jeudi 29 août 2024

« Fête de l’Humanité : libérons l’énergie populaire », l’éditorial de Fabien Gay dans l’Humanité Magazine.



Le contexte politique exceptionnel que nous connaissons nécessite une grande Fête de l’Humanité. Prétextant une « stabilité institutionnelle », le président de la République veut poursuivre un agenda politique libéral et autoritaire au service du capital. Passé la trêve olympique, qu’il a décidée seul et qui n’a pas entamé son impopularité, Emmanuel Macron continue de piétiner la volonté populaire et le résultat des urnes. Les consultations des formations politiques auront été une belle démonstration de parodie et de faux-semblants.

À l’heure de la post-vérité, le scrutin du 7 juillet aurait donné lieu à un match nul où chaque formation aurait perdu. Pourtant, ces élections ont donné un résultat et envoyé un message clair : la politique du président de la République est désavouée et rejetée. Les électeurs ont également refusé l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Le Nouveau Front populaire (NFP), coalition des forces de gauche et de l’écologie porteuse d’un programme de progrès social et écologique, est arrivé en tête. N’en déplaise aux libéraux et aux réactionnaires, de plus en plus agressifs sur les plateaux télévisés : il y a donc un vainqueur et des vaincus.

Lucie Castets est prête à animer une équipe gouvernementale au service des intérêts populaires. La gauche est la seule légitime pour gouverner. Le capital n’en a cure et, par la voix du Medef, veut faire pression sur les salaires, aller plus vite pour détricoter la protection sociale et surtout franchir une nouvelle étape sur les retraites, notamment avec la capitalisation. La « menace » d’un gouvernement NFP ne serait plus seulement la France insoumise, mais toute la gauche et son programme. La diabolisation des forces de gauche, des mobilisations sociales et écologiques depuis des mois, n’était donc pas un hasard mais un choix politique pour discréditer toute idée d’alternative.

On voit que la perspective de revenir sur la mère des réformes, la retraite à 64 ans, fait trembler les forces de l’argent. C’est la brèche pour ouvrir un espoir réel de rupture. Seules la mobilisation populaire, l’organisation de comités NFP ou d’autres formes de collectifs d’action, des manifestations peuvent permettre de continuer à garder la main. Il en va du caractère démocratique des institutions, qui sont menacées d’un péril grave. D’ores et déjà, l’extrême droite se frotte les mains et se présente en partenaire respectable auprès du capital pour mettre de l’ordre.

La rentrée sociale doit être éruptive, fédérative et unitaire. Il nous faut tracer ce chemin d’espoir. La Fête de l’Humanité sera ce rendez-vous pour réunir l’ensemble des composantes qui veulent participer à cette dynamique qui doit s’amplifier et en être partie prenante. Elle sera une étape incontournable pour le rassemblement populaire. Nous mettrons au cœur de nos débats l’urgence de paix, des réponses sociales et écologiques, mais aussi la question d’une nouvelle démocratie.

Les initiatives locales se démultiplient partout pour diffuser le bon de soutien disponible auprès des militants communistes. Ce bon de soutien est une marque d’engagement et de participation. Cette édition de la Fête de l’Humanité doit faire date pour construire les nécessaires rapports de force et conquérir les victoires sociales que nous appelons de nos vœux.

 

« Course d’obstacles », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



C’est reparti pour un tour de piste. Deux semaines et demie après l’extinction de la flamme, la cérémonie d’ouverture des jeux Paralympiques devait donner, ce mercredi, le coup d’envoi d’un second round palpitant. Les athlètes retrouvent l’arène, la vasque olympique le ciel de Paris, et la capitale se pare, à nouveau, de ses atours de fête. L’acte I fut incontestablement une réussite, l’acte II prend le départ dans sa roue. Du parquet de l’Arena Bercy au macadam de Clichy, des cibles de Châteauroux aux jardins de Versailles, dans le chaudron du Stade de France, au Grand Palais sous sa verrière, au pied de la Dame de fer, les virtuoses du handisport jouent les prolongations.

La visibilité offerte par ces Jeux à la question du handicap est une formidable opportunité. De celles capables de faire avancer la société. Gageons qu’une fois la fenêtre médiatique refermée, le rideau ne retombe pas sur ce qui devrait être – et depuis longtemps – une priorité : l’inclusivité sous toutes ses formes. Si les jeux Olympiques étaient hautement politiques, les Paralympiques le sont plus encore.

Le validisme en France est une affaire tenace et, pour les personnes en situation de handicap, chaque jour est une course d’obstacles : problèmes structurels d’accessibilité dans les transports, l’espace public, invisibilisation du trouble mental, retard considérable dans la prise en compte des déficiences visuelles et auditives. Las, les grands discours et les belles intentions ont fait long feu. Les politiques publiques et les crédits qui leur sont alloués doivent intégrer l’exigence de l’inclusivité. Lundi, des dizaines de milliers d’enfants handicapés seront refoulés du chemin de l’école, faute de structures accessibles, de personnel formé, de programmes adaptés… L’inclusion n’est pas l’apanage de la compétition sportive. Si grandiose soit-elle. En matière de handicap, les jeux ne sont pas faits. La parenthèse paralympique ne doit pas être refermée.

mercredi 28 août 2024

« Hold-up et trahison », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Par un simple communiqué, Emmanuel Macron vient d’accomplir un incroyable hold-up sur les urnes. Non seulement il a écarté tout gouvernement du Nouveau Front populaire (NFP), dont l’alliance compte pourtant le plus grand nombre de députés, mais il a indiqué reprendre des « consultations » à partir d’un scénario fabriqué de toutes pièces. Celui d’une « coalition » autour des partis de centre droit, qui comptent ensemble moins de députés que le NFP.

Comment cela se peut-il ? Le motif invoqué, la « stabilité institutionnelle », qui serait compromise par la censure promise à un gouvernement NFP, n’est qu’un prétexte. Qu’est-ce qui peut laisser penser qu’un gouvernement de centre droit n’encourrait pas le même sort ? L’Élysée fait mine d’appeler la gauche victorieuse des législatives, à laquelle la porte de Matignon vient d’être claquée au nez, à jouer les supplétifs de la Macronie défaite : on nage en plein délire.

