Sous l’apparente langueur estivale, le président de la République
mène une course de vitesse pour empêcher toute alternative à sa politique.
On l’aura compris, ce n’est pas la recherche d’une majorité introuvable qui
occupe ses nuits. Elle n’existe pas et il le sait. Il s’agit plutôt
de tout faire pour que rien ne change, quand bien même les citoyens désavouent
sa politique chaque fois qu’ils en ont l’occasion. La Commission européenne,
raccord avec le président français sur l’orthodoxie libérale comme sur la
surdité aux exigences citoyennes, a décidé de l’aider un peu.
Dans les couloirs de Bercy, tout s’accélère depuis le 26 juillet et
l’ouverture par Bruxelles de la procédure pour déficit excessif contre la
France. Le gouvernement démissionnaire travaille sur un nouveau tour de vis
austéritaire en vue du prochain budget pour lequel il n’a pourtant aucun
mandat. Nommer un premier ministre afin de répondre aux suffrages des Français
peut attendre, mais pas l’austérité pour répondre aux injonctions de Bruxelles.
« Il ne peut pas y avoir de choix
démocratique contre les traités européens », disait l’ancien président de la
Commission européenne, Jean-Claude Juncker. L’occasion est trop belle pour le locataire
de l’Élysée de faire en sorte que les milliards d’aides aux entreprises, la
taxation au minimum des plus riches, le recul de l’âge de la retraite, le
blocage des salaires et les coupes incessantes dans les dépenses publiques ne
puissent être remis en cause.
Les mots commencent à trahir le peu de vernis démocratique que tente de
mettre le pouvoir sur ce hold-up. Au Château, on parle en effet désormais de « remaniement » en
lieu et place de la nomination d’un nouveau gouvernement issu des urnes. La fable
d’un couple inaliénable entre capitalisme et démocratie en prend un nouveau
coup. Le président n’osera, lui, jamais le dire en public mais son action
pourrait être résumée par : « Il n’y a pas de choix démocratique
contre la politique en faveur du capital. »
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