

 

« Morts au travail : un scandale français », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



C’est l’un des trous noirs des données sociales en France. Personne ne peut fournir avec précision et exhaustivité le nombre de morts au travail pour une année donnée. Le même flou se retrouve lorsque l’on cherche le nombre de morts au travail par secteur d’activité et son évolution au cours du temps. Aucun travail de compilation des données disponibles en fonction du sexe, de l’âge ou du secteur géographique n’existe. Pourtant, même à partir des chiffres fragmentaires disponibles, on constate, sans surprise, que dans certaines branches le travail est plus dangereux, plus mortel que dans d’autres.

Mais mourir au travail n’est pas une fatalité. Si l’accident est toujours possible, il y a des raisons objectives qui peuvent expliquer son niveau de fréquence. Les syndicats, CGT en tête, pointent par exemple que l’augmentation du nombre de décès au travail est corrélée à la disparition des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail du fait des ordonnances Macron de 2017. On peut également évoquer le nombre ridiculement bas d’inspecteurs du travail et l’incroyable légèreté des peines infligées quand ils constatent que la sécurité des salariés n’est pas respectée. Quant aux donneurs d’ordres, eux, ils ne sont jamais inquiétés.

À l’inverse, au Royaume-Uni, en cas d’accident du travail, l’enquête judiciaire va chercher à déterminer les responsabilités de chacun des acteurs, y compris les donneurs d’ordres. Conséquence : les taux d’accidents y sont environ deux fois plus faibles qu’en France. Mais le plus extraordinaire est qu’en France près de 9 millions de travailleurs passent totalement sous les radars. Autoentrepreneurs, travailleurs de plateforme et même fonctionnaires… d’eux on ne sait rien ou presque. Si des statistiques existent, elles ne sont ni disponibles, ni accessibles au public.

Pourtant on se doute que les travailleurs ubérisés, qui livrent par tous les temps et qui prennent tous les risques pour aller toujours un peu plus vite et gagner un peu plus, sont, hélas, statistiquement davantage victimes d’accident. L’année dernière, déjà, l’Humanité avait pointé l’urgence qu’il y avait à correctement, scientifiquement, renseigner ce phénomène évitable. Une revendication toujours à l’ordre du jour.

 

« Donald Trump aura tout essayé, à la grâce de Dieu », le billet de Maurice Ulrich.



Directeur des rédactions du Parisien-Aujourd’hui en France, Nicolas Charbonneau, après quatre heures de cérémonie, de chants religieux, de défilés de cardinaux, de ferveur de millions, que dire, de centaines de millions de catholiques, voire de milliards de femmes et d’hommes de toutes religions, des forêts amazoniennes aux temples tibétains, a su voir « un moment de grâce » dans son éditorial : « L’image de ces deux hommes dans la tourmente du monde et le chaos de la guerre, assis sur deux chaises modestes, face à face, bien loin du bureau Ovale, les visages à moins de 50 centimètres l’un de l’autre, figure déjà parmi les photos qui feront l’histoire. »

Il s’agit bien sûr de Donald Trump et Volodymyr Zelensky. On n’a rien entendu, Nicolas Charbonneau le dit, mais « en cet instant on ne sait qui propose quoi, qui écoute ou qui confesse qui, mais il se joue peut-être ici quelque chose qui scelle l’avenir ». On ne sait rien, mais c’était « une forme aboutie de la diplomatie vaticane ». Et la preuve que Donald Trump aura tout essayé, à la grâce de Dieu.

 

dimanche 27 avril 2025

CONTINUONS LA CHAÎNE !



Partout en France, dans chaque province, du Nord au Sud, de l’Ouest en Est, de Paris à Lyon, de Marseille ou de Reims, existent des histoires de combat bien funestes. Que ce soit pour libérer son pays ou sa ville ou défendre son travail et son pain ; Des histoires de lutte à jamais indélébiles, gravées dans nos mémoires et sur des tableaux peints. Imprégnées dans le sol, dans notre terre, incrustées pour l’éternité dans nos veines par nos parents, nos grands-mères et grands-pères, à coup de sang et de la sueur humaine. Toutes ces luttes de la classe ouvrière ou bien toutes ces guerres, pour que, nous, aujourd’hui, soyons fiers d’avoir cette liberté qu’ils ont conquise naguère. N’oublions jamais nos racines qui viennent de ces vieux chênes. Non, n’oublions jamais nos racines, et ensemble, continuons la chaîne. Nous n’en avons pas fini !

