samedi 30 novembre 2024

« Une histoire du temps présent », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité-Magazine.



C’est un « procès-verbal » de l’année 1940. Un texte d’une petite centaine de pages, écrit durant l’été par l’historien et résistant Marc Bloch, regardant droit dans les yeux la capitulation des élites françaises face au nazisme. L’histoire au présent d’une débâcle militaire, d’une défaite politique, d’une déroute morale. C’est ce grand historien médiéviste, cofondateur des « Annales », qu’Emmanuel Macron a décidé d’honorer au Panthéon, moins d’un an après l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian.

La famille Bloch, honneur à elle, y a mis des conditions : que « l’extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie ». Ce ne fut pas le cas pour le résistant de la MOI, célébré dans la maison des « grands hommes » devant Marine Le Pen. Un non-sens, une provocation et une insulte insupportable à l’histoire. Six mois plus tard, son parti était aux portes du pouvoir.

Notre président « Docteur Jekyll » et « Mister Hyde » sait très bien ce qu’il fait en rendant hommage à Marc Bloch. On ne cherchera plus à trouver d’explication rationnelle à cette schizophrénie politique cynique qui consiste à donner d’une main, symbolique, ce qu’il reprendra au centuple par son action politique.

« C’est une loi inéluctable de l’histoire qu’elle défend aux contemporains des grands mouvements qui déterminent leur époque de les reconnaître dans leurs premiers commencements », écrivait Stefan Zweig. « L’Étrange Défaite » de Marc Bloch en serait presque un démenti tant l’historien décrit avec une lucidité implacable la responsabilité des élites françaises, Front populaire compris, dans le dramatique engrenage qui mènera aux pires heures du XXe siècle. Si cette histoire au présent d’une société qui s’effondre d’elle-même nous parle tant aujourd’hui, c’est qu’elle nous aide à regarder en face la débâcle actuelle.

Celle d’une « élite économique » qui a déjà en partie basculé à l’extrême droite ; une autre, « intellectuelle », qui a dans sa grande majorité renoncé à se battre. Combien furent-elles, personnalités populaires du monde du savoir et de la culture, à se mobiliser au printemps dernier, lorsque le RN grattait à la porte de Matignon ? Trop peu. Une part de plus en plus grande de nos concitoyens, quand ils n’ont pas déjà basculé, est en train de s’accommoder à la perspective d’une victoire imminente de l’extrême droite en France.

L’élection de Trump, les percées nationalistes et néofascistes partout dans le monde, plutôt que de servir d’avertissement, semblent au contraire attiser cette braise. Bloch documente comment, en 1940, la débâcle s’explique d’abord par la démission du pouvoir français, plus que par l’ingéniosité de l’armée allemande. Aujourd’hui, est-ce l’intelligence du Rassemblement national qui risque de le porter au pouvoir ou l’échec du « camp républicain », et ses vingt ans de triangulation sur le terrain de l’extrême droite ?

« La France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait ?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’y suis né, j’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux », confesse Marc Bloch en 1940. Il sera emprisonné, torturé et fusillé par la Gestapo le 16 juin 1944.

 

vendredi 29 novembre 2024

LES MONDAINS !



 

Ils me regardent de haut., du haut de beaux escarpins, et je me sens minable, pas vraiment beau, pas vraiment malin. Ils me regardent de haut, du haut de leurs balcons mondains, et moi, sur le trottoir, pas vraiment beau, pas vraiment bien. J'ai pourtant eu tout ça, j'ai été beau, j'ai été bien. Une maison, une femme, des gosses, un chien, et puis un jour, plus rien. Trop vieux, plus de boulot. Plus d'argent, on se réconforte au goulot, et on est plus vraiment quelqu'un de bien. Depuis, ma maison c'est un joli cube de carton, et parfois l'hiver, il y fait un peu froid. Et les années passent comme çà. Ce n'est pas tant, leurs richesses qui m'ennuient, que leurs regards pleins de pitié que je fuis.  Mais s'ils savaient que j'ai été comme eux, beau et bien. Seraient-ils si orgueilleux, nos jolis mondains.

 

« Larbin », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Les autorités françaises viennent d’infliger un affront à… la France. La déclaration du ministère des Affaires étrangères est une insulte à la patrie des droits de l’homme. En garantissant une immunité à Benyamin Netanyahou, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Paris piétine ses obligations d’État membre de cette institution judiciaire. Quant aux arguments avancés par le Quai d’Orsay pour justifier sa décision, ils sont désavoués par le traité de Rome.