S’il ne peut compter sur le NFP, qui aurait toutes les raisons de censurer un gouvernement illégitime et minoritaire, le calcul d’Emmanuel Macron repose nécessairement sur un autre schéma : celui de la bienveillance de l’extrême droite à l’égard du coup de force qu’il fomente pour empêcher le NFP d’accéder au pouvoir. Marine Le Pen a en effet promis que ses députés censureraient tout gouvernement du NFP, mais elle s’est bien gardée d’en dire de même d’un gouvernement de centre droit.

Si et seulement si les voix du RN manquent à l’appel de la censure, il existe une chance pour la Macronie de se maintenir et de poursuivre sa politique. Si ce n’est pas une alliance objective, cela y ressemble bigrement. En trahison complète du désistement républicain dont les troupes d’Emmanuel Macron ont bénéficié avec l’appui des voix de gauche, le RN battu serait alors érigé en faiseur de roi, choisissant la couleur politique du futur gouvernement, bien loin de son rôle prétendu de principal « opposant » au chef de l’État.

Après avoir congédié les partis de gauche, Emmanuel Macron ose encore en appeler aux « circonstances exceptionnelles » du second tour, pour leur retourner le serment qu’il avait fait pour lui-même en 2022, en déclarant : « Ce vote les oblige. » Comme si lui-même était délié de toute obligation vis-à-vis des électeurs.

 

mardi 27 août 2024

« Les raisons d’un coup d’Etat de velours ! » (Patrick Le Hyaric)



Il a tout essayé : dissoudre l’Assemblée nationale, prétendument pour obtenir une clarification, alors que l’extrême droite frôle les 40 % aux élections européennes ; convoquer en urgence des élections législatives afin de court-circuiter le débat démocratique, diviser les forces de gauche et de l’écologie politique, tenter d’empêcher la constitution d’un « Front républicain », y compris contre l’avis de son Premier ministre.

En vain. Le peuple a déjoué tous les funestes plans du président de la République.

Ne devant son élection à deux reprises qu’au Front républicain, sans jamais en tenir compte lors de ses mandats, E. Macron devrait aujourd’hui mesurer le haut niveau de discrédit voire de « déligitimation » dont il est l’objet.

Rien n’y fait !

Il refuse d’admettre qu’à l’Assemblée nationale, le bloc des gauches et écologistes est le plus important et qu’en toute logique, il devrait choisir un-e- premier-e- ministre en son sein. La décision lui en a été facilitée avec le choix de Lucie Castets. Il s’agit là, de sa part, d’un comportement politique bien peu républicain. Il l’est d’autant moins quand son propre groupe à l’Assemblée nationale, déjà, affaibli, disposerait de 48 députés de moins sans la mobilisation claire de la gauche pour les faire élire et réduire le poids de l’extrême droite.

Depuis le 7 juillet, le prétexte pour ne pas permettre la constitution d’un gouvernement des gauches et des écologistes était le refus de voir des ministres issus de La France Insoumise siéger au gouvernement. Ce paravent s’est effondré quand Jean-Luc Mélenchon a fait sauter ce verrou en déclarant qu’il n’y aurait pas de ministre issu de son mouvement si le président acceptait la formation d’un gouvernement de Lucie Castets. Il a ainsi déchiré le petit rideau de fumée des prétextes hypocrites. Subitement, droite, extrême droite et macronistes, de concert avec le syndicat du grand patronat, ont avoué leur véritable problème. Ce n’est pas LFI, c’est le Nouveau Front populaire en son entier. C’est le programme de pouvoir vivre mieux qu’il présente.

Autrement dit, macronistes, droite, extrême droite et Medef avouent qu’ils ne sont en rien favorables à l’amélioration du sort des 3,1 millions de salariés du secteur privé payés au Smic. Sans compter les salariés agricoles, de nombreux agents publics et des travailleurs précaires ou mal déclarés, exclus de ce chiffrage.

Certes, ils bégaient des mots creux avec une mine déconfite sur les services publics, mais ils ne veulent absolument pas améliorer l’accès aux soins, à l’éducation, au logement, à la tranquillité publique ou aux transports publics au nom de leur sacro-saint « prélèvement obligatoire » ou « déficit public » qu’il faut diminuer. Évidemment, ils ne veulent à aucun prix d’un nouveau gouvernement qui remette en cause leur contre-réforme des retraites. Le Nouveau Front populaire est même prêt à se conformer à l’injonction de la Commission européenne réclamant la réduction du déficit d’au moins dix milliards d’euros. Il choisirait une autre méthode que celle de l’austérité. Il propose d’augmenter la participation des puissances d’argent à l’effort commun. « Inadmissible ! », clament en cœur les donneurs de leçons de gestion. C’est le peuple qui doit payer. Voilà les nœuds du problème. Voilà les enjeux de classe qui sont posés. Soit un gouvernement au service de la minorité des privilégiés et des détenteurs du capital lucratif, soit un gouvernement au service de l’intérêt général.

Comme dans une république bananière, les droites et extrême droite coalisées sous l’égide du président de la République ne veulent en aucun cas respecter l’aspiration au changement alors qu’ils n’ont aucune majorité dans le pays pour appliquer leurs politiques au service des milieux d’affaires. Les décrets macronistes de « trêve Olympique » de « décantation » et la diabolisation de la France Insoumise sont destinés à créer une ambiance lourde et insécurisante autour d’une situation de blocage justifiant que le président ait les mains libres.

Le sordide groupuscule des personnes en débandade qui dirigent la France au nom des forces de l’argent cherche donc des adjuvants politiques pour justifier leurs décisions : culpabiliser les citoyens qui auraient mal voté ; faire croire que le pays a besoin de compromis pour être gouverné au « centre » par un bloc central qui réunit prétendument des contraires afin de camoufler des choix de plus en plus droitier. La comédie des consultations des groupes parlementaires ne visait pas à choisir un-e- premier-e- ministre, mais à écarter celle proposée par le Nouveau Front populaire, Lucie Castets. En réalité, E. Macron ne veut délibérer qu’avec lui-même.

Il se prétend maître dans « l’art de gouverner » pour dissimuler son esprit de manager, appliquant à la lettre la grammaire des milieux d’affaires. Ceux-ci comptent sur lui pour être ferme, malin et capable d’élargir la base sociale pour faire accepter le système malgré les profondes souffrances qu’il génère.

