La décision
sonne comme un soulagement pour toutes les femmes. Et un appel à combattre ce
patriarcat qui hante nos textes de loi. Ce jeudi, la Cour européenne des droits
de l’homme a donné raison à une Française de 69 ans dont le mari avait
obtenu le divorce aux torts exclusifs de son épouse, au motif qu’elle avait
cessé d’avoir des relations sexuelles avec lui depuis plusieurs années.
Une victoire
fondamentale pour cette habitante des Yvelines qui s’était vu reprocher à deux
reprises – devant la cour d’appel et la Cour de cassation – son manquement au
« devoir conjugal ». Le tout en vertu d’une interprétation bien
rétrograde du Code civil et du mariage.
L’attitude des
deux juridictions françaises a de quoi inquiéter. Chacune d’elles n’a pas
hésité à s’engouffrer dans les ambiguïtés de certains articles et de vieilles
jurisprudences pour estimer, finalement, que la « communauté de
vie » (art. 215 du Code civil) sous-entendait une communauté de lit.
Pas gêner, apparemment, de véhiculer une vision archaïque et religieuse de la
famille où les femmes doivent se soumettre à la volonté sexuelle de leur mari,
leur déniant le droit au consentement et à disposer librement de leur corps.
Cette approche juridique a été balayée par la CEDH qui, en condamnant la
France, a rappelé l’évidence : « Tout acte sexuel non consenti est
constitutif d’une forme de violence sexuelle. »
Cette bataille
judiciaire appelle des évolutions législatives. Et à sortir, notamment, des
ambiguïtés d’un Code civil rédigé il y a des décennies. Alors que près d’un
viol sur deux est commis par le conjoint ou le concubin, il est inacceptable
que des magistrats puissent, aujourd’hui encore, sous-entendre que le mariage
implique une obligation de relations sexuelles entre époux. « Les
droits des femmes ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre
vie durant. » Simone de Beauvoir savait mieux que quiconque combien le
combat féministe était une lutte permanente, au plus intime de nos vies. Dans
nos sociétés gangrenées par un patriarcat séculaire, cette lutte vient de
marquer un point de plus.
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