lundi 31 mars 2025

« Marine Le Pen condamnée : une victoire pour la démocratie et l'État de droit », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité de demain.



Peu importe la vérité, l’essentiel c’est de raconter l’histoire qui arrange. Dans le cas de la condamnation de Le Pen et compagnie, la fable mêle « complot anti-RN », « juges rouges corrompus », « verdict politique », « condamnation excessive », « volonté de nuire »… Un conte sur une justice partiale et « politique » qui priverait injustement des millions de Français d’une candidature à la présidentielle, « une justice contre la démocratie » en quelque sorte. Le tout repris en boucle par les leaders du Rassemblement national et les médias Bolloré pour imposer leur récit.

Cette mise en cause de la justice est d’autant plus grave que d’autres que le RN portent ce discours. Les renvois d’ascenseur entre le clan Sarkozy et le clan Le Pen pour s’insurger du sort fait à l’autre sont quotidiens. La droite et l’extrême droite toujours si promptes à réclamer une justice exemplaire et sévère – quand la justice doit simplement faire appliquer le droit – font la démonstration que ce qu’elles réclament c’est pour les autres.

Quitte à jeter aux oubliettes les attendus du jugement qui montrent que « la gravité de faits relève de leur nature systémique, de leur durée, du montant des fonds détournés, mais aussi de la qualité d’élus des auteurs et de l’atteinte portée à la confiance publique et aux règles du jeu démocratique ».

Alors, comment appelle-t-on ceux qui dénoncent une justice indépendante appliquant les lois et protégeant les règles démocratiques ? Qu’est-ce qu’une organisation politique dont l’obsession première, si elle arrive aux affaires, sera de mettre la justice au pas et donc d’en finir avec le principe de la séparation des pouvoirs ? Quand un projet politique a l’odeur, la couleur et la saveur du fascisme, c’est qu’il s’agit de fascisme.

Ne nous leurrons pas, la candidature compromise de Marine Le Pen pour 2027 ne met pas hors-jeu le RN et encore moins son projet liberticide et raciste. La surenchère à droite et à l’extrême droite va battre son plein et, comme aux États-Unis, en Israël, en Hongrie ou en Russie, c’est le cœur du modèle démocratique qui sera visé. La responsabilité des forces de gauche pour ouvrir une issue politique est immense. Dans deux ans il sera peut-être trop tard.

 

« En démantelant les camps de réfugiés palestiniens, Israël veut parachever l’annexion de la Cisjordanie », l’éditorial de Rosa Moussaoui dans l’Humanité.



Le gouvernement de Benyamin Netanyahou ne dissimule plus rien de ses intentions, jusqu’aux plus hideuses. Avec la création au sein du ministère de la Défense d’une agence spéciale chargée d’orchestrer l’expulsion des Palestiniens de Gaza, il revendique ouvertement sa politique de nettoyage ethnique.

Celle-ci ne se limite pas à l’enclave livrée depuis dix-huit mois à l’anéantissement. Elle se déploie aussi, sous les yeux de tous, dans les territoires occupés de Cisjordanie, où l’opération « Mur de fer » lancée le 21 janvier a déjà provoqué le déplacement forcé de 40 000 Palestiniens chassés des camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem, Nour Chams, Tubas.

L’intensification des opérations militaires israéliennes dans ces camps fait chaque jour de nombreuses victimes civiles ; elle installe une situation humanitaire alarmante pour les déplacés privés de tout, d’abris, d’accès aux soins de santé. Des infrastructures vitales sont sciemment détruites pour empêcher le retour des populations qui ont fui les bombardements. « J’ai donné pour instruction (…) de ne pas permettre le retour des habitants » de ces camps, reconnaît le ministre de la Défense, Israël Katz.

Ce violent démantèlement des camps de réfugiés, où vivent les descendants des Palestiniens chassés de leurs terres en 1948, coïncide avec l’approbation donnée par les autorités israéliennes à la séparation administrative de treize quartiers dans des colonies de Cisjordanie occupée, une mesure destinée à favoriser leur croissance comme entités indépendantes.

À la fin du mois de novembre 2024, le mouvement La Paix maintenant recensait dans ces territoires occupés depuis 1967 147 colonies, ainsi que 224 avant-postes. L’année 2023 avait marqué un record : jamais depuis trente ans autant de permis de construire n’avaient été délivrés aux colons.

L’occupation, la colonisation des territoires palestiniens sont illégales ; la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction de l’ONU, l’a encore rappelé en juillet 2024 en exhortant Israël à « cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation » et à « évacuer tous les colons ». 

Scénario exclu par le fasciste Bezalel Smotrich, ministre des Finances : « Au lieu de nous cacher et de nous excuser, nous levons le drapeau, nous construisons et nous nous installons C’est un pas important vers la souveraineté effective en Judée-Samarie. » Tout déplacement forcé de populations est attentatoire au droit international ; l’opération d’annexion en cours en Cisjordanie le piétine. L’impunité dont jouit l’extrême droite israélienne au pouvoir doit cesser sans délai.

