jeudi 30 janvier 2025

« Jacquerie », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



À chacun ses héros. Bernard Arnault a trouvé les siens : Donald Trump et Elon Musk, égéries du fascisme 3.0. Le patron de LVMH s’est extasié lors de son récent séjour aux États-Unis des baisses d’impôts annoncées par le locataire de la Maison-Blanche. Alors, forcément, son retour à Paris a été une « douche froide », soutient-il. Pensez, l’exécutif envisage d’augmenter l’impôt sur les entreprises pour une durée d’un an, de sorte que le patronat participe, lui aussi, à renflouer les caisses publiques.

Un affront aux yeux de la première fortune de France, évaluée à 189 milliards d’euros. Voilà donc Bernard Arnault à la tête d’une jacquerie où l’on retrouve les directeurs généraux de Michelin, d’Air France KLM et consorts. L’argument massue de ces chantres du séparatisme des ultrariches vaut son pesant d’or : la France serait dépourvue d’attractivité et de compétitivité en raison de taxes, d’impôts, de normes qui tueraient le « made in France ». Comme si à Bercy et à Matignon, de dangereux gauchistes caresseraient l’idée d’une justice fiscale digne de ce nom.

Inspirés par les fédérations patronales d’outre-Rhin qui ont défilé le 29 janvier en faveur d’une réduction des « charges » administratives et des impôts, ainsi que d’une flexibilisation accrue du droit du travail, nos croisés en costard-cravate refusent de mettre la main au portefeuille qu’ils ont pourtant très gros. Une réaction de gosses gâtés et pourris à coups de niches fiscales, d’exonérations d’impôts, de suppression de l’ISF et d’enveloppes de deniers publics via le Crédit d’impôt recherche, comme ce fut le cas pour Michelin.

Leur indécence tutoie des sommets, à l’heure où 9 millions de Français survivent sous le seuil de pauvreté, où les inégalités explosent, à l’heure aussi où des millions de contribuables participent au juste financement des services publics.

L’élite des multimilliardaires menace de quitter le territoire ; c’est là un sordide chantage pour tordre le bras au politique. À la manière d’un Musk et de sa chasse aux fonctionnaires, Bernard Arnault rêve de « slasher la bureaucratie » française. Dit plus crûment, d’éradiquer les règles et les réglementations qui régissent un État au nom de l’intérêt général. Le libertarien Javier Milei, qui charcute l’Argentine à la tronçonneuse, n’aurait pas dit mieux.

« La plus con », le billet de Maurice Ulrich.



En 1927, une photo à Bruxelles du cinquième congrès scientifique Solvay, du nom du chimiste et industriel belge, mécène en 1911 de sa création, a été nommée « la plus intelligente » de l’histoire, avec 27 « cerveaux » présents, dont 17 étaient ou allaient devenir prix Nobel.

Les temps étant ce qu’ils étaient, une seule femme y est présente, avec deux prix Nobel à son actif. Marie Curie, au premier rang avec Einstein, Erwin Schrödinger, l’ami des chats à la fois morts et vivants, Max Planck, Paul Langevin, etc. En 2025, la chaîne BFM Business qui décerne tous les ans ses BFM Awards (ça veut dire prix mais c’est comme business, c’est mieux en anglais) à des acteurs et actrices du monde de l’économie et de l’entreprise qui se sont particulièrement distingués, publie la liste de ses lauréats dans le magazine Challenges avec leur photo les uns à côté des autres. Lauréats et lauréate. Une femme sur onze. De nos jours Avec BFM business, on a peut-être la photo la plus con de l’Histoire.

 

« Responsabilité », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Cela fait mal à écrire, mais rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt : la campagne d’entre-deux-tours de Louis Boyard pour la municipale partielle de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) a commencé par un mensonge dont on espère qu’il ne lui sera pas préjudiciable.

Contrairement à son affichage, la liste du député FI, arrivée en tête du premier tour, dimanche, n’a pas recherché loyalement les conditions d’une fusion avec l’autre liste de gauche (PCF, PS, écologistes), conduite par le communiste Daniel Henry, devancée de 176 voix. Fait révélateur, les discussions entre les deux équipes n’étaient pas achevées qu’un tract était déjà à l’imprimerie aux couleurs exclusives de Louis Boyard, à la tête de la même équipe qu’au premier tour.

Même si le procédé est peu loyal, le mal aurait été moindre si ce double discours n’avait eu pour effet que de berner les partis de gauche. Mais ce sont les électeurs qui se retrouvent floués, privés de la possibilité d’un rassemblement large, du fait du refus catégorique de la FI d’une représentation équitable de la liste de Daniel Henry.