C’est le rôle dévolu au RN/FN qui constituera une force charnière à l’Assemblée nationale pour accélérer les politiques antisociales et anti-démocratiques.

La stigmatisation de LFI va de pair avec l’organisation d’une sévère pression sur la nature du Parti socialiste appelé à rompre l’union des gauches et des écologistes. L’invocation du retour de la social-démocratie est un leurre. En vérité, le capital et ses mandataires ne cherchent pas à relancer un parti réformiste prônant un compromis capital/travail, mais le social-libéralisme dont on sait qu’il n’a rien de social pour accompagner les projets du capitalisme financier mondialisé.

Les milieux d’affaires et les marchés financiers avides de suraccumulation du capital considèrent qu’ils n’ont plus rien à partager. Leur souci est de transférer vers le capital toujours plus de richesses issues du travail. Entraîner le Parti socialiste et d’autres dans la compromission, c’est organiser leur perte et élargir encore les lits des extrêmes droites. La propagande en faveur d’un gouvernement de compromis ou d’un gouvernement qui n’aurait de technique que le nom est une tromperie contre les classes populaires pour approfondir le remodelage de la France aux canaux du capitalisme jusqu’à la contraindre à se séparer de sa souveraineté étatique. En ce sens, que mon parti, le Parti communiste puisse être cité pour être partie prenante d’un compromis avec les macronistes et la droite est une insulte à sa nature même pour l’affaiblir encore. Au vrai, le système ne cherche pas de compromis. Il cherche une soumission totale à ses diktats. Voyons l’ampleur de la bataille en cours !

Les grandes multinationales ; les marchés financiers et les secteurs de la banque-assurance ; les géants du numérique essentiellement à base nord-américaine veulent imposer une gouvernance algorithmique aux États, aux citoyens, aux activités économiques ; l’entretien des guerres qui ne bénéficient qu’aux seuls conglomérats militaro-industriel ; la constitution d’oligopole du médicament et de la chimie ; l’intégration toujours plus grande de la France au sein du bloc capitaliste occidental, sous l’égide de l’Otan, pousse à la désintégration de l’État-Nation poussant les dirigeants à s’affranchir de la souveraineté populaire et de la souveraineté étatique. Tels sont les ressorts de la crise en cours qui minent les entrailles des institutions de la Ve République. Il s’agit d’une lutte de classe violente pour écraser tout projet de réforme progressiste aussi modeste soit-il. Le compromis que recherche la bourgeoisie n’est pas entre une gauche réformiste et les tenants du pouvoir, mais entre les diverses variantes des droites avec les extrêmes droites.

Le combat est loin d’être terminé. Les classes populaires ne continueront pas longtemps à accepter ainsi d’être méprisés, dominées, exploitées alors que leurs votes sont jetés par-dessus bord quand ils ne coïncident pas avec la volonté des laudateurs du cercle de la raison capitaliste. Le mouvement populaire devra reprendre de la vigueur sous diverses formes. Le Nouveau Front populaire doit se mettre à son service, affermir son unité, se déployer dans tout le pays, organiser des actions unitaires au parlement et dans la rue jusqu’à utiliser tous les dispositifs constitutionnels pour mettre en échec ce coup d’État de velours contre la volonté des urnes. La Fête de l’Humanité qui s’ouvre dans quelques jours devrait être le lieu du renforcement de cette unité populaire incluant partis, syndicats et associations et l’espace de la préparation des victoires permettant de répondre aux aspirations sociales, démocratiques, écologiques, féministes, antiracistes. La Fête de l’Humanité peut rimer avec maturation et marche en avant du Nouveau Front populaire.

Patrick Le Hyaric, 27 août 2024.

 

lundi 26 août 2024

« Poker sanglant », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



L’offensive ukrainienne dans la région de Koursk vise trois objectifs. Le politique : démontrer que les Russes ne sont pas à l’abri des horreurs de la guerre. Et les milliers de réfugiés qui fuient les combats en sont autant de preuves vivantes et de camouflets pour Poutine. Le stratégique : forcer la main des Occidentaux en les mettant devant le fait accompli du passage d’une stratégie défensive à une stratégie offensive. Le tactique : soulager le front du Donbass en misant sur un redéploiement des forces russes pour rependre le terrain perdu dans la région de Koursk.

Si le plan ukrainien semble avoir plutôt bien fonctionné, l’objectif tactique est loin d’être atteint. Or, c’est celui qui a le plus de conséquences concrètes. Non seulement Moscou n’a pas redéployé ses forces, mais son offensive dans l’Est s’intensifie et Pokrovsk menace désormais de tomber. Tout se passe comme si, après Zelensky, Poutine faisait à son tour un pari : faire sauter le verrou du Donbass pour forcer l’armée ukrainienne à se reconcentrer et donc lâcher son offensive sur Koursk.

D’autant que le président russe vient d’envoyer d’autres messages. En bombardant les complexes énergétiques dans plusieurs régions, Moscou signifie clairement que la guerre ne s’arrêtera pas avant l’hiver, qui pourrait être extrêmement difficile pour des Ukrainiens privés d’électricité. En poussant la Biélorussie à masser des troupes le long de la frontière ukrainienne, les Russes rappellent que l’ouverture d’un nouveau front au nord est toujours d’actualité si jamais la tentation de faire mouvement au sud en direction de la Crimée trottait dans la tête des stratèges ukrainiens.

« Dans ce conflit, la Russie dispose d’une profondeur stratégique à l’échelle d’un continent riche en matières premières et en stock d’armement et de munitions, l’Ukraine tire la sienne du soutien massif et décisif des Occidentaux », analyse le général français Vincent Breton. La possibilité d’une victoire militaire qui ferait la décision n’existe pas, sauf adossée à une folle escalade. Mais sans perspectives politiques et diplomatiques, cette guerre peut encore durer longtemps.

 

J’AIMERAIS !



