dimanche 31 août 2025

Sur les chaînes d’info, François Bayrou s’accroche à « Simone », « Jeannot » et « Jojo » pour mieux couler.



Interrogé par les quatre chaînes d’information lors d'une interview chaotique et franchement ratée, François Bayrou s’est entêté dans la défense de son plan d'austérité de 44 milliards d’euros, tout en se disant prêt à reculer sur la suppression d’un jour férié.

François Bayrou aime les métaphores maritimes. Pour illustrer la situation du pays et le niveau de sa dette, le premier ministre évoque tour à tour l’état de la coque du bateau infiltrée par les eaux et le rôle du capitaine qu’il pense être. Il ne nous en voudra donc pas de parler de naufrage à propos de sa prestation télévisuelle ce dimanche 31 août.

Interrogé par les quatre chaînes d’information et leurs très libéraux animateurs, Darius Rochebin (LCI), Myriam Encaoua (Franceinfo) et Marc Fauvelle (BFM TV) et Sonia Mabrouk (CNews), le fondateur du MoDem a difficilement tenté de justifier son action à quelques jours du vote de confiance qu’il a lui-même sollicité.

Si la chute lui est promise, le maire de Pau s’est voulu combatif. « Je ne suis sûrement pas là pour dire au revoir, a-t-il introduit. Les jours qui vont venir sont cruciaux. Si vous pensez que je vais abandonner les combats que je mène depuis des années et que je mènerai après, vous vous trompez ! ».

Par souci de pédagogie, François Bayrou s’est hasardé à des exemples adressés à « Simone », « Jeannot » ou « Jojo » pour mieux s’adresser à la figure du français moyen, du moins tel qu’il l’imagine. De quoi révéler la dose de mépris qui l’anime envers un pays qui rejette massivement son projet de compression drastiques des dépenses sociales.

« Ce n’est pas de l’austérité, c’est du sérieux »

Pourtant, ce nouveau passage médiatique a des airs de coup pour rien tant il est resté inflexible à propos de son plan d’austérité de 43,8 milliards d’euros. « En France, on n’a pas présenté un budget en équilibre depuis 51 ans. Notre pays doit sortir de la malédiction de la dette », s’est-il exclamé pour justifier ses intentions, écartant toute possibilité d’agir sur les recettes, notamment en taxant les plus fortunés, en particulier par la taxe Zucman (2 % pour les patrimoines dépassant les 100 millions d’euros).

Et de poursuivre : « Ce n’est pas de l’austérité, c’est du sérieux. Moi j’aime bien les chiffres, je suis un faux littéraire. On a dépensé l’an dernier 100, si on laisse aller on va dépenser 105, nous, on dit faisons des efforts pour dépenser 101 ou 102. Ce n’est pas de l’austérité ! ».

Interrogé sur la possibilité de faire des « compromis », en particulier sur sa volonté de supprimer deux jours fériés, le premier ministre a d’abord tergiversé. « Deux jours fériés en moins, ce n’est pas travailler gratuitement. C’est donner un peu plus parce que notre pays connaît des risques. C’est des journées de travail en plus pour le pays », a-t-il expliqué, avant de se dire prêt à n’en supprimer qu’un seul.

Dans un bref détournement de l’entretien par Sonia Mabrouk vers ses obsessions migratoires, François Bayrou a rappelé refuser « qu’on fasse de l’immigration la cause de la situation du pays ». Un sursaut salutaire ? Pas vraiment. Celui-ci se disant dans la foulée « persuadé que notre politique d’immigration doit évoluer » pour « maîtriser les entrées ».

« À tout moment, un bombardement peut survenir et mettre fin à nos vies » : à Gaza, les journalistes palestiniens bravent la mort pour documenter l’horreur du génocide



Les journalistes palestiniens, femmes et hommes, savent qu’ils peuvent être tués à chaque instant par Israël pour le simple fait d’exercer leur métier. Dans l’urgence, ils s’efforcent de documenter autant d’histoires que possible avant de devenir eux-mêmes les prochaines victimes, témoigne Maha Hussaini, journaliste palestinienne à Gaza.

Depuis deux ans, je marque une pause chaque fois qu’on me demande mon âge. Je m’arrête, je réfléchis tranquillement un instant : « Ah oui, quel âge ai-je donc ? », avant de me reprendre et de répondre. Pour beaucoup, surtout lors d’entretiens avec des personnes hors de Gaza, cette hésitation paraît comique.

Après tout, qui oublie son âge ? Mais la vérité est qu’au cours de ces deux années, j’ai, presque sans m’en rendre compte, cessé de mesurer mon existence en années ou en mois. Désormais, je la mesure en histoires. C’est une réalité que seuls les journalistes palestiniens à Gaza peuvent vraiment saisir.

Raconter avant de disparaître

Depuis vingt-trois mois, les histoires sont devenues notre calendrier, notre seul moyen de mesurer le temps. Quand on voit des collègues journalistes se faire tuer presque quotidiennement et qu’on vit avec la certitude d’être le prochain, le temps commence à perdre son sens.