À quelques jours du second tour, ce n’est pas le meilleur atout pour faire le plein des suffrages face à une droite qui n’a pas dit son dernier mot et reste majoritaire dans les urnes. Heureusement pour les Villeneuvois, celle-ci n’est pas parvenue à s’unir et maintiendra deux listes sur trois. La gauche peut, quant à elle, compter sur le choix de responsabilité de la liste de Daniel Henry, qui, après avoir cherché à réaliser l’unité avant même le premier tour, s’est retirée faute de partenaire pour un accord plutôt que de risquer la division des voix.

Mais ne nous leurrons pas : l’épisode de Villeneuve, qui prive de représentation près d’un électeur de gauche sur deux, laissera des traces. Certains rêvent à voix haute, à la FI, de jouer la même carte hégémonique en 2026 dans des villes qui ont été historiquement ou sont toujours dirigées par le PCF comme Saint-Denis, Stains, Aubervilliers, Bobigny, La Courneuve, Champigny-sur-Marne. Au mépris de l’enjeu primordial de battre la droite et l’extrême droite, qui exige sens de l’unité et de la responsabilité pour faire primer les intérêts populaires.

 

« Coïncidence », le billet de Maurice Ulrich.



Pour dire vrai, on n’y aurait jamais pensé mais Donald Trump l’a fait. Dès le 20 janvier, parmi tous les décrets signés dans les minutes qui ont suivi son investiture, il en a signé un baptisé « Promouvoir une belle architecture civique et fédérale », ordonnant que les futurs bâtiments publics recourent à une architecture « traditionnelle, régionale et classique » afin de redonner sa « noblesse » à la nation américaine.

Dans ce texte, le président demande à l’administration fédérale, en consultation avec les ministères et agences du pays, de soumettre « dans les soixante jours des recommandations » pour mettre en œuvre cette politique. Il y avait urgence à mettre un terme aux velléités des émules de Frank Gehry, Jean Nouvel, Zaha Hadid et autres architectes délirants, voire, comment dire, un brin dégénérés.

Déjà en 2020, Donald Trump avait signé un décret, annulé par Joe Biden après son élection, ordonnant la transformation ou la démolition des bâtiments non conformes. Toute ressemblance avec certaines périodes du XXe siècle ne serait pas une coïncidence.

mercredi 29 janvier 2025

UNE PHOTO RETROUVEE !

 


Deux ombres se dessinent sous la lumière. Le long d’un sentier de cailloux, la tête baissée, j’ai le bras tendu, main dans la main avec ce petit homme au regard triste. Ce chemin de terre sèche mène à cette maison perdue dans laquelle, nous avons vécu, quelques années avec ma petite sœur.

Octobre 1944 est encore lisible au dos de la photographie. Quand je la retourne, je vois mon grand-père paternel et moi. Lui à la fin de sa vie. Moi, au début de la mienne. En 1944, il y a 81 ans. J’ai, un peu plus de cinq ans.

La lumière qui éclaire la photographie dessine une fin de journée d’automne, au sortir de la guerre. Une belle après-midi aux couleurs chaudes. Le grand-père qui était venu nous voir exceptionnellement, sans doute nous avait-il proposé, une balade. Non loin de l’objectif, j’imagine maman qui rattrape Liliane, mon aînée de deux ans.

De ce petit-être qu’il retient du bout des doigts, je ne vois qu’un gamin maigrichon, affublé d’un short à bretelles, avec une chemise à carreaux, délavée, avec un col hirondelle (en pointe). De grosses chaussettes de laines portées dans des galoches, et un béret bien accroché sur la tête. Quelques mèches blondes s’en échappent. Sans oublier la grande écharpe qui fait trois fois le tour de mon cou. Grand-père tient ma petite main qui a disparu sous la sienne. On ne peut que la deviner.

Lui, est tout en couleur sombre. De son manteau kaki à ses chaussures noires. Sa casquette grise ombrageant à moitié ses yeux plissés. Sous le manteau, on aperçoit une écharpe, tout aussi sombre que sa tenue. Il n’a pas encore de canne, elle viendra sous peu…

Comme tous les hommes de ma famille, il n’est pas très grand. Une taille moyenne, aurait - on dit en ces temps. Comme mon père, que je n’ai pas connu, mais dont on aimait me rappeler le souvenir, il est très mince et très fier. Son regard grave est baissé. Il contemple le chemin sinueux, si attentif, trop attentif à notre marche, comme s’il voulait coordonner, le mieux possible mes pas hésitants, à la cadence des siens. Il a sa main droite dans la poche. Le poing gauche, qui me retient, qui me guide, porte une alliance au majeur.

Ses yeux plissés par la lumière et la vieillesse fixent les cailloux amoncelés sur notre chemin. Je m’attarde sur ce triste regard, inconsolable, que rien ne peut amoindrir.