Ah bien sûr j’aimerais n’être pas inutile et consacrer ma vie à émettre du beau, et laisser tous mes mots parcourir les villes, et traverser les cœurs pour en guérir les maux. Bien sûr, être un appui pour les âmes fragiles soumises chaque jour aux quotidiens bourreaux,  aux serviteurs zélés d’un monde qui mutile les rêves et les corps qui se rendent au bureau. Rédacteur de précis pour abattre les grilles, candidat évident du parti des oiseaux, pilleur d’idées reçues et théories faciles, combattant acharné des laveurs de cerveaux. Ah bien sûr j’aimerais vous raconter des choses, vous faire partager mes rêves, mes secrets, tous mes jours, aux existences grises offrir un peu de rose et aux roses fanées, des promesses d’amour. Bien sûr être un soutien quand la vie vous agresse, ou un beau souvenir un soir de nostalgie, avec quelques mots faire naître une promesse dans les yeux d’une femme qui soudain vous sourit. Et n’être que chansons, et faire que la vie danse, réfuter la douleur et refouler l’ennui, sur vos lèvres poser la soudaine évidence que vivre sans rêver n’est déjà plus la vie. Ah bien sûr j’aimerais n’être pas inutile et consacrer ma vie à écrire des chansons, et laisser mes couplets parcourir les villes et glisser sur les peaux pour le temps d’un frisson. Employé du bonheur, ouvrier du futile produisant à la chaîne des refrains et des mots. Rédacteur de précis pour abattre les grilles, pour casser toute chaîne et briser tout bourreau. Bien sûr être un allié pour les âmes fragiles contraintes le matin à se rendre au bureau. Ah bien sûr j’aimerais n’être pas inutile et traverser vos cœurs pour vous toucher de mots.

 

« Réalisme », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Les commentateurs de tout poil et les adversaires du Nouveau Front populaire (NFP) ont peut-être enterré un peu vite la nomination de Lucie Castets à Matignon. Il leur suffisait jusqu’alors d’évoquer la censure promise par les oppositions coalisées contre tout gouvernement qui compterait des ministres issus de la France insoumise pour faire d’une telle perspective une chimère.

Que pèseraient dans cette circonstance, se demandaient-ils, les 193 députés du NFP, voire les 207 (sur un total de 577) qui ont voté en faveur de la candidature du communiste André Chassaigne à la présidence de l’Assemblée nationale ? L’argument était commode, et même s’il n’existe aucune majorité capable de rassembler davantage d’élus que le NFP, il a permis à Emmanuel Macron d’écarter sans autre forme de procès l’hypothèse d’un gouvernement de gauche : « Le sujet n’est pas un nom, (…) c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée. »

L’objection a subi un sérieux revers, samedi. Jean-Luc Mélenchon s’est dit prêt à renoncer à des ministres FI. La droite et le centre ont accusé le coup, et certains ciblent désormais le programme de la coalition pourtant arrivée en tête des législatives : pas question de laisser le NFP appliquer sa feuille de route. Le refus des ministres insoumis était déjà difficile à défendre d’un point de vue démocratique, mais ce n’était en fait qu’un prétexte. La pilule risque d’être compliquée à faire avaler aux citoyens, d’autant que la candidate à la fonction de première ministre se montre, dans nos colonnes, ferme sur les objectifs mais ouverte sur la méthode et les compromis à construire.

La gauche a incontestablement repris l’avantage. Elle est la seule à disposer d’un nom, d’un programme et d’une méthode de gouvernement. Le réalisme est de son côté, non de celui des oppositions de principe qui ne proposent que la poursuite indéfinie du blocage. Emmanuel Macron doit trancher. Mais a-t-il vraiment le choix ? Toutes les manœuvres pour fracasser le NFP et renforcer le bloc de droite ont échoué. Les libéraux connaissent la chanson qu’on fredonne cette fois à leurs dépens : « Il n’y a pas d’alternative. »

 

dimanche 25 août 2024

LA RUE !



Dans la rue, il y a l’écho des pavés qui résonne, rappelant que l’histoire s’écrit parfois ici par des hommes refusant que l’ordre les bâillonne, qui, pour la liberté ont sacrifié leur vie. Dans la rue des destins, dans les transports publics, viennent avec leurs problèmes et ne se parlent pas. Un peu d’humanité se perd dans le trafic, on est parfois très seul quand les autres sont là. Dans la rue il y a des fêtes qui se préparent, des étudiants aux visages d’éternité, des silhouettes de passage qui cherchent une gare,  des rendez-vous manqués dans une rue désertée. Dans la rue, une paumée avec un sac de sport insulte des passants qui ne la regardent pas. Il y a une femme qui t’annonce ta mort et un vieil ombrageux qui presse le pas. Dans la rue il y a des bonheurs provisoires,  des chants de la musique de l’amour en partage, et lorsque le poète en fait son territoire, la nuit devient plus belle et les hommes plus sages.

 

 

samedi 24 août 2024

« Démocratie ? », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité Magazine.



La démocratie, plus le président en parle moins il la pratique. C’est au nom de la défense de la démocratie qu’Emmanuel Macron a demandé par deux fois de voter pour lui au second tour de la présidentielle contre Marine Le Pen. Les démocrates l’ont fait. C’est encore au nom de la démocratie qu’il a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale au soir d’un scrutin européen qui a vu l’extrême droite arriver en tête et la liste qu’il soutenait lourdement défaite. Il espérait alors soit en sortir renforcé par un sursaut républicain, soit que le RN arriverait à Matignon et hypothéquerait ses chances pour 2027. Il faut déjà avoir une drôle de conception de la démocratie pour jouer ainsi avec elle.

Mais une fois que la gauche est arrivée en tête, plus question de passer de la parole aux actes. Nommer un premier ministre issu des héritiers de Pétain était envisageable. En nommer un parmi les héritiers de Jaurès ne l’est visiblement pas.

