mardi 20 août 2024

« Qui met Israël en danger ? », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Antony Blinken a le sens de la formule. « C’est un moment décisif, probablement le meilleur, peut-être la dernière opportunité de ramener les otages chez eux, d’obtenir un cessez-le-feu et de conduire tout le monde sur une voie meilleure vers une paix et une sécurité durable », a dit le secrétaire d’État américain, ajoutant : « Il est temps pour tout le monde de dire oui, et ne pas chercher la moindre excuse pour dire non. » Mais qui torpille cette « dernière opportunité » ?

Il y a dix mois, après le terrible massacre commis par le Hamas, Israël s’est lancé dans une guerre interminable. Une guerre qui n’en finit pas « parce que la poursuivre sert les intérêts politiques de l’homme qui a abandonné la sécurité d’Israël et qui, affreusement, est toujours premier ministre », analyse, dans le quotidien israélien Haaretz, Yaïr Golan, le président du Parti travailliste.

Et il est vrai que cette guerre rompt avec la doctrine militaire israélienne, qui a toujours été de mener des guerres courtes avec des objectifs limités et bien définis. Un changement de paradigme dangereux pour les Israéliens. La poursuite et l’intensification des bombardements sur Gaza ont d’abord des conséquences horriblement dramatiques pour les Gazaouis. Mais il est irresponsable de penser qu’elle n’a et n’aura pas d’impact sur la vie des Israéliens. Surtout si, faute d’accord, la situation dégénère en un embrasement régional et une extension du conflit à l’Iran.

Israël a beau bénéficier du soutien des États-Unis et d’un formidable appareil militaire, ce sont ses forces, numériquement limitées, qui sont en première ligne. L’effort militaire n’est pas non plus sans conséquence sur l’économie du pays. Et plus cette guerre inhumaine contre la population de Gaza se prolonge, plus Israël fabrique du ressentiment et de la haine.

Déjà, le Hamas et le Jihad islamique, qui ont revendiqué la responsabilité de l’explosion de dimanche soir, ont menacé Israël de nouveaux attentats-suicides. En retardant un accord sur les otages et le cessez-le-feu, Netanyahou ne protège pas les Israéliens. Au contraire, chaque jour qui passe augmente les menaces qui pèsent sur eux.

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