Dans cette photographie, je tente de me représenter l’homme qu’on m’a toujours décrit, tout en prestance. J’essaye de faire correspondre son physique de jeune premier sur des clichés antérieurs à cet homme qui marche, le regard vague et perdu, le visage crispé. Sur ces clichés, bien trop vieillis, je les revois, tous les deux, assis dans leur modeste demeure. Lui enfoncé dans un fauteuil, fumant sa pipe, elle toujours à ses côtés, en train de lire, un demi-sourire sur son visage.

Mais cette image est maintenant balayée par cette photographie où nous marchons, tous les deux. Par cette photographie, où, malgré ma présence, une grande solitude emplit l’air. Si je suis là, à ses côtés, il est déjà seul.

Son regard fixe sur un ailleurs dont je ne ferai jamais partie. Peut-être parce que je suis trop petit et lui trop vieux. Il n’y a aucun égoïsme dans ce regard fuyant. L’affection est là, profonde, mais elle ne suffit plus.

L’enfant qui se dessine sur le papier, éclairé par cette lumière de fin d’après-midi, ne comprend pas encore ce mutisme des grands, réponse à la douleur de l’absence. Ce visage émacié er ridé, encore beau, porte en lui toute une histoire. Dans ses yeux perdus je retrouve le récit de toute une vie : les belles années passées, la guerre, la mort de son fils, mon père, leur petite maison, puis la solitude…

Il avait survécu à tout, sauf à son fils. Il le rejoindra deux années plus tard.

Je n’ai aucun souvenir de cette marche. J’aurais aimé vouloir avoir la force de retenir cet instant dans ma mémoire, avant qu’il ne s’effile. Cette journée chatoyante a cependant survécu à nos deux mémoires. Juste le temps d’une prise de vue dans l’angle d’un Kodak.

 

« François Bayrou et la « submersion migratoire » : le masque tombe », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Depuis des années, François Bayrou essaye de nous vendre l’image du sage, soucieux de rassembler, de réconcilier. Il joue volontiers de sa voix au timbre doucereux pour donner le sentiment confortable de l’honnête homme bardé d’un bon sens paysan. Mais, désormais, le masque tombe et le premier ministre apparaît pour ce qu’il est : un homme de droite tant sur le plan économique que sociétal, prêt à lâcher les valeurs humanistes qu’il prétendait défendre.

Lundi, sur le plateau de LCI, en utilisant le champ lexical et idéologique de l’extrême droite pour parler de l’immigration, François Bayrou a montré sa vraie nature. Non, la France n’est pas menacée de « submersion migratoire ». Dire cela, c’est accréditer le mensonge que la France serait menacée par des hordes de migrants en provenance des pays du Sud. C’est valider le dangereux délire qui dénie à nos compatriotes issus de vagues migratoires anciennes le fait d’être des Français. Sa tentative de justification devant la représentation nationale en expliquant que « les préjugés sont nourris par le réel » est révélatrice. Le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie ne sont pas « nourris par le réel ». Les préjugés sont nourris, cultivés par les fantasmes et les discours de haine. Le réel est l’antidote aux préjugés. Penser comme François Bayrou, c’est la porte ouverte au pire.

Le chef du gouvernement n’a pas dérapé. Il a une vision réactionnaire de la France et de la société parfaitement adaptable aux desiderata du RN. Il était, entre autres, contre le Pacs et le mariage pour tous, contre la création d’un délit d’entrave à l’IVG. Sans oublier son opposition à la loi Gayssot, du nom de son initiateur, le député communiste Jean-Claude Gayssot, qui fait de la négation ou de la minimisation des « crimes contre l’humanité » un délit.

Cette loi a permis la condamnation de Jean-Marie Le Pen en 1997, après qu’il a qualifié la Shoah de « point de détail de l’histoire ». C’est sans doute pour cela que François Bayrou a accepté de répondre sans sourciller à la question indigne du journaliste de LCI Darius Rochebin : « Un jour, des ministres RN peuvent-ils siéger dans un gouvernement d’union ? Je rappelle que François Mitterrand l’a fait avec les communistes. » Une question sur mesure pour épaissir encore le brouillard du confusionnisme et banaliser une politique déjà largement RN-compatible.

« Seule », le billet de Maurice Ulrich.



Elle a du punch, Christelle Morançais, la présidente de la région Pays de la Loire. Si, si, c’est le Point qui le dit sur quatre pages ouvertes par sa photo avec des gants de boxe. C’est qu’elle boxe comme Édouard Philippe, dont elle est proche, cette « brune sculpturale qui a le goût des bonnes choses et des vins fins ». Son combat, la « gabegie publique », en d’autres termes les subventions aux associations sportives et culturelles, qu’elle a réduites de 70 %.

Une « guerrière », dit l’hebdomadaire, « un peu punk sur les bords qui s’est affichée à l’été 2023 au Hellfest, festival de musique metal, avec le maire LR de La Baule ». Presque une rebelle. En tout cas, « une forte tête capable d’expliquer qu’Elon Musk a bien raison de vouloir tailler dans l’administration ». Incomprise aussi.