 

« Dans les médias des milliardaires, le procès de l’État de droit », le billet de Maurice Ulrich.



La justice, « si à cette époque fortunée il existe encore une justice », écrivait Baudelaire, « saura bien interdire les citoyens qui n’auront pas su faire fortune ». Il était mesuré, car ce que demandent tous ceux qui réclament la plus extrême sévérité pour les « voleurs de poules », en stigmatisant le laxisme des juges, c’est l’impunité des puissants. Vont-ils la rendre inéligible ? s’insurge en une le Journal du dimanche, où un avocat déclare que « la partialité de la magistrature pose un profond problème démocratique ».

Dans le Figaro, le chroniqueur Mathieu Bock-Côté évoque l’« acharnement judiciaire démentiel » dont sont victimes Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy, traités comme des « chefs de gangs » qu’il faudrait exécuter de manière exemplaire « pour purifier les mœurs de la République ».

Dans la Tribune dimanche, Bruno Jeudy n’est pas en reste, pour qui « on doit rappeler que l’humeur des magistrats n’entre pas dans le Code pénal et qu’un bon juge condamne le crime sans haïr le criminel ». On avait compris de travers. Le vrai procès en cours, c’est celui de la justice et de l’État de droit.

 

vendredi 28 mars 2025

« Résistance(s) », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.



 

Oligarchie ! Comme nous l’avons relaté dans l’Humanité en début de semaine dans un long reportage sur place, il en est un au moins aux États-Unis qui fait entendre sa voix – histoire de secouer un Parti démocrate inaudible et amorphe depuis l’élection de Donald Trump. Notre cher Bernie Sanders, 83 ans, tente de relever le drapeau de la résistance à l’oligarchie, sinon à la dictature qui se met en place.

« Notre combat, c’est de garantir que nous restons une démocratie », a-t-il lancé le 21 mars, à Denver, devant plus de 30 000 personnes, pour ce qui constituait l’avant-dernière étape de sa tournée anti-Trump dans l’ouest du pays. Répétant, comme pour signifier l’importance de l’enjeu : « On ne va pas laisser l’Amérique devenir une oligarchie. » Jamais Bernie Sanders, selon son propre aveu, n’avait « rassemblé autant de monde », pas même lors de ses deux tentatives aux primaires démocrates, en 2016 et en 2020.

Le vieux sénateur, endurci et prêt à réveiller l’Amérique du progrès, serait ainsi (re) devenu « l’homme du moment », comme l’écrit le Monde. « Bernie » l’indépendant est là et bien là !

 

Autoritarisme ! La bataille idéologique prend donc de l’ampleur, il était temps. Et parce que l’Histoire – avec son grand « H » – concerne évidemment le monde entier, Bernie Sanders vient de donner une tribune à The Guardian, dans laquelle il précise sa pensée. Intitulé « Donald Trump tourne le dos à deux cent cinquante ans d’histoire américaine », le texte de « Bernie » débute par ces mots : « Depuis deux cent cinquante ans, les États-Unis se veulent un symbole de démocratie, un exemple de la liberté et de la souveraineté auxquelles peut aspirer le reste du monde. Notre déclaration d’indépendance et notre Constitution ont longtemps été considérées comme des ­modèles à suivre pour garantir ces droits humains et ces libertés. Nous n’en sommes plus là, hélas. »

Et il précise : « En engageant notre pays sur la voie de l’autoritarisme, Donald Trump s’aligne sur des dictateurs et des despotes qui partagent son mépris de la démocratie et de l’Étatde droit. » Rappelant l’épisode du 24 février, lorsque l’administration Trump vota contre une résolution des Nations unies dans laquelle la Russie était clairement désignée comme l’initiatrice de la guerre contre l’Ukraine, Sanders ajoute : « Plutôt que de se joindre à nos alliés historiques pour défendre la démocratie et respecter le droit international, le président a préféré voter contre cette résolution, aux côtés de régimes autoritaires. (…) Ce vote n’a rien d’anodin. »

 

Ébranler ! Bernie Sanders va plus loin, et il prévient toutes les consciences encore capables de se dresser contre l’inéluctable dérive. Concernant Trump : « Le président considère les dictateurs du monde entier comme ses amis, nos alliés démocratiques comme ses ennemis et le recours à la force militaire comme le moyen d’atteindre ses objectifs. » À propos du passé, en effet miroir : « Il y a un peu plus d’un siècle, une poignée de monarques, d’empereurs et de tsars régnaient sur la majeure partie du monde. Installés dans une opulence extrême, ils prétendaient que leur pouvoir absolu était de « droit divin ». Les peuples n’étaient pas de cet avis. Partout dans le monde, ils se frayèrent lentement et péniblement un chemin vers la démocratie et rejetèrent le colonialisme. »