Le président argue du fait que la gauche n’a pas de majorité pour ne pas l’appeler à Matignon. Or aucun bloc n’en dispose. Ce n’est pas non plus parce que la gauche, ou une partie d’entre elles, constituerait soi-disant un danger pour la République qu’il s’y refuse. Il s’agit de faire paravent sur les vraies raisons du refus de nommer Lucie Castets à Matignon : sauver la politique libérale et les intérêts qu’elle sert. Car si l’argument de la majorité était sincère, le président pourrait respecter les institutions en nommant la candidate du Nouveau Front populaire à Matignon et attendre tranquillement que son gouvernement soit censuré. Il aurait beau jeu alors de tenter d’échafauder une grande coalition des petits intérêts. Non, ce qui fait peur au président, c’est ce que pourrait faire concrètement un gouvernement du NFP : l’augmentation du Smic, l’abrogation de la retraite à 64 ans, la taxation des superprofits ou encore des mesures immédiates pour les services publics, autant d’actes populaires dans l’opinion. Censurer le NFP serait difficile, car cela reviendrait alors à s’opposer ostensiblement aux besoins et volontés majoritaires. Le vrai risque pour Emmanuel Macron serait donc que le gouvernement dure et puisse réorienter sensiblement la politique si injuste menée depuis sept ans. C’est ce risque que ni le chef de l’État ni le patronat ne veulent prendre. Et tant pis pour la démocratie qui décidément n’est valable que lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts du capital.

Pour préserver ces derniers, le président n’hésite pas à tordre les institutions. Il joue à distiller les noms d’impétrants pour diviser et gagner du temps afin de créer les conditions que le prochain budget, préparé par un gouvernement illégitime, reste dans les canons libéraux. C’est le premier ministre démissionnaire, par ailleurs président du groupe présidentiel devenu (très) minoritaire, qui envoie les lettres de cadrage aux ministères. Une confusion institutionnelle et un scandale démocratique. Le roi s’amuse, dans une déconnexion totale de la réalité du pays dont il ne comprend ni les souffrances sociales ni le ras-le-bol politique. Or tout autre scénario que le respect des urnes et la mise en place de mesures sociales améliorant le quotidien des Français approfondira les premières et accentuera le second. Faut-il rappeler que sans le barrage républicain (initié par la gauche) le RN était proche d’obtenir une majorité absolue ? Mais une telle issue est-elle réellement une préoccupation pour l’actuel locataire de l’Élysée ?

Ce vendredi 23 août, le président devait recevoir les différentes forces politiques pour consultation. Il serait encore temps pour lui d’arrêter la politique du pire et de faire le choix de la République et de la démocratie en nommant la candidate du NFP à Matignon.

 

vendredi 23 août 2024

Nouvelle : « LE CIEL »



Le ciel, je l’aime bleu, du bleu de l’enfance, du bleu de la paix, du bleu de l’été, du bleu qui est celui des six heures du soir, au mois de juin et donne à l’ombre des murs une épaisseur qui réchauffe le cœur et l’esprit. Au printemps et à l’automne, j’ai vu des ciels jaunes, d’un jaune clair léger comme le bleu, qui rendaient l’approche de la nuit plus sereine, faisaient espérer des lendemains meilleurs. Parfois des ciels entre le rose et le jaune, avec de grandes vagues qui luttaient contre l’ombre de la nuit. C’était au mois d’août le plus souvent, au terme de belles journées de soleil, quand on devine dans l’air une fêlure, que la saison a déjà basculé vers moins de lumière, vers l’automne à venir. J’ai vu des ciels orangés qui viraient au rouge sang sur la ligne d’horizon ; ce sont ceux des crépuscules, des regrets, des questions. Celles de Baudelaire, par exemple : « Où sont nos morts ? » Le ciel des matins puise dans la montée du soleil des couleurs claires mais chaudes : ses roses ne sont pas ceux des soirs. Ils ont quelque chose de plus neuf, d’un espoir nouveau, fragile. Ils ne présagent en rien ce que sera le temps à venir. Ils se contentent d’accompagner la lumière du jour, rougissant à mesure que monte le soleil, puis s’éteignent d’un coup, quand la chaleur s’installe, comme si leur mission était achevée. Le ciel des orages charrie des troupeaux fous qui se bousculent dans une noirceur dont les tons varient selon la pluie qu’elle annonce : un noir vitreux, presque gris, porte la grêle ; un noir d’encre, la pluie têtue qui durera une partie de la nuit ; un noir d’ardoise, l’orage bref qui s’abattra violemment sur la terre et s’éloignera aussi vite qu’il est apparu. Regardez souvent le ciel. L’été, allongez-vous sur la terre, face à lui, fermez les yeux, puis rouvrez-les brusquement. Alors vous aurez l’impression de voguer parmi les galaxies et vous prendrez conscience de la vraie dimension de la terre qui vous porte. De quoi, aussi, rêver à d’autres lieux, d’autres plaisirs, d’autres douceurs, d’autres bonheurs.

 

« Ah ! ça ira, ça ira, ça ira », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



La libération de Paris « par lui-même, par son peuple », comme le déclame le général de Gaulle dans son célèbre discours du 25 août 1944, est le résultat victorieux d’une âpre et incertaine bataille. Mais c’est mais aussi le fait d’une volonté politique. La capitale n’était pas une priorité de l’état-major allié. « Paris ne représentait qu’une tache d’encre sur nos cartes », expliquait ainsi le général américain Omar Bradley. Pourtant, Rol-Tanguy et la Résistance communiste déclenchent l’insurrection, et de Gaulle intime l’ordre à Leclerc de désobéir aux généraux alliés et de foncer sur Paris.

Car Paris n’est pas qu’une ville ; ni même qu’une capitale. Paris est un concentré de l’histoire de la France. Plus que dans aucun autre pays, une ville incarne à ce point un pays, une nation, un peuple et leur rapport au monde. Il y a quelques semaines, la cérémonie d’ouverture des JO de 2024 le démontrait une fois de plus. Elle ne faisait pas que glorifier le sport. Elle redonnait du sens. Le long de la Seine, Paris se libérait du corset étriqué de start-up nation, entraînant la France avec lui. De 1789 à la Commune, en passant par 1793, 1830 et 1848 ou encore 1936… les aventures de la liberté commencent ou recommencent régulièrement à Paris, et elles inspirent souvent bien au-delà des fortifs et du périph.

Alors, le 80e anniversaire de la libération de Paris est une nouvelle occasion de dire « ça ira ». Car il y a dans le passé révolutionnaire et insurrectionnel de cette ville, de ses faubourgs et de ses couronnes, de quoi affirmer une confiance dans l’avenir. « Oui, ça ira ! » comme le déclare l’historien Patrick Boucheron, qui ajoute : « C’est cela le grand récit, notre vrai roman national. C’est la mise en mouvement d’une histoire qui va vers son projet plutôt que de réciter, en ânonnant, le récit de ses origines. » Ce projet qui se résume dans une devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Trois mots que les diviseurs et les fauteurs de haine d’aujourd’hui rêvent de remplacer, leur préférant « Travail, Famille, Patrie », l’immonde credo des collabos chassés de Paris en même temps que l’occupant.

jeudi 22 août 2024

UNE OMBRE !



