L’offensive ukrainienne dans la région de Koursk vise trois objectifs. Le
politique : démontrer que les Russes ne sont pas à l’abri des horreurs de
la guerre. Et les milliers de réfugiés qui fuient les combats en sont autant de
preuves vivantes et de camouflets pour Poutine. Le stratégique : forcer la
main des Occidentaux en les mettant devant le fait accompli du passage d’une
stratégie défensive à une stratégie offensive. Le tactique : soulager le
front du Donbass en misant sur un redéploiement des forces russes pour rependre
le terrain perdu dans la région de Koursk.
Si le plan ukrainien semble avoir plutôt bien fonctionné, l’objectif
tactique est loin d’être atteint. Or, c’est celui qui a le plus de conséquences
concrètes. Non seulement Moscou n’a pas redéployé ses forces, mais son
offensive dans l’Est s’intensifie et Pokrovsk menace désormais de tomber. Tout
se passe comme si, après Zelensky, Poutine faisait à son tour un pari :
faire sauter le verrou du Donbass pour forcer l’armée ukrainienne à se
reconcentrer et donc lâcher son offensive sur Koursk.
D’autant que le président russe vient d’envoyer d’autres messages. En
bombardant les complexes énergétiques dans plusieurs régions, Moscou signifie
clairement que la guerre ne s’arrêtera pas avant l’hiver, qui pourrait être
extrêmement difficile pour des Ukrainiens privés d’électricité. En
poussant la Biélorussie à masser des troupes le long de la frontière
ukrainienne, les Russes rappellent que l’ouverture d’un nouveau front au nord
est toujours d’actualité si jamais la tentation de faire mouvement au sud en
direction de la Crimée trottait dans la tête des stratèges ukrainiens.
« Dans ce conflit, la Russie
dispose d’une profondeur stratégique à l’échelle d’un continent riche en
matières premières et en stock d’armement et de munitions, l’Ukraine tire la
sienne du soutien massif et décisif des Occidentaux », analyse le général français Vincent
Breton. La possibilité d’une victoire militaire qui ferait la décision n’existe
pas, sauf adossée à une folle escalade. Mais sans perspectives politiques et
diplomatiques, cette guerre peut encore durer longtemps.
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