Ici, on ne meurt pas pour les années qu’on a vécues, mais pour les histoires que l’on raconte. Et c’est ainsi que chaque histoire acquiert un poids différent.

Chaque témoignage devient une page tournée, chaque récit un chapitre achevé. Vous courez contre la montre, vous efforçant de documenter autant d’histoires que possible avant de devenir vous-même le prochain sujet.

Le quotidien des reporters face aux bombardements et aux drones

Ce n’est pas seulement le temps qui change de sens lorsqu’on est journaliste dans la bande de Gaza. Dans un bureau doté de panneaux solaires et offrant le luxe rare d’Internet et de l’électricité après la destruction des infrastructures locales par l’armée israélienne, deux journalistes discutent à côté de moi.

Toutes deux sont des reporters de terrain voyageant constamment entre le nord et le sud de la bande de Gaza pour témoigner des événements.

Mon casque sur les oreilles diffusant une musique douce pour me protéger du fracas des bombardements et du bourdonnement des drones israéliens, je les regarde quitter leurs chaises, poser leurs sacs à dos de travail sur les tables, commencer à les déballer et à parler de leur matériel. Je baisse légèrement le volume de ma musique.

« Regarde comme ce sac est grand. Ici, tu peux mettre ton ordinateur portable, tes écouteurs et tes chargeurs. Et cet espace est prévu pour d’autres appareils, mais il s’adapte parfaitement à mes vêtements », explique l’une à sa collègue. À l’intérieur du sac se trouvaient un pull d’hiver en plein été, deux chemises, un pantalon et quelques autres articles dont personne n’aurait normalement besoin pour un voyage de trente minutes dans le sud de Gaza.

Vivre et travailler sous tension constante

Intriguée, j’ai retiré mes écouteurs et demandé : « Pourquoi avez-vous besoin de tout ça dans un sac de travail ? » « Pour être sûre d’avoir l’essentiel au cas où ils fermeraient soudainement la route » entre le Nord et le Sud, a-t-elle répondu.

Au début de sa guerre à grande échelle contre Gaza, en octobre 2023, l’armée israélienne a ordonné l’évacuation massive des habitants du nord du territoire et de la ville de Gaza, les obligeant à se déplacer vers le Sud, avant de couper de fait l’enclave en deux.

La route reliant les deux régions a été fermée et des centaines d’attaques ont été menées, notamment des exécutions sommaires de Palestiniens déplacés qui, depuis le Sud, tentaient de rentrer chez eux, dans le Nord. La route a été rouverte une quinzaine de mois plus tard dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu de janvier 2025, et elle reste techniquement accessible, même après la reprise des attaques israéliennes en mars.

Elle a cependant laissé une cicatrice profonde et irréparable chez les habitants de Gaza, qui vivent dans la peur constante d’être à nouveau déracinés, sans préavis. Cela a contraint de nombreux habitants à éviter de voyager entre le Nord et le Sud. Pour la plupart des journalistes, cependant, ce déplacement est inévitable.

Pour eux, un sac n’est jamais seulement un rangement pour leurs appareils. Il devient une bouée de sauvetage, un bateau contenant des fragments de leur propre vie, porté sur leur dos alors qu’ils courent à travers le feu et les décombres pour capturer une histoire, pour recueillir un autre témoignage.

L’amour au milieu des bombes à Gaza

Après une nouvelle attaque qui a tué au moins cinq journalistes palestiniens, lundi 25 août, Hala Asfour, journaliste de 24 ans et fiancée de Muhammed Salama, l’un des confrères tués lors de ce bombardement israélien, a partagé une vidéo sur les réseaux sociaux. Dans celle-ci, elle capture un moment rare et intime avec lui après un reportage.

Tenant la main de son fiancé, visiblement épuisé et somnolent, Asfour a livré une réflexion mordante et teintée d’humour noir : « Voilà les avantages de tomber amoureux d’un journaliste : il est tout à fait normal qu’il s’endorme soudainement en vous parlant. Et il est parfaitement normal qu’il soit là avec vous un instant et qu’il s’enfuie l’instant d’après, il a un incident à couvrir. Informations de base. »

Dévastée et incapable d’écrire quoi que ce soit, Asfour a partagé la vidéo sans légende. Les collègues du couple ont évoqué ce que cela représente de voir deux journalistes tomber amoureux sous les tirs à Gaza.

« Je ne connaissais pas le photojournaliste Muhammed Salama auparavant, mais plutôt l’amoureux », se souvient la journaliste palestinienne Waad Abuzaher. « Chaque matin, le cœur dévoué, il venait prendre un café à la porte de notre bureau, accompagné de sa fiancée, lui offrant l’impossible, si elle le souhaitait. »

Abuzaher a ensuite raconté une de ses conversations avec Asfour sur l’amour en temps de guerre. « Je lui ai demandé : ”Pourquoi l’amour persiste-t-il à surgir en pleine guerre ?” Au début, elle a répondu avec sarcasme : ”Parce que nous n’avons pas de chance”, et elle a ri. Puis elle a ajouté : ”Si rien ne nous sauve de la mort, que l’amour nous sauve au moins de la vie, mon amie.” »

240 journalistes palestiniens tués depuis le début de la guerre

Asfour, la jeune journaliste, a eu la sagesse de comprendre que tomber amoureux d’un journaliste à Gaza, c’est défier la vie elle-même. C’est un acte fragile, une tendre rébellion contre l’ombre constante de la mort, une insistance silencieuse sur le fait que, même au milieu des bombardements et du génocide, le cœur humain et la voix du journaliste refusent d’être réduits au silence.

