Il y a le sens de l’histoire et, à rebours, la position figée d’un Emmanuel
Macron, pourtant si prompt à projeter sa personne dans de grands récits. En
refusant de reconnaître officiellement l’État de Palestine au motif qu’il ne
faudrait surtout pas céder à « l’émotion » des
tragiques événements qui ont cours à Gaza, le locataire de l’Élysée se rend
coupable de lâcheté face aux crimes qui y sont perpétrés depuis le lendemain
des attaques ignobles du Hamas du 7 octobre.
Être ému, horrifié ou encore scandalisé des drames qui endeuillent
l’enclave palestinienne est l’expression d’une conscience humaine. Emmanuel
Macron, lui, temporise, malgré les risques de génocide relevés par des experts
internationaux, les mandats d’arrêts prononcés contre les principaux dirigeants
israéliens dont le premier ministre. Selon Emmanuel Macron, le moment « utile » de
la reconnaissance n’est pas encore venu.
La montre du maître des horloges a rendu l’âme face au décompte macabre. On
ne compte plus les décennies d’occupation et d’humiliation endurées par les
Palestiniens qui voient, chaque jour, le droit international et les résolutions
onusiennes bafoués. Combien de morts, de vies brisées, de souffrances et de
traumatismes sont donc « utiles » pour que les
autorités françaises daignent réagir ? Le 19 février, Emmanuel Macron
déclarait à l’Humanité que Rafah « était un point
de rupture » ; ce point a été atteint. La ligne rouge a été
franchie le 26 mai lorsque l’armée israélienne a bombardé une zone de
déplacés dans cette ville refuge. Il n’y a plus de temps à perdre, le prix de
l’inaction des puissances est insensé.
Tout commande d’agir. À l’image de l’Espagne, de l’Irlande et la Norvège
qui viennent de reconnaître l’État de Palestine. Avant eux, 143 autres pays
s’étaient déjà inscrits dans cette dynamique. Il s’agit d’un signal politique
fort adressé aux Palestiniens qui sont dans leur droit en réclamant l’existence
d’une nation digne de ce nom et reconnue comme telle. C’est aussi un message
clair adressé à l’extrême droite israélienne au pouvoir qui se vautre dans
l’impunité. Il est inconcevable que la France soit à la traîne, elle qui, hier
encore, jouait un rôle essentiel au Proche-Orient. Tracer un chemin vers la
résolution du conflit passe par la reconnaissance d’un État palestinien. Paris
doit s’inscrire dans le sens de l’histoire.
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