Cet octroi d’immunité n’est pas juridique mais politique. Il offre au premier ministre israélien une parfaite impunité si d’aventure il venait à fouler le sol français et, au passage, discrédite l’autorité de la CPI. Ce scandale diplomatique est l’aboutissement d’un marchandage tout aussi pitoyable, comme l’a révélé le quotidien israélien Haaretz : la protection de Netanyahou en échange de l’intégration de la France dans l’accord de cessez-le-feu au Liban.

Et pour quels résultats ! L’armée israélienne a, une nouvelle fois, bombardé le pays du Cèdre, ce 28 novembre, en parfaite violation du cessez-le-feu entré en vigueur la veille. Quant à la crédibilité de notre pays sur la scène internationale, elle se juge à l’aune des protestations ulcérées des organisations de défense des droits humains qui vilipendent une stratégie de complaisance méprisable.

La voix de la France au Moyen-Orient n’est pas inaudible ; elle est démonétisée. Depuis son accession au pouvoir, il y a sept ans, la Macronie a sapé des décennies de travail diplomatique reconnu dans la région et au-delà. La politique au doigt mouillé d’Emmanuel Macron plombe le discours historique fondé jusqu’alors sur le respect du droit international et des droits humains.

On ne peut se réjouir du mandat d’arrêt émis contre Vladimir Poutine, après l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, et se comporter en larbin devant le criminel de guerre qu’est Netanyahou. Ce « deux poids, deux mesures » discrédite Paris et revient à étouffer l’effroyable nettoyage ethnique à Gaza.

« Qu’est-ce qui reste », le billet de Maurice Ulrich.



C’est un casse-tête pour le Rassemblement national qui veut, nous dit l’Opinion, vérifier « la bonne moralité » de ses candidats. Son président, Jordan Bardella, avait parlé pendant les élections de candidats « hasardeux » et même de « brebis galeuses » avec des sorties racistes, homophobes, antisémites, sans parler de démonstrations de totale incompétence. Un député est maintenant chargé de les détecter préventivement : « On n’aimerait pas revivre, dit-il, ce qu’on a vécu. Les organes de presse emploient contre nous des méthodes de renseignement comme à l’armée. » C’est embêtant !

Il entend ainsi mettre en place des moteurs de recherche « permettant de retrouver ce que l’on souhaite avec des mots-clés ». On se demande bien lesquels. Des militants se disent d’ailleurs stupéfaits d’avoir découvert sur les réseaux « des propos xénophobes de candidats radicaux ». C’est possible, ça ? En tout cas, le délégué aux fédérations est ferme : « Un candidat qui fait un dérapage raciste, c’est un peu en lui. Il n’a donc rien à faire chez nous. » Il ne va pas y rester grand monde.

 

jeudi 28 novembre 2024

« Obstruction », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.

 



Une pitoyable course contre la montre. En déposant près d’un millier d’amendements, les députés du « socle commun » (LR, EPR, Modem, Horizons) vont tenter, ce jeudi, de faire traîner au maximum l’examen de la proposition de loi France insoumise (FI) visant à abroger la réforme des retraites.

Avec un seul et unique but : atteindre les douze coups de minuit et la fin de la niche parlementaire réservée au groupe afin qu’aucun vote ne puisse avoir lieu. Une obstruction concertée, assumée. Et proprement inacceptable. Cette poignée d’élus, l’œil rivé sur la pendule, ne veut qu’une chose : empêcher à nouveau une expression démocratique sur un texte imposé par 49.3 et qui n’a, jusqu’ici, jamais reçu sur le fond la validation de la représentation nationale.

La droite et les macronistes tentent de renvoyer FI dans les cordes en rappelant les quelque 20 000 amendements déposés par la gauche, en 2023, lors de l’examen à l’Assemblée du texte d’Élisabeth Borne. Argument fallacieux. À l’époque, l’attitude de la Nupes était à l’unisson du refus populaire. 70 % des Français s’opposaient à une réforme qui rassemblait contre elle des millions de personnes dans la rue. Par son combat, la gauche défendait l’intérêt général d’une majorité de Français. Aujourd’hui, les députés du « socle commun » défendent les intérêts particuliers d’une minorité parlementaire.