Enfin, il exhorte l’humanité : « Nous dirigeons-nous vers un monde plus démocratique, plus juste et plus humain ? Ou bien reculons-nous vers l’oligarchie, l’autoritarisme, le colonialisme et le refus du droit international ? Les Américains que nous sommes ne peuvent pas rester les bras croisés pendant que Donald Trump met une croix sur des siècles d’engagement en ­faveur de la démocratie. Nous devons nous battre ensemble pour nos valeurs et coopérer avec celles et ceux qui les partagent. » « Bernie » a pris la plume pour alerter l’humanité. Comme disait Roland Barthes : « Écrire c’est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte. La réponse, c’est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté. »

« Rétroviseur », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



On connaît l’histoire de la grenouille qui périt faute de s’être aperçue que l’eau dans laquelle elle baignait s’est réchauffée lentement mais sûrement. Court-on le même risque que le batracien à s’accommoder toujours plus insensiblement de la banalisation du Rassemblement national ?

La visite de Jordan Bardella et Marion Maréchal en Israël s’inscrit dans cette transgression progressive de toute limite. Quoi de plus lourd de sens, pour les héritiers d’un parti fondé par d’ex-Waffen-SS, que d’être accueillis à bras ouverts dans un pays où ils ont toujours été déclarés indésirables ? Sans Benyamin Netanyahou et son invitation intéressée par le soutien à sa guerre génocidaire contre Gaza, la réception du gratin de l’extrême droite européenne à une « conférence contre l’antisémitisme » aurait été impensable.

Pour solde de tout compte, le président du RN, qui défendait en janvier l’héritage du multicondamné pour antisémitisme et négationnisme Jean-Marie Le Pen, prétend, en posant le pied dans le pays fondé par des survivants de la Shoah, ne pas faire de « politique dans le rétroviseur ». On croit rêver. L’insulte faite aux six millions de juifs assassinés par les nazis n’est pas seulement une provocation insupportable.

Elle est une étape essentielle du blanchiment de l’extrême droite pour en faire un recours crédible et acceptable par la bourgeoisie en cas d’épuisement de « l’extrême centre ». Loin de faire revenir le RN dans la République, cette opération vise à reporter la tâche de l’antisémitisme sur la gauche, en prélude à l’exclusion de cette dernière du champ politique, selon une entreprise de falsification de l’histoire et du présent complètement assumée. C’est-à-dire à semer les graines du fascisme.

Passant devant ses bourreaux à Nuremberg, la résistante communiste Marie-Claude Vaillant-Couturier, rescapée du camp d’Auschwitz, murmurait intérieurement en les dévisageant : « En ce moment, ce sont des millions de morts qui vous regardent. » Jordan Bardella devrait méditer ces mots. C’est lui, aujourd’hui, que les regards des suppliciés poursuivent dans le « rétroviseur » quand il se promène toute honte bue au Mémorial de la Shoah Yad Vashem.

 

« Devoir », le billet de Maurice Ulrich.



Comment accueillir les chercheurs américains ? Il y a seulement trois mois, la question était absurde. Elle est désormais posée tant la situation aux États-Unis, avec les nouvelles contraintes imposées à la recherche par Trump, et les allumés qui l’entourent, est devenue inquiétante, voire catastrophique selon les termes même de l’ancien président français de l’Académie des sciences, Alain Fischer, et l’on s’attend à l’exil de nombre d’entre eux. L’exécutif préparerait un fonds d’une centaine de millions d’euros. Pas sûr que cela suffise pour un bon accueil qui suppose celui de la famille, le logement…

Bref, tout ce qu’on ne fait pas pour d’autres. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas le faire et pour cela, estime l’économiste et essayiste Alain Minc, les entreprises devraient donner « des moyens aux grands établissements d’enseignement supérieur et de recherche avec une gouvernance très neutre, incontestable et en ne cherchant pas à en tirer parti directement ». C’est beaucoup demander, mais, dit-il, « les grands groupes ont un devoir d’intérêt général ». À ce jour on ne l’avait pas remarqué.

 

jeudi 27 mars 2025

« Attal et le populisme pénal », l’éditorial de Maurent Mouloud dans l’Humanité.



L’ombre de Nicolas Sarkozy ne plane pas que sur les financements frauduleux de campagnes électorales. Son célèbre populisme pénal – un fait divers, une loi – inspire encore la Macronie et la droite. À cet égard, la proposition de loi portée par Gabriel Attal, débattue actuellement au Sénat et visant à « restaurer l’autorité » de la justice des mineurs, est un modèle du genre. Rhétorique martiale, manipulation des faits, mesures inapplicables et contre-productives… Tout y est. À la grande joie des Retailleau, Darmanin et autres Le Pen qui font leur miel électoral de ce sentiment diffus d’insécurité. Mais au grand désespoir des professionnels du monde judiciaire et de l’enfance, pris en otage de cette sempiternelle instrumentalisation.