 

samedi 26 avril 2025

« L’apôtre de Lampedusa », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité Magazine.



Son premier bain de foule fut pour la petite île italienne dont le nom est devenu synonyme du drame des migrants péris en mer. C’était en 2013, à Lampedusa. Le symbole d’un pontificat qui vient de s’achever par la mort de François, le lundi de Pâques. Son dernier voyage officiel remonte à décembre, en Corse. La Méditerranée, encore. Cette « mare nostrum » qu’il disait devenue « mare mortuum », nécropole des déshérités morts d’avoir rêvé d’une vie meilleure.

Tout au long de ses douze années à la tête de l’Église catholique, François n’a cessé de plaider contre « la mondialisation de l’indifférence » et pour la tolérance. Et de ramer contre le courant nauséabond des idées xénophobes qui déferlent, de l’Amérique à l’Inde en passant par l’Europe. Au point d’indisposer fortement ceux qui se réclament de la même foi, et qui reprochent à Jorge Mario Bergoglio, de son vrai nom, de trahir les « racines chrétiennes » de l’Occident. « Je ne suis pas d’accord avec lui et je considère d’ailleurs que le pape n’a pas à se mêler de politique », avait cinglé Marion Maréchal, à l’occasion de la venue du souverain pontife sur l’île de Beauté. Un comble, de la part de celle qui a fait de la religion un critère discriminant de sa politique. En février, François s’était opposé par courrier à la politique migratoire de Donald Trump, accusée d’attenter à la dignité humaine. En 2023, Emmanuel Macron lui-même avait refusé de faire pénitence, après les propos du saint-père, en visite à Marseille. « La Méditerranée, berceau de la civilisation, devient tombeau de la dignité. Ce sont les cris étouffés des frères et sœurs migrants », avait tancé le pape dans la cité phocéenne, comme un désaveu de la politique inhumaine de son hôte envers les exilés. La France n’a « pas à rougir » de sa politique d’accueil et d’intégration, avait rétorqué ce dernier.

Son engagement pour les pauvres et les migrants, inséparable de son combat pour la paix à Gaza, en Ukraine et ailleurs, et pour la préservation de la planète, faisait de François une personnalité de rassemblement des bonnes volontés par-delà les convictions religieuses. Sa conscience et sa constance manquent déjà à tous les vrais humanistes, croyants ou non, qui refusent que la misère et la souffrance soient une fatalité. En cela, l’homme de foi servait une cause séculière, politique au sens le plus noble, car non seulement motivée par la générosité – ce qui aurait déjà suffi à son honneur – mais aussi par une conscience aiguë des réalités et des évolutions du monde : il était un pape moderne, qui agissait en réformateur.

Rendre hommage à sa constance, à son courage aussi – celui d’avoir bousculé les dogmes sur l’homosexualité, sur la place des femmes et sur les violences sexuelles dans l’Église – ne fait pas pour autant de l’apôtre de Lampedusa un saint, au sens laïc s’entend. Ses positions rétrogrades contre l’IVG pratiquées par des médecins comparés à des « tueurs à gages », ou contre une prétendue « idéologie du genre » trouvaient des échos dans les milieux les plus réactionnaires. Héritier d’une curie ultraconservatrice, avec Jean-Paul II et Benoît XVI pour prédécesseurs, on retiendra que François a d’abord choisi ses ruptures. La guerre pour sa succession s’ouvre, et rien ne prédit que le prochain pape s’inscrira dans ses pas. Certes, François a désigné la plupart des cardinaux électeurs, mais son héritage divise. Les catholiques intégristes veulent tourner la page. Gagner l’appui du Vatican, ou au moins le neutraliser, serait un acquis de poids pour l’extrême droite qui menace nos démocraties.

jeudi 24 avril 2025

MILLE VISAGES !