En laissant le débat aller à son terme – jusqu’en commission mixte paritaire –, le bloc gouvernemental sait pertinemment qu’il signerait la mort de cette réforme inique et dont les justifications financières ne tiennent pas. À cette réalité démocratique, il préfère opposer un refus dogmatique. Son choix : plutôt rassurer les marchés financiers que d’assurer l’avenir des Français dont beaucoup, notamment parmi les seniors licenciés ces derniers mois, font déjà les frais de l’entrée en vigueur de ce texte infondé. Et toujours pas voté.

 

« Court-circuit », le billet de Maurice Ulrich.



On était bien au-delà, mercredi matin, sur France Inter, de la lecture dans le marc de café ou dans une boule de cristal. Invité pour la promotion de son dernier ouvrage – intitulé Notre Dame de Paris : ô reine de douleur, ô reine de victoire –, qui tombe pile poil dans les librairies à quelques jours de la réouverture de la cathédrale, Sylvain Tesson l’a dit. L’incendie de Notre-Dame, certes dû à un court-circuit, était un signe, voire un avertissement qui nous a été adressé en réponse à notre arrogance. Jupiter maniait la foudre, Dieu – ou qui d’autre ? – fait joujou avec l’électricité.

Le message qu’il faut comprendre, c’est que nous oublions l’apport spirituel des racines chrétiennes de l’Europe et qu’il se rappelle à nous, perdus dans notre matérialisme à courte vue ou quelque chose comme ça. On aurait pu lui faire remarquer que les racines de l’Europe étaient aussi grecques, latines, celtes, arabes ou qu’un court-circuit est… un court-circuit, et qu’il ne faut peut-être pas prendre les signes pour des canards sauvages ou des enfants du bon Dieu.

 

mardi 26 novembre 2024

AU BOUT DU CHEMIN !



𝑨𝒓𝒓𝒊𝒗𝒆́ 𝒂̀ 𝒍𝒉𝒊𝒗𝒆𝒓 𝒅𝒆 𝒎𝒂 𝒗𝒊𝒆, 𝐚𝐥𝒐𝒓𝒔 𝒒𝒖𝒆 𝒋𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊 𝒗𝒆́𝒄𝒖 𝒕𝒐𝒖𝒕𝒆𝒔 𝒎𝒆𝒔 𝒔𝒂𝒊𝒔𝒐𝒏𝒔, 𝐪𝒖𝒆 𝒋𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊 𝒇𝒓𝒂𝒏𝒄𝒉𝒊 𝒎𝒂𝒊𝒏𝒕𝒔 𝒉𝒐𝒓𝒊𝒛𝒐𝒏𝒔, 𝐪𝒖𝒆 𝒋𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊 𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆́, 𝒆𝒏𝒕𝒆𝒏𝒅𝒖 𝒆𝒕 𝒅𝒊𝒕, 𝐪𝒖𝒆 𝒋𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊 𝒗𝒖 𝒍𝒆𝒔 𝒎𝒆𝒓𝒔 𝒆𝒕 𝒍𝒆𝒔 𝒐𝒄𝒆́𝒂𝒏𝒔, 𝐝𝒐𝒓𝒎𝒊 𝒔𝒐𝒖𝒔 𝒖𝒏 𝒒𝒖𝒂𝒓𝒕 𝒅𝒆 𝒍𝒖𝒏𝒆, 𝐥𝒖𝒊 𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊 𝒄𝒐𝒏𝒇𝒊𝒆́ 𝒎𝒆𝒔 𝒊𝒏𝒇𝒐𝒓𝒕𝒖𝒏𝒆𝒔 𝐣𝒆 𝒔𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊 𝒂𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒓𝒂𝒕𝒕𝒓𝒂𝒑𝒆́ 𝒍𝒆 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒔 𝒇𝒖𝒚𝒂𝒏𝒕, 𝐚𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒂𝒑𝒑𝒓𝒊𝒗𝒐𝒊𝒔𝒆́ 𝒎𝒐𝒏 𝒂𝒃𝒓𝒊, 𝒎𝒂 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒕𝒖𝐝𝐞, 𝐠𝒂𝒓𝒏𝒊 𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒄𝒂𝒉𝒊𝒆𝒓𝒔 𝒅𝒆 𝒎𝒆𝒔 𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆́𝒆𝒔, 𝐚𝒃𝒓𝒆𝒖𝒗𝒆́ 𝒎𝒐𝒏 𝐜œ𝐮𝐫 𝐝𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓𝒔 𝒑𝒂𝒓𝒇𝒖𝒎𝒆́𝒔, 𝐚𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒔𝒐𝒖𝒓𝒊 𝒆𝒕 𝒑𝒍𝒆𝒖𝒓𝒆́ 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒐𝒎𝒆𝒏𝒕𝒔 𝒅𝒆 𝒈𝒓𝒂𝒕𝒊𝒕𝒖𝒅𝒆 𝐞𝒕 𝒑𝒂𝒓𝒗𝒆𝒏𝒖 𝒂̀ 𝒍𝒉𝒊𝒗𝒆𝒓 𝒅𝒆 𝒎𝒂 𝒗𝒊𝒆. j𝒆 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒊𝒓𝒂𝒊 𝒂̀ 𝒎𝒂 𝒎𝒂𝒏𝒊𝒆̀𝒓𝒆, 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒇𝒂𝒓𝒅, 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒃𝒓𝒖𝒊𝒕, 𝐚𝒗𝒆𝒄 𝒍𝒂̂𝒎𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒐𝒏 𝒆𝒙𝒊𝒔𝒕𝒆𝒏𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒎𝒂𝒖𝒓𝒂 𝒔𝒖𝒊𝒗𝒊𝒆 𝑰𝒄𝒊, 𝐚𝒊𝒍𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔, 𝒍𝒂̀-𝒃𝒂𝒔, 𝒍𝒂 𝒏𝒖𝒊𝒕.