« Restaurer l’autorité » sous-entend qu’elle aurait disparu et que la délinquance exploserait. Or c’est faux. Entre 2016 et 2024, le nombre de mineurs en infraction a reculé de 16 %. Leur quota dans les personnes mises en cause est passé de 17 % à 12 % sur la même période. Le travail de la justice ? Son taux de réponse pénale est aujourd’hui de 93 % et le nombre de mineurs incarcérés (900) est au plus haut en 2024.

Où est le « laxisme » maintes fois brandi ? La seule courbe en hausse est celle des actes les plus violents chez les mineurs. Nourris par la multiplication des règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants, ces faits restent rares (2 095 en 2023) mais sont très médiatisés. Et servent de prétexte bien pratique à un discours sécuritaire qui hystérise le sujet, sape la philosophie éducative de la justice des mineurs et escamote son manque de moyens.

Ce petit jeu politicien ne rend service ni à la sécurité des Français ni à la jeunesse. Les comparutions immédiates de gamins déstructurés, en plus d’aller à l’encontre de la Convention internationale des droits de l’enfant, ne régleront rien sur le fond. Pas plus que les amendes infligées à des parents dépassés.

La répression, seule, est vaine sans un accompagnement de ces jeunes. Encore une fois, la réalité des chiffres le démontre : 85 % des primo-délinquants qui ont pu être suivis par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) n’ont plus jamais eu affaire à la justice dans leur vie. Et pourtant, c’est à la PJJ qu’il manque actuellement 180 postes et où 4 200 mesures éducatives sont en attente. Un laxisme, bien réel cette fois, qui n’est jamais dénoncé par les zélateurs du populisme pénal.

 

« BIBI », le billet de Maurice Ulrich.



Pour « Bibi », titrait lundi le Parisien, la semaine allait être celle de tous les dangers tant Israël vit au rythme du clash entre le premier ministre, Benyamin Netanyahou, et ses « ennemis de l’intérieur ». Manifestations et appels à la grève générale se succèdent à la suite de la tentative de limogeage de Ronen Bar, le chef du service des renseignements intérieurs un peu trop curieux des conditions du 7 octobre, tentative suspendue par la Cour suprême, alors que la procureure générale, Gali Baharav Miara, est menacée elle aussi de limogeage.

Mais Bibi est combatif : « Ronen Bar ne restera pas à la tête du Shin Bet, il n’y aura pas de guerre civile et Israël restera une démocratie. » C’est osé quand la rue se dresse précisément contre une dérive de plus en plus autoritaire. « Mal nommer les choses, disait Camus, c’est ajouter aux malheurs du monde. » Et dans ces conditions et celles de la relance de la guerre à Gaza, parler de Bibi, ce n’est pas, en plus, se payer la tête du monde ?

 

mercredi 26 mars 2025

« Bayrou accouple la post-vérité et la post-confiance. », la chronique de Patrick Le Hyaric.



Elle court, elle rôde, elle s’insinue dans les fentes des discours gouvernementaux. Elle se répand comme une pandémie : la post-vérité, c’est-à-dire la négation des faits et des réalités. Son internationale a pour épicentre la Maison-Blanche, à Washington, qui attaque les libertés académiques et scientifiques, qui licencie sans préavis la scientifique en chef de la Nasa (par ailleurs, co-présidente du Giec), qui ferme des agences de l’État, le bureau de la technologie, de la politique et de la stratégie, le bureau de la diversité, le ministère fédéral de l’Éducation nationale, qui interdit des mots et en met d’autres sous surveillance d’une police de la pensée.

Dans la grande malaxeuse politique et médiatique française et européenne, on s’offusque, on proclame ses désaccords la main sur le cœur. On affirme que les démocraties libérales européennes sont des remparts contre les assauts réactionnaires, la désinformation, la diffusion de théories du complot, que l’Union européenne est le bouclier contre les coups de baïonnette portés aux flancs du droit international. On voudrait y croire !

La République française, son grand héritage des Lumières et l’Europe pourraient effectivement constituer cette forteresse démocratique. Force est de constater, avec tristesse et effroi, qu’elles ne sont en rien préservées des rafales soufflant contre la vérité, contre le droit à l’information, contre les sciences et contre l’université, dont, pourtant, nos sociétés ont un impérieux besoin pour sortir des crises démocratiques, sanitaires, écologiques, climatiques, tout comme de la crise de sens du travail.

Sans crier gare, ce mauvais vent du trumpisme et des droites extrémisées secoue en France les libertés académiques, viole le principe de franchise universitaire, met en cause le droit à la scolarité pour les étudiants étrangers venus de pays hors Union européenne. Sur les bancs usés des simplistes des droites et extrêmes droites, on appelle à démanteler le CNRS, l’Office français de la biodiversité (OFB), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). On laisse dégrader des bâtiments de l’Institut national de la recherche agronomique et de l’environnement (Inrae).