Il ouvrira sa porte quand tu l’appelleras Jour ou nuit peu importe, il te tendra les bras. Il tracera des routes que tu n’as jamais prises. Il pensera tes doutes des longues journées grises. Tu gouteras des mondes que tes rêves connaissent, emporté par des ondes semblables à des caresses. Tu toucheras les notes à portée de ton cœur pour casser les menottes infligées par tes peurs. Il te dira des mots que tu n’oses pas dire. Il sera le héros que tu veux devenir. Il te réveillera, frappera ta conscience et il t’invitera à plus de vigilance. Tu l’oublieras parfois perdu dans les méandres d’une vie coup de vent qui ne veut rien entendre, puis un jour son regard croisera tes silences. Il sera toujours là malgré ta longue absence. Il n’a comme richesse que son art dérisoire mais il donne sans cesse des rêves et des histoires. Tu penseras souvent qu’il est à ton image,  il est d’un autre temps, il a mille visages.

 

« La machination judiciaire contre Pinar Selek est sans fin et sans fondement », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Tiens bon Pinar ! La sociologue et écrivaine Pinar Selek doit affronter, ce vendredi 25 avril, la cinquième audience de son cinquième procès qui se tient à Istanbul. À moins que la justice de son pays d’origine aux ordres de celui qui se rêve en sultan de la Turquie décide de reporter une nouvelle fois sa décision au prétexte que la prévenue est absente. Réfugiée politique en France, elle a mille fois raison de ne pas fouler le sol turc, au risque de finir sa vie derrière les barreaux.

Pinar Selek est innocente. La machination judiciaire dont elle est victime depuis plus d’un quart de siècle est un cauchemar, ses procès sans fin sans fondement. Le dossier d’accusation est une infâme cabale pour étouffer la pensée et brimer les écrits de cette brillante chercheuse dont le seul tort est d’être une voix libre, féministe et antimilitariste, attachée aux droits fondamentaux et au respect des minorités dans un pays que le président Recep Tayyip Erdogan rêve d’assujettir.

L’universitaire reconnue par ses pairs, soutenue par de nombreuses personnalités ulcérées par le despotisme erdoganiste, a été arrêtée en 1998, torturée afin qu’elle livre l’identité des enquêtés qu’elle avait interviewés dans le cadre de ses recherches. En vain. Puis on lui a imputé un sinistre attentat dont il est de notoriété publique qu’il s’agissait d’un accident. Contrainte par la réalité des faits, la justice l’a d’ailleurs acquittée à quatre reprises en 2006, 2008, 2011 et 2014. Mais elle ne désarme pas, poursuit son entreprise d’anéantissement de l’opposition.

En Turquie, le climat est des plus inquiétants. Depuis l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le 19 mars 2025, le pays connaît une vague de détentions arbitraires dont l’objectif est de museler quiconque manifeste contre la dérive dictatoriale du chef de l’État. La France ne peut rester muette face à cette répression dont Pinar Selek est également une victime. Notre concitoyenne doit être définitivement acquittée. Dernièrement, elle nous confiait que cet acharnement avait pour but de la « fatiguer. De fatiguer mes soutiens. De fatiguer les journalistes ». Non, nous ne nous fatiguerons jamais de réclamer justice. Tiens bon Pinar, tiens bon !

 

« C’est clair », le billet de Maurice Ulrich.



Pour le président et directeur de l’Opinion, Nicolas Beytout, c’est clair : « Menace de grève à la SNCF : tous perdants », titrait-il son éditorial de mercredi. Les voyageurs, bien sûr, « impuissants », l’entreprise elle-même, qui au moment où elle change de PDG se trouve « en situation de fragilité structurelle », et même les salariés, qui, sciant les rails sur lesquels ils roulent, favoriseraient la concurrence.