On a entendu des lycéens scander « la jeunesse emmerde Christelle Morançais ». Mais les soutiens affluent : François Fillon, Michel Barnier, David Lisnard, Michel-Édouard Leclerc, le président du Medef… « Elle a été très seule », dit un de ses proches. On voit ça.

 

lundi 27 janvier 2025

« Néonicotinoïdes, pulvérisations aériennes de pesticides, méga-bassines… Le grand bond en arrière », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



On connaît la chanson. « Libérer » les agriculteurs, « lever les contraintes à l’exercice du métier », regagner en « compétitivité », en « souveraineté »… La partition n’est pas nouvelle, mais elle est inaudible. À l’heure où jamais les connaissances scientifiques n’ont été à ce point abouties qui documentent les effets dévastateurs du réchauffement climatiques et de l’effondrement de la biodiversité, la droite française opte pour le grand bond en arrière.

En posant sur la table du Sénat une proposition de loi qui acte la réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, la réautorisation des pulvérisations aériennes de pesticides et de fongicides, le retour en force des méga-bassines, l’agrandissement des exploitations agricoles et l’abaissement des missions des agents de l’Office français de la biodiversité, Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste) agissent à rebours de l’histoire et obèrent l’avenir de ceux qu’ils prétendent défendre.

La crise agricole ne se réglera pas à coups de recul sur les normes environnementales. En donnant quitus à la FNSEA – dont les revendications sont largement reprises dans cette proposition de loi –, la droite sénatoriale entend redonner du souffle à une profession en grande détresse. C’est soigner un mal profond en se trompant de remède. Vivre dignement du travail de la terre ne se fera pas en gavant les cultures d’intrants chimiques toxiques qui détruisent les sols, rendent malades les paysans et les consommateurs.

Mais en contraignant les marges de la grande distribution et des intermédiaires. Lutter contre le dumping social et la concurrence déloyale ne se fera en captant l’eau des nappes phréatiques au bénéfice unique de quelques gros exploitants. Mais en refusant le libre-échange et ses traités.

Chaque année dans le monde, 500 000 personnes meurent prématurément du fait de « la perte de consommation d’aliments sains et des maladies associées », imputables directement à l’effondrement des pollinisateurs, révélait en 2022 une étude de l’Institut national américain des sciences de la santé environnementale. La protection de ces insectes est une question de santé publique. Leur destruction est criminelle.

 

« Mémoire », le billet de Maurice Ulrich.



« La mémoire et les fractures ». Dans le Figaro de lundi 27 janvier, Étienne de Montety, directeur adjoint de la rédaction et directeur du Figaro littéraire, titrait ainsi son éditorial consacré aux 80 ans de la libération d’Auschwitz. « Livres, films, documentaires, conférences, les témoins n’ont pas ménagé leur peine ; les associations, l’éducation nationale ont pris le relais. Chacun espérait que la mémoire, alliée à la pédagogie, suffirait à éloigner le spectre de la barbarie. »

Sans doute, mais Étienne de Montety, qui connaît le sens des mots, est d’une ignorance historique crasse ou il a été lui-même victime d’une fracture de la mémoire. Il y a quatre-vingts ans, écrit-il dès sa première phrase, « les armées alliées entraient dans le camp d’Auschwitz-Birkenau ». Les armées alliées ? C’est donc si difficile de dire, quoi que l’on en pense, « l’Armée rouge », « les Soviétiques ». Ou c’est une vérité alternative, à l’américaine. On saura bientôt que ce sont les GI qui en plus de débarquer en Normandie en mâchant leur chewing-gum ont battu les nazis à Stalingrad, avec un petit commando français.

 

dimanche 26 janvier 2025

« Auschwitz : l’écho de leur voix », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.



N’oublions jamais ce que l’humanité n’a pu empêcher. Il y a quatre-vingts ans jour pour jour, l’Armée rouge franchissait les barbelés du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau. La monstruosité de cette industrie de mort et de déshumanisation se dévoile alors au monde. Ici ont été assassinés, entre 1940 et 1945, au moins 1,1 million d’hommes, de femmes et d’enfants, principalement juifs.

Auschwitz est devenu le symbole des six millions de victimes des camps de la mort, où furent déportés juifs, homosexuels, tziganes, communistes, résistants. Comme furent exterminées par l’eugénisme nazi 70 000 personnes handicapées. Si l’horreur documentée à la libération des camps n’en finira jamais de hanter la conscience humaine, c’est qu’elle dit ce que l’homme peut faire à l’homme.

