vendredi 29 novembre 2024

« Larbin », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Les autorités françaises viennent d’infliger un affront à… la France. La déclaration du ministère des Affaires étrangères est une insulte à la patrie des droits de l’homme. En garantissant une immunité à Benyamin Netanyahou, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Paris piétine ses obligations d’État membre de cette institution judiciaire. Quant aux arguments avancés par le Quai d’Orsay pour justifier sa décision, ils sont désavoués par le traité de Rome.

Cet octroi d’immunité n’est pas juridique mais politique. Il offre au premier ministre israélien une parfaite impunité si d’aventure il venait à fouler le sol français et, au passage, discrédite l’autorité de la CPI. Ce scandale diplomatique est l’aboutissement d’un marchandage tout aussi pitoyable, comme l’a révélé le quotidien israélien Haaretz : la protection de Netanyahou en échange de l’intégration de la France dans l’accord de cessez-le-feu au Liban.

Et pour quels résultats ! L’armée israélienne a, une nouvelle fois, bombardé le pays du Cèdre, ce 28 novembre, en parfaite violation du cessez-le-feu entré en vigueur la veille. Quant à la crédibilité de notre pays sur la scène internationale, elle se juge à l’aune des protestations ulcérées des organisations de défense des droits humains qui vilipendent une stratégie de complaisance méprisable.

La voix de la France au Moyen-Orient n’est pas inaudible ; elle est démonétisée. Depuis son accession au pouvoir, il y a sept ans, la Macronie a sapé des décennies de travail diplomatique reconnu dans la région et au-delà. La politique au doigt mouillé d’Emmanuel Macron plombe le discours historique fondé jusqu’alors sur le respect du droit international et des droits humains.

On ne peut se réjouir du mandat d’arrêt émis contre Vladimir Poutine, après l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, et se comporter en larbin devant le criminel de guerre qu’est Netanyahou. Ce « deux poids, deux mesures » discrédite Paris et revient à étouffer l’effroyable nettoyage ethnique à Gaza.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

COMPAGNONS !

Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...