Jamais depuis
la fin de la guerre d’indépendance en 1962 une crise diplomatique entre la
France et l’Algérie n’avait atteint un tel paroxysme. Le seuil d’alerte est
franchi, avec l’expulsion par Alger de
12 agents diplomatiques français et la réplique de Paris, qui fait de même et rappelle son ambassadeur. En
décidant en toute désinvolture, le 30 juillet dernier, de reconnaître la
souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental par une simple missive
adressée à Mohammed VI, au mépris du droit international qui reconnaît le droit
à l’autodétermination du peuple sahraoui, Emmanuel Macron a allumé la mèche. L’injuste emprisonnement
de l’écrivain Boualem Sansal et le refus des autorités algériennes d’accueillir des ressortissants
frappés d’OQTF ont propagé l’incendie.
Soyons
clairs : la relation entre les deux pays est prise au piège
d’instrumentalisations obscures sur les deux rives de la Méditerranée. De ce
côté-ci, la droite extrême et l’extrême droite se déchaînent, ressassent de
vieilles haines recuites, rejouent la guerre
d’Algérie en se vautrant dans une nostalgie colonialiste d’un autre âge. Leurs relais médiatiques soufflent
sur les braises et poussent à l’affrontement, pour mieux désigner les Algériens
de France et les Franco-Algériens comme des ennemis de l’intérieur, une
cinquième colonne à combattre sans merci.
Place Beauvau, Bruno Retailleau, tout à
ses ambitions présidentielles, orchestre cette détestable campagne. Dans sa mystique de Vendéen
traditionaliste habité par une insurmontable obsession migratoire, l’Algérie
doit être l’un de ces « cercles de feu » qui cerneraient la
France. À l’Élysée, Emmanuel Macron tergiverse, jouant tout à tour la carte de
l’apaisement puis celle des représailles. Au Quai d’Orsay, le malheureux
Jean-Noël Barrot, récemment dépêché sans succès à Alger, ne sait plus sur quel
pied danser.
Cette escalade
doit être stoppée de toute urgence. Aucun des deux pays n’a intérêt à un tel
conflit. Sur les plans économique, humain, culturel, les destins de la France
et de l’Algérie sont inextricablement liés. L’enjeu est existentiel : il
ne peut pas être laissé aux mains d’extrémistes, d’irresponsables dont les
choix opportunistes ne servent ni le peuple algérien, ni le peuple français.
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