Depuis le début de la guerre israélienne contre Gaza, environ 240 journalistes palestiniens ont été tués. Certains sont tombés dans l’exercice de leurs fonctions, documentant les événements sur le terrain et recueillant les témoignages des victimes, pour finalement devenir eux-mêmes victimes.

D’autres ont été abattus chez eux, auprès de leurs familles ou dans des camps de déplacés, tués à l’endroit où ils avaient trouvé refuge. Ce ciblage systématique, dans ce qui a été décrit comme « la guerre la plus meurtrière jamais menée contre les journalistes », a accouché d’une réalité effrayante : à Gaza, côtoyer un journaliste peut être perçu comme une condamnation à mort.

Il y a deux mois, je suis allée acheter une nouvelle paire de lunettes après avoir perdu les miennes lors d’un énième déplacement forcé. Chez l’opticien, la spécialiste a entamé la procédure routinière de saisie des coordonnées des clients. Elle m’a demandé mon nom et ma profession. « Maha Hussaini », ai-je dit.

« Nous sommes des bombes à retardement »

« Je suis journaliste et je défends les droits humains. » Au mot « journaliste », ses doigts se sont figés sur le clavier. Elle a levé les yeux, a souri gênée et baissé la voix : « Allons-y avec une militante des droits humains », murmura-t-elle. J’ai ri. Ce n’était pas la réaction la plus inhabituelle que j’aie observée en révélant que j’étais journaliste.

Nous partageons souvent des histoires sur la façon dont nous devons dissimuler notre identité, jouant à cache-cache pour que les gens n’aient pas peur de se retrouver près de nous, même lorsque nous essayons de recueillir des témoignages.

À mon retour au bureau, j’ai raconté cette histoire à ma collègue Israa al-Ramli, puis j’ai ajouté, à moitié sarcastique : « Je ne sais pas pourquoi ils ont si peur de nous. » Elle a souri et répondu : « Parce que, pour eux, nous sommes des bombes à retardement. Si nous ne sommes pas bombardées maintenant, alors ce sera sûrement le cas la prochaine fois. »

Et c’est exactement ce que nous ressentons, nous, journalistes palestiniens de Gaza, conscients qu’à tout moment, un bombardement peut survenir et mettre fin non seulement à nos vies, mais aussi à celles de nos familles et de tous ceux qui se trouvent à proximité.

Alors que nous parcourons les ruines pour réaliser nos reportages, nous entendons presque le tic-tac, une horloge invisible qui nous rappelle que ce n’est qu’une question de temps. Chaque mission est une course : raconter l’histoire avant qu’elle nous engloutisse. Le temps m’a rattrapée moi aussi, et je me rends compte que je dois encore me présenter, ceci étant mon premier article pour l’Humanité.

Je suis Maha Hussaini, j’ai 33 ans, et je suis journaliste palestinienne à Gaza. J’ai environ 500 articles à mon actif. Au cours des dix dernières années, j’ai porté la voix de près d’autant de victimes. Aujourd’hui, je vis avec la conviction inébranlable qu’un jour, tôt ou tard, mon histoire sera également racontée par quelqu’un d’autre.

 

LA VIE EST UNE DANSE



La vie est une danse qui ne demande qu’à nous enlacer et à nous faire vibrer. Parfois, elle est étourdissante et parfois elle est valse lente. Elle nous essouffle ou elle nous envoûte, elle se fait danse de l'amour ou rock endiablé. La vie est une danse qui nous attire dans un ballet magique. On y est ballerine semblant flotter sur la pointe des pieds et tourbillonner dans un frou-frou évaporé. La vie est une danse saccadée. Tout est parfois si étrange qu’elle nous laisse emporter par son rythme passionné. La vie est une danse que nous dansons souvent sans trop y croire. Les idées noires quadrillent avec les idées plus colorées. Elles s'emmêlent et tourbillonnent pour s'échapper de la ronde, puis elles s'étourdissent et reviennent sagement se blottir dans nos cœurs emballés. La vie est une danse qui nous ensorcelle, nous stimule et nous émerveille... nous nous sommes souvent arrêtés car nous étions essoufflés. Nous nous sommes souvent assis sur le petit banc... esseulés...La vie est une danse que je vous invite à danser...

samedi 30 août 2025

« Un été chaud, une rentrée bouillante », l’éditorial de Fabien Gay.



L’été s’achève, la rentrée se profile. Un été caniculaire, qui a mis à mal les corps et la planète. Un été qui n’aura pas été une parenthèse enchantée, où la légèreté estivale fait oublier le reste. Un été où notre pays a peiné honteusement à faire face aux incendies, faute de Canadair, résultat d’une politique de rigueur budgétaire. Non seulement, les choix politiques sont responsables de ce réchauffement planétaire, mais les coupables n’assument aucune conséquence de leurs actes. « Tu casses, tu répares », disait pourtant Gabriel Attal.

