L’image incommode, autant qu’elle exaspère. Emmanuel Macron, seul, faisant
irruption à l’issue d’une compétition pour venir cajoler l’athlète tricolore,
victorieux ou défait. Certes, la ferveur populaire qui transcende ces Jeux de
Paris comme aucun autre événement depuis la Coupe du monde de foot de 1998
n’épargne pas le chef de l’État. Mais si la saturation gagne de voir cette
scène se répéter, c’est qu’elle comporte une dimension de malaise, sur la forme
et dans le fond.
Déjà en décembre 2022, sur la pelouse du stade de Lusail, au Qatar, le
locataire de l’Élysée venu assister à la finale malheureuse contre l’Argentine
avait cru bon d’aller réconforter les Bleus sur le terrain, empoignant avec effervescence
un Kylian Mbappé visiblement gêné. Rebelote. À chaque occasion, Emmanuel Macron
s’affiche au plus près des sportifs.
Au trop près même, lorsqu’il saisit à deux mains le visage de la judokate
Romane Dicko, essuyant de ses pouces des larmes de défaite. Intrusif et mal
placé aussi, lorsqu’il attend, tenant par les épaules la fillette de Teddy
Riner, d’aller féliciter à grandes embrassades le roi français des tatamis. Aux
yeux des caméras du monde entier, le chef de l’État, une fois de plus, se donne
en spectacle. Démonstration grossière où l’égocentrisme le dispute au
paternalisme.
Certains y verront un simple élan de gratitude. Mais le contexte politique
oblige à dépasser l’analyse simpliste. Emmanuel Macron est isolé et il le sait.
Les répliques du séisme de la dissolution qu’il a lui-même provoqué n’en
finissent plus de faire vaciller le pouvoir. Démissionnaire, le
gouvernement se voit contraint à la gestion des « affaires
courantes » par la seule obstination d’un président qui refuse le verdict
des urnes.
La gauche l’a emporté aux législatives, le Nouveau Front populaire doit
gouverner pour appliquer son programme de justice sociale et écologique. Il en
va de la démocratie. La trêve olympique imposée autoritairement par un
président aux abois n’y changera rien. Son one-man-show aux JO non plus. « La
France qui gagne n’efface pas la France qui souffre », rappelle
dans ces colonnes l’historien Olivier Chovaux. La joie des Jeux est éphémère.
Emmanuel Macron aussi.
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