On connaît la chanson. « Libérer » les
agriculteurs, « lever les contraintes à l’exercice du
métier », regagner en « compétitivité »,
en « souveraineté »… La partition n’est pas nouvelle,
mais elle est inaudible. À l’heure où jamais les connaissances scientifiques
n’ont été à ce point abouties qui documentent les effets dévastateurs du
réchauffement climatiques et de l’effondrement de la biodiversité, la droite
française opte pour le grand bond en arrière.
En posant sur la table du Sénat une proposition de loi qui acte la réintroduction des
néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, la réautorisation des pulvérisations aériennes de pesticides et de
fongicides, le retour en force des méga-bassines, l’agrandissement des exploitations
agricoles et l’abaissement des missions des agents de l’Office français de la
biodiversité, Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste)
agissent à rebours de l’histoire et obèrent l’avenir de ceux qu’ils prétendent
défendre.
La crise agricole ne se réglera pas à coups de recul sur les normes
environnementales. En donnant quitus à la FNSEA – dont les revendications
sont largement reprises dans cette proposition de loi –, la droite sénatoriale
entend redonner du souffle à une profession en grande détresse. C’est soigner
un mal profond en se trompant de remède. Vivre dignement du travail de la terre
ne se fera pas en gavant les cultures d’intrants chimiques toxiques qui
détruisent les sols, rendent malades les paysans et les consommateurs.
Mais en contraignant les marges de la grande distribution et des
intermédiaires. Lutter contre le dumping social et la concurrence déloyale ne
se fera en captant l’eau des nappes phréatiques au bénéfice unique de quelques
gros exploitants. Mais en refusant le libre-échange et ses traités.
Chaque année dans le monde, 500 000 personnes meurent prématurément du
fait de « la perte de consommation d’aliments sains et des
maladies associées », imputables directement à l’effondrement des
pollinisateurs, révélait en 2022 une étude de l’Institut national américain des
sciences de la santé environnementale. La protection de ces insectes est une
question de santé publique. Leur destruction est criminelle.
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