Des dépenses publiques au rouge et, pour seul remède, des coupes drastiques dans les dépenses, qui virent au cauchemar. Telle est la lettre et l’esprit de la note de Bercy rédigée par le ministre démissionnaire Bruno Le Maire et son alter ego délégué aux Comptes publics. Elle est un condensé de tout ce qu’il ne faut plus faire. Et pourtant le ministère de l’Économie s’obstine à reproduire à l’identique des réponses qui conduisent à un abîme : le déficit public pourrait totaliser 5,6 % du PIB en 2024. Plus grave encore, les argentiers de ce pays auraient surestimé les recettes fiscales de près de 30 milliards d’euros. Le marasme économique – et ses terribles conséquences sociales pour les Français – est finalement très révélateur de l’impasse politique provoquée par Emmanuel Macron.
Toute honte bue, celui qui tient les cordons de la
bourse depuis sept ans ose se défausser de ses responsabilités en imputant aux
collectivités locales le dérapage des comptes publics alors que leur dette est
minime. Bruno Le Maire persiste et signe : il n’y a pas d’alternative
à l’austérité, et il préconise, une fois encore, de taper dans les budgets de
la santé, ou encore de la culture, pour « économiser » 16 milliards.
La bonne vieille méthode de la saignée, en somme, que le prochain premier
ministre devra appliquer le doigt sur la couture du pantalon. Mais de qui se
moque-t-on ?
Ces orientations thatchériennes ont été sévèrement
sanctionnées en 2022, infligeant à Emmanuel Macron une minorité présidentielle
dont il ne s’est jamais remis. La claque aux européennes de 2024, son score aux
législatives devraient conduire le camp présidentiel à changer de logiciel. La
« clarification » tant souhaitée par le président a placé le Nouveau
Front populaire en tête du scrutin et ce n’est pas un hasard. La gauche a
défendu et défend une relance économique qui ne pénalise pas les Français
mais qui, au contraire, table sur l’augmentation des salaires pour relancer la
consommation et la production. Le locataire de l’Élysée refuse de voir une
issue en la nomination de Lucie Castets à Matignon et de créer les
conditions d’un pacte de législature stable et audacieux, y compris pour
l’économie française. L’attente dans laquelle il enferme la France est
insupportable ; elle est un non-sens qui ne peut que bénéficier à
l’extrême droite. À moins que ce soit la planche de salut d’une Macronie qui ne
sait plus à quel diable se vouer pour conserver le pouvoir.
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