Un été également où le Secours populaire, fêtant ses 80 ans, a offert à des enfants qui ne partent jamais en vacances une journée inoubliable. Mais jusqu’à quand, dans ce pays, va-t-on accepter cette pauvreté qui prive les enfants et leurs parents de pouvoir, comme d’autres, sortir de leur cadre quotidien ? Ces sourires enfantins, permis par la solidarité et l’engagement des bénévoles du Secours populaire, sont à la fois merveilleux et cruels, face visible des dégâts de politiques libérales qui frappent les plus vulnérables.

L’été n’aura été que le révélateur d’un système déréglé qui dévaste des hectares et des vies. Un été annonciateur d’une rentrée bouillante, d’un point de vue social cette fois, tant l’urgence est à nos portes. Notre pays, dans un climat démocratique étouffant, souffre de politiques économiques écrasantes. D’un côté, l’extrême droite continue à tisser sa dangereuse toile ; de l’autre, le gouvernement plonge le pays dans la morosité et la précarité, avec la perspective de 44 milliards d’euros d’économies. Le tout sur fond d’arguments fallacieux, d’analyse biaisée par les yeux capitalistes qui écrivent un récit volontairement angoissant à propos d’une dette savamment construite par les tenants du capital.

Autant de raisons de se mobiliser, de faire converger les colères et les luttes. Avec un appel commun à la mobilisation le 18 septembre, l’intersyndicale organise la riposte sociale que François Bayrou croyait désamorcer avec l’annonce d’un vote de confiance le 8 septembre à l’Assemblée. Les appels à « tout bloquer » le 10 s’amplifient aussi et sont l’expression de cette envie et cette nécessité d’agir, ensemble. Dans le prolongement de ce mouvement, et dans un esprit de résistance et de construction d’alternatives, la 90e édition de la Fête de l’Humanité accueillera toutes celles et tous ceux qui souffrent de ce monde qui déraille et qui veulent un changement radical.

En ce début de rentrée se joue aussi la résolution de conflits internationaux de façon balbutiante et tardive. Les dirigeants des grandes puissances mondiales s’agitent dans la lumière médiatique, se rencontrent en se glosant de cessez-le-feu, mais, en réalité, sans créer les conditions d’y parvenir et d’obtenir des garanties de sécurité. Trump reçoit Poutine en grande pompe, l’Europe court derrière ce duo et est désignée comme l’obstacle à la paix. Le chef du Kremlin tient toujours les rênes du destin ukrainien et ne cédera pas sans obtenir gain de cause, notamment sur le plan territorial.

Quant à la Palestine, la communauté internationale semble enfin réagir face à la nouvelle indignité du gouvernement israélien et son projet de colonisation et de division de la Cisjordanie, anéantissant tout espoir de voir un jour exister un État palestinien. L’ONU vient de déclarer la famine à Gaza et le génocide en cours ne sera stoppé que si le gouvernement israélien se voit stoppé, sanctionné, et ses dirigeants traduits devant la CPI.

La Fête de l’Humanité accueillera les pacifistes et les progressistes du monde entier, et fera entonner les voix de la paix, pour éteindre celles qui sèment le chaos et la terreur. D’ici là, continuons à diffuser largement le bon de soutien, continuons à faire de ces trois jours un grand événement combatif, politique, populaire, culturel et festif. L’humanité en a besoin.

 

vendredi 29 août 2025

Bataille contre le budget Bayrou : l'intersyndicale appelle à la mobilisation le 18 septembre sur l'ensemble du territoire

 


Les principaux membres de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) se sont réunis dans la matinée du vendredi 29 août. Entre le vote de confiance prévu le 8 septembre, dont le gouvernement Bayrou ne devrait pas ressortir indemne, et l’émergence du mouvement « Bloquons tout » annoncé le 10 septembre, les syndicats souhaitent peser sur le combat social avec une mobilisation le 18 septembre prochain.

L’intersyndicale se réunit au complet – CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa et Solidaire – pour décider des actions à mener contre la politique austéritaire prônée par un François Bayrou condamné politiquement. Le rendez-vous a été donné vendredi 29 août, à partir de 8 heures, au siège de la CFDT. Initialement prévu pour le lundi 1er septembre, le rassemblement a été avancé face à la situation du pays.

Entre la mort annoncée du gouvernement lors d’un vote de confiance prévu le 8 septembre et les promesses d’une mobilisation massive deux jours plus tard, les syndicats souhaitent peser de tout leur poids. La conférence de presse tenue par François Bayrou, lundi 25 août, les a motivés à accélérer le processus. Lors d’une conférence de presse organisée en fin de matinée, l’intersyndicale a annoncé s’être mise d’accord : « Nos organisations appellent à une journée de mobilisation sur l’ensemble du territoire, jeudi 18 septembre 2025, y compris par la grève et la manifestation. »

« L’abandon du projet de budget »

Lors de sa prise de parole, lundi 25 août, le premier ministre a tenté de tuer les ardeurs du mouvement populaire « Bloquons tout ». Le premier ministre y a défendu « un lieu pour cette clarification, une institution, c’est le Parlement dans un débat ordonné suivi d’un vote, et non dans le désordre des affrontements de rue et des injures ».

