Dans l’horreur qui se dessine chaque jour depuis trois semaines au
Proche-Orient, la réponse militaire israélienne au terrible attentat terroriste
du Hamas ajoute de la guerre à la guerre, du chaos au chaos, des morts aux
morts. C’est à la fois le symptôme de l’échec d’une solution politique et
en même temps le déni de celle-ci.
Les va-t-en-guerre répètent à l’envi qu’il y a deux camps irréconciliables
et qu’aucune figure majeure n’émerge pour faire la paix. Affirmation
réductrice, car la paix est une construction politique avec, justement, celui
qu’on considère comme son ennemi. Côté israélien, la figure de paix est, de
manière contre-intuitive, souvent venue des rangs de l’armée. Côté palestinien,
une personnalité connue de tous, emprisonnée depuis vingt et un ans parmi
les plus de 5 000 prisonniers politiques palestiniens enfermés dans les
geôles israéliennes, incarne une dynamique politique et une perspective de
paix.
Député du Conseil législatif palestinien, favori des enquêtes en cas
d’élection, Marwan Barghouti est ce dirigeant. Pourquoi cet homme ?
Fidèle aux convictions du mouvement national palestinien, critique des impasses
de l’après-Oslo, il a montré à plusieurs reprises qu’il pouvait porter la
dynamique d’une solution à deux États, israélien et palestinien, dans
l’architecture des résolutions onusiennes et des frontières de 1967.
Actif dès ses années étudiantes dans les mouvements de résistance à
l’occupation israélienne, ce responsable politique a cette capacité à faire
dialoguer les forces palestiniennes, voire à les fédérer, comme l’illustrent
ses appels réguliers à l’unité politique lancés depuis sa geôle.
Bien que le sort de Marwan Barghouti soit toujours bloqué par les autorités
israéliennes en cas d’échange ou de libération de prisonniers, les diplomates
et connaisseurs de la situation proche-orientale savent qu’il est une partie de
la solution politique, lui valant la qualification de Mandela palestinien.
La libération de Marwan Barghouti ne prendrait tout son sens qu’avec la
libération de tous les autres prisonniers politiques palestiniens, et ouvrirait
un nouveau chapitre d’une perspective politique crédible. Les défenseurs
sincères d’une paix juste et durable doivent se mobiliser autour de cet espoir.
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