Pas facile de contourner le verdict des urnes, même quand on est président
de la République dans la plénitude de ses pouvoirs. La « trêve »
décrétée unilatéralement par Emmanuel Macron pendant les JO n’a consisté qu’à
geler momentanément la scène politique, avec un gouvernement démissionnaire
maintenu artificiellement en fonction.
Comme aucune solution alternative crédible à celle d’un gouvernement de
gauche n’a vu le jour dans l’intervalle, le chef de l’État tente un coup de
poker, aidé de quelques proches : imposer le nom de Xavier Bertrand comme
trait d’union entre son camp et celui des « Républicains ». Histoire
de forcer le destin pour reprendre la main sur une situation qui lui
échappe. Et de couper l’herbe sous le pied du Nouveau Front populaire, qui
maintient la candidature de Lucie Castets à Matignon, en vertu de son statut de
force arrivée en tête des législatives.
Rien ne prédit à cette heure que le stratagème du président de la
République, fonctionnera. Si cela devait être le cas, il s’agirait du plus
grand hold-up sur la démocratie que la Ve République ait
connu. Les fidèles du patron de la région Hauts-de-France voient déjà leur
champion à la tête du gouvernement, mais une partie de LR
affiche ouvertement son dédain pour cette option.
Emmanuel Macron avait pourtant déclaré, le 23 juillet, pour écarter la
nomination de Lucie Castets : « La question n’est pas un nom,
la question c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un
gouvernement de la France puisse passer des réformes, puisse passer un
budget. » On peut retourner ces propos contre leur auteur. Pour
l’instant, l’Élysée n’a qu’un nom à jeter en pâture aux médias.
Aucune majorité ne se dégage pour adopter le projet budgétaire concocté par
les ministres démissionnaires Bruno Le Maire et Thomas Cazenave. Pour une
raison simple : on peut ignorer le vote des électeurs, mais on ne
peut pas le nier ou le défaire. La composition de l’Assemblée nationale en
atteste. Le reste n’est que manœuvres politiciennes
d’arrière-boutique pour mélanger l’eau et l’huile. L’invocation comme un mantra
du nom de Xavier Bertrand ne changera rien à cette réalité.
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