« Perfusion », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Michelin. Bénéfice net en 2023 : 1,98 milliard d’euros ; 2 milliards en 2022. Argent public touché : 50,4 millions d’euros en allègements et réductions d’impôts divers en 2023 et 135,6 millions d’euros de Cice (crédit d’impôt compétitivité emploi) entre 2013 et 2018. Emplois : fermeture des usines à Vannes et à Cholet, où travaillent 1 254 salariés. Auchan. Dividendes : plus d’un milliard d’euros entre 2021 et 2023. Argent public reçu : 500 millions d’euros de Cice et, au moins, 8,2 millions en « allègements de charges » entre 2020 et 2022. Emplois : moins 10 000 en quatre ans et la suppression annoncée de 2 389 supplémentaires.

Deux exemples et une litanie de chiffres qui disent le scandale de ces entreprises qui s’abreuvent au robinet de l’argent public depuis des années sous prétexte de maintien de l’activité et de compétitivité. Des entreprises qui n’hésitent pas à licencier, à fermer des sites, à saccager la vie de milliers de salariés et de leur famille. Leurs explications ? Les résultats sont à la baisse, il faut maintenir les marges, il n’y a pas d’autre solution pour sauver les emplois et l’entreprise.

Mais que sont devenus les millions et les milliards engrangés les années précédentes ? Ils ont été déversés sur les actionnaires, accaparés par une minorité aussi riche que cupide et égoïste. L’argent public sert en réalité à maintenir, non pas l’activité et l’emploi, mais le niveau de rentabilité pour les actionnaires. Lorsque celui-ci baisse ou risque de s’éroder, c’est l’emploi qui devient la variable d’ajustement et le moyen de faire pression sur les pouvoirs publics pour faire baisser la rémunération du travail payée par l’employeur.

L’argent public, c’est un jackpot de quelque 200 milliards par an pour les entreprises sans que personne n’ait de droit de regard sur son utilisation. Le capitalisme français est sous perfusion de deniers publics, quand les services publics manquent de moyens et que les salariés sont sommés de se serrer la ceinture. Oui, la France est un État providence, mais au service du patronat.

 

« Totalitaires », le billet de Maurice Ulrich.



« L’éducation sexuelle à l’école constitue une dérive totalitaire ». Le titre s’étale sur une page dans le Figaro avec un entretien de la directrice de l’association SOS Éducation et la caution d’un pédopsychiatre : « Tout nous pousse à alerter contre ce changement de paradigme qui consiste à remplacer la prévention par un enseignement à la sexualité plaisir, source de santé globale selon le vocabulaire de l’OMS. »

Avec l’Organisation mondiale de la santé, c’est l’orgasme mondial dans les écoles… Les auteurs des standards européens de l’éducation à la sexualité repris en France par le Planning familial n’ont « aucune connaissance concernant le développement affectif de l’enfant ». Des apprentis sorciers et suppôts du diable.

