Les déplacements réguliers des ministres des pays occidentaux, dont ceux du
secrétaire d’État américain Antony Blinken au Proche-Orient, s’apparentent à de
la comédie politique ou à des somnifères pour l’opinion mondiale. Pendant
qu’est répété à l’envi toujours le même chapelet de mots sur la sécurité et de
la fin de la guerre, des tonnes de bombes s’abattent sur la population de Gaza.
Cet ignoble déluge de fer et de feu brûle tout sur son passage et allonge
sans fin l’horrible liste des morts et des blessés. À ce jour, 80 % du
territoire est détruit. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas
annonce 44 123 morts, tandis que la revue « The Lancet » avec
d’autres agences officielles annonce un total de 140 000 tués et
350 000 blessés. Et on ne mesure pas les dégâts irrémédiables que laissent
ces massacres et ces destructions sur des milliers d’enfants et d’adolescents
traumatisés à jamais.
Au fait, comment doit-on qualifier un gouvernement qui, au prétexte de
détruire le Hamas, a tué au moins 2 000 nourrissons à Gaza ?
Comment doit-on qualifier un gouvernement qui a fait déverser 70 000
tonnes de bombes sur une bande de terre, véritable prison à ciel ouvert, dont
la longueur n’excède pas 50 km et la largeur 10 km ?
Oui, 70 000 tonnes de bombes.
Comment, dans nos chancelleries, peut-on rester plus longtemps insensible à
la longue chronique des horreurs perpétrées par un État bombardant sans
discernement des lieux d’humanité tels les écoles et les hôpitaux ?
Le pouvoir israélien ne peut perpétrer ce carnage qu’avec le silence, la
complicité et l’appui des puissances occidentales. Elles savent certes mimer
l’émotion, avec des trémolos dans la voix pour répéter tel un mantra la
« solution à deux États », sans jamais rien faire pour qu’elle
advienne. Plus hypocrites encore, ceux qui chuchotent, qu’ils reconnaîtront
l’État palestinien « en temps voulu ».
Quel est ce temps ? Et voulu par qui ? Puisqu’ils n’ignorent pas
que le parlement israélien a voté, le 18 juillet dernier, un texte où il
est écrit, en violation du droit international : « Israël s’opposera
à la création d’un État Palestinien à l’ouest du Jourdain ».
Alors, pour inverser les logiques colonisatrices et guerrières actuelles et
pour refonder les bases d’une nouvelle négociation à partir du droit
international sous garantie des Nations Unis, une stratégie nouvelle doit être
mise en œuvre : reconnaître dès maintenant l’État palestinien. C’est le
moment de la reconnaissance. Il y a urgence. Les actions pour que les
institutions françaises reconnaissent un État pour les Palestiniens doivent s’amplifier.
Elles doivent d’un même pas, pousser les institutions européennes à prendre des
initiatives en faveur d’un cessez-le-feu et de l’arrêt de la colonisation de la
Cisjordanie.
Dans cette aire, ces derniers mois, plus de 600 Palestiniens ont été tués
par des colons sous l’œil bienveillant de la police et de l’armée israélienne.
Selon l’association Peace-Now, la surface des terres volées par les colons
depuis le début du mandat de ce gouvernement israélien est trois fois
supérieure à celle des trois décennies précédentes. Le nombre d’avant-postes de
colonies en préparation a augmenté d’un quart ces derniers mois.
La preuve de l’hypocrisie vient encore d’être administrée ces jours
derniers où simultanément le pouvoir américain dirigé par les démocrates,
décide de fournir 50 avions de type F15 au
gouvernement israélien et missionne Antony Blinken pour un déplacement
diplomatique en Israël et dans plusieurs capitales arabes.
