vendredi 28 mars 2025

« Résistance(s) », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.



 

Oligarchie ! Comme nous l’avons relaté dans l’Humanité en début de semaine dans un long reportage sur place, il en est un au moins aux États-Unis qui fait entendre sa voix – histoire de secouer un Parti démocrate inaudible et amorphe depuis l’élection de Donald Trump. Notre cher Bernie Sanders, 83 ans, tente de relever le drapeau de la résistance à l’oligarchie, sinon à la dictature qui se met en place.

« Notre combat, c’est de garantir que nous restons une démocratie », a-t-il lancé le 21 mars, à Denver, devant plus de 30 000 personnes, pour ce qui constituait l’avant-dernière étape de sa tournée anti-Trump dans l’ouest du pays. Répétant, comme pour signifier l’importance de l’enjeu : « On ne va pas laisser l’Amérique devenir une oligarchie. » Jamais Bernie Sanders, selon son propre aveu, n’avait « rassemblé autant de monde », pas même lors de ses deux tentatives aux primaires démocrates, en 2016 et en 2020.

Le vieux sénateur, endurci et prêt à réveiller l’Amérique du progrès, serait ainsi (re) devenu « l’homme du moment », comme l’écrit le Monde. « Bernie » l’indépendant est là et bien là !

 

Autoritarisme ! La bataille idéologique prend donc de l’ampleur, il était temps. Et parce que l’Histoire – avec son grand « H » – concerne évidemment le monde entier, Bernie Sanders vient de donner une tribune à The Guardian, dans laquelle il précise sa pensée. Intitulé « Donald Trump tourne le dos à deux cent cinquante ans d’histoire américaine », le texte de « Bernie » débute par ces mots : « Depuis deux cent cinquante ans, les États-Unis se veulent un symbole de démocratie, un exemple de la liberté et de la souveraineté auxquelles peut aspirer le reste du monde. Notre déclaration d’indépendance et notre Constitution ont longtemps été considérées comme des ­modèles à suivre pour garantir ces droits humains et ces libertés. Nous n’en sommes plus là, hélas. »

Et il précise : « En engageant notre pays sur la voie de l’autoritarisme, Donald Trump s’aligne sur des dictateurs et des despotes qui partagent son mépris de la démocratie et de l’Étatde droit. » Rappelant l’épisode du 24 février, lorsque l’administration Trump vota contre une résolution des Nations unies dans laquelle la Russie était clairement désignée comme l’initiatrice de la guerre contre l’Ukraine, Sanders ajoute : « Plutôt que de se joindre à nos alliés historiques pour défendre la démocratie et respecter le droit international, le président a préféré voter contre cette résolution, aux côtés de régimes autoritaires. (…) Ce vote n’a rien d’anodin. »

 

Ébranler ! Bernie Sanders va plus loin, et il prévient toutes les consciences encore capables de se dresser contre l’inéluctable dérive. Concernant Trump : « Le président considère les dictateurs du monde entier comme ses amis, nos alliés démocratiques comme ses ennemis et le recours à la force militaire comme le moyen d’atteindre ses objectifs. » À propos du passé, en effet miroir : « Il y a un peu plus d’un siècle, une poignée de monarques, d’empereurs et de tsars régnaient sur la majeure partie du monde. Installés dans une opulence extrême, ils prétendaient que leur pouvoir absolu était de « droit divin ». Les peuples n’étaient pas de cet avis. Partout dans le monde, ils se frayèrent lentement et péniblement un chemin vers la démocratie et rejetèrent le colonialisme. »

Enfin, il exhorte l’humanité : « Nous dirigeons-nous vers un monde plus démocratique, plus juste et plus humain ? Ou bien reculons-nous vers l’oligarchie, l’autoritarisme, le colonialisme et le refus du droit international ? Les Américains que nous sommes ne peuvent pas rester les bras croisés pendant que Donald Trump met une croix sur des siècles d’engagement en ­faveur de la démocratie. Nous devons nous battre ensemble pour nos valeurs et coopérer avec celles et ceux qui les partagent. » « Bernie » a pris la plume pour alerter l’humanité. Comme disait Roland Barthes : « Écrire c’est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte. La réponse, c’est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté. »

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