mercredi 29 janvier 2025

« François Bayrou et la « submersion migratoire » : le masque tombe », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Depuis des années, François Bayrou essaye de nous vendre l’image du sage, soucieux de rassembler, de réconcilier. Il joue volontiers de sa voix au timbre doucereux pour donner le sentiment confortable de l’honnête homme bardé d’un bon sens paysan. Mais, désormais, le masque tombe et le premier ministre apparaît pour ce qu’il est : un homme de droite tant sur le plan économique que sociétal, prêt à lâcher les valeurs humanistes qu’il prétendait défendre.

Lundi, sur le plateau de LCI, en utilisant le champ lexical et idéologique de l’extrême droite pour parler de l’immigration, François Bayrou a montré sa vraie nature. Non, la France n’est pas menacée de « submersion migratoire ». Dire cela, c’est accréditer le mensonge que la France serait menacée par des hordes de migrants en provenance des pays du Sud. C’est valider le dangereux délire qui dénie à nos compatriotes issus de vagues migratoires anciennes le fait d’être des Français. Sa tentative de justification devant la représentation nationale en expliquant que « les préjugés sont nourris par le réel » est révélatrice. Le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie ne sont pas « nourris par le réel ». Les préjugés sont nourris, cultivés par les fantasmes et les discours de haine. Le réel est l’antidote aux préjugés. Penser comme François Bayrou, c’est la porte ouverte au pire.

Le chef du gouvernement n’a pas dérapé. Il a une vision réactionnaire de la France et de la société parfaitement adaptable aux desiderata du RN. Il était, entre autres, contre le Pacs et le mariage pour tous, contre la création d’un délit d’entrave à l’IVG. Sans oublier son opposition à la loi Gayssot, du nom de son initiateur, le député communiste Jean-Claude Gayssot, qui fait de la négation ou de la minimisation des « crimes contre l’humanité » un délit.

Cette loi a permis la condamnation de Jean-Marie Le Pen en 1997, après qu’il a qualifié la Shoah de « point de détail de l’histoire ». C’est sans doute pour cela que François Bayrou a accepté de répondre sans sourciller à la question indigne du journaliste de LCI Darius Rochebin : « Un jour, des ministres RN peuvent-ils siéger dans un gouvernement d’union ? Je rappelle que François Mitterrand l’a fait avec les communistes. » Une question sur mesure pour épaissir encore le brouillard du confusionnisme et banaliser une politique déjà largement RN-compatible.

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