Contrairement à ce que déclarait
Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse, il n’y a pas «deux écoles»
avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Preuve en est l’enquête édifiante
que nous publions et qui révèle comment l’argent public et l’inexistence de
contrôles ouvrent la voie à de nombreuses magouilles.
«Je suis un enfant des deux
écoles.» Emmanuel
Macron, lors de sa conférence de presse, a tenté par cette formule de clore la
polémique ouverte par sa nouvelle ministre de l’Education tout juste nommée. Il
est utile de préciser d’emblée que la polémique en question n’a pas pris parce
que ses enfants ont été scolarisés dans le privé. Cela aurait été le cas il y a
cinquante ans, au temps de la guerre scolaire, quand la France laïcarde
bouffait du curé à longueur de journée. Depuis, les choses se sont apaisées. Si
polémique il y a, c’est à cause des arguments stigmatisants pour l’école
publique avancés par Amélie Oudéa-Castéra pour justifier son choix. Elle a
aggravé son cas en évoquant comme raison principales les absences de profs non remplacées, ce qui était un mensonge.
Mais revenons à l’expression de Macron. Au-delà de la référence à son
parcours scolaire personnel, l’expression «enfant des deux écoles» sous-entend
plus globalement que l’école publique et l’école privée, c’est bonnet blanc,
blanc bonnet et embrassons-nous, Folleville. Eh bien non. Pourquoi donc, alors
que de nombreux Français passent effectivement allégrement de l’un à l’autre en
fonction des circonstances ? D’abord parce que d’autres Français, tout aussi
nombreux, continuent de donner une dimension politique à leur choix, que ce
soit pour rester fidèle au public ou au contraire revendiquer le privé.
Ensuite, et l’enquête que nous publions est de ce point de vue édifiante, parce
que l’école privée bénéficie d’énormément d’argent public, de l’Etat, des collectivités
locales, et que la gestion de cet argent relève en partie de la boîte noire.
L’inexistence de contrôles ouvre la voie à des magouilles. Et les contreparties
fixées à l’origine contre l’obtention de financements publics, notamment
l’accessibilité à tous, sont globalement une chimère. La plus grande partie des
établissements privés filtrent les élèves pour mieux briller dans les
classements des établissements. Donc non, il n’y a pas «deux écoles» qui
contribueraient avec les mêmes droits et les mêmes devoirs à l’éducation de
tous les enfants de France. Et si relancer la guerre scolaire n’a aucun sens,
il y a tout de même urgence à remettre, si l’on ose dire, l’école privée dans
le droit chemin.
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