Bien, mais un article va encore plus loin, qui pose une question : « Mais pourquoi donc les syndicats veulent-ils faire grève ? » Les syndicats, notons bien, les salariés eux-mêmes, on ne sait pas. Des primes pour le partage des bons résultats ? Cela, nous dit-on, « a déjà été discuté ». Une amélioration de la gestion des vacations pour les contrôleurs ? Mais « des avancées concrètes ont été faites ». Au total, les engagements pris ont été tenus, des recrutements ont eu lieu, une meilleure prise en compte de la pénibilité a été mise en place… C’est clair là aussi. Les « syndicats » n’ont aucune raison de faire grève, sauf emm… le monde. Et l’Opinion.

 

mercredi 23 avril 2025

« ArcelorMittal : le tonneau des Danaïdes », l’éditorial de Rosa Moussaoui dans l’Humanité.



Au cours de son audition à l’Assemblée nationale, le 22 janvier, le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, n’a rien dissimulé des intentions du géant de la sidérurgie. Tous les sites européens, prévenait-il, présentent « des risques de fermeture ». Pour justifier suppressions d’emplois, sous-investissement et fermetures de sites, le consortium invoque « un coût de l’énergie trop haut », « des baisses de débouchés en Europe » et la concurrence chinoise – alors que c’est l’Inde, le pays de M. Lakshmi Mittal, qui était l’an dernier le principal exportateur de fer et d’acier vers l’UE.

ArcelorMittal bénéficie pourtant en France d’un soutien exorbitant, avec 298 millions d’euros d’aides publiques perçues en 2023, dont 195 millions au titre de taux réduits sur les factures d’énergie, 41 millions d’euros d’allégements de cotisations sociales, 40 millions d’euros en crédit d’impôt recherche et 22 millions d’euros d’aides d’urgence. C’est sans compter les sommes faramineuses promises par l’État pour soutenir, à hauteur de 850 millions d’euros, son projet de production d’acier décarboné à Dunkerque, pour l’heure suspendu. Ces cadeaux empochés, le groupe envisage de délocaliser vers l’Inde, investit massivement aux États-Unis, regarde vers le Brésil.

En 2024, le bénéfice net de la multinationale est passé de 919 millions de dollars à 1,339 milliard de dollars. Ces dix dernières années, ArcelorMittal n’a payé en France que 190 millions d’euros d’impôt sur les sociétés. Quand les emplois sont broyés, les dividendes s’envolent.

À l’ombre des hauts-fourneaux éteints de Florange, les serments trahis de Nicolas Sarkozy et François Hollande ont fait prospérer l’extrême droite. Les promesses de « reconquête industrielle » d’Emmanuel Macron à Dunkerque ont déjà le même goût amer. Si ce secteur stratégique met en jeu la souveraineté, alors il faut en finir avec le tonneau des Danaïdes des aides publiques versées sans contrepartie, sans effet bénéfique sur l’emploi, l’investissement, la recherche, les territoires. Et puisque son avenir détermine celui d’autres filières industrielles, un seul choix s’impose : ce géant de l’acier doit être nationalisé.

 

" Pour Philippe de Villiers, le pape François livrait les vrais chrétiens aux lions ", le billet de Maurice Ulrich.



D’une manière générale, ce qui est excessif ne compte pas, dit-on, sauf quand dans son rôle de fou sortant du puy Philippe de Villiers, devenu l’un des chroniqueurs phares du JD News de Vincent Bolloré, semble exprimer tout haut ce que d’autres laissent entendre, comme Éric Zemmour : « Pour certains catholiques, ce fut une épreuve dans leur foi dans l’Église. »

Sur Europe 1, dans l’émission Pascal Praud et vous, l’ex-eurodéputé européen, après avoir feint la tristesse à propos de la mort du pape François, a dressé son acte d’accusation : « Il a toisé la France, il lui a montré du mépris à plusieurs reprises (…). Comme chef d’État, il voyait d’un bon œil l’islamisation de l’Europe (…). Comme chef d’Église, il a persécuté les chrétiens de la tradition de l’Église de notre enfance (…). C’était un pape woke, le pape des minorités, des périphéries, et quand vous allez chercher les périphéries et que vous négligez le noyau central, vous perdez tout. » C’était l’antéchrist. En d’autres temps, il aurait livré les vrais chrétiens aux lions.