Manœuvre ratée alors que les grondements ne faiblissent pas et que les syndicats ont dévoilé leur stratégie pour les semaines à venir. « Les différentes mesures budgétaires avancées sont d’une brutalité sans précédent, fustige l’intersyndicale, dans un communiqué dévoilé vendredi 29 août. Le gouvernement a choisi encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraités, les malades. »

La CGT avait déjà annoncé, le 25 août, espérer « que cette journée (du 10 septembre, NDLR) soit une première étape réussie, ce qui passe en particulier par la grève ». Leur objectif : « L’abandon du projet de budget et la mise en place de mesures d’urgence. » Cette seconde mobilisation, le 18, viendra donc remettre le couvert.

Même son de cloche pour Solidaires, qui appelle aussi à la mobilisation, « notamment par la grève », le 10 septembre. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a quant à elle préféré se concentrer sur la mobilisation de l’intersyndicale. « Quelle que soit l’issue du vote du 8 septembre, le 9, la question du budget restera la même », enfonçait la responsable CFDT, à l’occasion des universités d’été de son syndicat… où était convié le premier ministre.

Force ouvrière (FO) s’est aussi annoncé réceptif à une telle option. « Nous avons une intersyndicale et nous déciderons de nos actions en son sein, avait ainsi prévenu Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, en réaction à l’approche du 10 septembre. C’est pour cette raison que j’ai déposé un préavis de grève couvrant la période du 1er septembre au 30 novembre. »

Les prochaines semaines devraient donc être synonymes de lutte sociale, quelle qu’en soit la forme. En attendant, l’intersyndicale intime au gouvernement de mettre en place « des mesures pour lutter contre la précarité et renforcer la solidarité ; des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation de la France et des mesures contre les licenciements ; la justice fiscale avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus, contraignent le versement des dividendes et conditionnent fortement les aides aux entreprises ; une protection sociale de haut niveau et l’abandon de la retraite à 64 ans ».

FLEUR DESSÉCHÉE



Tiens, on m’a oubliée perdue entre deux pages, je n’étais qu’une fleur coincée parmi des mots, un petit brin d’amour trouvé avant l’orage, devenu pour un temps symbolique cadeau. Une main de désir m’avait cueillie, légère, sur ce talus de mousse où ils étaient assis, et j’avais entendu leurs chansons, leurs prières, leurs rêves d’avenir et leurs craintes aussi. J’avais vu ces baisers, ces étreintes, ces gestes, ces yeux qui s’embuaient d’un trop-plein de bonheur, je ne suis aujourd’hui qu’un peu de foin qui reste sur la vie moissonnée par les lames du cœur. Alors, je reste là craintive et sans attrait. Où sont-ils à présent ceux qui m’avaient choisie. Reste-t-il mon parfum au flacon des regrets, un peu de flamme encore pour d’autres rêveries. Se promène le temps qui effeuille les roses mais subsiste toujours un peu de souvenir, une fleur desséchée qu’un jardinier arrose et qui n’en finit pas de toujours revenir.

« Le vote de confiance, b. a.-ba démocratique », l’éditorial de Sébastien Crépel.



Depuis lundi, les commentaires fascinés déferlent en boucle sur le « suicide » politique en direct du Premier ministre. Son saut périlleux sans filet paraît relever de l’impensable : pourquoi solliciter un vote de confiance de l’Assemblée nationale quand on ne dispose d’aucune majorité certaine ou même probable, et alors que rien n’obligeait François Bayrou à risquer ainsi sa place ?

La réponse à cette question échappe à tous les cyniques. Et, parmi eux, à l’intéressé lui-même, qui tente de ruser avec sa propre audace pour se maintenir à la tête d’un gouvernement chargé de conduire, contre le vote des Français, la politique d’une coalition de bric et de broc de vaincus des urnes.

Sa dernière feinte, après avoir piétiné sans scrupule son engagement de réexamen de la réforme des retraites à l’issue d’un pseudo-conclave, consiste à faire croire aux députés que le vote de confiance en la politique de super-austérité qu’il leur réclame n’en serait pas vraiment un. « Confiance n’est pas le bon mot, le vote qui va être émis sera sur le constat de la gravité de la dette », minimise-t-il, à rebours de ce qu’engage le recours à l’article 49.1 de la Constitution.

À force de voir chaque matin l’esprit des lois profané, le suffrage universel nié, le pouvoir usurpé par un gouvernement illégitime, on en viendrait à oublier l’essentiel : le vote de confiance est le b. a.-ba de la vie parlementaire. Tout aurait dû commencer par là après les législatives de 2024. Voilà le premier moment de vérité démocratique en un an.

