Tiens bon
Pinar ! La sociologue et
écrivaine Pinar Selek doit
affronter, ce vendredi 25 avril, la cinquième audience de son cinquième
procès qui se tient à Istanbul. À moins que la justice de son pays d’origine
aux ordres de celui qui se rêve en sultan de la Turquie décide de reporter une
nouvelle fois sa décision au prétexte que la prévenue est absente. Réfugiée
politique en France, elle a mille fois raison de ne pas fouler le sol turc, au
risque de finir sa vie derrière les barreaux.
Pinar Selek est
innocente. La machination judiciaire dont elle est victime depuis plus d’un
quart de siècle est un cauchemar, ses procès sans fin sans fondement. Le
dossier d’accusation est une infâme cabale pour étouffer la pensée et brimer
les écrits de cette brillante chercheuse dont le seul tort est d’être une voix
libre, féministe et antimilitariste, attachée aux droits fondamentaux et au
respect des minorités dans un pays que le président Recep Tayyip Erdogan
rêve d’assujettir.
L’universitaire
reconnue par ses pairs, soutenue par de nombreuses personnalités ulcérées par
le despotisme erdoganiste, a été arrêtée en 1998, torturée afin qu’elle livre
l’identité des enquêtés qu’elle avait interviewés dans le cadre de ses
recherches. En vain. Puis on lui a imputé un sinistre attentat dont il est
de notoriété publique qu’il s’agissait d’un accident. Contrainte par la réalité
des faits, la justice l’a d’ailleurs acquittée à quatre reprises en 2006, 2008,
2011 et 2014. Mais elle ne désarme pas, poursuit son entreprise
d’anéantissement de l’opposition.
En Turquie, le
climat est des plus inquiétants. Depuis l’arrestation du maire d’Istanbul,
Ekrem Imamoglu, le 19 mars 2025, le pays connaît une vague de détentions
arbitraires dont l’objectif est de museler quiconque manifeste contre la dérive
dictatoriale du chef de l’État. La France ne peut rester muette face à cette
répression dont Pinar Selek est également une victime. Notre concitoyenne doit
être définitivement acquittée. Dernièrement, elle nous confiait que cet
acharnement avait pour but de la « fatiguer. De fatiguer
mes soutiens. De fatiguer les journalistes ». Non, nous ne nous
fatiguerons jamais de réclamer justice. Tiens bon Pinar, tiens bon !
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