Le 19 décembre 2023 a marqué une déchirure profonde de notre devise
républicaine. Par le vote de la loi asile immigration, à travers une commission
mixte paritaire pilotée directement par l’Élysée, les forces libérales et
autoritaires ont donné corps à une revendication historique de l’extrême
droite, avec l’introduction de la préférence nationale. S’y ajoute une atteinte
au droit du sol, la restriction du droit d’asile, le durcissement du
regroupement familial et des conditions de séjour, le retour de la double peine
et du délit de séjour irrégulier…
Marine Le Pen peut proclamer une victoire idéologique et affirmer
qu’elle irait plus loin si elle accédait au pouvoir. Partout en Europe, le vent
rance et brun souffle sur nos démocraties malades de l’ultralibéralisme. Le
Parlement britannique a voté l’expulsion des migrants vers le Rwanda, quand
l’extrême droite allemande rêve d’un projet similaire pour les immigrés et les
Allemands d’origine étrangère.
Nous vivons un moment de bascule. Des mesures racistes et xénophobes ont
été crédibilisées au Parlement. C’est le produit d’un matraquage idéologique,
du ministère sarkozyste de l’Identité nationale au fantasme du grand remplacement,
qui a fait son œuvre. Concomitant d’une œuvre de destruction sociale, ce
travail de sape a fracturé notre peuple. Ce climat révèle aussi l’échec d’un
silence collectif, devenu complice, laissant à penser que l’extrême droite
pouvait être battue sans l’affronter idéologiquement voire, pire, en reprenant
ses thèses comme le font croire les droites coalisées.
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Il n’y a rien, donc, à attendre d’un pouvoir macroniste en décrépitude qui
déroule une stratégie politique minable, ni même d’un ripolinage juridique par
le Conseil constitutionnel. Quand le droit des étrangers est attaqué, c’est une
attaque contre l’ensemble de nos droits. Cette atmosphère suffocante nécessite
une réplique populaire et unie. Il ne faut plus réagir mais agir pour ne plus
accepter les mots blessants, les discriminations et le racisme.
Des forces disponibles sont déjà en action, politiques, syndicales,
associatives, mais aussi dans le corps médical, universitaire, des arts et de
la culture. Faisons corps ensemble, ce dimanche 21 janvier et au-delà,
pour affirmer notre humanité commune.
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