 

« Stockage carbone : la consécration du business as usual », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Côté face, la réalité du réchauffement climatique, avec ses catastrophes en chaîne, ses conséquences sur la biodiversité et les populations, singulièrement les plus fragiles. Côté pile, l’arsenal des mesures et des outils à disposition des États pour en réduire les causes et en limiter les effets. Depuis des décennies, les scientifiques alertent, dessinent des trajectoires, fournissent des scénarios, affirment et réaffirment que seule une réduction drastique – et rapide – des émissions mondiales de CO2 permettra, à long terme, de stabiliser le climat et de sauver ce qui peut encore l’être.

La tâche est immense. Les objectifs fixés exigent de repenser les modes de production et de consommation. Ils nécessitent de stopper la course folle à l’extraction pétrolière et gazière. Mais le capitalisme financiarisé s’accroche à ses profits. Au détriment de l’environnement, porté par des politiques publiques à tout le moins peu soucieuses de l’enjeu quand elles ne sont pas résolument climatosceptiques, le business as usual, invariablement, fait figure de projet d’avenir.

Zélés, les lobbyistes des énergies fossiles et des industries polluantes ont mis les bouchées doubles. Partout, ils s’agitent en coulisses. Dans les allées des COP climat, dans les antichambres des ministères, dans les couloirs des parlements et jusque dans les rangs du Giec, ils prêchent un technosolutionnisme béat. Leur boîte à outils regorge de solutions « magiques » avec, en tête de gondole, l’option du stockage carbone. Exit, donc, la diminution des émissions, la transition énergétique de l’industrie, la sobriété.

Place à la captation directe des émanations industrielles et leur enfouissement sous la croûte terrestre. Le tout à grands coups de gros sous. Plus de 500 milliards d’euros de financements publics et privés, à l’échelle de l’Europe, d’ici à 2030. Une manne colossale, mise sur la table pour permettre aux industriels et aux pétroliers de ne rien changer. À quelques mois de la COP30, censée célébrer, à l’automne, les 10 ans de l’accord de Paris, demeure le goût amer d’une décennie perdue.

« François », le billet de Maurice Ulrich.



C’est une chose étrange que la mort de ce pape, avec le sentiment confus qu’un repère dans le chaos va peut-être manquer, quand bien même la lucidité est de mise sur l’IVG, la lenteur dans la reconnaissance de la pédophilie, la place des femmes dans l’église… Il n’y aura pas de femmes cardinales pour élire un nouveau pape. 

Mais on peut être, comme Prévert, « A comme absolument athée, T comme totalement athée » et penser que son influence spirituelle sur l’accueil des migrants, les inégalités, la paix, la Palestine, l’environnement pouvaient compter dans le monde.

La preuve en est la détestation de ses positions que l’extrême droite et les franges les plus réactionnaires de l’Église masquent bien mal aujourd’hui. Il avait pris le nom de François d’Assise qui avait fait le choix de l’absolue pauvreté. On pense à ce qu’écrivait Marx avant de dire que la religion était l’opium du peuple : « Elle est une expression de la détresse humaine et une protestation contre cette même détresse. L’âme d’un monde sans âme, l’esprit d’un monde sans esprit. »

mardi 22 avril 2025

« Ironie de l'Histoire : le pape des migrants meurt le jour où Emmanuel Macron va à Mayotte enterrer le droit du sol », l’éditorial de Lionel Venturini dans l’Humanité.



L’un avait voulu marquer l’entrée dans son pontificat en se rendant aussitôt à Lampedusa, point d’arrivée de migrants ayant survécu aux périlleuses traversées. L’autre avait, deux semaines après son investiture, ironisé sur le bateau mahorais, le kwassa-kwassa, « qui pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ».

Par une ironie dont l’Histoire a le secret, un pape, François, qui avait lancé en 2013 une couronne de fleurs à la mer devant l’île italienne pour commémorer les centaines de migrants venus d’Afrique, morts en tentant de traverser la Méditerranée, meurt le jour où Emmanuel Macron atterrit à Mayotte en ayant fait adopter définitivement par le Parlement, au début du mois, des restrictions sévères au droit du sol dans l’archipel, comme seule réponse au défi humain lié à l’immigration venue des Comores. Via un projet rêvé par l’extrême droite, porté par la droite et soutenu par son camp.