S’intéresser à cette mission revient à dévoiler la duplicité du pouvoir
nord-américain. Le secrétaire d’état américain organise des discussions non pas
sur le plan présenté par M. Biden au début du mois de juin dernier. Ce plan en
trois phases approuvé par le conseil de sécurité de l’ONU visait sans attendre,
un cessez-le-feu temporaire et la libération d’un certain nombre d’otages
israéliens et de prisonniers palestiniens.
Puis, dans une seconde phase, il était prévu la libération de tous les
otages et d’un autre groupe de prisonniers palestiniens dans lequel figurait le
nom de Marwan Barghouti, le retrait complet de l’armée israélienne de l’enclave
palestinienne et une cessation permanente des hostilités. La troisième phase,
enfin, décrivait les modalités de reconstruction de tout le territoire de Gaza.
Refusant le plan américain, le Premier ministre israélien a présenté en
juillet une sorte de contre-plan. Celui-ci n’a pas été approuvé par le Conseil
de sécurité de L’ONU.
Non seulement, il n’y est pas question de cessez-le-feu permanent, mais il
prévoit qu’à tout moment Israël peut reprendre les hostilités et continuer à
occuper militairement une grande partie de l’enclave palestinienne notamment
entre la frontière de l’Égypte et la bande de Gaza en contradiction avec les
accords du Caire, et le maintien d’Est en Ouest d’une large bande de terre
coupant de facto en deux parties la bande de Gaza.
Or, qu’a fait la maison blanche ? Elle n’a pas engagé la discussion à
partir du plan Biden, mais en reprenant mot pour mot celui de Netanyahou
pendant que ce dernier multiplie les offensives terrestres et aériennes sur les
villes de Khan Younès, Nousseirat et Deir el Balah.
Autrement dit, les Américains s’alignent sur les conditions du gouvernement
d’ultra-droite fascisante israélien particulièrement sur le rejet d’un
cessez-le-feu permanent, le retrait complet de Gaza et sur le contenu de
l’échange de prisonniers pour éviter la libération de parlementaires et de
responsables politiques, dont Marwan Barghouti. Bref tout est fait pour
préparer un échec diplomatique, qui permettra de justifier la poursuite du
carnage à Gaza. Par la même occasion il s’agit d’une mesure de protection pour
le gouvernement d’extrême droite Israélienne menacé par la justice de leur pays
et la justice internationale. Peut-être, est-ce aussi le moyen de valoriser le
Hamas contre l’autorité Palestinienne et l’organisation de libération de La
Palestine. Une stratégie qui justifie tout et qui écrase un peu plus un peuple
entier : Le peuple Palestinien.
Le double langage des dirigeants américains, inquiets pour leurs intérêts
dans la région après les violations de souveraineté dont l’assassinat à Téhéran
du chef politique du Hamas, et de l’un de ceux du Hezbollah à Beyrouth,
véritables mèches d’une conflagration régionale, les perdra.
C’est un comble qu’un gouvernement démocrate que certains qualifient de
« gauche » puisse à ce point soutenir un pouvoir suprémaciste et
fascisant à Tel-Aviv. Seule la haine des Arabes, les intérêts géopolitiques et
celles de grandes firmes capitalistes de l’énergie, du transport de
marchandises et profiteuse de la colonisation, peuvent expliquer l’impunité
accordée au pouvoir israélien.
Dès lors que les États-Unis décideraient de cesser les livraisons d’armes
au pouvoir israélien, que l’Union européenne mettrait fin à l’accord
d’association qui la lie à Israël, les dirigeants de Tel-Aviv seraient
contraints de revoir leur stratégie mortifère, néfaste aussi à la société
israélienne, tout en la plaçant dans une insécurité toujours plus grande. À
l’image des jeunes démocrates et d’une large partie de la jeunesse juive aux
États-Unis, le mouvement mondial pour faire respecter le droit international
doit se faire entendre avec plus de vigueur et de détermination encore. Paix,
justice, décolonisation, un État pour les Palestiniens comme pour les
Israéliens, voilà ce qui devrait guider les diplomaties occidentales.
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