Les rescapés ont parlé, écrit, malgré le caractère indicible de cette plongée en enfer. Les écouter ou les lire impose de ne pas détourner le regard devant l’abîme de souffrances, proprement insoutenables. Bientôt, ils ne seront plus. Ce sera aux autres générations de faire vivre ce travail de mémoire, tant le négationnisme n’a rien de résiduel. Ce crime contre la vérité demeure la colonne vertébrale de l’extrême droite française. Les hommages récents à celui qui qualifia les chambres à gaz de « détail de l’histoire » en sont la preuve implacable.

Cette journée de commémoration jette une lumière crue sur notre époque. Aucun discours politique ne sera prononcé aujourd’hui à Auschwitz. Sage décision que de laisser la parole aux survivants devant l’inquiétant aréopage des dirigeants actuels. La voix des derniers témoins de la Shoah porte la mise en garde la plus forte contre cette passion triste, qui gagne du terrain partout dans le monde, à pratiquer l’exclusion, l’humiliation, la haine et le génocide.

Aurait-on imaginé, il y a encore dix ans, que les deux dirigeants des principaux États concernés au premier chef par la libération des camps, Israël et la Russie, ne participent pas à cette commémoration, car ils sont poursuivis par la CPI pour « crime de guerre » et « crime contre l’humanité » ? Israël sera représenté. Ce ne sera pas le cas de la Russie, pas même par le biais d’une association des derniers témoins qui ont libéré Auschwitz.

« Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons », avait saisi si finement Paul Éluard. L’écho se heurte à toutes ces haines ordinaires, ces révisionnismes et obscurantismes religieux que décuple la percée de nouvelles formes de fascisme partout dans le monde.

Incombe aux progressistes une responsabilité majeure pour mener en toute clarté le combat contre l’antisémitisme, en se battant partout, tout le temps, pour l’égalité des droits, pour toutes, pour tous, quelle que soit leur nationalité ou religion. Marie-Claude Vaillant-Couturier avait confié comment au procès de Nuremberg, elle était passée lentement devant Göring en pensant : « Avec mes yeux, ce sont des millions de morts qui vous regardent ». Ils nous fixent toujours.

 

« Hello ? », le billet de Maurice Ulrich.



Aie ! Mais merci à nos lecteurs cinéphiles qui ont relevé la semaine passée, dans un billet consacré à Elon Musk citant le film de Stanley Kubrick Docteur Folamour, un amalgame entre trois personnages ramenés à celui qui tente de réprimer son salut nazi. Un raté de la mémoire.

Avec nos excuses. Pascal Praud en revanche, dans le Journal du dimanche, ne réprime rien et le bras agressivement tendu à deux reprises de l’hypermilliardaire quasiment coprésident du pays le plus puissant du monde ne le trouble pas. Non, pour lui, c’est la folie qui « consume le camp du bien », lequel est « en croisade » : « Elon Musk tend le bras. Le voici présumé fasciste. » Il tend le bras, comme c’est joliment dit.

À peu de chose près comme s’il voulait juste nous faire « Hello ». Ne pas confondre. Et d’ailleurs, plus généralement, « Qu’est-ce que le Trumpisme, sinon un mouvement populiste et nationaliste qui entend redonner le pouvoir au peuple ? ». Avec treize milliardaires au pouvoir et un salut nazi. Pascal Praud devrait garder ses mains dans ses poches.

 

vendredi 24 janvier 2025

« Espoir et action », par Fabien Gay, directeur de l’Humanité.



Enfin. C’est un immense soulagement pour les Gazaouis. Après 465 jours d’intenses bombardements, de pluies de bombes et de feu, qui se sont abattus indistinctement sur des hôpitaux, des écoles, des bâtiments publics, des abris de fortune accueillant des réfugiés, le cessez-le-feu est entré en vigueur dimanche dernier.

Les otages israéliens comme des prisonniers politiques palestiniens vont retrouver leurs familles. C’est évidemment heureux car des familles entières, rongées par l’angoisse, espéraient le retour de leurs proches. Et maintenant ? Le 7 octobre 2023 sera un traumatisme à vie pour la société israélienne, qui aura vu 1 200 personnes périr dans une attaque terroriste sans précédent. Cette date aura aussi changé le paysage moyen-oriental.

Les Gazaouis, qui vivent un triple blocus depuis vingt ans, ont déjà connu plusieurs guerres. Elles n’ont jamais été aussi destructrices, puisque l’essentiel du territoire est dévasté. Les estimations sérieuses parlent de plus de 60 000 morts et près de 150 000 blessés graves, soit près de 3 % de la population. L’intention génocidaire est même étudiée pour qualifier ce carnage.

Les plaies, les haines, les meurtrissures seront longues à se refermer. Gaza est encore très loin de la paix et d’un État palestinien. Il faut donc tracer une perspective de paix longue et durable, pour qu’un État palestinien libre, viable et démocratique, coexiste aux côtés d’un État israélien.