Le chef de l’État, qui entame un séjour de cinq jours dans l’océan Indien, vient à Mayotte « donner un coup d’accélérateur » à la reconstruction de l’archipel après le passage du cyclone Chido, avec un projet de loi de programmation pour sa « refondation ». Mayotte où déjà, quelques jours après le passage de Chido en décembre dernier, Emmanuel Macron tançait les habitants démunis avec un relent de colonialisme dans la voix : « Si c’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »

C’est peu dire que, sur la question des migrants, les deux hommes divergeaient. Une rencontre eut lieu à chacune des incursions papales sous la présidence Macron, « J’irai à Marseille, pas en France », avait insisté François en 2023, à l’invitation des évêques de la Méditerranée pour une rencontre dédiée à la protection des migrants. Il snoba la réouverture de Notre-Dame de Paris pour préférer parler de piété populaire en Corse, il y a quatre mois. François dénonçait régulièrement « l’indifférence » face aux naufrages, qui ont fait près de 32 000 disparus en Méditerranée depuis dix ans, selon l’Organisation internationale des migrations. Sans mépris.

 

samedi 19 avril 2025

« État palestinien : maintenant, vraiment », l’éditorial de Fabien Gay dans l’Humanité Magazine.



Dans l’avion qui le ramenait de son voyage diplomatique au Proche-Orient, Emmanuel Macron a déclaré vouloir reconnaître l’État de Palestine. Le « moment venu » plusieurs fois évoqué par le locataire de l’Élysée serait donc proche. La conférence internationale sur la Palestine, qui se tiendra au siège de l’ONU en juin, coorganisée par la France et l’Arabie saoudite, formaliserait cet acte de reconnaissance.

Grande victoire ! À l’Humanité, au sein du mouvement communiste et, au-delà, parmi tous les progressistes et démocrates attachés au droit international, cette reconnaissance par la France serait un événement. À l’été 2024, plusieurs États européens, entraînés par l’Espagne avaient reconnu l’État palestinien, soulignant d’autant le rendez-vous manqué de la diplomatie française. Aujourd’hui, si la déclaration présidentielle est un signe positif, il nous faut être attentifs à son contenu : une reconnaissance… mais sous conditions.

Emmanuel Macron émet même des contreparties qui douchent déjà notre espoir. En effet, le président de la République appelle les États du Golfe, dont l’Iran, à reconnaître l’État israélien. Or, il sait que cette position n’est pas acceptable en l’état. Les tensions entre Tel-Aviv et Téhéran sont vives, comme en témoignent les actes d’hostilité réciproques. Pourquoi poser une condition irréaliste comme postulat de départ ?

Nous pourrions croire qu’Emmanuel Macron prépare déjà l’argument de son impuissance, renvoyant son inaction à l’irresponsabilité des autres. S’il s’agit de faire des accords d’Abraham version 2, en amenant l’Arabie saoudite et le Koweït à une reconnaissance bilatérale avec les Israéliens mais sans perspectives pour les Palestiniens, cela serait vain. La crise actuelle l’a démontré : on ne peut dénier le droit inaliénable du peuple palestinien à exister. Mais si la diplomatie consiste à ouvrir des voies de dialogue, il y a aussi des actes forts qui sont possibles et qui envoient un signal aux autres. Reconnaître l’État de Palestine, en conformité avec les résolutions onusiennes, en fait partie.

Il n’est plus temps de tergiverser. L’heure est grave. Alors qu’il était à quelques kilomètres de Gaza, Emmanuel Macron a pu constater par la voix des secouristes français, l’horreur des bombardements israéliens à Gaza. Il sait aussi que le champ de ruines de cette bande de terre palestinienne est déjà le lieu de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, avec un risque génocidaire avéré et demain l’éventualité d’un nettoyage ethnique d’ampleur, avec le projet indécent et excentrique de Donald Trump d’en faire la Riviera du Proche-Orient. Ce projet immobilier, on le sait, consiste surtout à recoloniser Gaza quand la Cisjordanie serait, elle, littéralement annexée.

