vendredi 23 août 2024

« Ah ! ça ira, ça ira, ça ira », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



La libération de Paris « par lui-même, par son peuple », comme le déclame le général de Gaulle dans son célèbre discours du 25 août 1944, est le résultat victorieux d’une âpre et incertaine bataille. Mais c’est mais aussi le fait d’une volonté politique. La capitale n’était pas une priorité de l’état-major allié. « Paris ne représentait qu’une tache d’encre sur nos cartes », expliquait ainsi le général américain Omar Bradley. Pourtant, Rol-Tanguy et la Résistance communiste déclenchent l’insurrection, et de Gaulle intime l’ordre à Leclerc de désobéir aux généraux alliés et de foncer sur Paris.

Car Paris n’est pas qu’une ville ; ni même qu’une capitale. Paris est un concentré de l’histoire de la France. Plus que dans aucun autre pays, une ville incarne à ce point un pays, une nation, un peuple et leur rapport au monde. Il y a quelques semaines, la cérémonie d’ouverture des JO de 2024 le démontrait une fois de plus. Elle ne faisait pas que glorifier le sport. Elle redonnait du sens. Le long de la Seine, Paris se libérait du corset étriqué de start-up nation, entraînant la France avec lui. De 1789 à la Commune, en passant par 1793, 1830 et 1848 ou encore 1936… les aventures de la liberté commencent ou recommencent régulièrement à Paris, et elles inspirent souvent bien au-delà des fortifs et du périph.

Alors, le 80e anniversaire de la libération de Paris est une nouvelle occasion de dire « ça ira ». Car il y a dans le passé révolutionnaire et insurrectionnel de cette ville, de ses faubourgs et de ses couronnes, de quoi affirmer une confiance dans l’avenir. « Oui, ça ira ! » comme le déclare l’historien Patrick Boucheron, qui ajoute : « C’est cela le grand récit, notre vrai roman national. C’est la mise en mouvement d’une histoire qui va vers son projet plutôt que de réciter, en ânonnant, le récit de ses origines. » Ce projet qui se résume dans une devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Trois mots que les diviseurs et les fauteurs de haine d’aujourd’hui rêvent de remplacer, leur préférant « Travail, Famille, Patrie », l’immonde credo des collabos chassés de Paris en même temps que l’occupant.

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