Un rêve qui me guette aux confins de la nuit, une ombre qui s’efface, un fantôme qui fuit, comme une mélodie qui chante dans mon corps, silence. C’est la nuit qui me prend et m’endort. Dans la nuée nocturne aux milliers de saveurs, je m’égare un instant, flânant, les yeux rêveurs. J’avance dans le noir, je me perds et je doute, mais toujours je repars, et je taille ma route. Je frôle à chaque pas tant et tant de merveilles : Une lune en éclat qui rêve du soleil, un oiseau qui s’envole au-delà de mon âme, un souffle qui s’éloigne, apaiser d’autres flammes. Mais la vie me rattrape, et le jour me condamne, dans ce dédale en vers, je cherche un fil d’Ariane, quand j’aperçois au loin une simple lueur qui ranime mon être et réchauffe mon cœur. Toi, l’être cher que je devine et qui ne me vois pas, mon regard te poursuit à chacun de tes pas. Pour moi, guide blessé qui s’envole quand même, l’ombre éteinte de ton sourire est l’ombre d’un poème.

 

« Foire du trône », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Ballons d’essai ? Indiscrétions de palais ? Il y a décidément quelque chose de pourri au royaume de la Macronie. Pendant que les partis s’apprêtent à être officiellement consultés vendredi par le président de la République en vue de la constitution d’un gouvernement, des scénarios parallèles s’échafaudent en coulisses à base de noms de potentiels candidats pour Matignon.

Comme dans une foire du trône (au sens propre), le manège des préférés de Macron tourne sans trêve sous les yeux ébahis des citoyens : Xavier Bertrand ; Karim Bouamrane ; Valérie Pécresse ; Michel Barnier ; Bernard Cazeneuve ; puis à nouveau Xavier Bertrand, etc.

Le point commun de ces favoris : aucun ne correspond au résultat sorti des urnes des dernières législatives. D’ailleurs, et de manière symptomatique, le nom de la candidate proposée par le Nouveau Front populaire (NFP), Lucie Castets, ne figure pas dans ce casting aux allures de sauve-qui-peut. Xavier Bertrand ? Le président de la région Hauts-de-France, ancien ministre chiraco-sarkozyste, est un cacique de la droite, dont il épouse les convictions et le projet.

Valérie Pécresse ? Ses ambitions ont du mal à décoller au-delà de la région Île-de-France, qu’elle préside avec poigne. Sur le plan national, sa candidature pour LR à la dernière présidentielle a essuyé un échec retentissant. Michel Barnier ? Les Français n’ont pas voté pour être gouvernés par un ex-commissaire eurolibéral.

Mais le clou de ce manège infernal est le duo dont le « parfum » (sic) rappelle, paraît-il, celui de la « cohabitation » : ces visages censés incarner la gauche Macron-compatible – le maire PS de Saint-Ouen Karim Bouamrane et l’ex-premier ministre ex-socialiste Bernard Cazeneuve – à la place de la cohabitation – la vraie, aux orientations opposées à celles de la Macronie – que Lucie Castets, pour le NFP, appelle de ses vœux.

Tout cela n’est pas sérieux. Le seul juge de paix est le suffrage universel : il n’y a pas d’autre choix démocratique, pour commencer, que celui proposé par le NFP pour Matignon. C’est à partir de ce point de départ que doit se construire une majorité. Le reste relève de la farce.

 

mercredi 21 août 2024

« Proche-Orient, stop à l’hypocrisie des pouvoirs occidentaux », la chronique de Patrick Le Hyaric.



Les déplacements réguliers des ministres des pays occidentaux, dont ceux du secrétaire d’État américain Antony Blinken au Proche-Orient, s’apparentent à de la comédie politique ou à des somnifères pour l’opinion mondiale. Pendant qu’est répété à l’envi toujours le même chapelet de mots sur la sécurité et de la fin de la guerre, des tonnes de bombes s’abattent sur la population de Gaza.

Cet ignoble déluge de fer et de feu brûle tout sur son passage et allonge sans fin l’horrible liste des morts et des blessés. À ce jour, 80 % du territoire est détruit. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas annonce 44 123 morts, tandis que la revue « The Lancet » avec d’autres agences officielles annonce un total de 140 000 tués et 350 000 blessés. Et on ne mesure pas les dégâts irrémédiables que laissent ces massacres et ces destructions sur des milliers d’enfants et d’adolescents traumatisés à jamais.

Au fait, comment doit-on qualifier un gouvernement qui, au prétexte de détruire le Hamas, a tué au moins 2 000 nourrissons à Gaza ?

Comment doit-on qualifier un gouvernement qui a fait déverser 70 000 tonnes de bombes sur une bande de terre, véritable prison à ciel ouvert, dont la longueur n’excède pas 50 km et la largeur 10 km ?

Oui, 70 000 tonnes de bombes.

Comment, dans nos chancelleries, peut-on rester plus longtemps insensible à la longue chronique des horreurs perpétrées par un État bombardant sans discernement des lieux d’humanité tels les écoles et les hôpitaux ?

Le pouvoir israélien ne peut perpétrer ce carnage qu’avec le silence, la complicité et l’appui des puissances occidentales. Elles savent certes mimer l’émotion, avec des trémolos dans la voix pour répéter tel un mantra la « solution à deux États », sans jamais rien faire pour qu’elle advienne. Plus hypocrites encore, ceux qui chuchotent, qu’ils reconnaîtront l’État palestinien « en temps voulu ».

Quel est ce temps ? Et voulu par qui ? Puisqu’ils n’ignorent pas que le parlement israélien a voté, le 18 juillet dernier, un texte où il est écrit, en violation du droit international : « Israël s’opposera à la création d’un État Palestinien à l’ouest du Jourdain ».