L’idée d’un projet national palestinien est en péril. Nous ne pouvons pas faire comme si les bombes tombaient du ciel sans commanditaire. La paix avec les Israéliens est une nécessité, mais il faut cesser de donner carte blanche au Premier ministre israélien, qui aurait dû être arrêté par les autorités françaises quand il a survolé le territoire national pour se rendre à Washington. Nombre de sanctions à disposition de la diplomatie française et européenne, comme l’accord d’association UE-Israël, peuvent également contribuer à faire pression sur Tel-Aviv pour qu’il cesse ses projets coloniaux.

Paris doit être du bon côté de l’histoire. La France a une voix qui porte et qui peut entraîner d’autres États, notamment en Europe. En parallèle des discussions diplomatiques, les forces populaires doivent faire résonner le message d’une France aux côtés des peuples et d’une paix juste et durable.

 

vendredi 18 avril 2025

UN MONDE !

 


Un monde !C’est un monde si linéaire et fébrile, qui prend la direction de l’exil, les belles rides creusant de profonds sillons et abîmant ces visages, reflets de ces vies difficiles. C’est un monde effrayant et terrifiant, un précipice, un abîme, sans aucune issue de secours, la finalité de la vie se révélant lentement, telle une irrévocable sentence. C’est un monde plein d’espoir, d’ardent désir, oublieux de la marche silencieuse et opiniâtre du temps, ce destin inévitable, si mystérieux, et déjà éventé par mille présages. C’est un monde serein et empreint de tant de frivolités, de cette douce insouciance à l’indépendance, du bonheur, si fragile, à l’attente, si stérile, de l’âge mûr en latence. C’est un monde qui change avec une pierre pour bâtir chaque édifice, qui en un brusque soubresaut, redevient poussière, un cadeau que l’on sait éphémère, que l’on voudrait éternel, qui, à jamais, ne restera qu’un frêle passage, laissant tout au plus, une imperceptible empreinte…

« Journalistes tués à Gaza : venez voir… », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



De la colère. C’est le premier mot qui vient face au silence observé à quelques exceptions près par les médias, dont ceux du service public, sur la manifestation de solidarité des journalistes, mercredi, à l’initiative de plusieurs de leurs syndicats, de Reporters sans frontières, de la Fédération internationale des journalistes.

Un millier d’entre elles et eux rassemblés, deux cents avec une chasuble portant le mot Press qui tombent sur les marches de l’Opéra Bastille, en plein Paris, à l’énoncé des noms de leurs confrères et consœurs de Gaza, tués dans des bombardements ou assassinés, ciblés en toute connaissance de cause, comme dans plusieurs cas précis, évoqués dans les interventions qui se sont succédé.

De la colère, teintée de mépris aussi pour celles ou ceux qui se sont prêtés à cette loi du silence. Car il faut bien se poser et poser des questions. À quel niveau, par qui, une telle décision a été prise ? Personne, dans les milieux de la presse, ne pouvait ignorer cette initiative.

On sait bien, avec des phrases justes, saluer la liberté de la presse, se réclamer de la carte de presse pour avoir accès aux informations que l’on cache, se mobiliser, pas toujours assez, quand des collègues sont pris en otage. Alors pourquoi l’omerta sur les journalistes de Gaza ? Il y a des silences qui touchent à la complicité. Deux cents journalistes palestiniens tués et il est des consœurs ou des confrères pour ne pas s’en émouvoir, ou bien des directives arrivent, qu’on accepte.

Il faut interdire aux journalistes d’y entrer. Tuer ceux qui y sont. Deux cents morts. « Venez voir le sang dans les rues », écrivait Pablo Neruda au moment de la guerre d’Espagne. Il y a dans ce pays même des hommes et des femmes, des responsables politiques ou des médias qui feignent de ne pas voir.

Ce n’est pas une question de corporatisme. Nous n’oublions pas plus de 50 000 morts. Mais précisément, fort de son pouvoir autoritaire, conforté par Donald Trump qui l’accueillait il y a quelques jours malgré le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, Benyamin Netanyahou, avec ses complices fascistes, ne veut pas que l’on voie ce qui se passe réellement à Gaza. Parce qu’à Gaza, on tue, on massacre, on affame.

