Les propos haineux tenus par des habitants de Montargis (Loiret) dans l’émission Envoyé spécial, diffusée jeudi soir sur France 2, donnent le vertige et la nausée. La nausée, parce qu’ils témoignent d’un racisme qui s’exprime désormais sans honte et à visage découvert. « Va à la niche » ; « On est chez nous… » Voilà comment une dame parle à Divine, sa voisine aide-soignante à la peau noire, dans le reportage. Le vertige, parce que ce racisme semble d’autant plus décomplexé qu’il prospère dans le déni de lui-même. « Non, le racisme, ce n’est pas ça », affirme une autre, après avoir exprimé sa méfiance envers son voisin, noir lui aussi.
La banalisation de la xénophobie, c’est pourtant cela, cette violence qui
se libère contre les étrangers ou supposés tels en se parant des atours du bon
droit de l’opinion dominante. Et ce déferlement de haine est corrélé à la
montée du RN : tous ces auteurs de propos racistes ont pour point commun
d’être des électeurs, voire des militants du parti de Le Pen et Bardella. CQFD.
Ce reportage est salutaire par la prise de conscience qu’il suscite
chez nombre de nos concitoyens, qui refusent de vivre dans une société
gangrenée par la haine. Car cet aperçu n’est rien à côté de ce qui attend
le pays, bientôt livré tout entier au déchaînement de la violence raciste, si
le RN gagne les législatives. Le ministre de la Justice s’est saisi du cas
d’une des personnes filmées, annonçant des sanctions. C’est le moins qu’il puisse
faire.
Mais si « une porte s’est ouverte pour dire aux
immigrés : vous n’êtes pas les bienvenus », comme le résume
l’aide-soignante victime d’injures racistes, c’est parce qu’un climat
politico-médiatique encourage la xénophobie. D’autres disent en plus policé ce
qu’éructent ces Montargois, et ne seront jamais poursuivis pour cela.
Dénoncer, comme Emmanuel Macron, « l’immigrationnisme » en
reprenant les mots du RN, associer telle une évidence immigration et
délinquance ou fustiger les « Français de papier », comme
le font couramment la droite et les médias de Bolloré, c’est légitimer le
racisme. Dans le reportage, Didier dit s’appuyer sur ce qu’il « voit
à la télé » pour pointer du doigt « les Mustapha ». CQFD
bis.
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