Seul un sursaut populaire peut permettre de réaffirmer avec force l’attachement politique et philosophique à la vérité. Seule la reconstruction d’une ardente mêlée où agissent prolétaires, ouvriers et paysans, chercheurs et créateurs, enseignants, soignants, journalistes, militantes et militants associatifs, féministes, antiracistes aux côtés d’intellectuels de toute profession peut brandir le savoir comme bien commun contribuant à ouvrir des horizons d’humanité.

C’est aussi l’une des conditions pour réparer une fracture démocratique qui se transforme en gouffre sous l’impulsion du président de la République et du Premier ministre, dont un puissant complexe médiatico-politique effectue le service après-vente avarié.

Les dangereuses injonctions présidentielles au surarmement et à la culture de la tension ne sont l’objet d’aucun débat sérieux, d’aucune analyse documentée, d’aucune expertise contradictoire. Le peuple est sommé d’acquiescer, de suivre et de sacrifier son « pouvoir de vivre », au son des canons et au nom de la géopolitique mondiale de laquelle on lui ôte toute prise.

De la négation des résultats du référendum sur le traité constitutionnel européen, en 2005, jusqu’au refus de prendre en compte les résultats des élections législatives de juillet 2025, le puits de la défiance ne cesse de se creuser au point que le risque d’y engloutir la République n’est plus exclu. Les résultats des votes, la parole citoyenne, la démocratie représentative et la démocratie sociale peuplent les cimetières des engagements non tenus.

Ni le puissant cri des gilets jaunes, ni celui de la majorité mobilisée contre la loi du passage à la retraite à 64 ans, ni la convention citoyenne sur le climat n’ont été pris en compte. L’argument est toujours le même : le sacro-saint « principe de réalité ». C’est au nom de ce même principe, que le surarmement est présenté comme une obligation, ou que le budget de la nation a été imposé après moult manipulations des chiffres et d’une compromission avec la majorité du groupe socialiste au Parlement, sous l’impulsion d’un ancien président de la République qui en connaît un rayon en matière de manipulation et d’organisation du parti confusionniste. Et voici que, en douce, alors que les médias agitent d’autres chiffons troués, le Premier ministre ampute ce mauvais budget de 9 milliards d’euros. Évidemment, le fameux « principe de réalité » n’est que celui qui permet de défendre les intérêts et les privilèges de classe des possédants.

Mais il convient de s’attarder sur le nouveau cap que vient de confirmer M. Bayrou, ce Premier ministre issu de la minorité parlementaire : l’organisation du coma de la démocratie représentative et de la démocratie sociale.

Après avoir nié qu’il ne connaissait rien de la sombre et violente vie qu’ont vécue des dizaines d’élèves du collège Notre-Dame de Bétharram, le voici accouplant la post-vérité à une sorte de dépassement de la défiance : la post-confiance.

Pour échapper à la censure, il avait mis au point un mécano du grand mensonge en déclarant remettre sur le chantier la contre-réforme des retraites imposée en avril 2023. Au plus fort de sa duplicité, le Premier ministre, qui ne s’était pas engagé à rouvrir le débat sur la loi des 64 ans mais sous les voûtes solennelles de La république. En effet, Il s’y est engagé à plusieurs reprises face aux représentants de la nation, notamment lors d’une déclaration de politique générale, le 14 janvier dernier. Sorte de programme de l’action gouvernementale, le chef du gouvernement avait refusé un vote de confiance (c’est tout dire) du Parlement, tout en se livrant avec F. Hollande à des tractations d’arrière-cour pour ne pas être censuré. Les paroles sont pourtant aussi limpides que la forfaiture à laquelle elles ont donné lieu :

« La loi de 2023 a prévu que l’âge légal de départ passerait à 63 ans, fin 2026. Une fenêtre de tir s’ouvre donc. Je souhaite fixer une échéance à plus court terme, celle de [cet] automne (…). Nous pouvons rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite – les fameux 64 ans », déclarait M. Bayrou. Puis dans une lettre de convocation, datée du 26 février 2025, adressée aux syndicats et aux représentants des employeurs censés se réunir en ce fameux « conclave », le Premier ministre confirmait son fictif engagement : « La délégation paritaire pourra discuter de l’ensemble des paramètres de notre système de retraites, sans totem ni tabou. » On ne pouvait être plus clair. Évidemment, nous n’avions aucune illusion sur les intentions et les résultats. M. Bayrou, au service de la classe dominante et des institutions financières, non plus ! Mais il se peut qu’une majorité de nos concitoyens, aux corps usés par le travail, y aient mis quelque espoir. Voilà le crime. Voilà l’insupportable. Voici comment on foule aux pieds la vérité et la confiance : le 16 mars 2025, deux mois après cet engagement de maquignon, le Premier ministre jette aux orties tout débat sur un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans. Le Parlement est floué, des députés qui avaient pu croire à la promesse découvrent qu’ils ont été manipulés et les participants au fameux conclave sont dépossédés des prérogatives que Matignon avait fait semblant de leur accorder.