Sans majorité, un gouvernement doit s’en aller. Et si François Bayrou est battu le 8 septembre, il sera impensable de prétendre lui succéder sans se plier à la même validation par le Parlement. Ce n’est pas ajouter de la crise à la crise : c’est le jeu normal de la démocratie. Quitte à rappeler les Français aux urnes si aucune issue ne se dégage.

Avant d’en arriver là, le Nouveau Front populaire, coalition électorale et programmatique arrivée première en nombre de sièges, doit pouvoir tenter ce que Macron, Barnier et Bayrou ont échoué à faire : réunir une majorité de députés, au cas par cas s’il le faut, sur des mesures de changement attendues par les Français. C’est sur ce constat qu’il est urgent de s’entendre, avant celui de la dette.

 

jeudi 28 août 2025

« Chantage à la dette : la gauche ne tombe pas dans le piège de Bayrou et propose ses solutions » (Aurélien Soucheyre)



Le chantage à la dette orchestré par François Bayrou ne prend pas du tout à gauche. Élus et économistes savent comment sortir du déficit et proposent de financer l’urgence sociale et écologique en retrouvant une souveraineté sur l’emprunt, sans passer par les marchés financiers.

Ils ont refait le coup. Lundi 25 août, François Bayrou a ajouté son nom sur la longue liste des responsables politiques qui instrumentalisent la question de la dette publique pour faire peur aux Français.

« Un danger immédiat pèse sur nous, auquel nous devons faire face, non pas demain ou après-demain, mais aujourd’hui même, sans retard d’aucune sorte, sans quoi l’avenir nous sera interdit et le présent durement et lourdement aggravé », a déclaré le premier ministre, qui veut imposer aux Français un effort de 44 milliards d’euros en 2026 pour réduire le déficit.

François Bayrou et la stratégie de la peur

Le chef du gouvernement a sollicité un vote de confiance à l’Assemblée nationale sur le sujet, le 8 septembre. Il estime qu’il n’y a « pas d’autre méthode » que la sienne si la France veut éviter le « chaos ». Il a même accusé les citoyens d’en être les premiers responsables.

« La dette, ce ne sont pas les gouvernements qui la consomment », a-t-il asséné, ciblant les « retraités », les « consommateurs », les « fonctionnaires », les « assurés sociaux » et les « entreprises ». « La vérité, c’est que la dette, c’est chacun d’entre nous », et que tout le monde va devoir se partager l’addition, a-t-il annoncé.

Mais qui est vraiment responsable de la dette ? Comment s’est-elle creusée ? Son niveau est-il vraiment catastrophique ? L’austérité est-elle la seule façon de la rembourser ?

« La dette, c’est un vrai sujet, mais la façon dont François Bayrou présente les choses montre qu’il se livre à une nouvelle tentative d’enfumage. Il cherche à faire peur aux gens, car la dette constitue un outil de sidération extraordinaire pour faire croire que les Français vivent au-dessus de leurs moyens et vont devoir se résigner à une dégradation de leurs retraites, de leurs hôpitaux, de leurs écoles, et de leur modèle social », dénonce Nicolas Sansu, député PCF auteur d’un rapport sur le sujet en 2015.

« Il ne faut pas considérer légèrement cette question. Mais le catastrophisme de Bayrou et les solutions qu’il propose sont typiques de ceux qui agitent la dette qu’ils ont eux-mêmes creusée pour sabrer l’État social et les services publics, alors que ce remède nous conduit droit vers la récession et la marchandisation des services », pense aussi Éric Coquerel, président LFI de la commission des Finances à l’Assemblée nationale.

Une dette record mais pas de risque immédiat de crise

Si les solutions et les évaluations du danger divergent, tous les acteurs politiques s’entendent cependant sur les chiffres. Le niveau de la dette française s’élevait à 3 345 milliards d’euros au premier semestre 2025. Un chiffre qui a augmenté de 2 000 milliards en vingt ans, en plus de passer de 60 % du PIB dans les années 2000 à 113,9 % du PIB cette année.

Enfin, le budget consacré à la charge de la dette est en hausse : 26 milliards en 2020, 66 milliards cette année, 75 milliards prévus pour 2026, et même 107 milliards envisagés en 2029. Il va ainsi dépasser le budget de l’éducation nationale (65 milliards en 2026) et celui de la défense (57 milliards), tout en restant derrière celui des aides aux entreprises (211 milliards en 2023) et des retraites (environ 300 milliards chaque année).

La situation est donc sérieuse et préoccupante, mais pas affolante avec un risque de banqueroute imminent, selon l’économiste Éric Berr. « Au XXe siècle, la dette est parfois montée à 300 % du PIB. Et, dans la période où la France s’est le plus rapprochée de la crise, la charge de la dette représentait 42 % des dépenses publiques. Or, aujourd’hui, nous sommes à 3 %. »

L’universitaire, membre des Économistes atterrés, ajoute que la France n’a aucune difficulté à emprunter. « Ses titres de dettes sont parmi les plus demandés au monde, entre la 10e et la 15e position. Et il y a toujours deux à trois fois plus de demandeurs de ces titres que nécessaire. »

La France a assez d’épargne pour éviter le surendettement

D’ailleurs, l’épargne totale des Français est mesurée autour de 6 000 milliards d’euros, « et le patrimoine national est estimé à 6,6 années de PIB. La dette, elle, représente un an de PIB, et elle est contractée pour une durée de remboursement sur plus de huit ans », ajoute Éric Coquerel. La France a beaucoup plus d’actifs que de passifs, et n’est donc clairement pas en situation de surendettement, ou d’incapacité à emprunter demain.

