mardi 26 novembre 2024

« Perfusion », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Michelin. Bénéfice net en 2023 : 1,98 milliard d’euros ; 2 milliards en 2022. Argent public touché : 50,4 millions d’euros en allègements et réductions d’impôts divers en 2023 et 135,6 millions d’euros de Cice (crédit d’impôt compétitivité emploi) entre 2013 et 2018. Emplois : fermeture des usines à Vannes et à Cholet, où travaillent 1 254 salariés. Auchan. Dividendes : plus d’un milliard d’euros entre 2021 et 2023. Argent public reçu : 500 millions d’euros de Cice et, au moins, 8,2 millions en « allègements de charges » entre 2020 et 2022. Emplois : moins 10 000 en quatre ans et la suppression annoncée de 2 389 supplémentaires.

Deux exemples et une litanie de chiffres qui disent le scandale de ces entreprises qui s’abreuvent au robinet de l’argent public depuis des années sous prétexte de maintien de l’activité et de compétitivité. Des entreprises qui n’hésitent pas à licencier, à fermer des sites, à saccager la vie de milliers de salariés et de leur famille. Leurs explications ? Les résultats sont à la baisse, il faut maintenir les marges, il n’y a pas d’autre solution pour sauver les emplois et l’entreprise.

Mais que sont devenus les millions et les milliards engrangés les années précédentes ? Ils ont été déversés sur les actionnaires, accaparés par une minorité aussi riche que cupide et égoïste. L’argent public sert en réalité à maintenir, non pas l’activité et l’emploi, mais le niveau de rentabilité pour les actionnaires. Lorsque celui-ci baisse ou risque de s’éroder, c’est l’emploi qui devient la variable d’ajustement et le moyen de faire pression sur les pouvoirs publics pour faire baisser la rémunération du travail payée par l’employeur.

L’argent public, c’est un jackpot de quelque 200 milliards par an pour les entreprises sans que personne n’ait de droit de regard sur son utilisation. Le capitalisme français est sous perfusion de deniers publics, quand les services publics manquent de moyens et que les salariés sont sommés de se serrer la ceinture. Oui, la France est un État providence, mais au service du patronat.

 

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