mercredi 21 août 2024

« Cohabitation » l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Poser les termes. Non plus du débat, mais de l’évidence. « Moi, mon sujet, ce n’est pas la destitution, c’est la cohabitation », a déclaré Lucie Castets, en réponse à l’option suggérée par la France insoumise de révoquer le chef de l’État. Ce faisant, celle que le Nouveau Front populaire a désignée candidate à Matignon vient d’éviter un double piège : créditer une éventualité qui n’a aucune chance d’aboutir et voir s’engouffrer dans la brèche tous ceux pour qui l’opportunité est trop belle de fissurer l’union de la gauche, arrivée en tête aux dernières législatives. Oui, l’heure est à la cohabitation. Il en va des règles de la démocratie. L’obstination d’un président mauvais perdant et les manœuvres pour sauver la ligne politique de la minorité macroniste n’y changeront rien.

En décidant de jouer la montre, en refusant le verdict des urnes, Emmanuel Macron maintient ouverte une séquence d’instabilité inédite autant que dangereuse. Certes, la convocation des chefs de parti et de groupes parlementaires, vendredi, à l’Élysée, marque l’accélération du calendrier politique, mais elle ne saurait détourner l’opinion de l’essentiel. Le camp présidentiel est défait, minoritaire comme jamais. Matignon revient à la gauche.

Emmanuel Macron le sait, il va devoir composer en renonçant en premier lieu à sa réforme des retraites. Elle est le symbole de la violence sociale de la Macronie, du passage en force, de la négation du Parlement, du mépris et de la morgue d’un président isolé, sourd à la colère populaire.

La réforme cardinale des quinquennats Macron est un texte mort-né. L’ensemble des groupes parlementaires voteront en faveur de son abrogation, hormis ce qu’il reste des troupes présidentielles. Inutile d’essayer de sauver les meubles. Quiconque nommé à Matignon sans intention de revenir sur l’âge de départ à la retraite et dont la ligne contreviendrait donc au verdict des urnes verrait son gouvernement immédiatement censuré. La cohabitation n’est pas un « parfum » et la démocratie est, aussi, affaire d’arithmétique.

 

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