Mais Éric Berr alerte toutefois sur un danger, d’une tout autre façon que celle de François Bayrou. « Ce qui compte, c’est l’usage que l’on fait de la dette, et aussi son taux d’intérêt réel, inflation déduite. Tant que ce taux est inférieur à la croissance, tout va bien. Le taux d’intérêt réel peut même se retrouver négatif, auquel cas l’État s’enrichit en empruntant. Mais le problème actuel vient du fait que les politiques macronistes ont miné la croissance. Depuis 2017, la perte de recettes en France est de 60 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes. Ce sont ces cadeaux aux plus riches qui ont augmenté le déficit, en plus de freiner la dépense publique, qui est génératrice d’activité économique, de création de richesses et de croissance. Quand la Macronie baisse les impôts sur le capital, emprunte sur les marchés financiers pour les dépenses de fonctionnement, puis impose l’austérité, elle est clairement dans le rôle du pompier pyromane qui fonce droit vers la récession, la dégradation de la note de la France, et la hausse des taux d’intérêt. »

Ce qui conduit Éric Coquerel à affirmer que le pari macroniste est un échec. « La part du PIB liée à l’industrie est passée sous les 10 %. La pauvreté n’a jamais été aussi élevée depuis trente ans. Les services publics sont exsangues. Et pour la première fois l’an dernier l’investissement public et privé consacré à la transition écologique a diminué. De son côté, la dette augmente, mais elle ne sert pas aux emprunts d’avenir. Elle sert à financer les cadeaux aux plus riches, en plus de payer des taux d’intérêt aux marchés financiers. »

Mobiliser l’épargne des Français pour financer l’avenir

Dès lors, que faire ? « Il ne faut plus emprunter sur les marchés financiers. Ils ont tout intérêt à ce que nous ayons une dette qui les rémunère. La puissance publique doit retrouver sa souveraineté sur le financement de notre économie », insiste Nicolas Sansu.

Depuis les années 1970, les États se sont massivement tournés vers les marchés pour l’emprunt. La France a détricoté peu à peu son circuit du trésor. Et la Banque centrale européenne (BCE) impose de passer par le circuit des banques privées. L’ancien sénateur PCF Éric Bocquet a calculé que, depuis 1979, « la France a versé 1 300 milliards d’euros d’intérêts aux marchés. Il est là le vrai scandale de la dette ».

Nicolas Sansu et les communistes proposent que les États puissent enfin emprunter à taux zéro auprès de la BCE, en plus de nationaliser des banques. « Quand le PCF propose d’investir 500 milliards d’euros dans l’écologie, l’industrie, l’énergie, les services publics, l’emploi, il s’agit d’une dette vertueuse, qui permet de répondre aux enjeux et de créer des richesses, argumente le député. Cela doit passer par un emprunt sur lequel nous serions souverains. Le Japon a une dette située à 235 % de son PIB, mais les Japonais détiennent eux-mêmes 90 % de cette dette. L’épargne des Français, avec des livrets qui financent l’urgence sociale et écologique, pourrait ainsi être davantage mobilisée », et par là même rémunérée.

Taxer les ultra-riches, une solution ignorée

N’en déplaise à François Bayrou, les solutions sont déjà là, sur la table, mais le gouvernement refuse d’en débattre. « Pour réduire les déficits, il faut récupérer les 60 milliards de recettes perdues par an sous Macron, il faut revoir les 211 milliards d’aides aux entreprises, il faut mettre en place la taxe Zucman, un impôt minimal de 2 % sur le patrimoine des ultra-riches, qui rapporterait 20 milliards d’euros par an. C’est possible », soutient Éric Berr.

La dette aurait dès lors une tout autre utilité. « En octobre dernier, l’Assemblée nationale avait voté, à l’initiative de la gauche, 60 milliards de recettes en plus, ce qui conduisait à une baisse du déficit à 2,7 % du PIB, en plus de financer des dépenses d’urgence et de relance, votées en commission. Nous avions une majorité pour, avant que le gouvernement ne raye cette copie à coups de 49.3 », se souvient Éric Coquerel, qui prône par ailleurs la création d’un pôle public bancaire pour financer de grands investissements d’avenir.

« Plutôt que d’affoler avec la dette, Bayrou ferait mieux de parler des mégafeux, des inondations, des canicules, qui risquent d’être dix fois plus destructeurs d’ici à la fin du siècle selon le Giec, ajoute l’élu. Il dit que l’on ne peut pas léguer de dette à nos enfants ? C’est surtout un monde dangereux et invivable qu’on ne peut pas leur léguer. Il surjoue la question de la dette financière, parfaitement gérable, pour ne pas parler de la dette sociale et écologique, autrement plus pressante. »

« Université de rentrée du medef : les tribulations d’un communiste au pays des patrons »



Fabien Gay, rapporteur de la commission sénatoriale qui a chiffré à 211 milliards d’euros le montant des aides publiques versées aux entreprises, participait ce jeudi à un débat à l’université de rentrée du Medef.