L’accord qui vient d’être signé est fragile, comme en témoigne le cessez-le-feu entre le Liban et Israël, entré en vigueur fin novembre et difficilement respecté. Deux enjeux majeurs apparaissent. D’abord, un plan international doit organiser l’aide humanitaire pour stopper la famine à Gaza, mais aussi répondre à l’urgence sanitaire en soignant les blessés. La reconstruction des infrastructures nécessitera une coopération d’ampleur. Ensuite, l’autre enjeu réside dans la paix impossible sans justice.

Nous aurions tort de considérer l’intervention états-unienne comme une concession. Le spectre d’une Cisjordanie annexée par Israël avec l’appui de Washington serait un facteur inflammable, tout comme la continuité du blocus de Gaza. La paix n’adviendra qu’en reconnaissant le droit des Palestiniens, n’en déplaise à Trump, à l’extrême droite israélienne, qui veulent uniquement mettre le Moyen-Orient sous leur coupe. Les Palestiniens ne doivent pas être laissés seuls dans cette affaire. Il y va de la survie du droit international, qui ne peut pas être à géométrie variable.

Le « deux poids, deux mesures » concernant Israël doit cesser. Netanyahou et son cabinet de guerre, comme les dirigeants du Hamas qui sont encore en vie, doivent répondre devant la Cour internationale de justice de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les résolutions de l’ONU doivent s’appliquer, la colonisation prendre fin, le mur qui étouffe la Cisjordanie être abattu, et Jérusalem-Est devenir la capitale d’un État palestinien dans les frontières de 1967, seule condition viable pour permettre une paix véritable dans la région.

Pour cela, la France pourrait acter cette reconnaissance maintenant, rompant avec sa diplomatie atone. La probable libération de Marwan Barghouti est un signe d’espoir, tant le « Mandela palestinien » peut contribuer à fédérer les forces palestiniennes pour porter le projet national de libération. L’action diplomatique ne sera utile que si nos mobilisations populaires s’amplifient pour faire entendre l’exigence de justice et de paix. C’est la condition pour ne plus vivre de traumatisme comme le 7 octobre.

 

« Devoir conjugal ? », le billet de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



La décision sonne comme un soulagement pour toutes les femmes. Et un appel à combattre ce patriarcat qui hante nos textes de loi. Ce jeudi, la Cour européenne des droits de l’homme a donné raison à une Française de 69 ans dont le mari avait obtenu le divorce aux torts exclusifs de son épouse, au motif qu’elle avait cessé d’avoir des relations sexuelles avec lui depuis plusieurs années.

Une victoire fondamentale pour cette habitante des Yvelines qui s’était vu reprocher à deux reprises – devant la cour d’appel et la Cour de cassation – son manquement au « devoir conjugal ». Le tout en vertu d’une interprétation bien rétrograde du Code civil et du mariage.

L’attitude des deux juridictions françaises a de quoi inquiéter. Chacune d’elles n’a pas hésité à s’engouffrer dans les ambiguïtés de certains articles et de vieilles jurisprudences pour estimer, finalement, que la « communauté de vie » (art. 215 du Code civil) sous-entendait une communauté de lit. Pas gêner, apparemment, de véhiculer une vision archaïque et religieuse de la famille où les femmes doivent se soumettre à la volonté sexuelle de leur mari, leur déniant le droit au consentement et à disposer librement de leur corps. Cette approche juridique a été balayée par la CEDH qui, en condamnant la France, a rappelé l’évidence : « Tout acte sexuel non consenti est constitutif d’une forme de violence sexuelle. »

Cette bataille judiciaire appelle des évolutions législatives. Et à sortir, notamment, des ambiguïtés d’un Code civil rédigé il y a des décennies. Alors que près d’un viol sur deux est commis par le conjoint ou le concubin, il est inacceptable que des magistrats puissent, aujourd’hui encore, sous-entendre que le mariage implique une obligation de relations sexuelles entre époux. « Les droits des femmes ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Simone de Beauvoir savait mieux que quiconque combien le combat féministe était une lutte permanente, au plus intime de nos vies. Dans nos sociétés gangrenées par un patriarcat séculaire, cette lutte vient de marquer un point de plus.

jeudi 23 janvier 2025

« Dans la rue », le billet de Maurice Ulrich.



Macron avec nous. Alors que le gouvernement avait tenté le 16 janvier de faire passer un amendement au Sénat pour réduire de 34 millions d’euros un budget déjà coupé d’une centaine de millions d’euros, le mouvement sportif avait trouvé mercredi un allié de choix avec président de la République lui-même.

La proposition faisait passer le budget des sports de près de 900 millions d’euros en 2024 à environ 600 millions, suscitant l’émotion de nombreux athlètes et pratiquants, dont Teddy Riner ou Léon Marchand, signataires d’une tribune parue dans l’Équipe.