Alors, pour inverser les logiques colonisatrices et guerrières actuelles et pour refonder les bases d’une nouvelle négociation à partir du droit international sous garantie des Nations Unis, une stratégie nouvelle doit être mise en œuvre : reconnaître dès maintenant l’État palestinien. C’est le moment de la reconnaissance. Il y a urgence. Les actions pour que les institutions françaises reconnaissent un État pour les Palestiniens doivent s’amplifier. Elles doivent d’un même pas, pousser les institutions européennes à prendre des initiatives en faveur d’un cessez-le-feu et de l’arrêt de la colonisation de la Cisjordanie.

Dans cette aire, ces derniers mois, plus de 600 Palestiniens ont été tués par des colons sous l’œil bienveillant de la police et de l’armée israélienne. Selon l’association Peace-Now, la surface des terres volées par les colons depuis le début du mandat de ce gouvernement israélien est trois fois supérieure à celle des trois décennies précédentes. Le nombre d’avant-postes de colonies en préparation a augmenté d’un quart ces derniers mois.

La preuve de l’hypocrisie vient encore d’être administrée ces jours derniers où simultanément le pouvoir américain dirigé par les démocrates, décide de fournir 50 avions de type F15 au gouvernement israélien et missionne Antony Blinken pour un déplacement diplomatique en Israël et dans plusieurs capitales arabes.

S’intéresser à cette mission revient à dévoiler la duplicité du pouvoir nord-américain. Le secrétaire d’état américain organise des discussions non pas sur le plan présenté par M. Biden au début du mois de juin dernier. Ce plan en trois phases approuvé par le conseil de sécurité de l’ONU visait sans attendre, un cessez-le-feu temporaire et la libération d’un certain nombre d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Puis, dans une seconde phase, il était prévu la libération de tous les otages et d’un autre groupe de prisonniers palestiniens dans lequel figurait le nom de Marwan Barghouti, le retrait complet de l’armée israélienne de l’enclave palestinienne et une cessation permanente des hostilités. La troisième phase, enfin, décrivait les modalités de reconstruction de tout le territoire de Gaza.

Refusant le plan américain, le Premier ministre israélien a présenté en juillet une sorte de contre-plan. Celui-ci n’a pas été approuvé par le Conseil de sécurité de L’ONU.

Non seulement, il n’y est pas question de cessez-le-feu permanent, mais il prévoit qu’à tout moment Israël peut reprendre les hostilités et continuer à occuper militairement une grande partie de l’enclave palestinienne notamment entre la frontière de l’Égypte et la bande de Gaza en contradiction avec les accords du Caire, et le maintien d’Est en Ouest d’une large bande de terre coupant de facto en deux parties la bande de Gaza.

Or, qu’a fait la maison blanche ? Elle n’a pas engagé la discussion à partir du plan Biden, mais en reprenant mot pour mot celui de Netanyahou pendant que ce dernier multiplie les offensives terrestres et aériennes sur les villes de Khan Younès, Nousseirat et Deir el Balah.

Autrement dit, les Américains s’alignent sur les conditions du gouvernement d’ultra-droite fascisante israélien particulièrement sur le rejet d’un cessez-le-feu permanent, le retrait complet de Gaza et sur le contenu de l’échange de prisonniers pour éviter la libération de parlementaires et de responsables politiques, dont Marwan Barghouti. Bref tout est fait pour préparer un échec diplomatique, qui permettra de justifier la poursuite du carnage à Gaza. Par la même occasion il s’agit d’une mesure de protection pour le gouvernement d’extrême droite Israélienne menacé par la justice de leur pays et la justice internationale. Peut-être, est-ce aussi le moyen de valoriser le Hamas contre l’autorité Palestinienne et l’organisation de libération de La Palestine. Une stratégie qui justifie tout et qui écrase un peu plus un peuple entier : Le peuple Palestinien.

Le double langage des dirigeants américains, inquiets pour leurs intérêts dans la région après les violations de souveraineté dont l’assassinat à Téhéran du chef politique du Hamas, et de l’un de ceux du Hezbollah à Beyrouth, véritables mèches d’une conflagration régionale, les perdra.

C’est un comble qu’un gouvernement démocrate que certains qualifient de « gauche » puisse à ce point soutenir un pouvoir suprémaciste et fascisant à Tel-Aviv. Seule la haine des Arabes, les intérêts géopolitiques et celles de grandes firmes capitalistes de l’énergie, du transport de marchandises et profiteuse de la colonisation, peuvent expliquer l’impunité accordée au pouvoir israélien.

Dès lors que les États-Unis décideraient de cesser les livraisons d’armes au pouvoir israélien, que l’Union européenne mettrait fin à l’accord d’association qui la lie à Israël, les dirigeants de Tel-Aviv seraient contraints de revoir leur stratégie mortifère, néfaste aussi à la société israélienne, tout en la plaçant dans une insécurité toujours plus grande. À l’image des jeunes démocrates et d’une large partie de la jeunesse juive aux États-Unis, le mouvement mondial pour faire respecter le droit international doit se faire entendre avec plus de vigueur et de détermination encore. Paix, justice, décolonisation, un État pour les Palestiniens comme pour les Israéliens, voilà ce qui devrait guider les diplomaties occidentales.

 

ÉCRIRE !



Le poète laisse aller sa plume d’oie sans loi, il écrit ses pensées avec sa bonne foi. Il parle de la guerre, s’amuse du tonnerre, écorches politiques de son phrasé critique. Il vient nous rapporter paroles de guignols, qui veulent l’Élysée. Il entend et il voit,  écrit de bonne foi ce qu’il a ressenti avec sa modestie. Il voit un dictateur en train de tuer ses frères, il clame sa terreur de toute sa colère. Le poète aime vivre, le poète aime suivre, le poète délire, il fait aussi survivre. Personne n’a le droit de venir l’accuser avec un air narquois d’écrire la vérité. Il n’est pas chef de secte, il est toujours correct, mais il a ses pensées que l’on doit respecter. Laissons-le décrier, politiques, religions, relations, mutations que l’on voudrait chasser. C’est peut-être jalousie que tu réveilles alors écris ta poésie, écris-là sans remords.

