Antony Blinken a le sens de la formule. « C’est un moment
décisif, probablement le meilleur, peut-être la dernière opportunité de ramener
les otages chez eux, d’obtenir un cessez-le-feu et de conduire tout le monde
sur une voie meilleure vers une paix et une sécurité durable », a dit
le secrétaire d’État américain, ajoutant : « Il est temps
pour tout le monde de dire oui, et ne pas chercher la moindre excuse pour dire
non. » Mais qui torpille cette « dernière
opportunité » ?
Il y a dix mois, après le terrible massacre commis par le Hamas,
Israël s’est lancé dans une guerre interminable. Une guerre qui n’en finit
pas « parce que la poursuivre sert les intérêts politiques de l’homme
qui a abandonné la sécurité d’Israël et qui, affreusement, est toujours premier
ministre », analyse, dans le quotidien israélien Haaretz,
Yaïr Golan, le président du Parti travailliste.
Et il est vrai que cette guerre rompt avec la doctrine militaire
israélienne, qui a toujours été de mener des guerres courtes avec des objectifs
limités et bien définis. Un changement de paradigme dangereux pour les
Israéliens. La poursuite et l’intensification des bombardements sur Gaza ont
d’abord des conséquences horriblement dramatiques pour les Gazaouis. Mais il
est irresponsable de penser qu’elle n’a et n’aura pas d’impact sur la vie des
Israéliens. Surtout si, faute d’accord, la situation dégénère en un embrasement
régional et une extension du conflit à l’Iran.
Israël a beau bénéficier du soutien des États-Unis et d’un formidable
appareil militaire, ce sont ses forces, numériquement limitées, qui sont en
première ligne. L’effort militaire n’est pas non plus sans conséquence sur
l’économie du pays. Et plus cette guerre inhumaine contre la population de Gaza
se prolonge, plus Israël fabrique du ressentiment et de la haine.
Déjà, le Hamas et le Jihad islamique, qui ont revendiqué la responsabilité
de l’explosion de dimanche soir, ont menacé Israël de nouveaux attentats-suicides.
En retardant un accord sur les otages et le cessez-le-feu, Netanyahou ne
protège pas les Israéliens. Au contraire, chaque jour qui passe augmente les
menaces qui pèsent sur eux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire