mercredi 22 janvier 2025

« Les coupes éclair dans le sport, un carnage », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Les mots sont forts, inédits sans doute, à l’image de cette mobilisation de tout ce que la France compte de champions et de médaillés. La crème du sport tricolore a pris la plume dans l’Équipe pour dénoncer le « désastre annoncé », le « sabotage du vivre-ensemble » qu’entraînera la baisse historique de 33 % du budget de l’État pour le sport. Les crédits de ce dernier ne pèsent que 0,2 % des dépenses de l’État, mais François Bayrou et ses ministres prévoient de les faire passer de 900 à 600 millions d’euros : un carnage.

Alors que l’enthousiasme né des JOP suscite les vocations d’une multitude de nouveaux pratiquants, la stupide autant que brutale politique du « turbo-rabot » – le néologisme en vogue pour décrire les coupes éclair du gouvernement Bayrou – menace d’effondrer le sport français. Parmi les plus de 400 signataires dans l’Équipe figurent les gloires de Paris 2024 : Teddy Riner, Alexis Lebrun, Florent Manaudou, Shirine Boukli, Marie Patouillet…

Elles ont été rejointes dans le Parisien-Aujourd’hui en France par plus de 5 000 personnalités et acteurs du monde sportif, dont l’ancienne ministre communiste Marie-George Buffet, la présidente du Comité paralympique et sportif français Marie-Amélie Le Fur, des responsables de fédérations, des élus locaux et de nombreux sportifs de haut niveau, à l’instar de Marie-José Pérec.

La ministre des Sports, Marie Barsacq, qui devait présenter ses vœux mercredi soir, marche sur des œufs. Si le gouvernement persiste dans ses coupes drastiques, le mouvement pourrait se transformer en grève des stades et des gymnases. De son côté, le Sénat a rejeté une ultime baisse de 34 millions d’euros. Mesurant la profondeur du malaise, Emmanuel Macron vient de donner raison aux sportifs et aux élus en paroles, ce qui ne coûte rien.

Ces acteurs ont pris confiance et espoir dans les retombées à long terme des JOP, lesquels ne se résument pas pour eux à une vitrine du prestige national. Surtout, les Jeux leur ont appris à « travailler main dans la main », comme l’observe l’un d’eux. Il sera désormais plus difficile pour l’exécutif de jouer les uns contre les autres. Dans le sport comme dans la lutte, la victoire est une affaire d’équipe.

 

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