 

« Cohabitation » l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Poser les termes. Non plus du débat, mais de l’évidence. « Moi, mon sujet, ce n’est pas la destitution, c’est la cohabitation », a déclaré Lucie Castets, en réponse à l’option suggérée par la France insoumise de révoquer le chef de l’État. Ce faisant, celle que le Nouveau Front populaire a désignée candidate à Matignon vient d’éviter un double piège : créditer une éventualité qui n’a aucune chance d’aboutir et voir s’engouffrer dans la brèche tous ceux pour qui l’opportunité est trop belle de fissurer l’union de la gauche, arrivée en tête aux dernières législatives. Oui, l’heure est à la cohabitation. Il en va des règles de la démocratie. L’obstination d’un président mauvais perdant et les manœuvres pour sauver la ligne politique de la minorité macroniste n’y changeront rien.

En décidant de jouer la montre, en refusant le verdict des urnes, Emmanuel Macron maintient ouverte une séquence d’instabilité inédite autant que dangereuse. Certes, la convocation des chefs de parti et de groupes parlementaires, vendredi, à l’Élysée, marque l’accélération du calendrier politique, mais elle ne saurait détourner l’opinion de l’essentiel. Le camp présidentiel est défait, minoritaire comme jamais. Matignon revient à la gauche.

Emmanuel Macron le sait, il va devoir composer en renonçant en premier lieu à sa réforme des retraites. Elle est le symbole de la violence sociale de la Macronie, du passage en force, de la négation du Parlement, du mépris et de la morgue d’un président isolé, sourd à la colère populaire.

La réforme cardinale des quinquennats Macron est un texte mort-né. L’ensemble des groupes parlementaires voteront en faveur de son abrogation, hormis ce qu’il reste des troupes présidentielles. Inutile d’essayer de sauver les meubles. Quiconque nommé à Matignon sans intention de revenir sur l’âge de départ à la retraite et dont la ligne contreviendrait donc au verdict des urnes verrait son gouvernement immédiatement censuré. La cohabitation n’est pas un « parfum » et la démocratie est, aussi, affaire d’arithmétique.

 

mardi 20 août 2024

« Qui met Israël en danger ? », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Antony Blinken a le sens de la formule. « C’est un moment décisif, probablement le meilleur, peut-être la dernière opportunité de ramener les otages chez eux, d’obtenir un cessez-le-feu et de conduire tout le monde sur une voie meilleure vers une paix et une sécurité durable », a dit le secrétaire d’État américain, ajoutant : « Il est temps pour tout le monde de dire oui, et ne pas chercher la moindre excuse pour dire non. » Mais qui torpille cette « dernière opportunité » ?

Il y a dix mois, après le terrible massacre commis par le Hamas, Israël s’est lancé dans une guerre interminable. Une guerre qui n’en finit pas « parce que la poursuivre sert les intérêts politiques de l’homme qui a abandonné la sécurité d’Israël et qui, affreusement, est toujours premier ministre », analyse, dans le quotidien israélien Haaretz, Yaïr Golan, le président du Parti travailliste.

Et il est vrai que cette guerre rompt avec la doctrine militaire israélienne, qui a toujours été de mener des guerres courtes avec des objectifs limités et bien définis. Un changement de paradigme dangereux pour les Israéliens. La poursuite et l’intensification des bombardements sur Gaza ont d’abord des conséquences horriblement dramatiques pour les Gazaouis. Mais il est irresponsable de penser qu’elle n’a et n’aura pas d’impact sur la vie des Israéliens. Surtout si, faute d’accord, la situation dégénère en un embrasement régional et une extension du conflit à l’Iran.

Israël a beau bénéficier du soutien des États-Unis et d’un formidable appareil militaire, ce sont ses forces, numériquement limitées, qui sont en première ligne. L’effort militaire n’est pas non plus sans conséquence sur l’économie du pays. Et plus cette guerre inhumaine contre la population de Gaza se prolonge, plus Israël fabrique du ressentiment et de la haine.

Déjà, le Hamas et le Jihad islamique, qui ont revendiqué la responsabilité de l’explosion de dimanche soir, ont menacé Israël de nouveaux attentats-suicides. En retardant un accord sur les otages et le cessez-le-feu, Netanyahou ne protège pas les Israéliens. Au contraire, chaque jour qui passe augmente les menaces qui pèsent sur eux.

lundi 19 août 2024

« Insincérité », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité



Retour à la case départ, serait-on tenté d’écrire. Après avoir balayé la nomination de Lucie Castets à Matignon, le président de la République s’en remet aux formations représentées à l’Assemblée nationale pour sortir du blocage institutionnel. Que de temps perdu avant d’admettre l’évidence : l’incapacité du chef de l’État à trouver une solution de rechange à un gouvernement de gauche. La logique démocratique voudrait qu’il se résigne à choisir comme première ministre la candidate désignée par le bloc arrivé en tête des élections législatives anticipées.

Oui, mais. Si la solution est évidente, pourquoi continuer de faire semblant en convoquant l’ensemble des partis comme si le résultat des élections n’existait pas ? La méthode même choisie par Emmanuel Macron montre l’insincérité de sa démarche : le président n’a aucunement l’intention de s’en remettre au verdict des urnes, et travaille à une issue qui en est l’exact opposé. Une sorte d’alliance des battus de droite et du centre, ripolinée en coalition gagnante.

Emmanuel Macron n’est pas au-dessus de la Constitution, dont la raison d’être est de faire reculer l’absolutisme des pouvoirs. Le seul trône est celui de la volonté des citoyens, et le chef de l’État n’a d’autre rôle que de s’y soumettre et de la faire respecter. L’initiative de la France insoumise, sous la forme d’un avertissement solennel quant au possible recours à l’article 68 qui codifie la destitution du président de la République par le Parlement, a le mérite de rappeler ce qu’il pourrait en coûter au chef de l’État de manquer à son devoir.

 Mais outre que la procédure est tout sauf « simple », contrairement à ce qu’avancent les insoumis, il ne faut pas souhaiter qu’elle aboutisse – la probabilité est infime –, car elle ouvrirait la porte à une nouvelle aventure politique pleine de dangers pour la France et son peuple, essorés par les épreuves électorales successives. Et elle nous éloignerait encore de la question de l’heure, qui est de sortir par le haut du coup de force voulu par Emmanuel Macron. C’est vers cette issue conforme au scrutin législatif que doivent aujourd’hui converger tous les efforts de la gauche.

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...