La farce nous fait entrer dans une ère où non seulement le pays est dirigé par ceux qui perdent les élections, mais en plus, leur parole est dépourvue de toute valeur.

Sachant que son opération n’aurait aucun débouché, le Premier ministre s’est tout de même engagé sans jamais se sentir lié par cette promesse. Et en refusant de voter la censure, au nom d’une prétendue stabilité qui spolie le peuple, la majorité du groupe socialiste s’est rendue complice d’une inqualifiable tromperie : c’est le fondement de la post-confiance qui s’infiltre dans les plaies de la République jusqu’à l’étouffer. Celle qui piétine avec de lourds sabots la démocratie. Celle qui déconsidère, chaque jour un peu plus, la politique. Celle qui nourrit la bête immonde.

Dans l’actuel paysage où toute la parole politique et médiatique est consacrée à discréditer « la gauche » baptisée « extrême gauche » et à exciter les divisions en son sein, à manier le hachoir contre les valeurs et les mots pour en tirer des saucisses confusionnistes, l’extrême droite peut engranger des dividendes électoraux, en se parant des draps de la République que délave, jour après jour, un gouvernement où se retrouvent toutes les droites et les traîtres à leur ancien parti. Toujours au nom du « réalisme », « de la stabilité » et « des principes de réalité » bien sûr ! Langage, mille fois répété pour soumettre chacune et chacun à la domination du grand capital.

Annoncer un projet pour obtenir à l’instant une majorité afin d’accéder aux responsabilités ou de continuer à occuper les palais de la République, alors que l’on sait que cet engagement ne sera jamais mis en œuvre, fabrique ce co-voiturage entre post-vérité et post-confiance. Le bouclier qui protège encore les puissants a désormais besoin de toujours plus cultiver le « faire croire », peu importe si c’est vrai ou faux.

Dans une société aussi politisée que celle de la France, cela ne peut faire illusion longtemps. Il n’y a aucune majorité pour mettre en œuvre une politique contre les intérêts populaires, contre la transition écologique, ni pour continuer de transférer tant d’argent vers le militarisme.

Voilà ce qui explique la farce de la valse des ministres. Voilà, aussi, qui ouvre le boulevard à toutes les aventures et autorise désormais certains penseurs et journalistes bien en cour à souhaiter la prise de contrôle de l’État directement par les propriétaires du capital, comme cela a commencé aux États-Unis. Se creuse ainsi la brèche des contestations des « démocraties libérales » pour des issues de droite radicalisée aux polycrises en cours.

De toute urgence, il est indispensable de faire revivre cette conquête républicaine de premier ordre qu’est la citoyenneté. Elle fait de chaque personne majeure une actrice, un acteur de la chose publique. Ce n’est possible que si le droit à l’information exacte, le droit au savoir et le droit à la culture sont respectés. En même temps, l’indispensable nouvel âge de la démocratie implique de combiner la démocratie représentative à un Parlement élu à la proportionnelle, le primat de celui-ci et du gouvernement contre la monarchie présidentielle et la démocratie directe. Cette citoyenneté politique ne sera jamais entière si elle n’est pas accompagnée par la conquête par les travailleuses et les travailleurs du pouvoir sur le travail et sur la définition des productions, sur la création monétaire, sur l’état et les, institutions européennes. C’est la condition pour marier progrès démocratique, progrès social et progrès écologique. C’est l’enjeu de l’heure, combattu de mille façons par les radicalisés de l’accaparement de la plus-value.

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« Turquie : la dérive dictatoriale d’Erdogan », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



La révolte qui embrase la Turquie ne devrait surprendre personne. Elle plonge ses racines dans l’absolutisme érigé en système par Recep Tayyip Erdogan. Le président a cru qu’il pouvait, une nouvelle fois, verser dans l’arbitraire sans en subir les conséquences ; il se retrouve coincé dans son propre étau répressif. Les motifs avancés pour incarcérer le maire kémaliste d’Istanbul, Ekrem Imamoglu – son principal rival à la présidentielle de 2028 –, sont à la fois graves et grotesques.

Les fausses accusations de « terrorisme » au prétexte de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont déjà justifié la destitution de maires du Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (ex-HDP) et du Parti républicain du peuple (CHP), la formation d’Imamoglu. Façon pour Erdogan de faire place nette en rayant du paysage politique ceux-là mêmes qui ont infligé une gifle aux candidats de l’AKP lors des municipales de 2024.