SOS Éducation, épinglée par la Cour des comptes pour son fonctionnement opaque, est liée à la Fondation pour l’école, qui finance des établissements religieux hors contrat, elle-même liée au mouvement Identité Libertés, présidé par Marion Maréchal, et plusieurs fois lauréate de la Nuit du Bien commun, fondée par le milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, artisan du projet Périclès, qui vise à porter au pouvoir une alliance de la droite et de l’extrême droite. Il leur pousse des ailes.

 

MAGIE DE L’ÉCRIT !



Écrire pour le plaisir d’écrire, écrire pour la joie des formes, écrire pour la vue des mots, écrire avec joie et passion pour permettre à la raison de s’exprimer, pour permettre à la passion de se libérer. Écrire sans orthographe, écrire pour passer un message, écrire pour propager la joie, écrire pour parsemer la paix, écrire avec son cœur, pour la joie de celui qui écrit, pour la joie de tous ceux qui liront. Écrire pour exprimer tout ce que l’on ressent, écrire pour divulguer au monde entier le pouvoir des mots, écrire l’amour, la joie, le bonheur, écrire la haine, la fureur, la colère, pour le plaisir d’apaiser son esprit et son cœur, pour le plaisir de donner aux autres le bonheur de lire.

lundi 25 novembre 2024

« IVG, fragile liberté », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.



Il y a cinquante ans jour pour jour, Simone Veil montait à la tribune de l’Assemblée nationale pour y prononcer son discours en faveur de la légalisation de l’IVG. Chignon serré et voix posée face aux huées et aux injures de son propre camp, la ministre en impose par sa dignité et sa détermination. Elle n’est pas seule. Des centaines de féministes attendent des heures dans le froid, devant le Palais Bourbon. Des millions d’autres femmes, derrière leur poste, s’accrochent à ses mots, ressentent dans leur chair l’espoir à venir : la marche inébranlable vers la liberté à disposer de leur corps. À décider SI et QUAND elles donneront naissance à un enfant.

Cette première victoire (tardive – l’Union soviétique a légalisé l’IVG en 1920), n’est pas uniquement le fruit du courage d’une ministre. Des combats décisifs, notamment menés par le Mlac, mais aussi la loi Neuwirth de 1967 sur la contraception, ont commencé à faire bouger les mentalités. Sur l’avortement, le « Manifeste des 343 salopes », un MeToo avant l’heure, puis le procès de Bobigny ont déjà fait basculer l’opinion publique. La loi sera finalement adoptée le 20 décembre, grâce aux voix de la gauche.

Le 8 mars dernier, la France est devenue le premier pays au monde à reconnaître dans sa Constitution la liberté de recourir à l’avortement. Mais la notion de « liberté garantie » relance la question des moyens alloués à cette politique de santé publique. En dix ans, plus de 130 centres d’IVG ont disparu. Sur la même période, 45 établissements hospitaliers la pratiquant ont fermé. Sans compter les praticiens qui refusent l’acte en vertu de la clause de conscience spécifique.

Cet anniversaire n’intervient donc pas dans n’importe quel contexte, alors que le gouvernement compte parmi ses membres des opposants farouches à l’avortement, dont le droit est remis en cause dans de nombreux pays où l’extrême droite et les intégristes de tout poil sont au pouvoir. Aucune femme ne sera véritablement libre tant qu’à l’autre bout du monde, une autre sera lapidée pour avoir tenté de l’être.

 

« La soumission pour calmer les tensions », le billet de Maurice Ulrich.



Ça nous avait échappé. Le Royaume-Uni a viré « complètement stalinien », a proclamé la semaine passée Elon Musk, président bis des États-Unis. Le gouvernement travailliste vient d’introduire des droits de succession sur les exploitations agricoles les plus riches. On imagine que la prochaine étape sera leur collectivisation forcée et la déportation de leurs propriétaires au Gulag (en anglais). C’est qu’Elon Musk suit de près la situation, outre – Atlantique.

