Les réformes structurelles néolibérales sont facilitées par l’utilisation d’euphémismes qui laissent à penser qu’il s’agit de réformes marginales. Ainsi les politiques d’austérité se transforment en « maîtrise des finances publiques ». Les termes implicites sont également utilisés pour favoriser la mise en place de politiques néolibérales. Ainsi l’utilisation du mot « assainissement pour évoquer les finances publiques laisse à penser qu’elles ne sont pas saines ». La mise à la diète des fonctionnaires sous-entend que « ces derniers vivent dans l’opulence ».
La modération salariale renvoie à la même idée
concernant les salariés. Dans le même esprit les politiques de privatisation
consistent à faire « respirer » le secteur public et les politiques de
démantèlement du code du travail consistent à « s’attaquer aux rigidités de ce
dernier ». Le rapport à l’emploi est également décrit d’une manière
particulière, puisqu’il s’agit de « décrocher un emploi », comme s’il
s’agissait d’une chance exceptionnelle. Pour y parvenir, il est demandé d’être
« flexible », c'est-à-dire de s’adapter aux contraintes horaires ou
géographiques de son employeur, voir « agile », en démontrant par exemple sa
capacité à prendre un emploi de 2 mois à Riga ou à Lisbonne ! Un plan de
licenciement est devenu un « plan social » ou un « plan de sauvegarde de
l’emploi ». Le démantèlement du système de protection sociale devient un « plan
de modernisation et de sauvegarde de ce système ». Le terme de
« compétitivité » s’insère dans de nombreux domaines tels que les
hôpitaux, les universités. Les usagers des services publics deviennent des «
clients ». La confrontation patrons-syndicats est également biaisée puisqu’au
lieu de la considérer comme un rapport de force, c'est-à-dire une lutte de
classes, la novlangue néolibérale utilise des termes tels que
« partenaires sociaux » ou « dialogue social », qui
laissent à penser que les « partenaires » ont les mêmes intérêts.
A l’arrivée on veut déposséder le peuple de ses
mots pour que non seulement il ne puisse plus intervenir sur son avenir mais
qu’en plus il ne soit plus en capacité de comprendre. Les néolibéraux n’ont
qu’un objectif : celui de faire disparaître l’idée que le peuple peut prendre
en main son avenir. Cette prépondérance du discours néolibéral ne peut
s’accommoder de la disparition de termes tels que capital, capitalisme,
exploitation, communisme. Cette terminologie doit, plus que jamais, servir de
langage, d’outils d’analyse, de signes de reconnaissance aux protagonistes des
luttes anti capitalistes. Il est absolument nécessaire de combattre cette
opacité volontairement entretenue pour que le peuple se désintéresse de son
propre sort. Cela fait partie intégrante de la lutte des classes !
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