On peut être en terrain hostile et croiser tout de même des admirateurs. Le sénateur communiste et directeur de l’Humanité, Fabien Gay, rapporteur de la commission parlementaire qui a chiffré à 211 milliards d’euros le montant total des aides publiques versées aux entreprises en 2023, en a fait l’expérience ce jeudi 28 août en déambulant dans les allées verdoyantes du stade de Roland-Garros, privatisé depuis mercredi et pour deux jours par le Mouvement des entreprises de France (Medef) pour son université de rentrée.

« Je le trouve très inspirant parce qu’il a une approche très pragmatique, très éclairante », commente Patrick Artola, administrateur de l’organisation patronale dans le Pays basque. Le chef d’entreprise a tenu à venir saluer le sénateur, qu’il suit sur les réseaux sociaux, et à le féliciter d’avoir porté la contradiction au cœur de la grand-messe à la gloire des entrepreneurs.

Devant une vaste pelouse verte piquée de transats où discutent hommes en costumes et femmes en tailleurs, les deux natifs du Sud-Ouest font un brin de causette. Les considérations sur les campings au Pays basque cèdent vite le terrain à l’absence de transparence et de conditionnalités sur les aides publiques versées aux entreprises.

« Je ne suis pas du même bord que vous, mais j’ai beaucoup suivi vos travaux et j’ai beaucoup aimé votre attitude », félicite aussi Michel Sanson, président du Geco Food Service, qui fournit des services aux entreprises de restauration hors domicile.

L’homme à la veste à carreaux est venu serrer la main de Fabien Gay à la sortie du débat. Au passage, il a fustigé l’attitude vindicative de Christelle Morançais, la présidente de la région Pays de la Loire, qui a accusé le rapporteur de la commission sénatoriale de « stigmatiser les entreprises ».

Sur le cours central de Roland-Garros, où l’on s’échange d’habitude des coups droits, revers et smashs, l’élue passée de LR à Horizons, qui s’est fait connaître par ses coupes drastiques dans le budget culture de sa région, est montée au filet contre le communiste, soudain décrié comme un empêcheur de tourner en rond.

« Les entreprises ne veulent pas d’aides, qui sont très compliquées à obtenir. Ce qu’il faut, c’est arrêter totalement ces aides. Mais, derrière, baisser les impôts de production, qui sont les plus élevés du monde », a-t-elle lancé, reprenant à son compte une vieille revendication réaffirmée la veille par le président du Medef, Patrick Martin.

« L’argent public ne peut pas servir les actionnaires »

Jusque-là, Fabien Gay avait pourtant fait preuve de pédagogie et de diplomatie en évoquant la nécessité de poser des garde-fous à ces aides publiques. Pourtant peu suspect d’être acquis, le public patronal semblait avoir d’ailleurs apprécié, à en croire les applaudissements à l’issue de sa première intervention, lorsqu’il a rappelé quelques évidences au sujet de ces 211 milliards d’euros versés annuellement aux entreprises.

D’abord, « si on veut recréer de la confiance, il faut de la transparence », quand pour l’instant, personne n’est vraiment capable de dire à quoi correspondent et comment fonctionnent les 2 200 dispositifs d’aides existants.

Aiguillonné par la présidente de région, le sénateur a haussé le ton. La conditionnalité est un autre impératif, a-t-il insisté, rappelant que les 110 milliards d’euros d’argent public versés de 2013 à 2018 aux entreprises au titre du CICE (crédit d’impôt de compétitivité pour l’emploi) n’avaient permis de créer que 100 000 emplois, « loin du million promis par le Medef à l’époque ».

Surtout, a martelé le sénateur dans son costume bleu vif, « les aides peuvent être utilisées pour l’emploi, pour les investissements, pour la recherche. Mais l’argent public ne peut pas servir les actionnaires ».

Dans un débat dominé par les discours plaintifs sur le « trop de normes » qui entraverait l’entreprise, et bordélisé par les interventions hors-sol de l’écrivain à succès Alexandre Jardin, créateur du gazeux mouvement des Gueux, le directeur de l’Humanité s’est fait écho de la colère sociale alimentée dans le pays par un fort sentiment d’injustice.

« Vous ne pouvez pas soutenir un budget d’austérité pour saigner les travailleurs et les travailleuses et ne poser aucune question sur les aides aux entreprises ou aux ultrariches ! »

Au passage, Fabien Gay a taclé la posture du patronat français et son goût du double standard : « En réalité, je n’ai jamais rencontré de vrais libéraux. Tout le monde parle de moins de droits, moins de barrières, moins de protection pour les travailleurs et les travailleuses. Mais les mêmes, lorsqu’il y a une difficulté, exigent des États des plans de soutien, de relance. » Le débat entre Patrick Martin et Fabien Gay à la prochaine Fête de l’Humanité s’annonce comme un match retour savoureux.

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