C’est dans le même quotidien sportif qu’Emmanuel Macron leur a apporté son soutien. « Il faut tenir nos engagements et mettre les moyens pour nos sportifs et pour que l’héritage des Jeux bénéficie à tous », a-t-il déclaré à quelques heures des vœux de bonne année au mouvement sportif au siège du Comité olympique et sportif français (CNOSF) en présence de la ministre des Sports, Marie Barsacq. Si jamais la proposition est maintenue et confirmée on va le retrouver dans la rue. « Bayrou, des sous. »

 

mercredi 22 janvier 2025

« Les coupes éclair dans le sport, un carnage », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Les mots sont forts, inédits sans doute, à l’image de cette mobilisation de tout ce que la France compte de champions et de médaillés. La crème du sport tricolore a pris la plume dans l’Équipe pour dénoncer le « désastre annoncé », le « sabotage du vivre-ensemble » qu’entraînera la baisse historique de 33 % du budget de l’État pour le sport. Les crédits de ce dernier ne pèsent que 0,2 % des dépenses de l’État, mais François Bayrou et ses ministres prévoient de les faire passer de 900 à 600 millions d’euros : un carnage.

Alors que l’enthousiasme né des JOP suscite les vocations d’une multitude de nouveaux pratiquants, la stupide autant que brutale politique du « turbo-rabot » – le néologisme en vogue pour décrire les coupes éclair du gouvernement Bayrou – menace d’effondrer le sport français. Parmi les plus de 400 signataires dans l’Équipe figurent les gloires de Paris 2024 : Teddy Riner, Alexis Lebrun, Florent Manaudou, Shirine Boukli, Marie Patouillet…

Elles ont été rejointes dans le Parisien-Aujourd’hui en France par plus de 5 000 personnalités et acteurs du monde sportif, dont l’ancienne ministre communiste Marie-George Buffet, la présidente du Comité paralympique et sportif français Marie-Amélie Le Fur, des responsables de fédérations, des élus locaux et de nombreux sportifs de haut niveau, à l’instar de Marie-José Pérec.

La ministre des Sports, Marie Barsacq, qui devait présenter ses vœux mercredi soir, marche sur des œufs. Si le gouvernement persiste dans ses coupes drastiques, le mouvement pourrait se transformer en grève des stades et des gymnases. De son côté, le Sénat a rejeté une ultime baisse de 34 millions d’euros. Mesurant la profondeur du malaise, Emmanuel Macron vient de donner raison aux sportifs et aux élus en paroles, ce qui ne coûte rien.

Ces acteurs ont pris confiance et espoir dans les retombées à long terme des JOP, lesquels ne se résument pas pour eux à une vitrine du prestige national. Surtout, les Jeux leur ont appris à « travailler main dans la main », comme l’observe l’un d’eux. Il sera désormais plus difficile pour l’exécutif de jouer les uns contre les autres. Dans le sport comme dans la lutte, la victoire est une affaire d’équipe.

 

« Deux saluts nazis ? Rien à voir », le billet de Maurice Ulrich.



On eut le sentiment que c’était un geste trop longtemps contenu. Dans Docteur Folamour, le film de Stanley Kubrick, le général américain paranoïaque que joue Peter Sellers, et qui entend raser l’Union soviétique par un bombardement nucléaire massif, doit régulièrement retenir le geste de son bras droit. Elon Musk ne l’a pas retenu et a même répété son salut nazi qui ne serait pas un salut nazi en ayant les apparences d’un salut nazi. Rien à voir avec son soutien apporté aux extrêmes droites anglaise et allemande

Peut-être était-ce juste un souvenir de son enfance et son adolescence dans l’Afrique du Sud de l’apartheid dont les idéologues ne cachaient pas leur inspiration nazie… Mais ne nous emballons pas. D’ailleurs certains journaux n’ont pas vu le geste ou n’ont pas jugé devoir en parler, comme le Parisien et les Échos. Rien à voir avec la présence à l’investiture de Trump qu’il connaît depuis quarante ans, de Bernard Arnault, propriétaire des deux journaux. Sinon, le général fou de Kubrick finit à califourchon sur sa bombe qui va exploser.

 

« Faire front contre le technofascisme », l’éditorial de Rosa Moussaoui dans l’Humanité.



La fréquentation du pire finit par faire sombrer les consciences les plus alertes dans une forme funeste de lassitude, de résignation passive. Déprimer pour mieux opprimer : voilà sans doute l’arme la plus redoutable des puissants décidés à enterrer tout projet égalitaire, prêts pour cela à débarrasser le capitalisme des oripeaux démocratiques dont il s’était un temps paré pour mieux asseoir sa domination sur le monde.

La prise de la Maison-Blanche par le duo Trump-Musk donne le signal de basculements aux répliques incalculables. Elle a été rendue possible par une sidérante coalition de milliardaires et d’électeurs tenus dans la relégation sociale, culturelle, économique, géographique. La clé de voûte de cette alliance cimente les chimères technologiques, transhumanistes entretenues par un système en crise et la promesse de protection, de préservation identitaire chère à l’extrême droite. L’avènement d’un nouvel âge des foules, où les réseaux sociaux allument des fièvres collectives propices à la désinformation, à toutes les manipulations, a fait le reste.