L’arrestation du maire d’Istanbul a mis le feu aux poudres. Le soulèvement stambouliote a gagné une écrasante majorité de provinces. Il revendique l’esprit de résistance de Taksim, lorsque, au printemps 2013, une opposition citoyenne à un projet immobilier des islamo-affairistes de l’AKP a tourné à l’insurrection populaire nationale. La réponse d’Erdogan, alors premier ministre, a été d’une violence inouïe : des arrestations à la pelle et une dizaine de morts, dont Berkin Elvan, 14 ans, touché par un tir lacrymogène à la nuque. Au terme d’une lente agonie de 269 jours, il ne pesait plus que 16 kilos.

Certains s’émeuvent aujourd’hui de la tournure des événements. Or, en plus de vingt ans de pouvoir, Erdogan a limogé des dizaines de milliers de fonctionnaires et d’officiers indociles. Il a mis les contre-pouvoirs à sa botte. Internet et la presse sont bâillonnés ou aux ordres.

Des intellectuels et journalistes ont été contraints à l’exil. Ses opposants politiques sont traqués, quand ils ne pourrissent pas en prison comme Selahattin Demirtas, l’ancien coprésident du parti pro-kurde HDP. Ankara, qui joue un rôle de premier plan au sein de l’Otan ou comme pays rétenteur d’exilés, jouit de complaisances internationales malsaines. Elles laissent libre cours à la dérive dictatoriale d’Erdogan.

 

« Les retraites, un sujet mystique selon le Figaro », le billet de Maurice Ulrich.



On a beau être rompu à la lecture critique de la presse de droite, on peut encore être surpris. Directrice adjointe du Figaro, Laurence de Charette évoque les retraites, « cette religion française ». L’appellation « conclave », écrit-elle dans une tribune, utilisée par une assemblée de cardinaux pour élire un pape, « trahit bien toute la sacralité du sujet ».

Au regret de contredire Mme de Charette, autrice en 2023 d’un livre titré À la grâce de Dieu, signalons que conclave, qui désignait jadis une pièce fermée à clé, peut désigner toute forme d’assemblée ou de comité. Mais surtout, dit-elle, « si la retraite est à ce point sacralisée, c’est que le travail, lui, a été beaucoup discrédité, quand ce n’est pas diabolisé ».

On pourrait lui suggérer une expérience mystique de femme de ménage dans un grand hôtel quand elle aura 64 ans. Sinon, elle salue « le conservatisme anglo-saxon qui a actuellement le vent en poupe » en raison de « sa capacité à réfléchir les grandes questions politiques en y incluant la dimension spirituelle ». Avec Trump et ses apôtres.

 

mardi 25 mars 2025

« Comment Enola Gay, l’appareil qui a largué la bombe d’Hiroshima, a disparu des documents officiels américains », le billet de Maurice Ulrich.



La photo de l’Enola Gay, l’appareil qui a largué la bombe d’Hiroshima, n’est plus accessible dans les archives de l’armée américaine. L’intelligence artificielle qui les traque ne s’y est pas trompée. Le mot gay figure bien dans la liste des mots proscrits par Trump et son administration.

Depuis sa prise de fonction, on en compte plus de 120 interdits ou surveillés dans les documents officiels, les articles scientifiques, universitaires, les programmes scolaires, sachant que leur usage peut être immédiatement sanctionné par la suppression de subventions, l’interdiction de publication, etc

L’agence fédérale d’autorisation des médicaments s’est vu ainsi interdire d’utiliser les mots et expressions femme, personne âgée, personne handicapée ou encore ARN messager, la molécule anti-Covid. D’une manière générale sont proscrits sexe, identité de genre, LGBT bien sûr… Sont surveillés égalité des chances, égalité et justice sociale, discrimination, oppression, privilèges, préjudice, diversité ethnique, racisme, ségrégation, héritage culturel, inégalités, socioculturel, socio-économique, climat… Et le nom que le pilote du Bombardier avait donné à l’appareil. Celui de sa mère, Enola Gay. Quelle idée, aussi ! 

 

lundi 24 mars 2025

« L’Humanité ostracisée par Tel-Aviv », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité de demain



Convier toute une partie de l’extrême droite européenne à une conférence contre l’antisémitisme, en Israël, tenait déjà de l’insulte à l’histoire. Écarter l’Humanité des accréditations officielles est un coup supplémentaire porté à la mémoire de celles et ceux qui, souvent au péril de leur vie, ont combattu le nazisme et le fascisme.

Grand reporter au service politique de l’Humanité, Emilio Meslet s’est vu, à quelques jours de l’ouverture de la conférence internationale de Jérusalem contre l’antisémitisme, retirer l’accréditation presse pour cet événement, qui pourtant, lui avait été accordée. « Nous vous informons que votre accréditation a été annulée. Vous n’êtes plus autorisé à participer à la conférence de lutte contre l’antisémitisme », lui a indiqué, au dernier moment, le ministère israélien des Affaires de la diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme.

