Poser les termes. Non plus du débat, mais de l’évidence. « Moi,
mon sujet, ce n’est pas la destitution, c’est la cohabitation », a
déclaré Lucie Castets, en réponse à l’option suggérée par la France insoumise
de révoquer le chef de l’État. Ce faisant, celle que le Nouveau Front populaire
a désignée candidate à Matignon vient d’éviter un double piège : créditer
une éventualité qui n’a aucune chance d’aboutir et voir s’engouffrer dans la
brèche tous ceux pour qui l’opportunité est trop belle de fissurer l’union de
la gauche, arrivée en tête aux dernières législatives. Oui, l’heure est à la
cohabitation. Il en va des règles de la démocratie. L’obstination d’un
président mauvais perdant et les manœuvres pour sauver la ligne politique de la
minorité macroniste n’y changeront rien.
En décidant de jouer la montre, en refusant le verdict des urnes, Emmanuel
Macron maintient ouverte une séquence d’instabilité inédite autant que
dangereuse. Certes, la convocation des chefs de parti et de groupes
parlementaires, vendredi, à l’Élysée, marque l’accélération du calendrier
politique, mais elle ne saurait détourner l’opinion de l’essentiel. Le camp présidentiel
est défait, minoritaire comme jamais. Matignon revient à la gauche.
Emmanuel Macron le sait, il va devoir composer en renonçant en premier lieu
à sa réforme des retraites. Elle est le symbole de la violence sociale de la
Macronie, du passage en force, de la négation du Parlement, du mépris et de la
morgue d’un président isolé, sourd à la colère populaire.
La réforme cardinale des quinquennats Macron est un texte mort-né.
L’ensemble des groupes parlementaires voteront en faveur de son abrogation,
hormis ce qu’il reste des troupes présidentielles. Inutile d’essayer de sauver
les meubles. Quiconque nommé à Matignon sans intention de revenir sur l’âge de
départ à la retraite et dont la ligne contreviendrait donc au verdict des urnes
verrait son gouvernement immédiatement censuré. La cohabitation n’est pas
un « parfum » et la démocratie est, aussi, affaire
d’arithmétique.
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