En juillet dernier, après le meurtre de trois fillettes dans le nord du pays et les émeutes racistes qui ont suivi, il a annoncé que « la guerre civile » en Angleterre était « inévitable », alors que son réseau X assurait que le meurtrier venait de traverser la Manche, quand il s’agissait d’un natif de Cardiff de 17 ans.

Autant de propos « injustifiables » pour le gouvernement britannique, mais des voix estiment, même chez les travaillistes, que « nous devons ravaler notre fierté »Le leader d’extrême droite Nigel Farage se propose, quant à lui, pour se rapprocher d’Elon Musk et de Trump. La soumission pour calmer les tensions. Dans l’esprit, ça rappelle quelque chose.

LIBRE !



Libre d’être et de paraître, de penser et s’entêter, quand vient le jour, de s’arrêter, le lendemain de recommencer. Libre d’être et d’exister, s’enfuir sans savoir où aller, renaître et respirer, s’éteindre sans se rallumer, mourir et se ranimer, vivre et oublier. Libre d’être et de cesser, de s’accroître et s’abaisser, d’aimer et s’enlacer, de semer sans s’en lasser, et ensuite de récolter. Libre d’être et de voler, et du ciel se rapprocher, toucher les étoiles jusqu’à se brûler, rêver d’éphémère et puis s’embraser. Libre d’être et d’espérer, chercher son but sans le trouver, trouver sa voie sans la chercher, et puis tout recommencer. Libre d’être et d’exister, et à jamais se rechercher, pour un jour se retrouver et toucher l’éternité.

« Destin commun », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité



On sait l’exercice de la diplomatique climatique fragile et souvent décevant. La 29e conférence des parties sur le climat, qui vient de s’achever à Bakou, en est l’illustration navrante. Sous pression des lobbies, l’impréparation coupable de la présidence azerbaïdjanaise, le règne des intérêts particuliers et l’obstination des pays pollueurs à refuser leur responsabilité historique ont abouti à faire de cette COP ce que beaucoup redoutaient : un coup d’épée dans l’eau. Obtenu à l’arraché au bout de la nuit, samedi, l’accord final acte le déblocage d’une enveloppe de 300 milliards de dollars au bénéfice de la transition des pays en développement, à l’horizon 2035. Bien loin des 1 000 milliards estimés par les experts de l’ONU. Tellement loin des besoins des populations.

Le réchauffement planétaire est un fléau, ses conséquences ne sont plus chimériques. Elles sont le drame des inondations meurtrières de Valence et des incendies de Los Angeles. Elles sont le calvaire des canicules et des sécheresses. Elles sont la violence des tempêtes qui saccagent tout sur leur passage, l’élévation calamiteuse du niveau des mers qui menace l’existence même de nombreux États insulaires. La lutte climatique impose le courage de décisions politiques franches, radicales, qui obligent à la sortie des énergies fossiles et incriminent l’extractivisme, qui définissent les responsabilités, qui ordonnent et mettent en œuvre l’impérative solidarité. Alors que, de Trump à Milei et d’Orban à Modi, l’internationale climato-sceptique a le vent en poupe, le temps de la demi-mesure est révolu.

Le monde a échoué hier à Bakou. Il a rendez-vous aujourd’hui à Busan. La Corée du Sud accueille ce qui doit être la dernière séance de négociations internationales en vue de l’élaboration d’un traité mondial – le premier du genre – de lutte contre les pollutions plastiques. Là encore, les chances sont minces de voir se concrétiser les espoirs des défenseurs de l’environnement et de la biodiversité. Là encore, manœuvres politiques et groupes de pression en tous genres risquent d’entraver l’indispensable action. Pourtant, de la santé de la planète dépend notre destin commun. Il est temps d’affronter les immenses défis environnementaux en cessant de troquer les gants de boxe pour les moufles.

 

« Père et fille », le billet de Maurice Ulrich.



La France est-elle la fille aînée de l’Église, comme l’avait assuré le dominicain Henri Lacordaire en 1841 ? En tout cas, François ne la reconnaît pas. Il ne viendra pas à Paris pour la réouverture de Notre-Dame, le 8 décembre, mais il ira en Corse, le 15. En visite à Marseille, il y a un an, il avait déjà laissé entendre qu’il venait bien à Marseille, pas en France. Il a un problème avec la géographie. On évitera de lui prêter des intentions séparatistes.