 

« Pierre-Édouard Stérin et son sourire Colgate », le billet de Maurice Ulrich.



Il est en photo, à la une du Figaro Magazine. Dans la perspective, on aperçoit la basilique du Sacré-Cœur, dont on se souvient à propos qu’elle fut édifiée pour expier la Commune de Paris. L’hebdomadaire nous propose une « enquête sur un milliardaire catholique, libéral et conservateur, Pierre-Édouard Stérin, l’entrepreneur qui combat la gauche ». Et c’est Eugénie Bastié, sa rédactrice en chef adjointe, une « remueuse d’idées », nous dit-on qui dresse son portrait.

« Est-ce vraiment lui, dit-elle, le diable dont la gauche a si peur (…). Sourire Colgate, lunettes rectangulaires sans monture, (…) Pierre-Édouard Stérin a l’allure d’un bon père de famille catholique de province (…) d’une voix douce et posée, il déroule ses convictions sans hésitation avec une sincérité presque naïve. »

On peut lui donner le bon Dieu sans confession mais c’est, nous rappelle la remueuse d’idées, par l’Humanité qu’a commencé sa diabolisation avec la révélation de son projet baptisé « Périclès ». Rien d’autre qu’un dispositif à entrées et relais multiples destiné à tout faire pour que l’extrême droite arrive au pouvoir. Un problème ?

jeudi 17 avril 2025

« La crise diplomatique en cours ne sert ni la France, ni l’Algérie », l’éditorial de Rosa Moussaoui dans l’Humanité.



Jamais depuis la fin de la guerre d’indépendance en 1962 une crise diplomatique entre la France et l’Algérie n’avait atteint un tel paroxysme. Le seuil d’alerte est franchi, avec l’expulsion par Alger de 12 agents diplomatiques français et la réplique de Paris, qui fait de même et rappelle son ambassadeur. En décidant en toute désinvolture, le 30 juillet dernier, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental par une simple missive adressée à Mohammed VI, au mépris du droit international qui reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, Emmanuel Macron a allumé la mèche. L’injuste emprisonnement de l’écrivain Boualem Sansal et le refus des autorités algériennes d’accueillir des ressortissants frappés d’OQTF ont propagé l’incendie.

Soyons clairs : la relation entre les deux pays est prise au piège d’instrumentalisations obscures sur les deux rives de la Méditerranée. De ce côté-ci, la droite extrême et l’extrême droite se déchaînent, ressassent de vieilles haines recuites, rejouent la guerre d’Algérie en se vautrant dans une nostalgie colonialiste d’un autre âge. Leurs relais médiatiques soufflent sur les braises et poussent à l’affrontement, pour mieux désigner les Algériens de France et les Franco-Algériens comme des ennemis de l’intérieur, une cinquième colonne à combattre sans merci.

Place Beauvau, Bruno Retailleau, tout à ses ambitions présidentielles, orchestre cette détestable campagne. Dans sa mystique de Vendéen traditionaliste habité par une insurmontable obsession migratoire, l’Algérie doit être l’un de ces « cercles de feu » qui cerneraient la France. À l’Élysée, Emmanuel Macron tergiverse, jouant tout à tour la carte de l’apaisement puis celle des représailles. Au Quai d’Orsay, le malheureux Jean-Noël Barrot, récemment dépêché sans succès à Alger, ne sait plus sur quel pied danser.

Cette escalade doit être stoppée de toute urgence. Aucun des deux pays n’a intérêt à un tel conflit. Sur les plans économique, humain, culturel, les destins de la France et de l’Algérie sont inextricablement liés. L’enjeu est existentiel : il ne peut pas être laissé aux mains d’extrémistes, d’irresponsables dont les choix opportunistes ne servent ni le peuple algérien, ni le peuple français.

 

DERNIER VOYAGE !

Lui, le vrai combattant contre toutes les guerres, Lui le vieux militant, vient de se faire la paire.   Pour son dernier voyage, Ils étaie...