lundi 31 mars 2025

« Marine Le Pen condamnée : une victoire pour la démocratie et l'État de droit », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité de demain.



Peu importe la vérité, l’essentiel c’est de raconter l’histoire qui arrange. Dans le cas de la condamnation de Le Pen et compagnie, la fable mêle « complot anti-RN », « juges rouges corrompus », « verdict politique », « condamnation excessive », « volonté de nuire »… Un conte sur une justice partiale et « politique » qui priverait injustement des millions de Français d’une candidature à la présidentielle, « une justice contre la démocratie » en quelque sorte. Le tout repris en boucle par les leaders du Rassemblement national et les médias Bolloré pour imposer leur récit.

Cette mise en cause de la justice est d’autant plus grave que d’autres que le RN portent ce discours. Les renvois d’ascenseur entre le clan Sarkozy et le clan Le Pen pour s’insurger du sort fait à l’autre sont quotidiens. La droite et l’extrême droite toujours si promptes à réclamer une justice exemplaire et sévère – quand la justice doit simplement faire appliquer le droit – font la démonstration que ce qu’elles réclament c’est pour les autres.

Quitte à jeter aux oubliettes les attendus du jugement qui montrent que « la gravité de faits relève de leur nature systémique, de leur durée, du montant des fonds détournés, mais aussi de la qualité d’élus des auteurs et de l’atteinte portée à la confiance publique et aux règles du jeu démocratique ».

Alors, comment appelle-t-on ceux qui dénoncent une justice indépendante appliquant les lois et protégeant les règles démocratiques ? Qu’est-ce qu’une organisation politique dont l’obsession première, si elle arrive aux affaires, sera de mettre la justice au pas et donc d’en finir avec le principe de la séparation des pouvoirs ? Quand un projet politique a l’odeur, la couleur et la saveur du fascisme, c’est qu’il s’agit de fascisme.

Ne nous leurrons pas, la candidature compromise de Marine Le Pen pour 2027 ne met pas hors-jeu le RN et encore moins son projet liberticide et raciste. La surenchère à droite et à l’extrême droite va battre son plein et, comme aux États-Unis, en Israël, en Hongrie ou en Russie, c’est le cœur du modèle démocratique qui sera visé. La responsabilité des forces de gauche pour ouvrir une issue politique est immense. Dans deux ans il sera peut-être trop tard.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

COMPAGNONS !

Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...