Organisée les 26 et 27 mars par le gouvernement israélien, cette conférence a pour vocation de réunir dirigeants politiques, organisations internationales et personnalités de la société civile mobilisés dans la lutte contre l’antisémitisme. Pour la première fois, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et Marion Maréchal-Le Pen, députée européenne, sont invités à y participer.

Soucieux de renforcer ses liens avec les nationalistes et les réactionnaires de tous horizons, Benyamin Netanyahou a franchi le Rubicon. Désormais, les héritiers de la collaboration, issus des rangs d’un parti fondé par des anciens nazis, ont droit aux honneurs de Tel-Aviv dans une inversion terrifiante des valeurs.

À notre connaissance, cette procédure d’exclusion orchestrée par les autorités israéliennes ne concerne que l’Humanité, journal de la lutte antifasciste, engagé depuis toujours contre l’antisémitisme et dont quinze journalistes et travailleurs sont morts dans la Résistance ou fusillés par les nazis. Parmi eux, Lucien Sampaix, secrétaire général du journal, et Gabriel Péri, chef du service international. Le gouvernement israélien a multiplié, ces derniers mois, les attaques contre la liberté d’informer. L’entrave faite ici à l’Humanité en est une de plus.

 

« Ironie ? », le billet de Maurice Ulrich.



Il faut beaucoup de bonne volonté à Bruno Jeudy, directeur de la rédaction de la Tribune dimanche, pour saluer dans son éditorial, suivi de deux pages consacrées à François Bayrou, les cent jours de ce dernier à Matignon. On comprend bien que l’hebdomadaire de Rodolphe Saadé, proche d’Emmanuel Macron, fasse preuve d’une certaine empathie, mais là ça tient presque du sacerdoce.

« Malgré une impopularité jamais vue depuis Édith Cresson, Bayrou peut prolonger son bail et faire mieux que les deux cent quarante jours d’Attal. Dans cette drôle d’époque caractérisée par la confusion et l’incertitude, il apparaît comme l’homme de la situation. » Et comment ! En reprenant les mots de l’extrême droite sur la « submersion migratoire », en se déjugeant sur les retraites, sans même parler des « embarras » de l’affaire Bétharram…

Mais il a déjà tenu davantage que Michel Barnier. « Pour lui, c’était important de faire plus », note un de ses proches. On voit l’ambition du projet. Il est vrai que Bruno Jeudy a titré son édito « L’art de la survie ». De l’ironie ?

« L’inversion des valeurs », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



Peut-on parler du racisme à longueur de temps et n’en avoir cure ? Oui c’est possible. Il n’y a qu’à écouter les commentaires de la droite et de l’extrême droite à propos de la manifestation de ce week-end contre le racisme pour s’en convaincre.

Laurent Wauquiez avait ouvert le bal en déclarant : « Ils détestent la France. Ils prônent la haine des juifs. Ceux qui défilent à leurs côtés en sont complices. » David Lisnard, l’un de ses adversaires à droite pour 2027, ne pouvait pas être en reste : « Aujourd’hui, dans les rues de Paris, des fascistes manifestent contre le fascisme », a-t-il osé en reprenant mot pour mot un éditorial de CNews.

Il faut dire que la bollosphère est une source inépuisable d’attaques nauséeuses contre la gauche : ainsi dans le JDD, on peut lire que les manifestants étaient « accompagnés des communistes qui célébreront dignement leur héritage antisémite ». Oui, vous avez bien lu. Mais qu’est ce qui meut ces gens si indignés qu’ils en perdent tout contrôle, jusqu’à verser dans le révisionnisme le plus éhonté ? Certainement pas la cause antiraciste.

Combien de projets de loi de la droite sur le sujet ? Combien d’émissions pour analyser l’augmentation de 11 % des actes racistes en France en 2024 ? Jamais aucun d’entre eux ne s’insurge contre le million de personnes qui disent avoir subi un acte raciste chaque année en France. Ce sont elles, les premières victimes de cette inversion des valeurs.

Le sujet de fond n’intéresse pas les pyromanes du débat public obsédés par l’immigration car ils s’accommodent très bien du racisme. Ils ne font semblant de s’en émouvoir que pour taper sur la gauche afin de la décrédibiliser, de la diviser et de l’empêcher d’accéder au pouvoir. L’affiche scandaleuse de la FI sur Hanouna a donné un prétexte sur lequel se rue la coalition des intérêts réactionnaires.

Un climat qui permet au RN de dénoncer à son tour « la marche pour l’antisémitisme ». C’est pourtant le seul parti dont le principal dirigeant a été condamné pour antisémitisme. Un passé que Marine Le Pen disait encore récemment « assumer totalement ». De qui se moque-t-on ?

 

DERNIER VOYAGE !

Lui, le vrai combattant contre toutes les guerres, Lui le vieux militant, vient de se faire la paire.   Pour son dernier voyage, Ils étaie...