Peu importe la
vérité, l’essentiel c’est de raconter l’histoire qui arrange. Dans le cas de la condamnation de Le Pen et compagnie,
la fable mêle « complot anti-RN », « juges rouges
corrompus », « verdict politique », « condamnation
excessive », « volonté de nuire »… Un conte sur une
justice partiale et « politique » qui priverait injustement
des millions de Français d’une candidature à la présidentielle, « une
justice contre la démocratie » en quelque sorte. Le tout repris en
boucle par les leaders du Rassemblement national et les médias Bolloré
pour imposer leur récit.
Cette mise en
cause de la justice est d’autant plus grave que d’autres que le RN portent ce
discours. Les renvois d’ascenseur entre le clan Sarkozy et le clan Le Pen pour
s’insurger du sort fait à l’autre sont quotidiens. La droite et l’extrême
droite toujours si promptes à réclamer une justice exemplaire et sévère – quand
la justice doit simplement faire appliquer le droit – font la démonstration que
ce qu’elles réclament c’est pour les autres.
Quitte à jeter
aux oubliettes les attendus du jugement qui montrent que « la gravité
de faits relève de leur nature systémique, de leur durée, du montant des fonds
détournés, mais aussi de la qualité d’élus des auteurs et de l’atteinte portée
à la confiance publique et aux règles du jeu démocratique ».
Alors, comment
appelle-t-on ceux qui dénoncent une justice indépendante appliquant les lois et
protégeant les règles démocratiques ? Qu’est-ce qu’une organisation
politique dont l’obsession première, si elle arrive aux affaires, sera de
mettre la justice au pas et donc d’en finir avec le principe de la séparation
des pouvoirs ? Quand un projet politique a l’odeur, la couleur et la
saveur du fascisme, c’est qu’il s’agit de fascisme.
Ne nous
leurrons pas, la candidature compromise de Marine Le Pen pour 2027 ne met
pas hors-jeu le RN et encore moins son projet liberticide et raciste. La
surenchère à droite et à l’extrême droite va battre son plein et, comme aux
États-Unis, en Israël, en Hongrie ou en Russie, c’est le cœur du modèle
démocratique qui sera visé. La responsabilité des forces de gauche pour ouvrir
une issue politique est immense. Dans deux ans il sera peut-être trop tard.
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