On le voit mal à Bastia ou Ajaccio s’écrier depuis un balcon « Vive la corse libre ! », comme de Gaulle au Québec. Mais quand même, ça fait désordre. C’est peut-être à cause de l’IVG. Les évêques français ont exprimé leur « tristesse » après son inscription dans la Constitution. Il faudrait les consoler, peut-être ? À Bruxelles, il y a quelques semaines, François a redit que c’était un crime. Ou alors c’est qu’il n’apprécie pas Emmanuel Macron, qui l’avait tutoyé, chez lui, au Vatican. Et puis quoi encore, ce n’est pas son père.

vendredi 22 novembre 2024

ET LES SOUVENIRS ?



Le souvenir est un trésor qu’on garde en soi jusqu’à la mort. Il nous éclaire dans la nuit et donne un sens à notre vie, c’est grâce à lui qu’on revivra les meilleurs moments d’autrefois et qu’on revoit de vieux amis comme s’ils n’étaient jamais partis. Les souvenirs peuvent blesser et donner envie d’oublier, mais ils permettent d’éviter les écueils déjà rencontrés. Que ferions-nous sans souvenir sans mémoire pour nous définir ? S’il fallait subir le calvaire d’un mal qu’on nomme Alzheimer. Pouvez-vous imaginer ? Oublier ceux que vous aimez, que tous vos gestes pour vous ne signifient rien ? Difficile à imaginer ! C’est pourtant la réalité. C’est pourtant le cruel destin que doivent endurer certains. Ils ne sont pas seuls à souffrir, de voir sombrer leurs souvenirs, leurs proches sont aussi affligés, mais cachent leurs larmes pour les respecter.  Ils gardent leur chagrin pour eux car chaque mot est un adieu et espèrent qu’au dernier moment cette personne qu’ils aimaient tant ne gardera que le meilleur gravé dans la mémoire du cœur.

 

« Criminels de guerre », l’éditorial de Rosa Moussaoui dans l’Humanité.



Son procureur, Karim Khan, avait publiquement dénoncé les menaces, les pressions et les intimidations exercées sur les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Benyamin Netanyahou et ses amis à Washington n’ont reculé devant aucune manœuvre, jusqu’aux plus odieuses, pour tenter d’entraver la procédure ouverte à La Haye.

Peine perdue. Les magistrats de la chambre préliminaire ont tenu bon. Ils ont fini par délivrer les mandats d’arrêt requis contre le premier ministre israélien et son ministre de la Défense, limogé début novembre, Yoav Gallant, et contre le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deïf, tous accusés de crimes de guerre et crime contre l’humanité.

Alors que les hommes, les femmes et les enfants de la bande de Gaza sont toujours livrés à l’entreprise génocidaire que revendiquent les extrémistes du gouvernement israélien, cette décision est un signal fort : personne n’est au-dessus du droit international ;

Elle lance un message explicite non seulement aux dirigeants israéliens, mais aussi à leurs alliés, à ceux qui leur livrent des armes, à ceux qui acquiescent à leurs crimes : ils devront répondre de leurs actes, des comptes devront être rendus pour la dévastation infligée aux Palestiniens dans les territoires illégalement occupés par Israël.

Le sentiment d’impuissance devant le cataclysme auquel l’armée israélienne assujettit l’enclave palestinienne est à la mesure du sentiment d’impunité des responsables politiques et militaires israéliens, qui piétinent le droit international avec l’assentiment complice des puissances occidentales.

Comme la plainte pour génocide instruite par la CIJ à la demande de l’Afrique du Sud, ces mandats d’arrêt sont un pas vers la justice. La réaction de Benyamin Netanyahou, qui vilipende une décision « absurde » motivée selon lui par « l’antisémitisme » et digne de « l’affaire Dreyfus », tient de l’abjection.

Recherché par la justice internationale, le premier ministre israélien devra, pour l’heure, limiter les déplacements qui l’exposent à une arrestation dans les 124 États parties au Statut de Rome de la CPI. La communauté internationale doit enfin sortir de la léthargie, stopper ce criminel de guerre, le contraindre au cessez-le-feu à Gaza et au Liban, l’empêcher d’étendre sa politique incendiaire à tout le Moyen-Orient.

DERNIER VOYAGE !

Lui, le vrai combattant contre toutes les guerres, Lui le vieux militant, vient de se faire la paire.   Pour son dernier voyage, Ils étaie...