lundi 27 janvier 2025

« Néonicotinoïdes, pulvérisations aériennes de pesticides, méga-bassines… Le grand bond en arrière », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



On connaît la chanson. « Libérer » les agriculteurs, « lever les contraintes à l’exercice du métier », regagner en « compétitivité », en « souveraineté »… La partition n’est pas nouvelle, mais elle est inaudible. À l’heure où jamais les connaissances scientifiques n’ont été à ce point abouties qui documentent les effets dévastateurs du réchauffement climatiques et de l’effondrement de la biodiversité, la droite française opte pour le grand bond en arrière.

En posant sur la table du Sénat une proposition de loi qui acte la réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, la réautorisation des pulvérisations aériennes de pesticides et de fongicides, le retour en force des méga-bassines, l’agrandissement des exploitations agricoles et l’abaissement des missions des agents de l’Office français de la biodiversité, Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste) agissent à rebours de l’histoire et obèrent l’avenir de ceux qu’ils prétendent défendre.

La crise agricole ne se réglera pas à coups de recul sur les normes environnementales. En donnant quitus à la FNSEA – dont les revendications sont largement reprises dans cette proposition de loi –, la droite sénatoriale entend redonner du souffle à une profession en grande détresse. C’est soigner un mal profond en se trompant de remède. Vivre dignement du travail de la terre ne se fera pas en gavant les cultures d’intrants chimiques toxiques qui détruisent les sols, rendent malades les paysans et les consommateurs.

Mais en contraignant les marges de la grande distribution et des intermédiaires. Lutter contre le dumping social et la concurrence déloyale ne se fera en captant l’eau des nappes phréatiques au bénéfice unique de quelques gros exploitants. Mais en refusant le libre-échange et ses traités.

Chaque année dans le monde, 500 000 personnes meurent prématurément du fait de « la perte de consommation d’aliments sains et des maladies associées », imputables directement à l’effondrement des pollinisateurs, révélait en 2022 une étude de l’Institut national américain des sciences de la santé environnementale. La protection de ces insectes est une question de santé publique. Leur destruction est criminelle.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

COMPAGNONS !

Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...