CÉZANNE peint beaucoup de paysages avec des rochers
chaotiques et des bois très sombres. Ses lieux favoris sont BIBÉMUS et le
CHÂTEAU-NOIR, caché dans une épaisse forêt à proximité. Le pin reste son arbre
favori, étouffant sous les blocs de rochers. Mais sa vue préférée qui restera
attachée à son image est la Montagne Sainte-Victoire. Elle a fait son
apparition dès les années 1870 dans la « Tranchée » mais elle va
devenir obsessionnelle dans les dernières années de sa vie. il est vrai qu’on
la voit de partout et que son nom remonte à la sanglante bataille livrée par
Marius et les légions romaines aux envahisseurs barbares, avant d’être
christianisée par les ermites et de devenir un lieu de pèlerinage, ou en son
sommet, l’emplacement des feux de la Saint-Jean.
Dans les années 1880, elle apparaît dans le fond de
larges vues panoramiques ouvertes sur la plaine de l’Arc avec son viaduc, comme
dans la célèbre toile « La Montagne Sainte-Victoire-vue de Bellevue, où un
pin isolé au centre de la composition donne toute sa profondeur au paysage. En
fait beaucoup de peintres provençaux se servaient de la Sainte-Victoire comme arrière-plan
de leurs toiles, mais CÉZANNE le premier va l’extraire de ces grandes
perspectives aériennes pour la faire surgir au centre de ses compositions
picturales. Dès lors, hypnotisé par sa présence, il va la peindre sous tous les
éclairages dans quelques trente toiles et aquarelles. Il va même déménager et
habiter son atelier sur le chemin des LAUVES d’où la vue est unique lorsque la
saison le lui permet. Dans le cas contraire, il s’y fait conduire en voiture à
cheval. « Dans ses tableaux, décrit Henri PERRUCHOT, la Sainte-Victoire
s’élève inaccessible, rayonnant d’une lumière intemporelle, comme au premier
matin du monde. »
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