De la colère.
C’est le premier mot qui vient face au silence observé à quelques exceptions
près par les médias, dont ceux du service public, sur la manifestation de
solidarité des journalistes, mercredi, à l’initiative de plusieurs de leurs
syndicats, de Reporters sans frontières, de la Fédération internationale des
journalistes.
Un millier d’entre elles
et eux rassemblés, deux cents avec une chasuble portant le mot Press qui
tombent sur les marches de l’Opéra Bastille, en plein Paris, à l’énoncé des noms de leurs confrères et consœurs de
Gaza, tués dans des bombardements ou assassinés, ciblés en toute connaissance
de cause, comme dans plusieurs cas précis, évoqués dans les interventions qui
se sont succédé.
De la colère,
teintée de mépris aussi pour celles ou ceux qui se sont prêtés à cette loi du
silence. Car il faut bien se poser et poser des questions. À quel niveau, par
qui, une telle décision a été prise ? Personne, dans les milieux de la
presse, ne pouvait ignorer cette initiative.
On sait bien,
avec des phrases justes, saluer la liberté de la presse, se réclamer de la
carte de presse pour avoir accès aux informations que l’on cache, se mobiliser,
pas toujours assez, quand des collègues sont pris en otage. Alors pourquoi
l’omerta sur les journalistes de Gaza ? Il y a des silences qui touchent à
la complicité. Deux cents journalistes palestiniens tués et il est des
consœurs ou des confrères pour ne pas s’en émouvoir, ou bien des directives
arrivent, qu’on accepte.
Il faut
interdire aux journalistes d’y entrer. Tuer ceux qui y sont. Deux cents morts. « Venez voir le sang dans
les rues », écrivait Pablo Neruda au moment de la guerre d’Espagne. Il
y a dans ce pays même des hommes et des femmes, des responsables politiques ou
des médias qui feignent de ne pas voir.
Ce n’est pas
une question de corporatisme. Nous n’oublions pas plus de 50 000 morts.
Mais précisément, fort de son pouvoir autoritaire, conforté par Donald Trump
qui l’accueillait il y a quelques jours malgré le mandat d’arrêt de la
Cour pénale internationale, Benyamin Netanyahou, avec ses complices fascistes,
ne veut pas que l’on voie ce qui se passe réellement à Gaza. Parce qu’à Gaza,
on tue, on massacre, on affame.
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