Depuis des
années, François Bayrou essaye de nous vendre l’image du sage, soucieux de
rassembler, de réconcilier. Il joue volontiers de sa voix au timbre doucereux
pour donner le sentiment confortable de l’honnête homme bardé d’un bon sens
paysan. Mais, désormais, le masque tombe et le premier ministre apparaît pour
ce qu’il est : un homme de droite tant sur le plan économique que sociétal,
prêt à lâcher les valeurs humanistes qu’il prétendait défendre.
Lundi, sur le
plateau de LCI, en utilisant le champ lexical et
idéologique de l’extrême droite pour parler de l’immigration, François Bayrou a montré sa vraie nature. Non, la
France n’est pas menacée de « submersion migratoire ». Dire
cela, c’est accréditer le mensonge que la France serait menacée par des hordes
de migrants en provenance des pays du Sud. C’est valider le dangereux délire
qui dénie à nos compatriotes issus de vagues migratoires anciennes le fait
d’être des Français. Sa tentative de justification devant la représentation
nationale en expliquant que « les préjugés sont nourris par le
réel » est révélatrice. Le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie ne
sont pas « nourris par le réel ». Les préjugés sont nourris,
cultivés par les fantasmes et les discours de haine. Le réel est l’antidote aux
préjugés. Penser comme François Bayrou, c’est la porte ouverte au pire.
Le chef du
gouvernement n’a pas dérapé. Il a une vision réactionnaire de la France et de
la société parfaitement adaptable aux desiderata du RN. Il était, entre autres,
contre le Pacs et le mariage pour tous, contre la création d’un délit d’entrave
à l’IVG. Sans oublier son opposition à la loi Gayssot, du nom de son
initiateur, le député communiste Jean-Claude Gayssot, qui fait de la négation
ou de la minimisation des « crimes contre l’humanité » un
délit.
Cette loi a
permis la condamnation de Jean-Marie Le Pen en 1997, après qu’il a
qualifié la Shoah de « point de détail de l’histoire ». C’est
sans doute pour cela que François Bayrou a accepté de répondre sans sourciller
à la question indigne du journaliste de LCI Darius Rochebin : « Un
jour, des ministres RN peuvent-ils siéger dans un gouvernement d’union ?
Je rappelle que François Mitterrand l’a fait avec les communistes. »
Une question sur mesure pour épaissir encore le brouillard du confusionnisme et
banaliser une politique déjà largement RN-compatible.
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