jeudi 30 mai 2024

« Un peuple, un État », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Il y a le sens de l’histoire et, à rebours, la position figée d’un Emmanuel Macron, pourtant si prompt à projeter sa personne dans de grands récits. En refusant de reconnaître officiellement l’État de Palestine au motif qu’il ne faudrait surtout pas céder à « l’émotion » des tragiques événements qui ont cours à Gaza, le locataire de l’Élysée se rend coupable de lâcheté face aux crimes qui y sont perpétrés depuis le lendemain des attaques ignobles du Hamas du 7 octobre.

Être ému, horrifié ou encore scandalisé des drames qui endeuillent l’enclave palestinienne est l’expression d’une conscience humaine. Emmanuel Macron, lui, temporise, malgré les risques de génocide relevés par des experts internationaux, les mandats d’arrêts prononcés contre les principaux dirigeants israéliens dont le premier ministre. Selon Emmanuel Macron, le moment « utile » de la reconnaissance n’est pas encore venu.

La montre du maître des horloges a rendu l’âme face au décompte macabre. On ne compte plus les décennies d’occupation et d’humiliation endurées par les Palestiniens qui voient, chaque jour, le droit international et les résolutions onusiennes bafoués. Combien de morts, de vies brisées, de souffrances et de traumatismes sont donc « utiles » pour que les autorités françaises daignent réagir ? Le 19 février, Emmanuel Macron déclarait à l’Humanité que Rafah « était un point de rupture » ; ce point a été atteint. La ligne rouge a été franchie le 26 mai lorsque l’armée israélienne a bombardé une zone de déplacés dans cette ville refuge. Il n’y a plus de temps à perdre, le prix de l’inaction des puissances est insensé.

Tout commande d’agir. À l’image de l’Espagne, de l’Irlande et la Norvège qui viennent de reconnaître l’État de Palestine. Avant eux, 143 autres pays s’étaient déjà inscrits dans cette dynamique. Il s’agit d’un signal politique fort adressé aux Palestiniens qui sont dans leur droit en réclamant l’existence d’une nation digne de ce nom et reconnue comme telle. C’est aussi un message clair adressé à l’extrême droite israélienne au pouvoir qui se vautre dans l’impunité. Il est inconcevable que la France soit à la traîne, elle qui, hier encore, jouait un rôle essentiel au Proche-Orient. Tracer un chemin vers la résolution du conflit passe par la reconnaissance d’un État palestinien. Paris doit s’inscrire dans le sens de l’histoire.

 

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