Toute technologie a deux versants : elle peut être mise au service de l’émancipation comme de la domination, de l’exploitation. Sur Internet, le mirage de l’horizontalité s’est hélas évanoui ; il laisse place au cauchemar d’une jungle où de grands monopoles contrôlent seuls les circuits par lesquels transite l’information, et les infrastructures d’utilité publique dont ils combattent la régulation.

Sortir de cette impasse implique de bâtir de nouvelles coalitions pour réhabiliter les principes d’égalité, de liberté, de fraternité, pour élargir les enclaves démocratiques qui restent, pour repenser une conception partagée du progrès humain, dans les contraintes imposées désormais par le chaos climatique et l’extinction de masse en cours. Cela ne pourra se faire par la seule grâce des réseaux sociaux et des échanges virtuels. Le futur se joue dans les luttes, dans les liens vivants qu’il nous appartient de renouer, loin des affects tristes où nous confine le capitalisme pulsionnel des magnats de la tech américaine.

 

« Michel Onfray et le paysage », le billet de Maurice Ulrich.



Est-ce encore utile de parler de Michel Onfray définitivement passé du côté droit de la force voire plus, choyé par Valeurs actuelles, le JDD de Vincent Bolloré et autres… Non. Mais on peut s’en amuser, tout de même. Le graphomane normand, qui vient de publier avec Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale – généralement considérée comme étant proche du Rassemblement national –, un livre d’entretiens, clame son goût de la vraie campagne.

Lui qui a vécu nous rappelle, en lui cirant les sabots, un article du Figaro Magazine, « dans ce qui fut un paysage de bocage et d’élevage près d’Argentan ». Et il les aime ces paysages et ceux qui en prennent soin, modestes et dévoués : « J’ai toujours admiré ces paysans qui entretiennent nos paysages, ils me font penser à ces propriétaires de châteaux qui s’efforcent avec peine de les maintenir en vie. »

C’est tellement idyllique. Même la comtesse de Ségur n’avait pas pensé à ça. « Le paysan et l’aristo », conclut l’auteur de l’article : « Les derniers hommes à comprendre la terre parce qu’ils l’aiment. »

 

mardi 21 janvier 2025

« Trump : diviser pour mieux régner », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Sans doute la date restera-t-elle dans les annales de notre histoire moderne. Ce 20 janvier 2025, Donald Trump a repris, officiellement, ses quartiers dans le bureau Ovale. Le voilà donc investi 47e président élu des États-Unis, le plus sulfureux de tous, réactionnaire en chef d’un escadron mondial de dirigeants extrême droitisés.

Celui qui s’apprête à parapher dès les premières heures de son mandat une centaine de décrets va taper fort, dans toutes les directions et avec « une rapidité historique », a-t-il déclaré dimanche 19 janvier, devant ses partisans survoltés. Économie, immigration, climat, sur chaque dossier Trump posera son empreinte, avec une stratégie : diviser pour mieux régner.

Diviser le peuple des États-Unis d’abord, en dressant les riches contre les pauvres, les Blancs contre les minorités, les hommes contre les femmes. Diviser le monde, aussi, armé du glaive de la première puissance économique. Renégociation des droits de douane, accords de libre-échange, partenariats bilatéraux, le dollar américain promet de devenir, encore plus qu’il ne l’était déjà, l’arbitre du capitalisme financiarisé.

En 2024, nous apprend l’ONG Oxfam, la richesse des milliardaires de ce monde a augmenté de 2 000 milliards de dollars. Trump est de ceux-là. Obsédé par le business et par le profit, le mâle alpha de l’Amérique entend asseoir le règne d’écrasants monopoles privés – outrageusement incarnés par Elon Musk –, contre lesquels les États semblent démunis

Face à cette déferlante, le camp du progrès va devoir s’organiser, faire front contre l’offensive expansionniste et le repli identitaire prêchés par Trump et par ses supplétifs. « Tout ce qu’il fait est transactionnel, brutal et de court terme », résumait récemment le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz, qui entrevoit l’avènement de « la loi de la jungle ».

Un scénario de chaos, dont l’histoire nous a maintes fois enseigné la conséquence première : le creusement abyssal des inégalités sociales, la négation des droits humains, le pillage des ressources naturelles. Le retour de Trump aux affaires n’est pas une question nationale. Il nous concerne tous, convoque notre vigilance. Personne ne peut rester spectateur du désastre qui vient.

 

DERNIER VOYAGE !

Lui, le vrai combattant contre toutes les guerres, Lui le vieux militant, vient de se faire la paire.   Pour son dernier voyage, Ils étaie...